Docu : La Révolution Menstruelle” de Mélissa Carlier

Mélissa Carlier propose un documentaire anti-tabous sur les règles qui explore les multiples facettes du Flux Libre Instinctif.

En France, environ 15,5 millions de femmes de 15 à 50 ans sont concernées par les menstruations.
Malheureusement, encore aujourd’hui, et ce, depuis des siècles, cet évènement qui concerne les femmes près de 450 fois dans leur vie, est vécu dans l’ignorance, le tabou, la souffrance…
Mais depuis quelques années, un nouveau paradigme est en train d’éclore comme en témoignent des milliers de femmes partout dans le monde.
“La Révolution Menstruelle” dévoile au grand jour cette nouvelle vision.
Ce documentaire de la réalisatrice Mélissa Carlier permet de découvrir une nouvelle approche des menstruations, où les femmes sont en pleine capacité de ressentir et libérer leur sang directement aux toilettes, en se réappropriant leur corps.

Une capacité connue sous le nom de Flux Libre Instinctif et qui semble impacter de manière inattendue la vie de ces femmes.
L’expression « flux libre instinctif » apparaît pour la première fois en 2012 à l’initiative de Léna Abi Chaker. Cette méthode est originaire des États-Unis. Elle connait un essor en France sur internet en 2015 via des blogs ou des chaînes YouTube.

Le but de ce projet ? Oser bousculer les croyances sur les menstruations et les capacités inexploitées du corps en découvrant les recherches et les témoignages de ces femmes pour qui ce phénomène a changé leur vie.

À travers de documentaire, j’aimerais pour la première fois transmettre l’essence même de ce nouveau paradigme où les femmes ne vivent plus leurs menstruations comme un fardeau, mais comme un cadeau.” explique la réalisatrice Mélissa Carlier.

Et si finalement tout pouvait être autrement ?
Il y a urgence à prendre conscience de ce phénomène : aujourd’hui encore, les menstruations font littéralement souffrir les femmes du monde entier.

Les chiffres sont éloquents :


– Une femme sur trois dit s’être déjà fait humilier à cause de ses règles (Étude IFOP 2021) ;
– 57 % des femmes disent ne jamais avoir eu d’enseignement formel à ce sujet ;
– 69 % des femmes se sont déjà retrouvé en situation de précarité menstruelle ;
– 21 500 € : c’est le coût engendré par les menstruations dans la vie d’une femme.


En bref, le tabou des règles laisse les femmes dans l’ignorance, la précarité et les difficultés financières.
Une situation qui n’est pourtant pas une fatalité, à condition de démocratiser les connaissances autour du flux libre instinctif, cet art de gérer ses menstruations sans serviettes ni tampons. Car oui, il est possible d’apprendre à libérer le flux menstruel directement aux toilettes !
Ainsi, depuis 2017, plus de 800 femmes en France ont été accompagnées pour reconquérir leur capacité naturelle de continence menstruelle. C’est avec succès que chacune d’entre elles a mis en place cette nouvelle vision.

L’éducation menstruelle : la première étape de tout changement


Parce que « le savoir c’est le pouvoir », il est absolument fondamental de transmettre la connaissance précise et juste du fonctionnement du corps de la femme, du cycle menstruel et des menstruations pour permettre à chacune d’agir en conscience dans ses choix. Mais surtout de comprendre, de se réapproprier son propre corps et ne plus le subir.
À travers des témoignages de pratiquantes, de spécialistes et la propre histoire de la réalisatrice, ce documentaire invite la spectatrice à prendre conscience de sa propre manière dont elle perçoit ses menstruations pour finalement se libérer de conditionnements inhibants, et tendre vers une profonde libération.


Loin d’être un nouveau dogme pour la femme, le flux libre instinctif n’est autre qu’une réconciliation avec notre corps de femme. Il est donc important que cette information soit accessible au maximum d’entre elles.
Déjà demandé au sein des écoles pour l’éducation menstruelle de nos jeunes, ou encore dans des milieux où la précarité menstruelle fait ravage, ce sujet reste par ailleurs d’utilité publique.

Cette création originale est à découvrir sur la plateforme On.Suzane à partir du 6 juin.
L’avant-première aura lieu le 23 mai à 20 h en présence de la réalisatrice et de l’équipe au MK2 nation Paris.

24h dans la vie d’une femme, l’expo évènement à Marseille

Lancée ce week-end, l’expo-spectacle 24H DE LA VIE D’UNE FEMME est installée pour 6 semaines aux Docks des Suds à Marseille. Cette performance artistique unique est l’occasion de sensibiliser le grand public à la problématique des droits des femmes, victimes des plus graves injustices à travers le monde. 

UNE EXPÉRIENCE IMMERSIVE À LA DÉCOUVERTE DE FEMMES INSPIRANTES

Basée sur des histoires vraies, l’exposition-spectacle dresse les parcours de vie de 6 femmes originaires de 6 pays du monde : Kurdistan iranien, Guinée, Guatemala, Nigéria, Inde et France.
Originalité du concept à la croisée du théâtre et du jeu de rôle : les visiteurs sont invités à se glisser dans la peau de l’une de ces six héroïnes afin de vivre 4 actes déterminants dans leur existence, en interaction avec des comédiens et équipés de casques audio.
De l’enfance à la vie d’adulte, ces femmes ont dû faire face à des injustices liées à leur condition féminine : violences sexistes et sexuelles, discriminations, exploitation, mariages et grossesses précoces… Mais loin d’être victimes de leur destin, animées d’une résilience et d’une force de vie remarquables, elles se sont relevées puis mobilisées pour aider d’autres femmes et faire évoluer les
systèmes en place.

SENSIBILISER « AUTREMENT » LE GRAND PUBLIC

Par sa dimension immersive et participative, cette exposition-spectacle contribue à éveiller les consciences, à donner envie de s’informer, voire de s’engager.
Le projet s’inscrit également dans une démarche pédagogique à destination du jeune public (à partir de 10 ans), avec des séances dédiées en semaine pour les scolaires et le week-end pour les familles.

AOUDA, JUANITA, VANDANA, ABI, MARIE ET SHAYDA : 6 FEMMES RÉSILIENTES ET MILITANTES


o Aouda : née à Conakry en Guinée, Aouda est issue d’un mariage désapprouvé par les familles. A 9 ans, elle est emmenée par ses tantes paternelles au village et subit une excision. A 14 ans, Aouda créé le club des jeunes filles de Guinée pour dénoncer avec courage la pratique de l’excision, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.


o Juanita : issue d’une famille nombreuse et aimante appartenant au peuple Mam, communauté indigène des hauts plateaux de l’ouest du Guatemala, Juanita voit sa vie basculer à l’âge de 8 ans avec l’arrivée au pouvoir du dictateur Rios Montt, en 1982. La spoliation des terres et l’expropriation des peuples autochtones se déroulent alors impunément au profit de multinationales complices. Après des années de traque sans merci, à 15 ans, Juanita entre dans la guérilla.


o Vandana Shiva : troisième fille d’un couple indien, Vandana Shiva grandit au cœur des montagnes de l’Himalaya. Elle fait des études brillantes en sciences et obtient un doctorat au Canada. De retour en Inde, Vandana Shiva dénonce haut et fort les effets dévastateurs de l’extraction minière, des OGM et du brevetage du vivant orchestré par les multinationales, au détriment des populations locales.


o Abi : fille d’une mère nigériane qui n’enfante pas du fils attendu, Abi subit la violence d’un père qui se remarie et relègue son premier foyer au second plan. Constamment vilipendée par la deuxième épouse, Abi et sa sœur se retrouvent, à 16 ans, à la rue. Abi envisage alors de tenter le rêve de l’Europe ! Après 8 mois de traversée de l’enfer en Libye, Abi survit miraculeusement à l’épreuve de la Méditerranée.


o Marie : au cœur du Jura, Marie grandit dans la nature, avec pour passion la danse. Enfant unique, elle effectue des études brillantes et entre à l’école normale supérieure à Paris, en géologie. Mais sa rencontre avec un jeune homme fait basculer sa vie dans un enfer pavé de violences psychologiques qui iront crescendo. S’ensuivent 7 années d’humiliations et d’isolement vécues en silence dont elle parviendra à s’extraire in extremis.


o Shayda : fille d’un père imam à Sanandaj au Kurdistan iranien, Shayda affronte son père dès son plus jeune âge pour obtenir l’autorisation de dessiner et de peindre. Elle défie à 13 ans son autorité et fait une fugue à Téhéran. Rattrapée par ses oncles qui la traduisent devant un conseil familial, elle échappe de peu à la mort.

ADRESSE
Dock des Suds
12 Rue Urbain V
13002
Marseille

SITE WEB
https://www.24h-wmn.org/

OUVERTURE
Du 06/04 au 20/05/2023. Fermé samedi et dimanche. Du mardi au vendredi à partir de 9h, départ de visite toutes les 15 minutes. Chaque séance peut accueillir 15 à 20 personnes. Choisissez la date et l’horaire de votre visite, et découvrez, sur place, quelle femme vous allez incarner.

TARIFS
Tarif unique : à partir de 8 € (Tarif libre à partir de 8 €
Scolaires 6 €).

Dossier 4/4 : Chirurgie de l’obésité, miroir aux alouettes de la perte de poids

Depuis plus d’une dizaine d’années maintenant, des solutions chirurgicales plus ou moins invasives sont proposées aux malades atteints d’obésité. Ces méthodes offrent une solution mécanique à une pathologie complexe qui mêle à la fois des soucis hormonaux, psychologiques, alimentaires et comportementaux. Loin des clichés du summer body, voyage au cœur des malades du surpoids.

Savez-vous comment perdre 20, 30, 40 ou 80 kilos en quelques semaines seulement ?

L’auteur en 2014
Le même auteur, en 2016

La méthode existe, elle est simple. Elle consiste à rendre inopérante une portion importante de votre intestin (environ 1,50 mètre pour un by-pass gastrique). Ou encore de réduire la taille de votre estomac à celle d’un pot de yaourt. Définitives et ultimes, ces méthodes sont efficaces. Sur le court terme, il n’y a pas de choix, le corps se trouve chamboulé, la malabsorption – dans le cas du by-pass – ou la sensation rapide de satiété – dans le cas de la sleeve gastrectomie – feront disparaître les kilos en trop comme neige au soleil.

Reconnaissance du statut de maladie

Le surpoids, l’embonpoint, les kilos en trop … Longtemps, notamment en France, être rond a été synonyme de bien-être et de confort matériel. Notre culture judéo-chrétienne autant que gastronomique nous a amenés à honorer la nourriture. “Termine ton assiette”, “Il vaut mieux faire envie que pitié”, “Un gros c’est gentil”. Toutes ces injonctions au poids ont fixé l’image d’Epinal du gros heureux, bien portant, fortuné et qui a réussi, depuis des centaines sinon des milliers d’années.

Il aura fallu attendre les années quatre-vingt-dix pour que le surpoids soit d’abord vu comme vecteur de maladies. Atteintes cardiaques, articulaires, perte d’autonomie. C’est d’abord par les conséquences que les pouvoirs publics ont abordé la question. Il s’agissait de réduire le poids pour qu’il ne pose plus de problèmes. Donc la santé physique uniquement.

L’évolution du regard médical sur le poids aura fait que d’une conséquence, l’obésité est devenue une cause à traiter. Sont apparus alors des régimes tous plus inutiles les uns que les autres. Dukan, hyper ceci ou hypo cela, protéiques, à faible indice glycémique, les marchands de bonne santé en tube auront tout essayé pour faire maigrir la population. Avec, le plus souvent, un vrai succès, à court terme. Les premiers kilos facilement perdus – aux alentours de la dizaine – il fallait s’attaquer au fond des choses.

Les malades stagnent sur la balance avec seulement ces quelques dizaines de milliers de grammes en moins sur la balance et des centaines d’euros en moins sur le compte en banque, abandonnent la méthode miracle. Le corps se venge et, là où dix kilos ont été perdus, il en reprend vingt, au cas où.

Le mode famine de notre organisme

C’est la découverte de ce mécanisme dit du mode “famine” qui aura été déclencheur des évolutions spectaculaires des chirurgies bariatriques. L’organisme humain sait s’adapter aux petites quantités d’aliment. Lorsque peu de nourriture lui est fournie, il apprend à stocker ce qui lui servira pour survivre. D’où la stabilisation rapide du poids après les premiers kilos perdus (l’âge d’or de la perte de poids dure environ 2 ans) et une reprise rapide et importante des kilos lors du retour à une alimentation conventionnelle.

Ce mode famine est un des résultats des disettes qui ont, autrefois, frappé l’espèce humaine. Les années “sans” (mauvaises récoltes, maladies dans les troupeaux…), les corps de nos ancêtres se satisfaisaient de ce qui leur était donné pour survivre.

La différence majeure avec la période actuelle est que nous sommes entrés dans une ère de disponibilité alimentaire quasi-permanente. Les fast-foods comme certains restaurants traditionnels sont de plus en plus souvent ouverts 24 / 24, nos réfrigérateurs sont pleins de victuailles et l’industrie alimentaire a su nous offrir des aliments toujours plus riches en goût, donc en nutriments pas toujours sans conséquences sur notre santé. La disponibilité de nourriture, le plus souvent de la junk food, est rendue presque instantanée avec des solutions de livraison à domicile de hamburgers, de pizzas et autres aliments riches en calories là où il fallait, avant, faire l’effort – aussi minime soit-il – de se déplacer au restaurant.

Le sucre, désigné ennemi numéro un, a détrôné le sel dans la composition de notre alimentation. Le gras est venu apporter moelleux et longueur en bouche. Les édulcorants donnent bonne conscience et maintiennent l’appétence pour la douceur ingurgitée.

Et le cycle s’entretient, se répète et engendre des prises de poids lentes mais insidieuses.

L’obésité, qu’on qualifie de morbide, de faible ou de simple, est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. Cet indice correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m. Inconvénient de l’IMC, sa valeur n’est significative que pour la personne concernée par la mesure. En effet, elle ne fait pas de distinction entre le poids du muscle, celui des os et celui de la masse grasse que comporte l’organisme du sujet.

L’OMS estime que, depuis 1975, le nombre de malades de l’obésité a été multiplié par trois. En trente ans, 650 millions de personnes – dix fois la population française approximativement – sont touchées par cet état. Parmi eux, 38 millions d’enfants de moins de 5 ans sont  en surpoids ou obèses.

Les conséquences de l’obésité sont connues. Maladies coronariennes, cardiaques, articulaires, dépression, cancers ne sont que quelques-uns des résultats les plus visibles des maladies qui touchent les gros.

La reconnaissance de l’obésité en tant que maladie remonte au début des années 2000. Jusqu’alors, elle n’était vue que comme une conséquence de la suralimentation et du manque d’activité physique. Jamais, avant cette période, personne ne se posait la question des causes de la maladie en elle-même.

Traiter la conséquence en ignorant la cause 

Mauvaise éducation alimentaire, traumatismes du jeune âge, hérédité, pauvreté sont autant d’axes de travail que la santé a pris en main. Et ces dix dernières années, les solutions à base de chirurgie sont devenues les seules méthodes de prise en charge des malades. Omettant au passage, le plus souvent, les autres aspects. Il fallait répondre à la prise de poids avec une méthode qui apporte des résultats rapides.

En omettant les autres causes de la maladie, les acteurs de la santé préparaient les patients à une désillusion violente. Ne traiter ni l’aspect psychologique ni l’aspect social revient à dire aux malades qu’on leur propose une solution qui va les amener rapidement dans un nouveau corps. Avec de nouvelles habitudes, de nouveaux vêtements (que certains ne pourront pas se payer), de nouveaux médicaments à prendre à vie (dont la majorité n’est pas prise en charge par le système de santé), de nouveaux réflexes à acquérir… Tout cela après 24 ou 48 heures passées à l’hôpital. 

Le sport et l’activité physique sont une solution “miracle” pour l’entourage médical comme proche

Et en quelques mois seulement.

La perte de poids est un traumatisme

La diminution rapide du poids affiché sur la balance est une récompense énorme pour le gros. “Enfin” pense-t-il. Enfin, effectivement, il rejoint la normalité. Il retourne dans la moyenne, parfois un peu trop bas d’ailleurs. Il peut, donc, se permettre de cesser tous les régimes qu’il a testés, les pilules miracles et autres astuces vestimentaires. Le gros ne l’est plus. L’humain qui se cachait dans ce corps trop lourd, trop encombrant, trop gras n’existe plus. Il faut, à 30, 40, 50 ou 70 ans découvrir un nouveau soi-même. Un nouveau style. Une nouvelle dimension corporelle. Le gros doit, en quelques mois, réaliser le travail de toute une vie.

Pendant que l’aspect change, la personnalité évolue. Le caractère du gros change aussi. Il n’a plus besoin d’être un “passe-partout”, il a aujourd’hui droit au chapitre et il doit apprendre à équilibrer ses interventions.

S’il est en couple, dans plus de la moitié des cas il divorcera car la cellule qui existait était fondée sur un état qui a disparu. Et l’autre, qui n’a pas perdu le poids, n’a pas suivi le rythme rapide des bouleversements que connaît le malade.

Le traumatisme de la perte de poids est une violence inouïe trop souvent oubliée dans les brochures qui proposent ces traitements chirurgicaux.

Redécouvrir son image

L’ex-gros aura tendance à devenir autocentré. Il se prend souvent en photo, demande l’avis des autres sur son apparence. Il s’essaye à de nouveaux styles vestimentaires, de nouveaux sports, de nouvelles pratiques de vie, qu’elles soient de couple ou extraconjugales.

Le rapport à la nouvelle image passe par une sur-exposition à soi-même, à la recherche d’une nouvelle identité

La découverte de l’image est un plaisir jusqu’au jour où l’ancien obèse découvre que ce corps, si longtemps haï, a été déformé par la chirurgie réalisée. La peau du ventre qui tombe, les cuisses qui n’ont plus de fermeté. Les paupières décharnées. Et le froid, la découverte du froid, dont la couche de graisse précédemment présente isolait.

Le poids perdu engendre une déformation de la peau

Ce sont les premiers désagréments qui apparaissent après quelques mois. La pression sociale existe toujours, car le monde n’a pas changé sauf dans le corps du gros. Le “Reprends en un petit peu, tu peux te le permettre”  a remplacé le “Je comprends, tu fais attention à ton poids”. Ni l’une, ni l’autre de ces invectives ne sont gentilles ni compatissantes. Elles sont, l’une comme l’autre, les stigmates d’un système basé sur la consommation à outrance. Et l’ancien ennemi de la balance accepte ces injonctions à faire “comme tout le monde”. Manger comme tout le monde, reprendre une part de gâteau. Ajouter un peu de mayonnaise dans les frites. Boire un petit peu plus sucré qu’avant.

L’apprentissage d’une nouvelle alimentation est nécessaire

Le cerveau gagne toujours la bataille

Insidieusement, le cerveau a compris qu’il ne recevait plus autant de calories qu’il en avait reçues des années durant. Il active alors le mode famine auquel il ajoute une intelligence impressionnante d’analyse.

Chacun sait qu’il y a plus de calories, à volume égal, dans de la salade verte que dans des frites. Que pensez-vous que le cerveau favorise et demandera à la main d’appréhender ?

Il est particulièrement difficile d’expliquer, pour un gros, cette réaction. Car il ne la contrôle pas. Il ne s’agit pas d’une question de volonté – en déplaise aux nutritionnistes – ou de manque de sérieux. C’est le parcours de vie, les raisons qui ont amené l’enfant, l’adolescent qu’était l’adulte gros qui sont à traiter, pas son poids instantané.

La bataille entre le gros et son cerveau est longue et périlleuse. S’il n’est pas accompagné, s’il n’a pas les alliés nécessaires, psychiatres notamment, il est certain de perdre la partie.

Les traumatismes de l’enfance, le vécu, les messages véhiculés par la famille, par les médias, par l’école comme par les amis conditionnent, c’est aujourd’hui une certitude, l’adulte en devenir. La génération en cours est le fruit des enfants de la seconde guerre mondiale. Ces enfants ont connu le manque de nourriture et ont transporté avec eux – cela se comprend sans aucune difficulté – les valeurs que le conflit leur a imposées. C’est donc tout naturellement que nos parents nous ont enseigné cette vénération de la nourriture. Ajoutez des facteurs génétiques évidents (certains stockent plus que d’autres, c’est ainsi), une propension psychologique à créer ce que certains appelleront un coussin, une ceinture ou une muraille entre le gros et les autres. Vous aurez confectionné le gâteau de l’obésité.

Un Combat quotidien

Peu importent les injonctions des médecins, des nutritionnistes ou des chirurgiens après les opérations. Une fois que la machine à reprendre du poids a été enclenchée, rien ne peut en arrêter la marche, sinon comprendre ce dont le malade de l’obésité se protège.

Et accepter que ce combat, au cours de chaque repas, ne soit peut-être finalement qu’une maladie physique.

En 2022, la reprise de poids est évidente

Dossier 3/4 : Regard sur le corps gros, la vision de l’anthropologue

Le corps gros

Ghislaine Gallenga est une chercheuse, professeure des Universités à Aix Marseille Université, Ethnologue, Anthropologue et travaille au sein d’une UMR (Unité Mixte de Recherche du CNRS) à l’IDEMEC (Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative).

Sa spécialisation en tant qu’anthropologue est celle du changement. En s’immergeant dans le poste de travail des sujets de son étude, Ghislaine Gallenga se met “à la place de ceux dont elle parle”. Ainsi, pour ce qui a trait à l’obésité, est-elle en train de préparer un BTS de Diététique, pour avoir le regard d’un nutritionniste sur la question.

Aussi étonnant que cela puisse sembler, aborder le regard sur le gros – l’obésité est l’appellation médicale du surpoids – sous l’angle du changement nécessite de prendre en compte le fait que la prise, comme la perte, de poids est un changement majeur du corps, pour celui qui le porte (“le gros”) comme pour celles et ceux (“la société”) qui l’entourent.

Cette approche, qu’on pourrait résumer par “être gros est un changement”, Ghislaine Gallenga la travaille en regardant, c’est son métier d’anthropologue qui le veut, le passé et le présent. Elle ne saurait prédire l’avenir, même si certaines réalités sont bel et bien visibles, notamment en ce qui concerne la paupérisation des classes les plus pauvres face à la nourriture.

Economiste de formation, Ghislaine Gallenga apporte sur l’analyse anthropologique dans la cité le regard de l’économiste, mettant en rapport l’entreprise, le sujet et l’environnement dans le commun, pour amener des propositions de politiques publiques qui visent à minimiser les impacts de l’obésité sur la santé.

Enfin, comme elle l’explique elle-même, Madame Gallenga travaille plus sur “le corps gros que sur l’obésité, qui est une définition médicale”.

Qu’est-ce que l’obésité ?

L’obésité est, selon Ghislaine Gallenga, une construction sociale et historique qui s’est installée au fur et à mesure du temps. Il aura fallu attendre 1997 pour que l’Organisation Mondiale de la Santé considère l’obésité comme une maladie et ce n’est qu’en 2000 que c’est devenu une épidémie.

Le catalyseur long a été le renversement récent des perceptions autour de l’obésité.

Au moyen-âge, le manque de nourriture encensait les corps gras et gros, signes de bienséance

Ghislaine Gallenga explique les épisodes de l’histoire du corps gros en se basant sur l’historien Georges Vigarello : “Au Moyen Âge, le corps gros est valorisé car il est synonyme de richesse et d’abondance. En effet, à cette époque, seules les personnes aisées avaient accès à de la nourriture convenable. Etre gros, alors, constituait le marqueur social d’une certaine réussite, d’un statut. A la renaissance, la société prend conscience que les gros ne peuvent faire certaines choses, essoufflement, manque de mobilité, morbidité plus importante commencent à entrer dans les esprits comme étant des conséquences de ces corps gros. Et, au XIXe siècle, les compagnies d’assurances mettent en place le principe de l’Indice de Masse Corporelle pour établir des statistiques de mortalité des personnes à couvrir.

Pour autant, c’est en 1701 que l’obésité est définie dans le champ médical.

Maladie de civilisation

On pourrait parler de maladie de civilisation” poursuit la chercheuse “due en effet à une alimentation trop grasse et sucrée. Mais c’est un raccourci insuffisant car l’obésité est plurifactorielle, elle renvoie systématiquement sur la mollesse, le laisser-aller, le non-contrôle. Sa présence rappelle la nécessité, l’injonction presque à la maîtrise du corps et de l’ensemble. Il faut être l’entrepreneur du soi, gouverner et diriger son corps. La société demande dynamisme et vitesse, elle est bâtie contre la sédentarité.

Aujourd’hui, les employeurs sont sensibilisés à la grossophobie car beaucoup de travail a été mis en place pour contrer les discriminations. “Néanmoins” poursuit-elle “Certaines entreprises ont installé des salles de sport, on y transpose le dynamisme sportif sur le dynamisme professionnel. D’une manière générale, on pense que le gros est responsable de cet état.

En elle-même, l’obésité n’a pas de coût. Ce sont les comorbidités (articulations, diabète, maladies cardiovasculaires …) qui représentent un coût pour la société. Par la faute de l’anormalité du gros, il coûte de l’argent à la société, il demeure montré du doigt en tant que victime et auteur de son état.

Pourquoi devient-on obèse ?

On ne devient pas obèse” ajoute l’anthropologue “il faut un diagnostic d’obésité pour que la personne concernée accepte son état.” Avec une vision qu’il faut élargir au-delà de notre prisme d’Ouest-européens. Dans certaines régions (notamment au Maghreb), l’embonpoint est encore bien vu. Ou encore, en Mauritanie, le gavage des femmes, pour qu’elles prennent du poids, est encore pratiqué.

Le niveau social n’est pas un indicateur fiable de l’approche de l’obésité, c’est le niveau de vie qui tend à montrer que l’obésité est dominante dans les classes basses de la société.

Politiques publiques et lobbys

Les individus sont aujourd’hui soumis à des doubles contraintes et des injonctions paradoxales, il faut à la fois consommer et être mince, donc dans la décroissance. Les politiques publiques (la “taxe soda” par exemple) se heurtent à l’opposition dure des lobbys dans une société néolibérale qui travaille, dès l’enfance, à formater et créer le goût et des appétences pour le sucré ou le gras.

Le regard sur l’obésité masculine est plus violent que le regard sur l’obésité féminine, même si elle est mieux tolérée, car on questionne la masculinité à travers la nourriture. Bien manger, c’est pour les hommes forts et costauds. 

Le porno connaît aussi sa tendance “feeders” qui veut que la femme ne soit qu’un corps récipiendaire d’une quantité énorme de nourriture.

Enfin, les “fat acceptance“ laissent penser que la prise de poids est une prise de pouvoir sur son propre corps et donc d’un succès.

L’obésité est peuplée d’idées contre-intuitives

Les Troubles du Comportement Alimentaires, le plus souvent à l’origine de l’obésité, sont aujourd’hui identifiés dans leur mécanisme, addiction, circuit de récompenses.

Dire qu’il faut “bouger, faire des régimes … C’est grossophobe et discriminatoire” pour la spécialiste.

“Bouge toi et tu perdras du poids”, ou comment culpabiliser un enfant dés sa prime enfance dans la gestion de sa nutrition. (Wikipedia/Wsiegmund)

Les chirurgies de l’obésité sont un “mieux que rien” mais, seules, elles ne suffisent pas. “Il est impératif qu’un suivi global soit mis en place avant, pendant et après la perte de poids. Sans quoi, passé la période de lune de miel d’environ deux années au cours de laquelle la perte de poids est presque automatique, les addictions vont revenir. Le plus souvent à la nourriture, car c’est la plus facile à obtenir, mais souvent aussi à d’autres activités qui vont de nouveau donner au cerveau sa dose de plaisir. C’est alors que le jeu, l’alcoolisme, l’orthorexie ou les drogues ont leur chance de s’imposer” ajoute Ghislaine Gallenga.

Un nombre important de bouleversements se produisent dans la vie des opérés, on connaît une augmentation des cas de divorces, tentatives de suicide, dépressions nerveuses. Les personnes qui subissent des opérations de l’obésité restent des “obèses minces” toute leur vie, explique-t-elle.

La nostalgie de l’âge d’or

Longtemps encore après l’opération et la perte de poids, l’ex-obèse conservera certains réflexes comme le réglage du siège de voiture, la taille des vêtements … Et une fois qu’il aura terminé la période de lune de miel va s’installer la nostalgie de l’âge d’or. Le besoin de retrouver l’équilibre qui préexistait avant l’opération, quand l’obésité était présente.

Dossier 1/4 : L’été arrive, il faut penser au body summer ! 

Si vous faisiez ne serait-ce qu’un effort pour perdre ce ventre !

Le voilà, le fameux marronnier du printemps. Mesdames, Mesdemoiselles et souvent Messieurs, vous êtes gros, bien trop gros.

Grosses et grosses, faites un effort. Mangez de la salade de chou arrosée de jus détox et, croix de bois, croix de fer, vous entrerez dans du 34.

Voilà l’été

L’injonction saisonnière à préparer l’été pour exhiber un beau corps sur la plage, doré à souhait, en pleine forme et en pleine santé entre en jeu.

Vous êtes, nous sommes, responsables en intégralité de notre corps. Si nous prenons du poids, c’est par notre faute. Si nous en perdons, c’est grâce aux régimes que magazines, publicités et autres nous recommandent.

De l’hyperconsommation alimentaire à l’hyperconsommation pour se désalimenter ne sortira jamais qu’une seule chose, une prise perpétuelle de poids, incontrôlée et de plus en plus incontrôlable.

J’aperçois le soleil

Devinez au bénéfice de qui ? 

Ce dossier sur l’obésité vous montrera, par les exemples et les interventions de spécialistes ce qu’est cette maladie (car c’en est une) et quels sont les effets pervers de ces régimes aléatoires dans une société où l’efficacité, l’agilité, le self-control et l’arrogance ont pris le pas.

Et les dieux sont ravis

Prêts pour votre body somme mort ?

Bon été, avec Brillante Magazine, le premier qui ne vous conseillera jamais de maigrir !

Dossier 2/4 : Les traitements chirurgicaux de l’obésité

Comme chaque année, la chasse au Summer body est ouverte … méfiance (Flickr/We Are Social)

Les solutions pour accompagner le traitement de l’obésité par voie chirurgicale sont de deux grandes familles. Les sleeves gastrectomies proposent de réduire volume et forme de l’estomac. Les Bypass gastriques, eux, opèrent en empêchant l’absorption par le corps de certains nutriments qui ont amené à la prise de poids.

Comme le rappellent les médecines anciennes, le corps est une machine formidable basée sur de nombreux équilibres. Ces équilibres sont nutritionnels, psychologiques, sociaux et endocriniens.

Cécile Betry est médecin spécialisée et chercheuse en nutrition. Elle alerte sur les dangers des régimes amaigrissants, qui sont à risque de perte de muscle et de développement de troubles du comportement alimentaire. Ses travaux de recherche portent actuellement sur la mesure de la masse musculaire grâce à des méthodes innovantes (intelligence artificielle et données massives en santé) afin d’optimiser le diagnostic de la dénutrition et de la sarcopénie. Elle a également publié des articles sur la chirurgie bariatrique et ses complications.

Elle mène des recherches dans les domaines annexes à l’obésité, la diabétologie, la nutrition et l’endocrinologie, en plus de sa pratique hospitalière et de son titre de Maître de conférences des universités.

Rares complications alimentaires

Dans son travail sur la dénutrition, Cécile Betry explique “il y a peu de complications à proprement parler alimentaires. La plupart des patients comprennent bien la nécessité de modifier son alimentation car la mécanique interne a évolué. Le geste opératoire en lui-même est maîtrisé aujourd’hui, et les cas de sténoses ou de fistules sont rares.”

Cependant, comme l’explique l’enseignante, “les complications de la chirurgie bariatrique sont parfois découvertes sous un angle neurologique ou psychiatrique. Souvent éloignées de l’acte chirurgical en lui-même de durées qui peuvent se compter en années.” Ce qui rend leur détection et le lien de causalité bien plus compliqué à établir pour des médecins généralistes qui n’ont pas été formés, dans leurs cursus, aux problématiques de chirurgie bariatrique. Le taux de patience en “errance médicale”, est supérieur chez les personnes opérées que chez les personnes qui ne le sont pas.

Là où les choses se compliquent, c’est que “le suivi postopératoire n’était pas valorisé par la sécurité sociale jusqu’à maintenant, ce qui est en train de changer. Alors que le suivi préopératoire était imposé par la sécurité sociale. Le patient candidat à une chirurgie de l’obésité doit rencontrer de nombreux spécialistes avant que ne soit octroyé le feu vert de l’opération.” ajoute Cécile Betry.

Accès compliqué et démotivant ?

L’accès à la chirurgie bariatrique est assez compliqué d’accès” commence la spécialiste. “En moyenne 3 à 6 mois avant la première consultation avec un médecin pour ce sujet en particulier, avec un parcours total qui s’étale sur environ 18 mois. Ce temps préopératoire est extrêmement profitable au patient pour commencer les rééquilibrages alimentaires avant le coup de bistouri.” continue-t-elle.

Comme partout sur le territoire, des inégalités existent. Il est aujourd’hui bien plus rapide et simple de se faire opérer à Lyon qu’à Paris, selon les associations de patients.

Chirurgie bariatrique et accompagnement psychologique

L’obésité est une maladie complexe, personne ne sait expliquer pourquoi certaines personnes deviennent obèses et d’autres pas, à alimentation similaire. 

On évoque souvent des traumas dans les histoires de vie” selon la spécialiste qui voit là “une réponse simple à une question complexe.” 

C’est l’un des objectifs du parcours préopératoire que de comprendre pour quelle raison la personne a pris du poids. Déterminer les comportements obésogènes comme les mal-être.

Un avant et surtout un après

La détection des addictions est l’un des aspects les plus complexes” selon la spécialiste. La nourriture peut être utilisée à visée réconfortante. “Et si on ne peut plus utiliser la nourriture dans ce cadre-là, report d’addiction avec augmentation du risque alcoolique, y compris à large distance de la chirurgie.” conclut-elle.

La psychiatrie de ville apporte un soutien et une écoute aux patients, que les soignants hospitaliers n’ont plus le temps d’offrir. “Souvent, la problématique de l’alimentation est peu abordée par les psychiatres. Les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) font peur à la fois au corpus psychiatrique et au corpus généralistes car ils présentent des implications borderline entre les deux domaines. On retrouve donc des patients qui n’obtiennent de réponse ni d’un côté, ni de l’autre, après leurs chirurgies.

Le patient idéal de la chirurgie bariatrique ? 

Selon la chercheuse, le corps n’est pas fait pour perdre du poids. Certaines personnes ont pris du poids à un moment de leur vie pour différentes raisons identifiables (repas d’affaires, traditions familiales …) et ont un poids stabilisé, sans trauma persistant ni identifié. Ces personnes sont les candidats parfaits à une chirurgie qui sera l’outil qu’il manquait à leur gestion du surpoids. “Mais ils ne sont pas la majorité des opérés” , ajoute-t-elle.

Quid de la déformation des corps ? 

Dans de nombreux cas d’opérations, les patients conservent une insatisfaction de leur corps. On assiste à de nombreuses difficultés de perception de l’image corporelle par rapport aux attendus parfois non exprimés ou, pire, fantasmés. La réappropriation du corps est une chose, le manque ou l’absence d’imagination du corps à venir en est une autre. Et la médecine ne sait pas accompagner vers cette transformation, par nature incontrôlable a priori.

Mettons-nous au summer body !

Par chance” commence le médecin, “le rééquilibrage alimentaire prend aujourd’hui un peu le pas sur les régimes miracles. On peut cependant perdre du poids très rapidement, c’est possible, c’est ce à quoi on assiste d’ailleurs lorsque des patients sont en réanimation ou hospitalisés pour une longue durée. Ce poids est toujours repris lorsqu’il est perdu sous la contrainte, car le cerveau a une mémoire du corps précédent et va envoyer des messages pour retrouver le corps précédent, celui de la fin d’automne !

L’image et l’injonction à la minceur existent toujours, seule les méthodes évoluent (Flickr/orangemania)

Surtout “en perdant du poids rapidement, on perd muscle et graisse. Ce qui conditionne la survie de l’espèce, c’est la quantité de muscles. Le cerveau va envoyer des messages pour reprendre du muscle. Et on va reprendre du gras avant de reprendre du muscle.” conclut l’enseignante.

Valeur et signification de l’IMC

Cet indice a été défini par les compagnies d’assurances pour estimer le risque des personnes couvertes. C’est une approximation en médecine. On a besoin d’être capable d’estimer la quantité de muscles d’un patient. L’obésité se définit donc sur une approximation. Attention, ce n’est pas un mauvais indice, il n’indique pas le risque d’obésité pour une personne donnée” explique l’endocrinologie qui ajoute “l’obésité peut être métaboliquement saine. Certaines personnes sont en “bonne santé” en ayant un IMC important.

Le vrai calcul doit se baser sur l’évaluation de la quantité de muscles, la quantité et la localisation de la masse grasse. Graisse viscérale dangereuse, tout comme la graisse aux cuisses et hanches.” explique la spécialiste. Mais, encore une fois, ceci n’est que généralité, chaque personne est différente, et quelque bourrelet ne signifie pas une obésité ni un IMC anormal.

La culture culinaire en question

On a pour coutume de dire qu’en France “on mange bien, bon et gras”. C’est, selon ce qu’explique la spécialiste relativement faux.

La tradition culinaire française n’est pas mauvaise en elle-même (Flickr/Paull Young)

Le mode de vie à la française c’est le côté gourmet et ce n’est pas en faveur de l’obésité. C’est prendre du plaisir à manger. On est à l’écoute de faim, de satiété. Quand on n’a plus faim, on n’a plus faim, c’est ce que permet la structure de nos repas. Entrée légère, plat, fromage et ou dessert viennent apporter la quantité censément nécessaire d’aliments et de nutriments à notre corps pour être en bonne santé.

Le danger apparaît lorsque se met en place ce qu’on appelle la faim hédonique. On ne mange alors plus par faim mais par envie. Ce n’est plus l’estomac qui crie famine, mais le cerveau” ajoute la chercheuse qui insiste sur le fait qu’il existe une “controverse quant au fait que les produits gras transformés pourraient engendrer de l’obésité, amenant à une situation dans laquelle la nourriture ne comble pas, ne comble plus, la faim.

Et après l’opération ?

Les lendemains ne sont pas tous sombres pour les personnes qui ont connu une chirurgie bariatrique. “Si un certain nombre d’études montrent des patients perdus de vue, on sait aujourd’hui qu’il y a moins de mortalité chez les opérés que chez les non opérés.” complète la spécialiste.

Une difficulté existe néanmoins, les messages de refus de chirurgie sont de plus en plus difficiles à entendre par les patients qui voudraient du “fast-régime” sur commande.

Quel avenir pour nos enfants dans ce monde de gros ? 

Le Body Summer n’est ni une bonne idée, ni un objectif. Les différents spécialistes rencontrés, les échanges et les témoignages rappellent tous que l’équilibrage alimentaire est, à l’instar des mathématiques ou de l’histoire de France, une notion à appréhender dès l’enfance pour créer des adultes qui consommeront de l’alimentation en conscience et en connaissance de leurs besoins.

S’alimenter mieux s’apprend et, y compris dans des périodes de forte augmentation des prix comme nous la connaissons actuellement. Un kilo de haricots verts, en conserve comme frais, ne coûte pas plus cher qu’un repas au fast-food du coin. S’il ne s’agit surtout pas de priver de l’un au  bénéfice de l’autre, il s’agit de répartir en conscience les occurrences de l’ensemble des apports alimentaires qui composent notre assiette.

Abandonnez, abandonnons cette idée du Body Summer et du corps parfait. Car il n’existe pas, car les corps sont tous différents et aucun n’est difforme. Car se maltraiter pendant 3 semaines est la garantie de mettre en place une machine mortifère et génératrice de prise de poids et qui, en bout de chaîne, ne servira qu’à enrichir les marchands de régimes.

Manger bien et manger sain, c’est aussi respecter le rythme biologique des saisons. Si les tomates, les courgettes et autres cucurbitacées poussent en été, c’est pour nous apporter l’eau dont nous pouvons avoir besoin à cette saison.

Les arbres à hamburgers poussent toute l’année, il est peut-être temps de se poser les bonnes questions … 

Charge mentale : génération de femmes débordées.

En 2023, combiner vie de famille et carrière est encore source de charge mentale pour les femmes en entreprise. Une étude menée par Capterra en janvier 2023 auprès d’un panel de 1013 participants, dont 499 femmes et 517 hommes, montre que la charge mentale liée à la combinaison de la vie professionnelle et familiale est toujours un défi pour les femmes en entreprise. 

Bien que des avancées aient été réalisées pour permettre aux femmes d’accéder à une égalité professionnelle, des obstacles subsistent, notamment la difficulté de concilier vie de famille et carrière professionnelle. 

Sur l’ensemble des employées interrogées, 78% des femmes partagent l’opinion qu’il est encore difficile pour une femme active de conciler vie professionnelle et familiale. . De plus, 60% des employées mères de famille ont affirmé que s’occuper de leur famille générait une charge mentale pesante

Alors que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de connaître des interruptions de carrière liées à la famille, la question de la conciliation entre vie professionnelle et familiale reste un enjeu majeur pour les entreprises souhaitant promouvoir l’égalité des sexes. Bien que des mesures juridiques aient été mises en place, il reste encore beaucoup à faire pour permettre aux femmes d’associer sphère privée et professionnelle sans ressentir de stress supplémentaire. 

La conciliation des responsabilités professionnelles et familiales, un défi pour 60% des employées des mères de famille 

La conciliation des responsabilités professionnelles et familiales est une difficulté bien présente dans le quotidien des femmes actives : 60% des employées qui sont également des mères de famille disent ressentir une charge mentale supplémentaire quant à la gestion de leur vie professionnelle et parentale. L’arrivée d’un enfant est un exemple majeur de changement pour

les femmes, nécessitant une réorganisation de leur emploi du temps professionnel, en particulier lorsqu’elles prennent un congé de maternité. 

Bien que 63% des mères ayant annoncé leur grossesse sur leur lieu de travail actuel n’aient ressenti aucune inquiétude quant à leur carrière professionnelle, 38% d’entre elles ont tout de même été préoccupées par les conséquences potentielles de cette nouvelle sur leur travail: 11% affirment avoir été “assez’ voire même très préoccupées pour 27 % d’entre elles. 

Outre le stress potentiel lié à la prise d’un congé de maternité et à la reprise du travail avec l’accumulation de tâches à gérer, la parentalité ajoute une responsabilité permanente supplémentaire dans la vie quotidienne des femmes. De fait, 50 % des mères de familles jugent comme “plutôt difficile” (42 %) voire “très difficile” ( 8 %) d’équilibrer responsabilité parentale et vie professionnelle, quand 40 % des hommes interrogés l’estime comme “plutôt difficile” (38 %) à “très difficile” (2 %).

Quel rôle pour les entreprises ? 

Selon notre étude, les parents de sexe féminin semblent désavantagés par les nouveaux modes de travail. Bien que 78 % des employés travaillant en mode hybride ou à distance affirment qu’il est facile de séparer travail et vie privée, certains salariés considèrent que ce mode de travail affecte leur équilibre professionnel et personnel. 

Les femmes semblent être plus touchées que les hommes, 31 % d’entre elles ayant des difficultés à séparer vie professionnelle et vie privée, contre seulement 15 % des hommes

Les femmes travaillant selon ces modèles ressentent également plus de stress (42 %) que les hommes (14 %) en conciliant vie professionnelle et obligations parentales.

Bien qu’il ne soit pas de la responsabilité des entreprises d’interférer dans l’équilibre des responsabilités parentales de leurs employés, elles peuvent néanmoins aider les employés ayant des enfants à mieux concilier leurs obligations professionnelles et personnelles. Par exemple, elles peuvent revoir leurs politiques en matière d’objectifs à atteindre en adoptant une échelle mensuelle plutôt que quotidienne ou hebdomadaire afin de réduire le stress lié à une performance quotidienne optimale. 

Une autre option envisageable est d’évaluer si le modèle de travail proposé (présentiel, à distance ou hybride) prend en compte les défis quotidiens rencontrés par ces employés. 

Une autre action que peut mener une entreprise en faveur de cette catégorie de salarié(e)s est de proposer des aides adaptées. L’étude révèle toutefois que seuls 20 % des parents bénéficient d’aides de leur entreprise, et que 36 % jugent ces aides insuffisantes pour équilibrer leur vie professionnelle et leur vie privée. 

En analysant la répartition par sexe des répondants déclarant ne pas avoir accès à une quelconque aide, on constate que les femmes sont majoritaires (60 %) par rapport aux hommes (36 %).

Face à la difficulté d’accès aux infrastructures publiques de garde d’enfants et aux impératifs scolaires, un soutien approprié de la part des entreprises est nécessaire pour permettre aux parents, et surtout aux femmes, d’équilibrer travail et vie familiale. 

L’importance de privilégier la santé mentale au travail 

Favoriser le bien-être physique et mental des employés devrait être une priorité pour les entreprises, mais la santé mentale reste souvent négligée. 84 % de l’ensemble des répondants ont déclaré être impactés par un épuisement léger à extrême

Mais les employés sont-ils à l’aise pour faire valoir l’importance de leur santé mentale au travail ? Un sentiment positif est partagé à cet égard par une majorité d’entre eux se déclarant plutôt à l’aise (32 %), à l’aise ( 27 %), voire très à l’aise (15 %). À l’inverse, ils sont 25 % à déclarer le contraire, certains se décrivant comme assez mal à l’aise (20 %) voire très mal à l’aise (5 %) pour en faire de même. Si une comparaison est effectuée par sexe, on peut constater que les hommes sont souvent plus à l’aise que les femmes sur ce sujet.

Pour faire face aux difficultés rencontrées par les employées quant à leur santé mentale, qu’ils soient parents ou non, une solution est disponible : les encourager à prendre un temps de repos dès que ceci s’avère nécessaire. Cependant, seulement 38 % des répondants disent pouvoir en bénéficier. Encore une fois, les inégalités entre les sexes sont présentes puisque 41% des répondants qui ont pu avoir accès à ce bénéfice sont des hommes et 35 % des femmes. 

Considérer le bien-être physique et mental de leurs employés au-delà de leurs performance, et ce, quelle que soit leur situation familiale ou leur sexe, est d’une importance cruaicle pour les entreprises. Lorsque ce facteur est favorisé, ipeut conduire à un engagement accru, quand à l’inverse, une absence de considération peut entraîner des conséquences négatives telles que l’absentéisme et la démotivation. Outre ces risques, négliger ce facteur peut même contribuer à accentuer des disparités présentes entre les deux sexes, notre étude indiquant le défi majeur que représente celui d’équilibrer vie professionnelle et personnelle, pour les femmes, et en particulier, celles qui font le choix d’une vie de famille. 

Méthodologie 

Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en janvier 2023 auprès de 1013 employés, dont 499 femmes et 514 hommes. 

Le panel a été sélectionné selon les critères suivants : 

Réside en France 

Âgé(e) de 18 à 65 ans 

S’étant défini(e) comme appartenant en tant que femme ou homme 

Employé(e)s à temps plein, à temps partiel ou en congé parental 

Travaillant dans une entreprise de 1 à plus de 10 000 employés 

N’exerçant pas en tant que stagiaire

Semaine des droits des femmes : gagnez vos places pour le concert de Jas Kayser.

JAS KAYSER 5IVE  

Avec Jas Kayser, batterie, compositions
Jamie Leeming, guitare
Joao Caetano, percussions
et Daisy George, contrebasse

Jeudi 9 mars 20h Miramas  

Théâtre La Colonne – Scènes et Cinés 

Formée à Berklee (Boston), découverte de l’année Jazz FM en 2021, la jeune batteuse Jas Kayser, figure montante de la scène jazz britannique sera présente pour son unique date dans le sud de la France jeudi 9 mars à 20h au Théâtre La Colonne à Miramas dans le cadre de La Semaine des droits des Femmes.

Au-delà de sa vision artistique, Jas Kayser est une artiste prenant à cœur son rôle social, et intervient notamment aux côtés de « Women In Jazz » pour faire évoluer les représentations autour des femmes instrumentistes dans le jazz. 


Déjà vue aux côtés de Shabaka Hutchings, Jorja Smith, Nubya Garcia, et même de Lenny Kravitz, la batteuse Jas Kayser est l’une des figures montantes de la scène britannique.  

Exploratrice des rythmes et des styles, elle parvient sur son premier album « 5ive » à combiner une palette internationale de sonorités, distillée sous le filtre du jazz britannique actuel. Entre arrangements de jazz méditatifs et fusions afrobeat, elle entraine son public dans une musique tantôt lancinante, tantôt dansante.  

Jas-Kayser – Crédit : I-AM-JOHANNES

En partenariat avec Scènes et cinés, Brillante Magazine vous offre deux fois deux places pour assister au concert de jeudi 9 mars 2023 à 20h au Théâtre de La colonne de Miramas.

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Tirage le 7 mars.

Caroline Madjar, de l’actu des stars au roman noir avec Le Regard du Hérisson

Née à Paris il y a quelques dizaines d’années, Caroline Madjar est issue d’une famille de journalistes. Elle exerce aujourd’hui en tant que rédactrice en chef chez Cover Media, depuis Londres. Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, sera disponible en librairies le 24 février 2023.

Le métier de journaliste a pour particularité, notamment, d’obliger le rédacteur à la vérité, seule et unique. Le travestissement, la déformation ou encore la manipulation de cette vérité est une faute, grave, qui remettrait fondamentalement en cause l’éthique personnelle de l’auteur de ces changements. C’est aussi ce qui fait que le public, les lecteurs, accorde ou non sa confiance à un média ou à un autre.

C’est donc depuis la capitale Britannique qu’elle a accepté de nous parler. Non pas de son métier. Enfin si, mais d’une facette bien fréquente mais rarement assumée par les journalistes, la brûlante envie de pouvoir raconter une histoire façonnée de toutes pièces.

Le regard du hérisson, de Caroline Madjar
Le regard du hérisson, de Caroline Madjar

Habituée à parler des stars et de musique – des sujets bien plus profonds et en prise avec la société que le simple côté show-business qu’on imagine – Caroline est une multipassionnée, un peu touche à tout, comme les gosses des années quatre-vingt qui ont vu défiler sous leurs yeux tant d’évolutions et de révolutions qu’ils ont une soif de tout essayer. C’est ainsi que, parmi ses cordes, la journaliste explique “Parfois, je passe des disques, à l’ancienne, qui craquent et qui sautent.” Pour parler des mix qu’elle prend plaisir dans quelques pubs londoniens.

Parler des stars sans fard

Pour Caroline, “parler des stars, ce n’est pas que le côté jet-set bling-bling. J’aime informer, quel que soit le sujet et si, aujourd’hui, on parle plus facilement de l’endométriose par exemple, c’est parce que certaines vedettes telles que la chanteuse Lory s’est exprimée publiquement à ce sujet. Encore, Kim Kardashian ne fait pas qu’une émission de télé réalité, elle milite aussi pour une réforme de la justice carcérale aux États-Unis“.

Caroline Madjar à Londres -
Caroline Madjar photographiée à Londres, par Paul Gallagher – ©PaulGallagher

Et parce qu’elle aime mots et lettres, la rédactrice en chef s’est lancée dans l’écriture de son premier roman. Il sort le 24 février et s’appelle “Le regard du Hérisson“. Le raccourci serait facile de se dire qu’en faisant marcher les relations, un journaliste un petit peu connu a toutes les portes ouvertes pour faire un roman et puis voilà. C’est l’inverse qu’a vécu Caroline Madjar qui explique “Un livre demeure un produit de consommation et l’éditeur a besoin de gagner de l’argent pour faire fonctionner son entreprise, au même titre que le libraire. Informer c’est un métier, écrire des livres, je ne le vois pas comme un métier. Je voulais créer mon univers et mon sujet. Les possibles sont infinis dans les romans, mais il y a une nécessité de sens, de codes et des impératifs éditoriaux différents de la presse“.

Pourquoi créer une dystopie quand on en a assez dans l’assiette ?

Le roman Le regard du Hérisson est un roman réaliste. A mille lieux de la tendance dystopique actuelle (à croire que l’actualité est si vide et creuse qu’il faut inventer les choses), le premier roman de mon amie – car je vous dois cette vérité – Caroline est réaliste dans sa forme. Il démarre sur un crime dans le quartier des Batignolles à Paris, se poursuit dans le Londres de Camden pour s’achever à l’île d’Yeu. “Les rues, les bars, les pubs et les paysages que je décris existent réellement” insiste l’autrice, “je n’ai rien eu à inventer. Les lecteurs pourront, s’ils en ont envie, aller retrouver les lieux dont je parle, car ils sont réels” explique celle à qui Anne Rice a donné envie d’aller découvrir la Louisiane.

Le Dublin Castle, cité dans le livre, est un pub qui existe réellement à Londres
Le Dublin Castle, pub Lodonien

Dans son livre, Caroline Madjar met des morceaux d’elle-même. La musique a une large place, la gastronomie aussi.

Un crime, whatelse ?

Pour faire simple, deux femmes ont été retrouvées tuées dans le quartier des Batignolles, affreusement mutilées par un tueur qui leur volait les yeux. C’est sur cette base que démarre le roman de Caroline. La commissaire enquête, les rideaux s’écartent comme pour mieux voir celui ou celle qui est le tueur ou, pire, qui sera la prochaine victime. Hélène, une libraire, déterminée à relancer le commerce de son père, refuse la peur et continue son œuvre quotidienne. Survient un troisième homicide et, alors, les plans de tous les protagonistes sont bouleversés. Absolument tous.

Il faut lire les 320 pages de ce roman pour comprendre toute l’histoire. Se laisser partir sur de fausses pistes. Se perdre et faire demi-tour dans des chemins de campagne, jusqu’à obtenir la vérité. Pas avant.

Un livre à l’ère des réseaux sociaux ?

Caroline aurait pu, comme cela a déjà été fait, publier un blog en ligne avec ses textes, éventuellement payant. Ce faisant elle aurait sans doute brûlé une étape cruciale, la relation presque charnelle qu’il peut exister entre un lecteur et un livre.

C’est en militante que l’habituée des réseaux sociaux (son compte Instagram @caromadjar et son site https://carolinemadjar.com/ sont ses outils du quotidien) a choisi de passer par une maison d’édition, par des libraires et par du vrai papier pour sortir son ouvrage. Et aussi pour se prouver, comme si c’était nécessaire, qu’elle était capable de le faire. Capable de sortir un bouquin, se faire conseiller, apprendre, être corrigée, relue, critiquée jusqu’à l’épreuve finale, le “Bon à Tirer” ferme et définitif.

Elle a peur, Caroline. Mais c’est trop tard, aléa jacta est. Le sort est jeté, le livre est déjà arrivé dans les points de vente. Le regard du Hérisson, qu’il soit ou non un succès littéraire (il n’y a pas de raison qu’il ne le soit pas) est et restera le livre qu’elle a écrit.

Aller à la rencontre des gens qui ont voulu venir à la rencontre de mon livre

Pour la suite, Caroline aimerait “aller rencontrer celles et ceux qui sont venus rencontrer son livre. Ou même ceux qui se seraient amusés à sur les lieux que je cite, ce serait très drôle“. En tout cas, c’est bel et bien de l’humain, du concret, sans chatbot ni intelligence artificielle qu’espère l’autrice.

Je voudrais que mon livre voyage. Il y a des lieux précis où se passe l’action. Tu lis un livre pour voyager, si ça te donne envie de découvrir un lieu, c’est bien.” Ajoute-t-elle, fière et timide à la fois. Fière qu’au moins une personne, au sein de la Maison “Auteurs du Monde” ait apprécié sa plume. Timide, car on ne se refait pas.

Lorsqu’on lui parle de la suite du regard du Hérisson, c’est avec l’éclat des passionnés dans l’œil que Caroline Madjar répond “Le tome 2 est prêt, peut-être.”

L’objectif, à court terme, de Caroline Madjar, simplissime “Aller à la rencontre de mes lecteurs. Ça me fait peur et c’est attractif. Tu écris pour être lu et aller à la rencontre des gens qui t’ont lu. C’est comme un rêve éveillé en somme !

Souhaitons à Caroline Madjar que Le Regard du Hérisson soit – il le sera – un succès de librairie et qu’il donnera envie à ses nombreuses lectrices et lecteurs d’aller s’accouder au “3 pièces cuisine” de croiser Amy Winehouse et les Gallagher au “Dublin Castle” avant d’aller regarder rentrer les pêcheurs à Port Joinville.

Les lieux cités dans le livre Le regard du Hérisson existent bel et bien
De vrais lieux cités

Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, dans toutes les librairies dès le 24 février 2023. En Attendant, n’hésitez pas une seconde à suivre Caro sur Instagram (@caromadjar) et la découvrir un petit peu plus sur son site https://carolinemadjar.com/.

Caroline est avant tout une belle personne, possédant sa propre personnalité, ses goûts et ses opinions.

Elle possède un réel talent de journaliste et c’est seule, à force d’échecs et de succès qu’elle est devenue, aujourd’hui celle qu’elle est.

Ce livre, son premier livre, est comme elle, brillant, fougueux et explosif !

Lettre ouverte de la FNVF – AFVF au gouvernement

Nous diffusons aujourd’hui la lettre ouverte au gouvernement pour évoquer le sort des enfants orphelins de mères suite à un féminicide dont l’association Brillante éditrice de Brillante magazine est signataire.

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT

CO-SIGNEE PAR L’ASSOCIATION DES FAMILLES DE VICTIMES DE FEMINICIDES

Autres associations signataires

FEMMES SOLIDAIRES AFVF LES MALTRAITANCES MOI JEN PARLE SAME42 LES FOULEES DU SOURIRE – BE BRAVE France – ASPIRE UNE VIE UN TOI – PREVENIR ET PROTEGER – ASSOCIATION BRILLANTE – LES MAMANS DU CIEL – MOTS ET MAUX DE FEMMES – LA MAIN SUR LE CŒUR – DONNE DI CORSICA – ELIEN REBIRTH – PROTEGER L’ENFANT –

Familles FNVF

Nathalie ROBERT – Alexia BERNISSON – Nathalie ZUCCO – Aurélia ROBERT – Gregory BERNISSON- Marina DIAS – Victoria LOPEZ – Elie DAOUD – Adélina CARINE – Patricia LEGRAND – Régis LEGRAND Laeticia MALASSINET – Laeticia BOITTE – Catherine BARGUE

– Pascal GREVIN – Antoine FIRMA- Virginie DELAMARRE – Anaick DOUDARD – Amandine CARO – Chrystèle SUZE – Marie-Annick KADELINE – Alain Suze -Jessica BODIN – Marie-Laure RUBOD – Stella GUITTON – Martine GHIONE- RUSSO – Marlène DUCROT- Emilie ROSE – NOUJOUD Asia GHEMRI

Personnes engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants

SABINE SALMON PRESIDENTE FEMMES SOLIDAIRES -NATHALIE TOMASINI AVOCATE – PAULINE RONGIER AVOCATE- FLORENCE TOROLLION AUTRICE – ARNAUD GERVAIS PRESIDENT ASPIRE UNE VIE UN TOIT – KATHYA DE BRINON FONDATRICE DE SOS VIOLENFANCE – STEPHANE CARCHON-VERIER COORDINATEUR MOTS ET MAUX DE FEMMES – GAELLE MONOT ELUE MUNICIPALE ET AGGLOMERATION VILLE DE BREST – LYDIE DRAME JOURNALISTE – LAETITZIA CONSTANTINI PRESIDENTE DONNE DI CORSICA – FLORENCE ELIE PRESIDENTE ELIEN REBIRTH – ELISA CAMBOU DIRECTRICE ADMINISTRATIVE ELIEN REBIRTH – JESSICA STEPHAN COORDINATRICE VIF AFVF – DELPHINE HERROU PHOTOGRAPHE – ARNAUD GALLAIS CO-FONDATEUR PREVENIR & PROTEGER – PAULINE BOURGOIN MEMBRE DE WE TOO CHILD ABUSE – NATHALIE COUGNY PRESIDENTE DE LES MATRAITANCES MOI J’EN PARLE – LAETICIA LANDRU FONDATRICE LA MAIN SUR LE CŒUR – MELANY BODY ILLUSTRATRICE.

Rennes, Le 8 Février 2023,

Monsieur le Président

Madame Elisabeth BORNE 1ère Ministre

Madame Charlotte CAUBEL Secrétaire d’état en charge de l’enfance

Madame Isabelle ROME Ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes

Mesdames les chargées de mission parlementaire pour le traitement des Violences intra-familiales

Madame Dominique VERIEN Madame Emilie CHANDLER

Mesdames les responsables de la délégation des enfants de l’AN

Madame Perrine GOULET Madame Maud PETIT

Mme Isabelle SANTIAGO

Au nom des familles de la FNVF et AFVF que nous représentons, nous nous adressons à vous pour évoquer le sort des enfants orphelins de mère suite à un féminicide. Chaque jour, nous sommes confrontés au désarroi des familles ayant perdu leur proche.

Celles-ci doivent faire face en un temps record à une multitude d’obligations. A ce terrible traumatisme s’ajoute la complexité de la machine judiciaire qui s’enclenche auxquelles elles ne sont pas préparées.

En 2022 selon le recensement de la FNVF

*    110 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Description : *   70 d’entre elles étaient mère.

*    143 enfants sont devenus orphelins

Selon l’étude nationale des Morts violentes dans le couple, entre 2019 et 2022

*    446 enfants sont devenus orphelins suite au féminicide de leur mère.

Il s’agit là d’un phénomène sociétal. Quel sera l’avenir de ces enfants à long terme ? Comment accompagner les proches chargés de leur éducation ?

Nous souhaitons que l’état puisse s’engager pleinement dans la prise en charge de ces enfants

orphelins qui seront les adultes de demain.

En 2017 la mère de Louane a été assassinée par son père, elle n’avait que 6 ans. Le père de la fillette de 9 ans, condamné à 30 ans de réclusion criminelle, n’a pas perdu l’autorité

parentale et pourrait demander à la voir en prison. Elle a été placée chez ses grands- parents provisoirement sur décision de justice.

En 2018 Marie DB mère de 5 enfants dont des triplés âgés de 9 mois a été tuée par son ex- compagnon. Sur décision du juge les plus petits ont été placés dans 3 familles d’accueil différentes à 200 kms du domicile de la famille maternelle et de leurs frère et sœur. Une démarche de rapprochement familial a été demandée sans succès par la tante et nièce de Marie.

Johanna était assassinée de 51 coups de couteaux devant sa petite fille âgée de 3 ans et demi.

En 2019 La vie de Léa a basculé lorsqu’elle avait 20 ans. La jeune femme a été témoin du meurtre de sa mère, tuée à coups de couteau par son compagnon, puis s’est retrouvée seule, démunie et sans accompagnement.

En avril 2022, Marie décède poignardée par son ex-compagnon devant ses deux petites filles mineures. Elle était mère de 4 enfants.

En mai 2022, Nathalie a été tué par son ex-compagnon. Elle laisse derrière elle 4 enfants mineurs. Sa sœur est désignée tiers de confiance pour s’occuper de ses neveux. Elle a elle- même 2 enfants. Un tsunami après la mort de leur proche pour cette famille qui du jour au lendemain doit changer d’appartement avec 6 enfants à charge.

En juillet 2022, Victor se retrouve seul avec son frère et sa sœur mineurs placés par

l’ASE. Il n’a que 22 ans. Son père a tué sa mère et s’est ensuite suicidé.

Comment grandir, se reconstruire, lorsque papa est en prison pour avoir tué maman ? Chaque année, des centaines d’enfants sont confrontés à ce drame. Ils sont les victimes silencieuses des féminicides. Le quotidien de ces enfants a été décrit dans un documentaire produit par France TV en collaboration avec la FNVF. Que deviennent-ils après un tel cataclysme ? « C’est le juge des enfants qui en décide. Ils peuvent être confiés à des oncles, tantes ou grands-parents, ou bien, si aucun parent proche ne se propose, à l’ASE », l’aide sociale à l’enfance. Certains d’entre eux sont placés dans des foyers faute d’avoir selon les département suffisamment de familles d’accueil disponibles. Cela est une double peine pour ces enfants.

Nous pouvons considérer les pouvoirs publiques redevables envers ces innocents avec plus de :

*    700 victimes de féminicides depuis 2017

*    111 orphelins par an en moyenne soit 555 enfants ayant perdu leur mère

Un certain nombre de ces féminicides auraient pu être évités. Selon le rapport du ministère

de l’intérieur le nombre de féminicides a augmenté de 20% en 2021 avec :

*   122 femmes tuées par leur conjoint ou ex.

*    25% des auteurs étaient déjà connus par la justice

*   32% des victimes avaient déjà subi des violences antérieures parmi elles 25 victimes avaient déjà déposé plainte.

Dans ce contexte, la nation a une responsabilité dans la prise en charge des orphelins et des familles impactées suite au décès de leur proche. Il nous semble indispensable que les enfants suite au meurtre de leur mère dans le cadre d’un féminicide puissent bénéficier des mêmes dispositions d’aide et d’accompagnement que les victimes de terrorisme.

Le statut de pupille de la nation prévoit la prise en charge des enfants dont les parents ont été victimes de terrorisme.

*   L’attentat du 11 novembre 2015 a fait 130 morts

*  L’attentant de Nice en 2016 a fait 86 morts.

Chaque famille ayant perdu leur proche suite à ces derniers attentats ont pu solliciter

l’adoption par la nation des enfants désormais devenus orphelins de mère ou de père, voire les deux. Les enfants de féminicide à défaut d’avoir une tante, un oncle ou des grands-parents pouvant les recueillir sont généralement placés par l’aide sociale à l’enfance.

Le quinzième rapport au parlement et au gouvernement de l’observatoire national de la protection de l’enfance en septembre 2021, précise qu’au 31/12/2019 :

312 500 mineurs et 24 700 majeurs ont été suivis en protection de l’enfance pour un budget de 8.56 milliards environ qui est plus élevé que le PIB de certains pays, pourtant le ministère de la santé et de la prévention indiquait en 2019 :

*    Que 70% des jeunes placés à l’Ase n’ont aucun diplôme

*   15.8% de ces jeunes ne sont plus scolarisés à 16 ans.

Ces chiffres interpellent indubitablement.

Car même si la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants dite loi Adrien Taquet interdit d’ici 2024 le placement à l’hôtel des mineurs, cela pose tout de même question. Combien d’enfants placés sont encore aujourd’hui hébergés dans des hôtels en attendant un place dans des structures d’accueil adaptées.

Dans le cadre de l’intérêt supérieur de l’enfant est-il acceptable ou éthique que les institutions censées les protéger aient eu cette approche contestable ? au global (faits rapportés dans le rapport de 2019 de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement)

Les anciens enfants placés en protection de l’enfance représentent :

*    36% des jeunes SDF de moins de 25 ans et 26% des SDF au total

Dès lors nous demandons que les orphelins de féminicides puissent bénéficier au même titre que les victimes de guerre ou d’attentat du statut de pupille de la nation beaucoup plus sécurisant par la protection de l’ONACVG établissement public sous tutelle du ministère des armées qui pourrait assurer leur avenir en leur proposant

(source https://www.onac-vg.fr/demarches/devenir-pupille-de-la-nation)

En matière d’entretien et d’éducation en complément des aides du droit commun (allocations familiales, bourses d’études) et chaque fois que la situation le requiert des subventions aux pupilles de la Nation Subventions d’entretien destinées à assurer les besoins de base de l’enfant (garde, habillement, nourriture, loisirs) versées si nécessaire dès la naissance.

Subventions pour frais de maladie, de cure, de soins médicaux en complément des prestations de la sécurité sociale et de l’aide médicale gratuite (prise en charge des frais d’optique, de traitements d’orthodontie etc…)

Subventions de vacances

Subventions d’études qui peuvent être renouvelées jusqu’au terme des études supérieures dès lors qu’elles sont entreprises avant 21 ans. A cet égard, il faut souligner que les pupilles de la Nation sont, de plein droit, exonérés du paiement des droits de scolarité dans les universités

Subventions pour les projets des pupilles entrés dans la vie active avant 21 ans.

En matière d’emploi :

Subventions d’aide à la recherche d’un premier emploi

Octroi par l’ONaCVG de prêts d’installation professionnelle, cumulables avec des prêts de première installation. Sans intérêt, remboursables sur des délais pouvant couvrir 3 années, avec une franchise de 3 mois, ces prêts de 3.000 euros permettent de favoriser une installation professionnelle

Les Pupilles et les orphelins de guerre, quel que soit leur âge, bénéficient du recrutement par la voie des emplois réservés dans les administrations, les collectivités locales, les établissements publics qui leur sont rattachés et les hôpitaux publics

Les orphelins de guerre âgés de moins de 21 ans bénéficient de l’obligation faite aux employeurs de droit public ou privé occupant au moins vingt salariés de compter, dans la proportion de 6 % de l’effectif total, des travailleurs handicapés, des mutilés de guerre et assimilés.

 En matière de fiscalité :                                                                                                      

Tous les actes ou pièces ayant exclusivement pour objet la protection des pupilles de la Nation sont dispensés du timbre. Ils doivent être enregistrés gratuitement s’ils sont soumis à cette formalité ;

Lorsque les pupilles de la Nation ont été adoptés par une personne physique, les transmissions à titre gratuit (dons et legs) faites en leur faveur par l’adoptant bénéficient des droits applicables en ligne directe et de l’abattement prévu à l’article 779 du code général des impôts, même en cas d’adoption simple

De même, les dons et legs consentis aux pupilles de la Nation bénéficient du régime fiscal des mutations à titre gratuit en ligne directe lorsque le donateur ou le défunt a pourvu à leur entretien pendant cinq ans au moins au cours de leur minorité.

Les successions des personnes décédées du fait d’actes de terrorisme ou des conséquences directes de ces actes dans un délai de trois ans à compter de ceux-ci, ou de faits de guerre dans un délai de trois ans après la cessation des hostilités ou le fait générateur du droit, sont exonérées des droits de mutation.

Les orphelins de guerre et les pupilles de la Nation devenus adultes demeurent à vie ressortissants de l’ONACVG et continuent à bénéficier du soutien moral et matériel de l’Office à l’instar de l’ensemble de ses ressortissants.

Les orphelins de féminicides après avoir perdu leur mère et ou assisté au meurtre de celle-ci doivent pouvoir bénéficier du statut de pupille de la nation. Les proches chargés de leur éducation devraient pouvoir obtenir la possibilité de saisir l’ONACVG et d’être accompagnés sur la durée au même titre que les veufs ou veuves de guerre ou d’attentat.

Nous souhaitons pouvoir être entendus sur ce sujet essentiel et nous nous tenons à votre disposition pour échanger et collaborer sur la possibilité de travailler sur une proposition de loi visant à offrir aux orphelins de féminicides un futur rempli d’espoir. N’oublions jamais que ces enfants seront les adultes de demain.

Avec notre plus profond respect,

Sylvaine Grevin Présidente FNVF
Noel Agossa Président AFVF

La cheffe d’orchestre Marin Alsop offensée par le film “Tàr”

Marin Alsop, la chef d’orchestre interprétée par Cate Blanchett dans son dernier film «Tár», a critiqué le projet, affirmant qu’il l’offensait «en tant que femme… en tant que chef d’orchestre… en tant que lesbienne».

Selon nos confrères de Vanity Fair, Cate Blanchett serait déjà pressentie pour un Oscar pour sa performance en tant que Lydia Tár, une chef d’orchestre lesbienne accusée d’être abusive envers les jeunes femmes.

Un certain nombre de téléspectateurs, dont l’écrivain du New York Times Zachary Woolfe, ont repéré des parallèles entre Alsop et Tár, comme le fait qu’elles sont toutes les deux des les protégées de Leonard Bernstein, qu’elles sont toutes les deux lesbiennes, qu’elles sont mariés à des musiciens d’orchestre (avec qui ils ont des enfants) et toutes deux étaient, jusqu’à récemment, les seules femmes à diriger un grand orchestre (Alsop à Baltimore, Tár à l’Orchestre philharmonique de Berlin.)

Dans le premier acte du film, dans une scène dans laquelle Tár est interviewée par l’écrivain new-yorkais Adam Gopnik, elle vérifie même le nom d’Alsop en disant : « En ce qui concerne la question des préjugés sexistes, je n’ai rien à redire. Ni, d’ailleurs, Nathalie Stutzmann, Laurence Equilbey, Marin Alsop ou JoAnn Falletta. Il y avait tellement de femmes incroyables qui sont venues avant nous, des femmes qui ont fait le vrai lifting.

Une différence majeure entre les deux chefs d’orchestre, cependant, est que dans le film de fiction, Tár est accusé d’inconduite sexuelle, un rebondissement qu’Alsop a maintenant qualifié d ‘«offensant».

Marin Alsop – Crédit : Mastrangelo Reino /A2img

J’ai lu pour la première fois à ce sujet fin août et j’ai été choqué que ce soit la première fois que j’en entende parler“, a déclaré Marin Alsop à propos du film dans une interview au journal britannique Sunday Times. «Tant d’aspects superficiels de ‘Tár’ semblaient correspondre à ma propre vie personnelle. Mais une fois que je l’ai vu, je n’étais plus concernée, j’ai été offensée : j’ai été offensée en tant que femme, j’ai été offensée en tant que chef d’orchestre, j’ai été offensée en tant que lesbienne.

«Il y a tellement d’hommes – des hommes réels et documentés – sur lesquels ce film aurait pu être basé, mais au lieu de cela, il met une femme dans le rôle mais lui donne tous les attributs de ces hommes. Cela se sent anti-femme. Supposer que les femmes se comporteront de la même manière que les hommes ou deviendront hystériques, folles, folles, c’est perpétuer quelque chose que nous avons déjà vu au cinéma tant de fois auparavant.” continue t’elle.

“Tár”, qui a été écrit et réalisé par Todd Field , a été créé à Venise l’année dernière où il a reçu une réponse élogieuse . Martin Scorsese s’est également dit fan du film .

Marin Alsop elle-même a fait l’objet d’un long métrage documentaire, “The Conductor” de Bernadette Wegenstein, sorti en 2021.

Quand une globe trotteuse décide de créer sa vie autour de sa passion

Elinor après 8h  mushing par -35 °C
Elinor après 8h de mushing par -35 °C

Faire de sa vie un rêve et de son rêve une réalité. Ce mantra aux relents de diabolo menthe, certaines et certains ne font que le répéter.

Certains n’en font qu’une partie de leur CV.

Et d’autres construisent leur vie autour de ce but. C’est le cas d’Elinor Zucchet, qui nous parle de la façon dont elle a concilié rêves de voyage et réalité matérielle de la vie.

Et si vous laissiez tout tomber pour aller vivre votre rêve ? Faire le tour du monde en auto-stop, aller élever des chèvres dans les Andes ou vivre dans une tribu Masaï, nous sommes nombreux à caresser ces envies d’ailleurs et d’autre chose. Force est de constater que, souvent, le quotidien nous rattrape et les factures à payer, les contingences de chaque jour tout comme les obligations – plus ou moins contraintes – de la vie moderne nous font accepter ces sacrifices.

Aventure, vie et galères en vue

Sauf à avoir construit sa vie autour de ces objectifs de liberté et de vie alternative, comme l’a fait Elinor Zucchet, qui partage avec nous son parcours d’aventure, parcours de vie et, parfois, de galère.

Elle a 39 ans aujourd’hui, pas d’enfant et un couple construit avec un autre nomade des temps modernes, c’est depuis Sitges (Espagne) qu’elle nous parle. Elinor a suivi un parcours relativement atypique dès le début de sa scolarité d’adolescente. “Cette passion est née de mon premier voyage à l’étranger en solo.” Explique la voyageuse. “C’était un voyage scolaire à Londres – grand classique – et pendant que les autres passaient leur temps à jouer ou à faire les ados, je ne pouvais m’arrêter de regarder les paysages, les panneaux routiers différents et les habitudes si surprenantes que je découvrais.

Soutien Familial primordial

L’environnement familial d’Elinor lui permet d’envisager des voyages avec un peu plus d’aisance que les familles moyennes, une chance pour elle qui n’en demande pas plus “J’avais la volonté d’aller aux USA. Le financement du voyage a été découpé en cadeaux de Noël et d’Anniversaire. Je mettais de l’argent de côté pour y parvenir. C’était un investissement familial pas uniquement matériel, j’ai eu avant tout le privilège de naître dans une famille qui a compris l’importance des voyages et des langues dans le développement d’une personnalité.

En Alaska
En Alaska

Selon la globe-trotteuse, “Le système scolaire français n’étant pas très flexible, j’aurais aimé faire quelque chose au niveau des sciences et de la biologie, donc un domaine scientifique. En parallèle, je voulais étudier les langues, donc un domaine littéraire. C’est malheureusement impossible en France. Je me suis lancée dans du littéraire là où je pense que j’aurais aussi pu m’éclater encore plus dans la biologie animale.” regrette-t-elle.

Sortie du lycée, Elinor part pour 6 mois aux USA où elle rêve de retourner après un stage de surf à 15 ans. “Mes parents ne pouvaient pas payer les frais d’une université aux USA, nous avons trouvé une alternative dans un lycée au sein d’une famille d’accueil. J’ai donc à la fois travaillé et étudié durant ce semestre aux Etats-Unis.

Revenue des USA, avec un projet plus mûr, Elle se lance, malgré la mauvaise presse d’un certain tourisme de masse qu’elle considère mal géré, dans une formation “Master en European Tourism Management” au sein de l’IUP de Chambéry. Ces études l’amènent à faire des stages en République dominicaine, six mois en suède et six autres mois en Espagne.

Trouver ou créer des opportunités

Etudes terminées, Elinor part s’installer à Barcelone à la recherche d’un boulot, où vivait son amoureux d’alors. Elle trouve aisément un premier travail en tant que réceptionniste dans un hôtel. Elle quitte cet emploi et travaille durant 8 ans pour une agence française de séjour linguistique à l’étranger, gravissant les échelons doucement mais sûrement au sein de la structure.

Le hasard ne faisant rien sans raison, Elinor se blesse gravement dans un accident. Plusieurs mois d’immobilisation, des idées et de l’imaginaire plein la tête. Elle retourne dans un bureau, mais s’y sent trop à l’étroit. A cette époque précovid, le télétravail n’a pas la reconnaissance qu’on lui a donnée aujourd’hui. C’est donc frustrée et en manque de voyages que celle qui pose rarement son sac à dos cherche un moyen de concilier mobilité et revenus financiers.

Elle s’accorde un mois de vacances en Scandinavie, pour faire le point et, surtout, remettre en route sa machine à voyager. “Disposant de pas mal de cordes à mon arc, je me suis penchée sur la traduction et la rédaction web” explique Elinor, consciente que le marché du travail en Espagne lui permettrait, dans tous les cas, de rebondir en cas d’échec.

Une agence suisse de séjours linguistiques contacte Elinor pour travailler avec eux  à de la rédaction/ traduction d’articles. Elle permet à cette agence d’apporter un morceau de culture française à son offre.

Établie en tant que Freelance, en 2 ou 3 mois Elinor parvient à vivre correctement de son activité professionnelle, en multipliant les contrats et les petits travaux. C’est après 3 ou 4 années de tout-venant qu’elle a décidé de lever le pied et de devenir un peu plus regardante sur les travaux qu’elle réalise.

Sous les aurores boréales, Elinor et son conjoint à Lofofen
Sous les aurores boréales, Elinor et son conjoint à Lofofen

Aujourd’hui, avec mon conjoint nous sommes devenus des digital nomades qui ont un chez eux. Nous aimons avoir un nid douillet comme les Européens.” ajoute la rédactrice.  “Si nous adorons partir, nous aimons autant revenir aussi.”

C’est sans doute sur ce point que la notion de digital nomadisme (la capacité de travailler depuis n’importe quel point du globe) se différencie de l’Amérique du Nord. Jusqu’au COVID, aux Etats Unis, près de 20 %  de la population déménage chaque année, contre à peine 10 % des foyers français.

Le Nord ou rien !

La suite est logique. Elinor multiplie les voyages et se focalise sur les régions arctiques. Tombée amoureuse pour la Laponie Suédoise, Elinor change du tout au tout, de son mode de vie à ses destinations de vacances, tout sera teinté d’aurores boréales et de nuit polaire dans sa vie.

On me traitait de folle lorsque j’allais dans ces régions. Alors qu’il y a une magie et une poésie dans les zones arctiques. On est dans l’apogée du sauvage en Europe. Notre continent  est aujourd’hui très développé et peuplé et rares sont les occasions de se retrouver face à soi-même. Et, contrairement aux idées reçues, lorsqu’on est bien équipé, les températures négatives ne sont pas du tout un problème !” termine la voyageuse.

Son étoile du berger, ce sont les aurores boréales et la nuit polaire. “Ces phénomènes inconnus sous nos latitudes trop basses créent des couleurs toujours changeantes. S’il ne fait jamais vraiment ni nuit, ni jour, le ciel se pare en permanence de nouvelles teintes émouvantes. Quant aux aurores, ce sont des manifestations de la magie de l’univers. Des particules, venues du soleil, créent cette danse magique dans la voûte céleste.

La magie des aurores Boréales comme ici à Finnmark
La magie des aurores Boréales comme ici à Finnmark

La culture scandinave me convient“, ajoute-t-elle. “C’est une fusion permanente avec la nature et, à l’opposé de l’image qu’on en a, si elle est très cosy en hiver, les gens vivent énormément dehors et une vraie vie sociale et de plein air existe dans ces pays froids.

Avoir plusieurs cordes à son arc

Aujourd’hui, Elinor mixe les métiers ; Rédactrice, elle propose des services de traduction, de tourisme ou encore de photographie des zones visitées. C’est la multiplicité des compétences qui donne à cette femme la sécurité de toujours rebondir. Comme elle l’explique “si un pays entre en crise, il faut savoir partir et ouvrir une autre destination pour toujours être dans le haut de la vague, sans donner l’impression qu’on fuit ce pays mais en offrant une autre de ses compétences, ailleurs” conseille-t-elle aux futurs nomades.

Le COVID a été une vraie leçon pour les entreprises

Selon la travailleuse nomade “Je comprends que les entreprises aient des craintes quand elles n’ont jamais testé le télétravail ni le nomadisme. Mais lorsque de bonnes relations sont en place entre entreprise et salarié, travailler depuis n’importe où n’a aucune importance. Les entreprises devraient établir des objectifs avec les salariés plutôt que de marquer à la culotte chacun, avec la tradition industrielle de la pointeuse à l’entrée de l’usine.

Pour Elinor, “le moment est idéal pour se lancer dans l’emploi nomade. Les esprits ont été bouleversés par la crise sanitaire et les entreprises ont enfin compris l’impact qu’avaient les déplacements sur la qualité du travail de leurs salariés. Lorsqu’on n’a plus à se soucier de trouver une nourrice, passer des heures de transport en commun ou dans les embouteillages, on est mieux dans son travail et plus efficace.” A condition d’être rigoureux et de savoir ériger les barrières entre vie professionnelle et vie personnelle, évidemment.

Etre une femme ailleurs dans le monde ?

En tant que femme, je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré beaucoup d’obstacles. J’ai toujours voulu des environnements de travail internationaux. Cela ouvre l’esprit des personnes qu’on rencontre.” explique Elinor. Amenée à travailler tant avec des supérieurs hiérarchiques hommes que femme, la rédactrice a conscience que les personnes qu’elle côtoie sont comme elle, ouvertes d’esprit et en avance de quelques années sur la pensée dominante, ce qui facilite les échanges.

Etre une femme Européenne implique de ne jamais oublier nos privilèges
Etre une femme Européenne implique de ne jamais oublier nos privilèges

Une chose est certaine, dans la majorité des cas, on rencontre des gens bien partout. Il faut juste avoir un peu de bon sens et être prudente où que l’on se trouve. Mais il n’y a pas de mieux ou de moins bien, du moins dans les régions que j’ai pu fréquenter” insiste Elinor.

Responsabilité des écoles

Selon la voyageuse, en France et en Europe du Sud “L’école ne crée pas des esprits assez autonomes pour proposer aux futurs adultes de se faire leurs carrières. Le système scolaire ne laisse pas assez de place pour le think out of the box.” commence-t-elle.

Si on sait aujourd’hui que le système nordique fonctionne, les pays du sud de l’Europe continuent d’appliquer les mêmes recettes. “J’étais très créative en France lorsque j’étais enfant, mais le système scolaire m’a coupé les ailes dans cette créativité. Il suffit de comprendre comment avoir de bonnes notes et d’appliquer la méthode, pas de montrer ce dont on est capables.  Dans les pays du nord, la place est laissée à la créativité. Les notes, par exemple, ne sont jamais définitives et une place est laissée à la négociation et la discussion avec les enseignants lorsqu’un élève n’est pas satisfait de la notation obtenue.

La place des femmes dans le tourisme 

Elinor n’a constaté aucune différence de traitement entre hommes et femmes dans les pays du nord où, selon elle “le monde du travail est plus juste et inclusif”. Il n’est que deux pays dans lesquels elle a pu remarquer une choquante différence, Dubaï et certaines îles d’Indonésie. “Par exemple, mon ex-conjoint ne parlait pas anglais à Dubaï et, partout, on m’a ignoré en regardant l’homme, attendant qu’il prenne l’initiative et qu’il pose les questions. A l’hôtel par exemple, nos passeports ont été retenus à la réception. J’ai appelé un grand nombre de fois sans effet là où il a suffi à mon partenaire un seul appel pour que les passeports nous soient restitués.” De là à parler de l’impact religieux, Elinor refuse de passer le pas “On est plus ici dans une question complexe d’éducation, de politique et d’individualités que face à une question religieuse” contraste-t-elle.

Etre une femme en 2022

Dans nos sociétés occidentales” commence la jeune femme “on n’a pas trop à se plaindre malgré tout. J’ai souvent tendance à me dire qu’il y a nettement pire ailleurs. Ayant voyagé avec notamment des gens venant d’Iran, je me rends compte de la chance que j’ai. Il faut continuer de lutter pour nos libertés mais on a fait des progrès incroyables en peu de temps. On a beaucoup de bonnes choses dans nos pays, il ne faut pas oublier ça. Les réflexes doivent venir autant des hommes que des femmes.” répond Elinor.

Par exemple, la fameuse question des enfants est souvent posée, sans avoir en tête que certains couples ne peuvent tout simplement pas avoir d’enfants. “La blessure peut être douloureuse pour ces personnes” ajoute Elinor. 

Au féminisme, faut-il ajouter l’empathie ?

Deuxième édition du tour de France femmes 2023 du 23 au 30 juillet 2023

Après trois décennies d’absence, le Tour de France féminin a fait son grand retour lors de l’édition 2022 et un nouveau nom – fini l’appellation Tour de France féminin – pour suivre un tracé inverse aux hommes et terminer sa course dans les Vosges, au sommet de la Planche des Belles Filles, dimanche 31 juillet.

Le jeudi 27 octobre, Marion Rousse, la directrice de la Grande Boucle féminine, a dévoilé le parcours du Tour de France 2023. Après le nord-est, et comme leurs homologues masculins : place au sud-ouest ! 

« Toujours plus haut », affirme la directrice de l’épreuve, qui a pu détailler le programme des huit étapes, totalisant une distance de 956 kilomètres et confrontant surtout les championnes à de nouvelles difficultés. Le principe du passage de témoin avec le Tour a été conservé, mais les coureuses se retrouveront cette fois-ci à Clermont-Ferrand pour entamer dans une première séquence la découverte du Massif Central. En fin de semaine c’est la chaîne pyrénéenne qui fera le tri entre les grimpeuses les plus efficaces : la ligne d’arrivée au col du Tourmalet sera l’objectif de toutes les prétendantes au Maillot Jaune. Il faudra encore le défendre le lendemain sur le chrono final de Pau.

Présentation du parcours 2023 : Annemiek van Vleuten, vainqueur du TDFF 2022 et Marion Rousse, Directrice de la course

En rassemblant le peloton à Clermont-Ferrand, l’accent est une fois de plus mis sur le lien entre la course féminine et l’histoire du  Tour. Elles ne monteront pas au Puy de Dôme cette fois-ci, mais goûteront dès les premiers jours aux aspérités de la géologie auvergnate : de façon délicate dans la première étape qui ne verra peut-être pas le peloton totalement éparpillé ; puis de manière plus marquée sur la route de Mauriac où elles devront encaisser un dénivelé positif de 2 500 mètres avant de batailler pour le bouquet du jour.

Les sprinteuses auront probablement la parole à Montignac, où se trouve la grotte de Lascaux, mais devraient laisser leur chance sur la plus longue étape de la semaine (177 km), les côtes aveyronnaises se chargeant de sélectionner pour l’arrivée à Rodez les plus résistantes d’une échappée ou les puncheuses les plus tranchantes. L’air des Pyrénées commencera à se faire sentir sur les étapes d’Albi et de Blagnac, mais c’est le week-end venu que  les candidates au Maillot Jaune se départageront pour la première fois en haute montagne.

La légende est à nouveau au rendez-vous au col du Tourmalet, où les cyclistes du Tour ont goûté pour la première fois à l’altitude en 1910, à  2115 mètres. La ligne d’arrivée de la septième étape a été tracée cinq mètres plus bas, dans un décor où seules les meilleures grimpeuses du monde peuvent envisager la victoire. Celle qui y parviendra comptera probablement parmi les protagonistes encore en lice sur le contre-la-montre final, empruntant autour de Pau, mais en partie en sens inverse, le parcours sur lequel Julian Alaphilippe avait défendu son Maillot Jaune en 2019.

Le parcours du Tour de France femmes 2023 – A.S.O

Italie : “Femme, mère et chrétienne” Giorgia Meloni est-elle anti féministe ?

Dimanche 25 septembre 2022, le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est arrivé en tête des élections législatives qui ont eu lieu en Italie.

Âgée de 45 ans, la femme politique conservatrice qui se présente comme « femme, mère et chrétienne » met au cœur de son programme électoral Risollevare l’Italia (Redresser l’Italie), le soutien à la natalité et à la famille.

Qu’est-ce que la famille pour cette extrême droite postmoderne qui réaffirme la valeur de la triade traditionnelle Dieu, Patrie et Famille?

Avec un mélange de valeurs religieuses et laïques, le modèle familial reproposé est celui considéré comme «naturel», fondé sur le mariage hétérosexuel et la division rigide des rôles masculins et féminins, dans lequel les femmes garantissent l’«économie du don», un travail de soin non rémunéré et non reconnu dans une société organisée selon les principes de la hiérarchie des classes et des sexes, de l’individualisme compétitif et du profit individuel.

Le droit à l’avortement menacé en Italie ?

Plus encore qu’une opposition à l’avortement, Giorgia Meloni incarne cette droite dure et nationaliste qui veut renforcer la natalité et qui craint le déclin de la population face à une arrivée d’immigrés.
Il faut que les femmes fassent des enfants et il en va de la survie du pays, clame en résumé Fratelli d’Italia : « La population italienne est en déclin. Je ne dis pas que les étrangers ne devraient pas avoir d’enfants mais nous devons créer les conditions pour que les Italiens se reproduisent », déclarait récemment Carlo Ciccioli, un des leaders du parti.
Toutefois, la candidate d’extrême droite et favorite des sondages a déclaré qu’elle souhaitait protéger la maternité et trouver des solutions pour permettre aux femmes de ne pas avorter. Giorgia Meloni veut limiter le recours à l’IVG. “Nous ne toucherons pas à la loi sur l’avortement, nous voulons juste que (les femmes) sachent qu’il y a d’autres options”, a t’elle déclaré.

La France sera “attentive” au “respect” des droits humains et du droit à l’avortement en Italie, a affirmé lundi matin Élisabeth Borne. La Première ministre réagissait après la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni dimanche lors des élections législatives italiennes.

Au delà de la question de l’avortement, la communauté LGBT craint elle aussi de voir ses droits limités, au nom des valeurs familiales chrétiennes défendues par Giorgia Meloni.

Lors de rassemblements politiques, Giorgia Meloni a farouchement dénoncé ce qu’elle appelle “l’idéologie du genre” et “le lobby LGBT”.

L’éducation des enfants par des personnes du même sexe n’est pas normale, a suggéré un membre important du parti d’extrême droite qui devrait remporter les élections italiennes dimanche, jetant un nouveau coup de projecteur sur son programme socialement conservateur.

Les remarques de Federico Mollicone, porte-parole de la culture pour les Frères d’Italie (FdI) de Giorgia Meloni, ont déclenché l’indignation des opposants politiques et des médias sociaux alors que Meloni semble sur le point de devenir la première femme Premier ministre d’Italie.

Giorgia Meloni n’est certainement pas une icône féministe: il y avait une certaine ironie dans sa remarque, adressée à ses adversaires de la gauche réformiste, sur le fait que, si pour la première fois l’Italie avait une femme à la tête du gouvernement, il y aurait là une rupture du «plafond de verre».

Selon Paolo Berizzi, journaliste au quotidien italien La Repubblica, la région des Marches a servi de laboratoire pour les politiques de l’extrême droite. “Ils ont expérimenté à l’échelle locale un modèle qu’ils se préparent à reproduire au niveau national“, analyse le journaliste, spécialiste de l’extrême droite en Italie.

Cela implique de revenir sur certains droits, d’introduire des politiques adaptées aux familles traditionnelles et de faire campagne contre l’avortement. C’est une voie qui est anti-progressiste, qui s’oppose à la modernité et au principe de l’égalité des droits pour tous, dans laquelle les hommes et les femmes se voient attribuer des rôles spécifiques“.

Zarifa Ghafari, plus jeune maire Afghane sort son autobiographie et un documentaire Netflix

Zarifa Ghafari est afghane. Elle avait trois ans quand les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école, six lorsque les frappes aériennes américaines ont débuté. Autrice et femme politique, Zarifa a obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.

À vingt-six ans, elle est devenue la première maire de la province de Wardak, l’une des plus conservatrices d’Afghanistan. Les extrémistes ont barré l’accès à son bureau, ont tenté de la tuer trois fois. Malgré cela, Zarifa a tenu bon. Elle a lutté contre la corruption, œuvré pour la paix et tenté d’éduquer les femmes. Mais à l’arrivée des talibans à Kaboul en 2021, et après l’assassinat de son père, elle a dû fuir en Europe. Elle continue pourtant d’aider celles qui vivent sous le règne des talibans. Les récompenses internationales ont salué son engagement.
Elle a ainsi obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.

Aujourd’hui réfugiée en Allemagne, l’opposante déterminée aux talibans, vit désormais en exil. Le 14 septembre, elle publie son autobiographie aux éditions JC Lattès, suivi d’un documentaire “Dans ses mains” dont la sortie est prévue en novembre sur Netflix.

Son témoignage offre un éclairage sans précédent sur les deux dernières décennies en Afghanistan, à travers le regard d’une citoyenne, femme et maire. Il incarne la résistance des Afghanes face à l’obscurantisme.

Dans ses mains” aura sa première mondiale au Festival international du film de Toronto 2022 le 9 septembre.

Le documentaire raconte l’histoire de Zarifa Ghafari, qui est devenue à 26 ans l’une des premières femmes maires d’Afghanistan et la plus jeune à occuper ce poste.

Tourné pendant deux années turbulentes, le film documente sa bataille personnelle pour la survie alors que son pays se défait au milieu du retrait rapide des forces occidentales et du retour au pouvoir des talibans. Face à cette nouvelle réalité, Zarifa doit prendre la décision la plus difficile de sa vie.

« “Dans ses mainsest un travail extraordinaire de narration personnelle qui nous offre un aperçu rare et une réelle compréhension de ce à quoi les femmes afghanes ont été confrontées ces dernières années », ont déclaré Hillary Rodham Clinton et Chelsea Clinton, qui ont produit le film via HiddenLight. « Lorsque nous avons entendu parler de ce projet pour la première fois, nous avons dû nous impliquer. Nous croyons que les filles et les femmes – et les hommes et les garçons – partout dans le monde seront inspirés par le travail acharné, l’intelligence et la pure détermination de Zarifa Ghafari. »

Site officiel Zarifa Ghafari

Focus sur la féminisation des sapeurs-pompiers

Depuis qu’elle est enfant, Georgia Nolan n’a qu’une seule ambition : devenir pompier comme son père. Hélas, à New York en 1932, les femmes n’ont pas le droit d’exercer cette profession. Ceci est le pitch du film Disney Vaillante sorti en 2022. 90 ans plus tard, sur un autre continent, des femmes hésitent encore parfois, trop souvent à devenir sapeur-pompier.

Elles ne sont aujourd’hui que 16% à exercer cette activité, soit 1 sapeur-pompier sur 6. Elles constituent donc une ressource précieuse à valoriser, notamment pour le volontariat.

Les femmes sont autorisées à exercer l’activité de sapeur-pompier en France depuis une quarantaine d’années : le décret du 25 octobre 1976 annonce ainsi que « les corps des sapeurs-pompiers communaux peuvent être composés de personnels tant masculins que féminins ». Le taux de féminisation des centres d’incendie et de secours a progressé au cours de ces décennies, mais les femmes ne représentent toujours que 16% des effectifs de sapeurs-pompiers civils1.

Les raisons sont diverses : métier considéré « d’homme », profession à risques, contraintes des responsabilités familiales pesant majoritairement sur les femmes, méconnaissance des conditions d’engagement… Malgré l’augmentation de la proportion de femmes dans les rangs des sapeurs-pompiers, des efforts restent à faire pour que la mixité progresse.

Aujourd’hui, en France, 1 sapeur-pompier sur 6 est une femme

  • Plus de 38.800 femmes sont sapeurs-pompiers en France,
  • Le nombre de femmes chez les sapeurs-pompiers a augmenté de 5% entre 2016 et 2017,
  • Elles représentent 16% des effectifs civils,
  • Elles représentent 4% des sapeurs-pompiers militaires,
  • 50% des effectifs du service de santé et de secours médical (SSSM) sont féminins,
  • Dans les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), 55 % des personnels administratifs et techniques spécialisés (PATS) sont des femmes.

Grades

Bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses à rejoindre les rangs des sapeurs-pompiers, les femmes sont encore peu représentées parmi les officiers, notamment par rapport aux autres corps en uniformes : en 2016, elles constituaient 24% des effectifs de la police nationale et 17,5% de ceux de la gendarmerie nationale.

  • Chez les sapeurs-pompiers professionnels (hors SSSM), les femmes représentent :
    • 34% des sapeurs,
    • 6% des caporaux,
    • 3% des sous-officiers,
    • 4% des officiers.
  • Chez les sapeurs-pompiers volontaires (hors SSSM), les femmes représentent :
    • 25% des sapeurs,
    • 15% des caporaux,
    • 8% des sous-officiers,
    • 7% des officiers.

Depuis 2017, plusieurs mesures sont mises en place pour modifier de manière appropriée les locaux, les équipements et l’habillement : poursuivre l’installation de vestiaires et sanitaires séparés, adapter des tenues aux tailles et à la morphologie des femmes, mise en œuvre de matériels plus légers et plus ergonomiques de sorte que la force physique ne soit plus un facteur limitant sont tout autant de dispositions qui favorisent l’accueil et l’engagement des femmes chez les sapeurs-pompiers.

Avec le dessin animé Vaillante sorti en 2022, les pompiers débarquent enfin sur grand écran… Et pas n’importe quels pompiers puisqu’il s’agit de Georgia, une héroïne déterminée qui transmet à travers l’humour, un plaidoyer assez efficace pour l’égalité des sexes.

Le personnage a été inspiré par Rochelle Jones, la première femme devenue pompière, en 1982, à New York, ouvrant ainsi la voie à toutes celles auxquelles le film rend hommage, dans son générique de fin.

Sapeur-pompier, pourquoi pas vous ?

Vous avez le sens de l’engagement au service des autres, de l’altruisme et de la solidarité ? Et si, vous aussi, vous rejoigniez les rangs des sapeurs-pompiers ?
Pour s’engager en qualité de sapeur-pompier volontaire, il suffit d’adresser sa candidature directement au Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de votre département en joignant :

  • une lettre de motivation
  • un CV
  • la copie des titres, diplômes ou attestations de formation.

Vous trouverez les conditions d’engagement sur le site du ministère de l’Intérieur.

1 Sources : édition 2018 des statistiques des services d’incendie et de secours, portant sur l’année 2017, par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).

Véronique Gallo en pleine crise de la quarantaine.. au féminin

Le spectacle Véronique Gallo “Femme De Vie “est au programme du Festival Off d’Avignon 2022. Après le succès de “Vie de mère” et plus de 300 dates de tournée, Véronique Gallo est de retour avec un nouveau spectacle.

L’humoriste belge a encore frappé fort dans un Théâtre quasi comble et comblé, mercredi à Avignon, avec son dernier spectacle “Femme de vie”.

Nous y avons assisté avec délectation. Dans son dernier spectacle, l’humoriste Véronique Gallo s’interroge sur sa vie depuis que ses enfants ont grandi. Un spectacle qui lui permet de raconter ses doutes, ses peurs et de livrer ses angoisses pour camper sa personnalité de femme forte et fragile, mais loin du sucre d’orge.

La tornade blonde, à l’aise dans ses Stan smith, navigue, danse sur scène et présente un show bien rodé, ciselé au millimètre. Elle est perfectionniste dans le travail et ça se voit.
Celle qui commença sa carrière professionnelles comme professeur de lettres, a tout plaqué à 42 ans pour se faire connaître grâce à ses capsules vidéo « Vie de Mère », un carton sur you tube dans lesquelles elle racontait ses déboires de mère de famille nombreuse à sa psy face caméra.

Dans “Femme de vie”, cette “energic mum” nous fait tout d’abord rire, puis réfléchir.

Vous avez dit féministe ?
Tout en légèreté mais avec un discours affirmé, Véronique Gallo tente de sensibiliser son public sur les injonctions faites aux femmes, la charge mentale, la répartition des tâches ménagères et autant le dire, les hommes en prennent pour leur grade !

Un hommage aux femmes de sa vie puisqu’il y est souvent question d’arbre et de racines mais également à la vie d’une femme avec ses doutes et ses remises en question.

Le one woman show d’une femme accomplie qui ne triche pas, tout en générosité et amour pour son public.

Théâtre Episcène Du 7 au 30 juillet 2022 | 16h00
Relâche le lundi

Yaël Braun-Pivet devient la première femme élue à la présidence de l’Assemblée nationale

C’est historique ! Le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet est arrivée en tête du premier tour de l’élection pour la présidence de l’Assemblée nationale, avec 238 voix. Elle devient la première femme à accéder au perchoir.

La députée des Yvelines succède à Richard Ferrand et marque l’Histoire de la politique française en féminisant la présidence de l’institution.

Éphémère ministre des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet a quitté ces fonctions pour être candidate de la majorité à la présidence de l’Assemblée nationale.

L’avocate de 51 ans et mère de cinq enfants, vient d’être élue présidente de l’Assemblée nationale. Elle est la première femme à accéder à cette fonction prestigieuse, devenant ainsi le quatrième personnage de l’État. “Enfin ! Pour la première fois de son histoire, l’Assemblée nationale sera présidée par une femme”, venait de la féliciter M. Véran sur Twitter, avant l’annonce officielle du résultat.

Députée depuis seulement cinq ans, Yaël Braun-Pivet a commencé sa carrière d’avocate en droit pénal au barreau de Paris, avant de rejoindre celui des Hauts-de-Seine. Elle avait mis sa vocation entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L’Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants.

Militante associative, elle lance le réseau “accès à la justice” et assure des permanences juridiques gratuites en 2014. Elle rejoint par la suite Les Restos du cœur par “souhait d’être utile” et dirige bénévolement l’antenne de Chanteloup-les-Vignes en 2015, avant de superviser la création du centre d’accueil de Sartrouville, dans lequel elle dirige une centaine de bénévoles. Elle quitte la vie associative lorsqu’elle se lance en politique en 2017, après avoir adhéré à “En Marche” fin 2016.

L’engagement politique de Yaël Braun-Pivet a débuté du côté du Parti socialiste, au début des années 2000. Novice, on pointe son “amateurisme”. Son poste est exposé et suscite des critiques, certains pensent même qu’elle l’a obtenu pour que la parité soit respectée. “J’ai déjà connu ces procès en incompétence pendant la campagne. Mais je me sens légitime à ma place”, répond-t-elle à L’Obs.

Dix choses à savoir sur la prodige Nigériane des mathémathiques Faith Odunsi

La “reine Africaine des Mathématiques” a de nouveau été couronnée.

Déjà «championne du monde de mathématiques» en 2021, la lycéenne de 16 ans vient de remporter un nouveau concours, cette fois à l’échelle nationale, renforçant encore son image d’icône de l’excellence continentale.

Après ses performances de l’an dernier aux Global Open Mathematics Tournament, en Angleterre, le centre national de mathématiques du Nigéria (NMC) a couronné la nigériane Faith Odunsi, en tant que «Reine des mathématiques» pour sa performance exceptionnelle au concours national des Olympiades.

Faith Odunsi – Crédit photo : Afrique femme

C’est un trophée de plus qui vient s’ajouter à tous ceux qui ornent déjà le mur de la chambre de la jeune fille. Le 24 janvier 2022, Faith Odunsi a remporté sans difficultés l’édition 2022 du concours national des Olympiades. Il s’agit d’un concours organisé par le Centre national de mathématiques du Nigéria, qui réunit les meilleurs élèves du pays et les soumet à des tests de rapidité.

Cela fait plusieurs années déjà que la lycéenne dispute des compétitions de mathématiques sur le plan national, panafricain ou international. Mais c’est le titre mondial décerné en 2021 au Royaume-Uni qui a provoqué le plus d’enthousiasme dans les médias du continent.

Faith Odunsi bénéficie d’une notoriété au sein de la communauté internationale des mathématiciens. C’est en mars 2021 qu’elle a réalisé sa plus belle performance en remportant le Global Open Mathematics Tournament, organisé au Royaume-Uni. Un concours qui réunissait des jeunes venus du monde entier.

10 choses que vous devez savoir sur cette génie des mathématiques :

1. Faith Odunsi a résolu 19 questions de mathématiques en 60 secondes, devenant ainsi la meilleure candidate du concours de mathématiques 2021.

2. Elle a participé au Global Open Mathematics Tournament, une compétition internationale avec des participants d’Europe, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Australie où elle a obtenu les meilleures notes, battant toutes les autres nations.

3. En 2018, Odunsi a reçu un Record Holder Award pour le plus grand nombre de questions répondues sur Cowbellpedia Secondary Schools Mathematics TV Quiz Show, un quiz télévisé national nigérian sur les mathématiques où elle a répondu à 19 questions mathématiques en 60 secondes.

4. La première et la deuxième étapes du concours étaient des tests informatisés et Faith a obtenu 66 points chacune dans les deux étapes. Les quarts et les demi-finales se sont déroulés sur Microsoft Teams où le premier à donner les bonnes réponses a obtenu 10 points.

5. Faith est une étudiante de 16 ans d’Ijebu dans l’État d’Ogun qui fréquente les Ambassadors Schools, Ota, où elle a été nommée ambassadrice.

6. Faith a remporté la compétition avec 40 points tandis que le premier finaliste avait n’avait que 10 points.

7. Faith a également participé à plusieurs autres compétitions, y compris l’Olympiade nationale qu’elle fait depuis qu’elle était en JSS2 et a été nommée reine des mathématiques de JSS3 à SS2.

8. Elle a également participé à l’Olympiade mathématique d’Afrique du Sud où elle a reçu des médailles.

9. Odunsi a également participé au Kangourou Sans Frontières, au Concours américain de mathématiques et à l’Olympiade panafricaine de mathématiques où elle a également reçu une médaille d’argent.

10. Son exploit au Concours mondial ouvert de mathématiques a suscité des éloges de tout le continent et a incité le gouverneur de l’État d’Ogun, Dapo Abiodun, à rendre hommage à l’élève de 15 ans de l’école Ambassadors, Ota. Elle a été honorée aux côtés d’autres compatriotes; Olasukanmi Opeifa, Oluyemisi Oladejo et Olalekan Adeeko, qui ont remporté des lauriers académiques dans différents domaines.

Actuellement lycéenne à l’école Ambassadors de l’État d’Ota Ogun, elle n’a pas laissé la compétition affecter ses activités académiques.

Au-delà des concours, elle ne cache pas son intérêt pour les Nouvelles Technologies et elle prévoit d’étudier un jour le génie informatique à l’université.

Dossier – Des mères condamnées pour avoir voulu protéger leurs enfants de l’inceste paternel 1/2

Lire les témoignages 2/2

« Aidez-nous, sauvez nos enfants. »

Elles sont des centaines ces mères en lutte dont la seule ambition est de protéger leurs enfants de pères incestueurs. Elles hurlent, dénoncent, portent plainte mais prises au piège du pseudo-syndrome d’aliénation parentale dont la justice les accuse, elles perdent la garde au profit du père violent et incestueur.

Qu’elles s’appellent Sandrine, Latifa, Joëlle, Claire ou Marie1, toutes racontent un parcours impossible pour protéger leurs enfants d’un ex-conjoint animé d’une haine d’avoir été quitté au point de se venger sur les corps de ceux qu’ils ont vu naître, quand ils n’ont pas eu des relations incestueuses avant, provoquant ainsi la séparation.

Ils sont nombreux ces enfants qui, après la rupture, profitent d’être en sécurité chez leur mère pour dévoiler l’inceste et demander à ne plus aller chez leur père. Ils sont des centaines à être obligés de s’y rendre malgré les signalements de l’école, le dépôt de plainte dans le cadre d’une procédure Mélanie2, les preuves médicales et psychologiques de violences sexuelles qu’ils subissent le week-end ou pendant les vacances chez papa. Et ils sont tout autant à se retrouver ensuite à plein temps chez celui qui les viole ou les agresse sexuellement parce que la justice et les services sociaux refusent de prendre en compte leur parole, estimant qu’ils sont sous l’emprise d’une mère aliénante.

Un rapport circonstancié de la CIVISE pour arrêter le massacre

La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIVISE) mandatée par une lettre de mission signée par Adrien Taquet le 23 janvier 2021 et coprésidée par le juge Édouard Durand et Nathalie Mathieu, a fait de ce phénomène préjudiciable pour les enfants et donc la société dans sa totalité, l’objet de son premier avis, le 27 octobre 2021.

Dans À propos des mères en lutte, la CIVISE atteste que des centaines de femmes les ont contactés pour porter à leur connaissance des plaintes déposées à la suite de révélations par leur(s) enfant(s) de violences sexuelles de la part du père et qui, malgré les preuves, ont vu ces accusations se retourner contre elles et ceux qu’elles veulent protéger.

Des pères manipulateurs qui utilisent le système pour incester leurs enfants en toute impunité

Afin de comprendre ce phénomène qui consiste à faire taire les mères et leurs enfants, nous avons rencontré deux femmes, Claire et Marie, respectivement maman de deux et trois enfants incestés par leur père, toujours manipulateur, parfois violent.

De leur parcours au moment de la séparation à la perte de la garde de leurs enfants, nous avons recueilli leurs témoignages. Leur parole a mis en évidence une stratégie identique de la part de l’agresseur, un père souvent reconnu dans le milieu où il évolue et qui, en accusant la mère d’être dans le conflit parental et d’aliéner ses enfants contre lui, connaît les moyens de faire taire celle qui l’a quitté et ses enfants, ceux qui lui doivent respect et obéissance.

La stratégie de l’agresseur

Car si chaque histoire est particulière, la stratégie de l’agresseur est toujours la même, comme le souligne la CIVISE : isoler sa proie (Je ne savais pas à qui en parler, raconte Claire), créer un climat de peur (la pression subie par Claire, la présence des couteaux dans le domicile de Marie), passer à l’acte (récupérer les enfants de force en utilisant la violence, comme le vit la maman de Lucas et Justine), inverser la culpabilité (Il est obligé de le faire à ses enfants car s’il le fait aux autres enfants, les autres parents vont le tuer », confie la petite Justine à propos de son père), imposer le silence (Depuis que je me tais, j’obtiens de nouveau des droits, nous relate Marie), rechercher des alliés (les grands-parents, la directrice d’école pour l’ex-conjoint de Claire, les éducateurs, la psychologue pour celui de Marie) et assurer son impunité (en accusant la mère de conflit parental pour s’attribuer les bonnes grâces des juges).

Dans un tel contexte, au sein d’un pays où la culture du viol n’est plus à démontrer, si une mère ou un enfant dénonce un viol ou une agression sexuelle incestueuse, la victime est renvoyée dans son silence par les institutions en arguant que face aux dénégations de l’agresseur, c’est parole contre parole. Quand, en plus, le syndrome d’aliénation parentale (SAP) s’invite dans les têtes des magistrats, il devient impossible de protéger ses enfants.

Au nom du pseudo-syndrome d’aliénation parentale 

Inventé aux États-Unis en 1985 par le docteur Richard Gardner, l’aliénation parentale accrédite l’idée selon laquelle dans la plupart des séparations conflictuelles, le parent qui vit avec l’enfant, bien souvent la mère, « monte » l’enfant contre le père, afin que l’enfant refuse de le voir. Cette théorie n’a, à ce jour, jamais été reconnu par la communauté scientifique et a fait l’objet, en 2019, dans le rapport du GREVIO3 du Conseil de l’Europe, d’une alerte auprès des autorités françaises sur l’impact néfaste pour la protection de l’enfance de la diffusion de ce concept dans les pratiques des professionnels. Si en Espagne des mesures ont été prises en juin 2021 pour

empêcher l’utilisation de ce « SAP » par des professionnels, en France il est encore et toujours en vigueur dans les décisions de la plupart des professionnels, qu’ils soient magistrats, experts psychiatriques ou professionnels de l’enfance malgré la résolution du 6 octobre 2021 du Parlement européen faisant part de sa préoccupation sur le recours fréquent à ce pseudo-syndrome qui empêche de prendre en compte le témoignage des enfants et les risques de violences auxquels ils sont exposés

Une note d’information du ministère de la Justice ignorée par les magistrats

Pourtant, dès juillet 2018, grâce à l’action de Mme Laurence Rossignol alors ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, une note d’information a été mise en ligne par le ministère de la Justice afin d’« informer les magistrats du caractère controversé et non reconnu du syndrome d’aliénation parentale, les inciter à regarder avec prudence ce moyen lorsqu’il est soulevé en défense et leur rappeler que d’autres outils sont à leur disposition en matière civile. » Il faut croire que la plupart sont restés sur la théorie infondée du SAP enseignée pendant des années à l’École Nationale de la Magistrature car, pour Claire, Marie et tant d’autres cette fausse théorie a mis en danger leurs enfants en invisibilisant et laissant faire les violences sexuelles dont ils sont encore victimes, en condamnant le parent protecteur et ce, bien après cette alerte du ministère de la Justice.

Une fausse théorie relayée par des experts masculinistes

De SOS Papa à certains experts en vogue : utiliser l’image du père aimant pour manipuler l’opinion contre les mères dites aliénantes

Des professionnels de renom tels que le docteur Bensussan, un psychiatre sexologue, expert depuis 1996 auprès de la cour d’appel de Versailles dont le texte remarqué, publié en 1999, Inceste, le piège du soupçon, lui permettra de développer ses thèses sur les fausses allégations d’abus sexuels des enfants, sévissent encore dans les prétoires, non sans rallier d’autres spécialistes. Le Dr Benssussan, d’ailleurs invité dès 1999 par SOS papa, une association masculiniste qu’il défend et dont les coups d’éclats sont largement relayés par la presse, devient une caution d’envergure au point de voir des juges rejoindre le mouvement. Pourtant, l’auteur réalisateur Patric Jean, dans son enquête choc au nom évocateur, La loi des pères, publiée en 20204 et pour laquelle il a infiltré les groupes masculinistes, démontre qu’« Une rapide enquête aurait pu montrer que l’homme [membre de SOS Papa qui a escaladé une grue en 2013 à Nantes] avait perdu le droit de garde, le droit de visite, ainsi que son autorité parentale, ce qui est très rare et implique des faits gravissimes. L’opinion aurait découvert qu’il avait en effet enlevé, avec violence, son propre fils pendant deux mois et demi. Et qu’il serait pour ces faits condamné à quatre mois de prison ferme. » Il faut souligner que cela fait de belles images pour défendre la mythologie sur la famille, ces pères qui réclament, au prix de leur vie, la garde de leur enfant. Quitte à condamner la mère protectrice sous prétexte d’une aliénation et

d’un conflit provoqué par les violences et l’inceste et, ce faisant, laisser se perpétuer des viols et des violences sur des enfants.

Des idées reçues infirmées par les statistiques

Pourtant, les études scientifiques démontrent (et notamment celle de 2005 réalisée par Trocmé et Balla) que sur 7 672 dossiers de maltraitance sur enfants, la mère n’est l’auteur des dénonciations que dans 7 % des cas et qu’elle ne commet une dénonciation intentionnellement fausse que dans 2 % des cas. De fait, la CIVISE estime après avoir croisé les enquêtes Contexte de la sexualité en France et Cadre de vie et sécurité que chaque année 160 000 enfants subissent des violences sexuelles et que 22 000 d’entre eux sont victimes de leur père. D’après l’enquête VIRAGE de l’INED, les victimes ayant été violées dans leur enfance désignent leur père dans 14 % des cas pour les filles et 10 % pour les garçons. Enfin, si le service statistique de la Justice ne dispose pas de données permettant d’isoler le nombre de poursuites relatives à des incestes paternels, nous savons qu’en 2020 seuls 1 697 personnes ont été poursuivies pour viols incestueux ou agressions sexuelles sur mineur quel que soit le lien de parenté avec la victime et qu’en 2018, seules 760 personnes ont été condamnées pour l’une ou l’autre de ces infractions. Ça en fait des pères qui échappent aux poursuites et à la condamnation.

La vérité ne sort plus de la bouche des enfants depuis l’affaire d’Outreau 

Il faut dire que ce pseudo-syndrome d’aliénation parentale associé au déni de la parole des enfants (induit par le fiasco judiciaire de l’affaire dite d’Outreau) favorisent largement la stratégie de l’agresseur.

C’est ainsi qu’on parvient à un nombre aussi effrayant d’enfants incestés par leur père chaque année. Que des mères luttent et hurlent sans être entendues. Que dans 80 % des cas, ce sont ces mêmes mères, comme en témoignent Claire et Marie, qui sont condamnées pour non – représentation d’enfant (d’après une étude de 2019 du ministère de la Justice) alors que beaucoup d’entre elles et de leurs enfants dénoncent, preuves à l’appui, des actes interdits par la loi. En conséquence, des enfants grandissent dans la haine de la Justice, de la société au nom de la protection de l’enfance qui ne fait rien pour les protéger. Pire qui les envoient subir des viols, des agressions sexuelles et des violences chez leur père pour préserver un lien parental à conserver coûte que coûte. N’en doutons pas, ceci nous coûte.

Des propositions concrètes pour protéger les mères et les enfants d’un père incesteur

Les recommandations de la CIVISE

Malgré ces amers constats, nous conservons un espoir grâce aux travaux de la CIVISE qui, pour en finir avec le déni de la réalité des violences sexuelles faites aux enfants et la présomption de culpabilité des mères recommande :

  • D’assurer la sécurité de l’enfant dès les premières révélations de viol, d’agressions sexuelles incestueuses en suspendant de plein droit l’autorité parentale, les droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi pour ces actes,
  • D’assurer la sécurité du parent protecteur en suspendant les poursuites pénales pour non-représentation d’enfants contre un parent lorsqu’une enquête pour pratiques incestueuses est en cours contre l’autre parent,
  • D’assurer enfin la sécurité durable de l’enfant et du parent protecteur en prévoyant dans la loi le retrait systématique de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour des violences sexuelles contre son enfant.

Un espoir mitigé

Si Emmanuel Macron a déclaré le 23 janvier 2021 : « Vous n’êtes plus seul.e.s, on vous croit. » et a donné les moyens à la CIVISE de mener ses enquêtes, force est de constater que les avis de la Commission n’ont pas encore été concrétisés par des mesures notables. De fait, l’espoir de voir ces recommandations aboutir reste mitigé dans le contexte actuel où l’Ordre des médecins n’est pas favorable à une obligation de signalement, où tant de ministres sont mis en cause pour viol, agressions sexuelles, violences conjugales ou parce qu’ils ont tenu des propos sexistes. Surtout quand en plus, lors du procès d’Outreau, l’avocat qui a défendu la thèse selon laquelle on ne pouvait décidément pas prendre en compte la parole de l’enfant a été récemment reconduit comme ministre de la Justice.

Pourtant, une société qui ne protège pas ses enfants est une société vouée à s’éteindre. Nos dirigeants, nos magistrats et tous ceux qui refusent de voir cette réalité feraient bien de s’engager au côté des mères protectrices et de défendre l’avenir que sont nos enfants notamment aux côtés du collectif Enfantiste (dont la première manifestation se tiendra ce vendredi 10 juin à Paris) plutôt qu’un lien paternel qui se révèle dans certains cas dévastateur et assurément nocif pour tous. Ne l’oublions pas. L’injustice crée les injustes. Et les violences sociales qui vont avec.

1  Afin de protéger l’anonymat des personnes qui ont accepté de témoigner, tous les prénoms ont été modifiés.

2  Du prénom de la première fillette qui en a bénéficié, cette procédure adaptée aux enfants est menée par des officiers habillés en civil. Elle se tient dans une salle équipée de caméras et de micros pour éviter de devoir entendre une nouvelle fois l’enfant par la suite et, de fait, l’obliger à revivre le traumatisme. Décorée comme une chambre d’enfant, on y trouve des poupées, des puzzles anatomiques afin que les plus jeunes puissent montrer et nommer les parties du corps qu’ils connaissent et ce qu’ils ont subi. Un pédopsychiatre se tient dans une salle de contrôle près de la salle d’audition afin de surveiller et d’interpréter le comportement de l’enfant. 

3  Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique

4  Éditions du Rocher

L’association “Au bout du fil” propose d’aider à rompre l’isolement des séniors

L’association propose de prendre contact, régulièrement et gratuitement, avec nos aînés

Maladie, éloignement géographique, grand âge. Les défis du XXIème siècle sont de plus en plus nombreux pour permettre à toutes les générations de cohabiter en intelligence. Si les relations sont parfois rompues pour de multiples raisons au sein d’une famille c’est, le plus souvent, par maladresse que les contacts s’étiolent.

Le grand âge, le quatrième âge, l’allongement de la durée de vie. Toutes ces appellations masquent une réalité à double visage. Heureuse, elle nous promet de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Malheureuse, elle nous contraint à revoir la manière dont les liens sociaux et familiaux sont établis.

Une association permet de combler une partie de ce manque

Créée en 2007, l’association de type loi 1901 “Au bout du fil” a pour vocation de rompre l’isolement des personnes qui se sentent seul(e)s, en leur proposant de recevoir un appel téléphonique amical, chaleureux, une ou deux fois par semaine. Il ne s’agit évidemment pas de pallier les manques relationnels de nos aînés mais de leur permettre de conserver des relations humaines et planifiées. Chaque semaine, l’usager des services de l’association reçoit un ou deux coups de fil, à sa guise et à sa fréquence. Ces appels sont passés par des bénévoles spécialement formés pour simplement dialoguer. 

Jean-Paul GREE, secrétaire général de l’association nous explique le fonctionnement de cette structure “Nous comptons environ 350 bénévoles, âgés de 18 à 98 ans. Cette large représentation d’âges et de catégories sociales (étudiants, actifs, retraités…) permet d’avoir une richesse d’échange avec les bénéficiaires qui enrichit les deux interlocuteurs.” Il ajoute “Chaque bénévole adhérent signe une charte par laquelle il s’engage à ne jamais entrer en contact directement ou à obtenir les coordonnées d’un usager. La mise en relation se fait automatiquement, via un automate qui distribue les appels. C’est un gage de confiance important pour s’assurer de la liberté de parole de nos usagers” termine le secrétaire général de l’association.

Carence de la société ou complément de relation ? 

La responsabilité de la société, de la famille et de l’entourage proche, est éminemment prioritaire dans le maintien des liens sociaux. Il serait trop simple de résumer l’isolement des personnes âgées à de la mauvaise volonté familiale. Charge de travail pour les uns, peur de déranger pour les autres. Distance physique (le covid est passé par là) due à la mobilité professionnelle ou charge familiale sont autant d’explications – sinon de justifications – à la difficulté de maintenir le fil avec les familles.

C’est un complément de relations, pas un remplacement de famille que propose l’association. Avec plus de 100 000 appels émis chaque année, c’est la possibilité donnée à nos aïeuls de se sentir moins dépendants des familles dans leurs relations aux autres. Ces appels sont autant de “prises de nouvelles” anonymes et confidentielles, sortes de “rendez-vous” d’échange et de dialogue.

Partenariat actif avec les institutions

L’association est partenaire avec les institutions qui gèrent, au quotidien, la vie des retraités. Elle ne traite pas, à l’instar des systèmes de télésurveillance, les urgences du quotidien. Chutes, malaises, difficultés médicales sont systématiquement redirigés vers les spécialistes ou les services d’urgence le cas échéant.

C’est un apport “novateur” dans la relation entre l’appelant et l’appelé qui initie un renouveau et casse la monotonie du quotidien des uns comme des autres. Pour éviter le syndrome de transfert, ce sont des appelants différents qui émettent les appels, manière de créer un nouveau tissu social.

Une idée issue de la canicule de 2003

C’est de l’incapacité fautive du gouvernement en 2003 à gérer la crise de la canicule et aux 15 000 morts qu’elle a générés qu’est venue l’idée de recréer, avec les outils de l’an 2000, cette association.

En 2006, Philippe Conérardy (notamment fondateur de l’association “Avec nos proches”) s’entoure à la fois de spécialistes des télécommunications et de spécialistes de l’action sociale pour monter une plateforme de parole partagée.

L’année suivante, la plateforme est techniquement au point et les grands principes sont établis pour faire de l’association “Au bout du fil” une belle histoire : 

Pour tous ceux et toutes celles pour qui chaque jour la solitude pèse un peu plus.

Pour tous ceux et toutes celles qui n’osent pas appeler, manquent de confiance, n’osent pas déranger,

Pour tous ceux et toutes celles qui reçoivent peu de nouvelles de leurs familles ou amis, pour quelques raisons que ce soient.

Un fonctionnement simple et léger

Les appels peuvent se passer entre 8 heures et 22 heures, à la guise de l’appelé. Aux horaires et moments prévus, un bénévole de l’association va prendre contact avec le destinataire pour demander de ses nouvelles, échanger sur tout ce dont les uns comme les autres ont envie ou besoin de parler. Sans jugement, sans vente et sans pression, c’est une relation humaine et amicale qui se met en place avec le temps.

Régulièrement, pour combattre la fracture numérique, des rendez-vous sont proposés en ligne, par visioconférence. C’est alors autour d’un sujet commun, proposé par l’animateur, que la discussion se crée et les échanges, souvent riches et motivants, se mettent en place entre les participants. Toujours dans le respect de l’anonymat et de la parole des uns et des autres.

L’action des bénévoles est gratuite pour les bénéficiaires. Elle coûte 8 euros par mois pour un minimum de 4 appels. Cette somme peut être prise en charge par les caisses de retraite ou la famille.

Enfin, l’association propose l’intervention, à distance par visioconférence de professionnels (nutritionnistes, sophrologues…) qui, en étant rémunérés, proposent et apportent conseils et solutions aux utilisateurs du service.

La limite du service

Ce service ne remplace ni la famille, ni les acteurs sociaux conventionnels. Aucun compte rendu d’appel, rapport d’état “moral” ou de santé n’est remis à quiconque. Il est inimaginable de s’acheter une bonne conscience en payant ces quelques euros mensuels pour prendre des nouvelles de papy et de mamy.

C’est, au contraire, un complément rassurant de libération de la parole pour les appelés. Et la possibilité donnée à la famille, qui demeure le pivot principal de la relation, d’avoir de la nouveauté à entendre, sortant de la discussion trop souvent centrée sur la maladie et l’état de santé du proche.

Pour entrer en contact avec l’association “Au bout du fil”, consultez le site internet à l’adresse https://www.auboutdufil.org/

La première rectrice d’une université publique en Belgique francophone, une femme engagée.

Anne-Sophie Nyssen est élue rectrice de l’Université de Liège le 12 mai 2022, fonction qu’elle exercera officiellement à partir du 1er octobre 2022, succédant au Pr Pierre Wolper. Elle sera alors la 63e personnalité académique à occuper cette fonction depuis la création de l’Université de Liège en 1817, première rectrice de l’histoire de l’ULiège et première rectrice d’une université publique en Belgique francophone.

Anne-Sophie Nyssen (57 ans) est professeure de psychologie du travail à la faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation de l’Université de Liège (ULiège) et, depuis 2018, Vice-rectrice à l’Enseignement et au Bien-être. Elle a été précédemment Vice-doyenne de sa faculté.

En tant que Vice-rectrice, Anne-Sophie Nyssen a développé la campagne #RESPECT qui vise à lutter contre les différentes formes de discrimination vécues au sein de l’Université : lutte contre le harcèlement, pour la communication non-violente et le respect des différences.

Elle s’est engagée dans la lutte contre la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles dans le cadre de la Chaire Mukwege à l’ULiège.

Durant la période du Covid, elle est notamment à l’origine de la distribution des paniers bio-solidaires à destination des étudiant.es. Dans le contexte de la pandémie, qui a bousculé brutalement les méthodes d’enseignement tant pour les enseignant·es que les étudiant·es, elle a lancé un processus de réflexion sur une vision moderne de la place du numérique dans l’enseignement universitaire et plaide, en ce sens, pour une sobriété raisonnée des outils numériques.

Parallèlement, elle a participé activement en interuniversitaire aux réformes du décret Paysage et de la Formation initiale des enseignants.

Ses domaines de recherche portent sur le rôle des facteurs humains et organisationnels dans les milieux de travail (industrie, aviation, hôpitaux,…) : l’erreur humaine, l’accidentologie, la souffrance au travail, l’ergonomie cognitive, la prise de décision et le développement de l’expertise, la conception, l’évaluation des nouvelles technologies, l’analyse des systèmes complexes et la fiabilité des systèmes.

Anne-Sophie Nyssen est également détentrice du certificat d’hypnose ericksonienne obtenu à l‘Institut Erickson de Liège. Elle est à l’origine, dans le cursus universitaire, d’un cours sur la sensibilisation au processus hypnotique et à la communication thérapeutique.

La future rectrice prendra ses fonctions le 1er octobre 2022 pour un mandat de 4 ans.

Inédit en Europe, l’Espagne vers un “congé menstruel”

Le gouvernement de gauche espagnol a présenté un projet de loi créant un “congé menstruel” pour les femmes souffrant de règles douloureuses, une première en Europe.

Le gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Pedro Sánchez (parti socialiste) a présenté ce 17 mai un projet de loi en ce sens en conseil des ministres avec la volonté de lever un « tabou ».

“Nous allons être le premier pays d’Europe à instaurer un arrêt maladie temporaire financé intégralement par l’État pour des règles douloureuses et invalidantes”, s’est félicité la ministre de l’Egalité, Irene Montero, à l’issue du Conseil des ministres.

Irene Montero Photographer: Gabriel Bouys/AFP/Getty Images

“Les règles ne seront plus taboues (..) C’en est fini d’aller au travail avec des douleurs” ou en “se gavant de comprimés” et “de cacher notre douleur”, a ajouté la ministre, l’une des chefs de file du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez au sein du gouvernement de coalition.

“Nous avançons en matière de féminisme. Les femmes doivent pouvoir décider librement de leurs vies”, a salué Pedro Sánchez sur Twitter en référence à un projet de loi qui renforce par ailleurs le droit à l’avortement dans le pays.

En France, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, quelques entreprises accordent un tel “congé menstruel” à leurs salariées mais il n’est pas inscrit dans la loi.

En Espagne, la mesure a toutefois suscité des réticences au sein même de l’exécutif, parmi les ministres socialistes, mais aussi au sein des syndicats.

“Il faut faire attention avec ce type de décision”, avait mis en garde vendredi la secrétaire générale adjointe de l’UGT, l’un des deux principaux syndicats espagnols, Cristina Antoñanzas, en se disant inquiète vis-à-vis d’un possible frein à l’embauche des femmes de la part d’employeurs voulant éviter ces absences.

Une analyse réfutée par Commissions ouvrières (CCOO), l’autre grand syndicat espagnol, qui a salué une “avancée législative” majeure, de nature à “rendre visible et reconnaître un problème de santé jusqu’à présent ignoré”.

Le texte du gouvernement prévoit aussi un renforcement de l’éducation sexuelle dans les écoles ainsi que la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d’hygiène menstruelle dans les lycées.

La ministre de l’Égalité était aussi favorable à une réduction de la TVA sur les produits d’hygiène menstruelle, de 10% à 4%, mais cette mesure n’a pas été retenue.

L’Espagne est un pays considéré comme l’un des pionniers en Europe en matière de féminisme depuis l’adoption en 2004 d’une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sánchez compte plus de femmes (14) que d’hommes (9 en incluant le Premier ministre).

© 2022 AFP

Femme oubliée de la science victime de “l’effet Matilda”, Marthe Gautier s’est éteinte.

La femme à qui l’on doit le cocktail Molotov et médecin française co-découvreuse du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21, est décédée samedi 30 avril à l’âge de 96 ans.

Son nom a longtemps été oublié, a l’instar d’un grand nombre de femmes dans l’Histoire et contrairement à ceux de ses homologues masculins, les Prs Jérôme Lejeune et Raymond Turpin.

Marthe Gautier DR.

C’est seulement à partir des années 2010 que le rôle de la Française Marthe Gautier dans la découverte du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21 a été pleinement reconnu.

Marthe Gautier écrira : « Je suis blessée et soupçonne des manipulations, j’ai le sentiment d’être la « découvreuse oubliée » ». Convaincue d’avoir été trahie, Marthe Gautier décide d’abandonner la trisomie 21 pour retourner vers les soins de l’enfant atteint de cardiopathie.

Elle sera la fondatrice et la directrice du département d’anatomopathologie des maladies hépatiques de l’enfant à la demande de Daniel Alagille, directeur de l’unité de recherche INSERM 56 « Hépatologie infantile », à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (1966). Elle sera ensuite maître de recherche (1967), puis directrice de recherche à l’INSERM, et membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’INSERM “Métabolismes inorganiques, physiologie et pathologie hépatiques et digestives”.

Marthe Gautier a été élevée directement au grade d’officière dans l’ordre de la Légion d’honneur et a été décorée le 16 septembre 2014 par Claudine Hermann, professeure honoraire de physique à l’École polytechnique et membre fondatrice de l’association Femmes & Sciences.. Après avoir refusé deux fois cette distinction, elle l’accepte finalement, selon ses termes, « par indignation à l’égard de l’impudence de la Fondation Lejeune ».

En 2014, Marthe Gautier recevait la légion d’honneur (grade d’officière) des mains de Claudine Hermann (fondatrice de l’association Femmes & Sciences). Crédit Femmes & Sciences.

Si son histoire a été médiatisée ces dernières années, elle n’est pourtant pas unique. Cette méconnaissance des femmes de sciences est principalement liée à ce que l’on appelle aujourd’hui « l’effet Matilda ». Qu’est-ce que c’est ? L’effet Matilda part d’un constat : les femmes à l’origine de recherches et découvertes scientifiques majeures sont longtemps restées dans l’ombre, au profit des hommes.
Supprimées de l’Histoire, oubliées, reniées ou dénigrées, ces femmes n’ont eu ni l’honneur de se voir décerner un prix, ni celui de figurer sur les manuels scolaires.

On parle d’effet Matilda lorsque des hommes s’approprient le travail intellectuel effectué par des femmes pour s’en attribuer les mérites.

Réduites à des remerciements en bas de pages ou tout simplement supprimées du projet, nombreuses sont les femmes scientifiques à avoir été mises aux oubliettes. Leurs contributions sont minimisées, niées ou reniées.

Au-delà de l’omission par intérêt, on remarque également qu’en cas de découvertes simultanées ou communes, le nom retenu par la presse et le public était uniquement celui de l’homme.

Etats-Unis : la Cour suprême s’apprête à mettre fin au droit constitutionnel à l’avortement

La Cour suprême américaine se prépare à renverser l’arrêt historique qui a fait de l’avortement un droit constitutionnel aux Etats-Unis, d’après le site d’information américain Politico, qui s’appuie sur la fuite sans précédent d’un document d’une centaine de pages. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe. Une menace pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et une victoire pour les Etats conservateurs.

Abortion rights supporters and anti-abortion demonstrators rally outside the U.S. Supreme Court | Getty Images

L’arrêt Roe vs Wade qui, il y a près d’un demi-siècle, a estimé que la Constitution américaine protégeait le droit des femmes à avorter, était « totalement infondé dès le début », selon ce texte qui peut faire l’objet de négociations jusqu’au 30 juin.

La loi sur l’avortement au centre de l’affaire de la Cour suprême pourrait porter un coup final à l’accès à l’avortement.

Une femme sur deux, se dit favorable à la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques.

Le 22 mars 2022, lorsque Sandrine Rousseau, figure du parti EELV, a confié à l’occasion d’une interview vouloir créer un délit de « non-partage des tâches domestiques », elle avait été la risée des réseaux sociaux et avait subi moqueries et insultes en cascades.

Elle avait précisé à l’époque que « le privé c’est le politique » et que l’égalité entre les femmes et les hommes devait être absolue.


Or d’après une étude révélées ce mercredi par Le Parisien, une femme sur deux (et 44% des hommes) adhère à une telle mesure. En effet, cette étude Ifop pour Consolab inspirée par la question soulevée par Sandrine Rousseau – réalisée du 28 au 31 mars précisément – révèle que les Françaises sont nombreuses à ne pas trouver absurde cette idée de sanctionner leur conjoint qui ne participe pas à leur hauteur aux tâches du foyer.

L’enquête constate, avant tout, que 57% des femmes en couple avec un homme estiment “en faire plus que leur conjoint” à la maison, tandis que seulement 16% des interrogés masculins pensent, à l’inverse, être plus investi que leur compagne.

Les femmes sont même 31% à considérer en faire “beaucoup plus que leur conjoint”. Un pourcentage à la baisse, car elles étaient 45% à estimer cela en 2015, il y a sept ans.

Face à cette inégale répartition de la charge mentale quotidienne – ménage, courses, soins aux enfants -, 50% des Françaises, soit une femme sur deux, soutiennent la proposition de Sandrine Rousseau et se disent favorables à la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques. 

Une idée qui plaît donc en théorie, mais qui reste mitigée face à la pratique. En effet, seulement 14% des Françaises se sont dites vraiment prêtes à porter plainte contre leur conjoint.

Romane Bohringer : “Mon endroit d’équilibre c’est le théâtre depuis toujours..”

Au théâtre, en tournée actuellement dans toute la France avec la pièce “L’occupation” sur un texte de l’écrivaine Annie Ernaux1, Romane Bohringer qui commença sa carrière à l’âge où les autres filles jouent encore aux billes, a gentillement accepté de nous rencontrer nous accordant son entière disponibilité et se prêtant au jeu des questions entre deux représentations. Une longue interview investie et habitée, à l’image de sa générosité.

Ce qui frappe quand on rencontre Romane Bohringer c’est sa sensibilité et sa simplicité. A mille lieu des strass et des peoples, à des années lumières de l’image d’artiste torturée qu’elle véhiculait parfois, Romane est une femme bien ancrée dans sa génération, une femme à la carrière exemplaire qui n’a plus rien à prouver et qui se fiche des apparences. Attentive à l’autre et aimant véritablement la gente humaine, cette enfant de la balle, est très proche de ses collaborateurs (techniciens, régisseurs, assistant mise en scène etc…) qui constituent pour elle une véritable “famille”. Ce jour là, Romane et son équipe, avaient organisé un barbecue improvisé sur le parking du théâtre en toute décontraction dans une ambiance de franche camaraderie.. Du jamais vu dans le milieu parfois guindé du spectacle dit “culturel”.
Les personnes ayant eu la chance de travailler avec elle évoquent quelqu’un d'”exigeant artistiquement”, “une véritable bosseuse” qui ne se contente pas de la médiocrité là où d’autres comédiennes misent tout sur leur notoriété. Romane Bohringer s’intéresse véritablement aux gens. Nous qui avions peur de la brusquer, finalement c’est elle qui nous a capturé.

Vous êtes actuellement en tournée au théâtre avec le spectacle “L’occupation” sur un texte d’Annie Ernaux, qui traite de la jalousie dans le couple, pouvez-vous nous le résumer pour nos lecteur.ice.s qui ne l’auraient pas encore vu / lu ?

C’est le récit d’une femme qui plonge à un moment de sa vie dans un sentiment de jalousie obsessionnel et assez destructeur. Elle est tout à coup envahi par un sentiment qu’elle ne connaissait pas qui est celui de l’obsession amoureuse de la dépossession de soi-même. “L’occupation” c’est donc une femme qui a quitté un homme et quelques mois après elle apprend que cet homme s’est remis avec une femme ; et à partir de ce moment là alors qu’elle l’avait quitté, alors qu’elle en était détachée, que ça venait de sa propre décision, l’existence d’une autre femme dans la vie de cet homme va la plonger dans une perte de contrôle et Annie Ernaux explore ce moment avec toute la beauté de sa langue.

Est-ce qu’elle vous ressemble cette femme qui a la quarantaine et est à un tournant de vie, comme on l’imagine ?

Pas seulement à moi. Les immenses auteurs – et je pense qu’Annie Ernaux est une immense autrice – ce n’est pas seulement à moi, elle a une capacité à capter, à décrire, en passant par elle car la chose incroyable sur Annie Ernaux c’est que de tout temps elle écrit sur elle, sur sa vie sociale, de femme, c’est le génie, elle touche à l’humain de manière tellement forte qu’elle parle de toutes. Elle comprend l’humanité, femmes, hommes, c’est ça qui est époustouflant dans son écriture.
Après je peux dire plus spécifiquement que quand j’ai lu le texte oui il touchait en moi des choses. L’histoire d’une grande obsession suivi d’une grande délivrance pour qui est passé par là on s’y reconnaît. Il y a des moments où je me sentais assez proche de ce qui était dit dans le texte.

Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet

Vous souvenez-vous de tous les personnages que vous avez incarnés ? Est-ce qu’il y en a qui vous ont accompagnés, suivis pendant longtemps ?

Il y en a des plus marquants que d’autres dans une vie. Beaucoup plus au théâtre qu’au cinéma. Au cinéma il y a des personnages très forts mais ce sont des films, des objets individuels et singuliers. Au théâtre il y a le texte et les textes peuvent vous accompagner vraiment toute une vie et c’est très différent. Il y a des films que j’ai fait qui m’ont marqué pour leur qualité cinématographique pour l’expérience que cela a été mais je ne peux pas dire que des personnages ont continué de m’habiter alors que je peux dire que des textes de théâtre m’ont accompagnés très longtemps. Avoir la chance d’être comédienne au théâtre et d’interpréter des textes c’est comme se remplir sa propre bibliothèque intime et comme on les apprend et “performe” sur scène il y a cette dimension physique aux textes. Et puis la littérature c’est quelque chose qui dépasse l’image, c’est sûr que quand on joue Shakespeare à 20 ans, Brecht à 25, Tenessee Williams ce sont des auteurs qui vous quittent jamais on se souvient toujours, quand je tombe amoureuse je pense toujours à Roméo et Juliette, c’est des auteurs qui ont eu des mots tels.. C’est le texte qui vous accompagne. Une fois qu’on est riche de ça, notre plus grande mission c’est de les transmettre de la manière j’espère la plus populaire possible pour montrer à quel point la littérature est proche et concrète et source de progression sociale, humaine à quel point à l’encontre de l’idée qu’on peut s’en faire c’est quelque chose qui s’adresse à tous.

Quand j’éprouve un texte c’est mon vœu le plus cher que je réussisse à transmettre ce qu’il me procure comme force dans ma vie donc au delà des rôles ce sont les textes qui m’ont accompagnés longtemps et aidée.

Vous avez incarnées beaucoup de femmes dans votre carrière, certaines qui portent des choses lourdes, êtes-vous une femme engagée dans la vie ?

Je ne pourrais pas dire ça, au contraire même.. Je regrette de ne pas l’être mieux ou plus. Je suis extrêmement sensible au monde qui m’entoure, je suis extrêmement poreuse, j’ai les yeux grands ouverts mais je pourrais pas dire ça parce que j’aurai l’impression de mentir par rapport aux gens qui en font le sel de leur vie. moi je me ballade avec un cœur sensible, je suis engagée a essayer de ne pas être une trop mauvaise personne. La seule manière est à travers mes choix, participer à des objets pas trop honteux qui disent quelque chose si possible du monde qui est le nôtre, ne pas céder à la médiocrité, j’ai du mal à dire engagée par rapport à ceux qui le sont vraiment. A partir du moment où l’on est connu il y a une forme de timidité à se mettre en avant. Je voudrais faire beaucoup mais c’est un peu compliqué, ne pas se laisser submerger, ne pas savoir par où commencer ni comment faire.

Vous dites “avoir les yeux ouverts sur le monde”, vous avez donc entendu parler du mouvement “Me too” et plus spécifiquement le “Me too” lié au domaine du théâtre, quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

Alors là vraiment vous me lancez sur un sujet très difficile pour moi. je trouve évidemment la nécessité absolue que les voix sortent, explosent cela regroupe tout. Cela devrait être.. autour des silences des injustices, la voix des femmes, des enfants, des invisibles, tous les gens qui se battent tous les jours pour faire entendre à quel point la justice n’entend pas les violences faites aux femmes, aux enfants, dans les hiérarchies. Je sens que tout le mouvement, enfin le cri que l’on sent pousser de partout est évidemment incontestable et je suis encore une fois admirative des gens qui vont au devant, qui prennent les coups en première ligne, qui démontent, qui détruisent les systèmes en place. J’ai l’impression qu’il y a un mouvement qui est lancé et que l’on ne pourra plus revenir en arrière, mais parfois on dit ça et.. J’ai l’impression, mais peut-être qu’elle est fausse quand on voit dans les autres pays, mais j’ai l’impression que mes enfants ne sont déjà pas les enfants que l’on était nous et les mots qu’ils entendent, les choses dont on leur parle, ils connaissent des choses que l’on ne connaissait pas. Leurs consciences, je l’espère, du fait de toutes ces voix, seront plus affutées que les nôtres.

Sur le “Me too théâtre” en particulier, je suis un très mauvais exemple parce que je n’ai eu que des expériences magnifiques avec des hommes metteurs en scènes et des partenaires masculins merveilleux et d’une grande délicatesse, donc je regarde avec admiration celles qui arrivent à dire ce qu’il leur est arrivé. Moi j’ai vécu dans un monde tout à fait respectueux, entourée de gars supers et pourtant j’ai commencé très jeune avec beaucoup d’hommes et de femmes. Je regarde ça avec soulagement pour ceux qui arrivent à défaire un système dont ils ont été victimes mais mon histoire personnelle me rend plus témoin qu’actrice. J’ai vécu dans un monde de théâtre tout à fait magnifique.

Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet

Vous parliez de vos enfants, quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à la future génération ?

La seule trace que je pourrais laisser c’est par le choix des films qui restent, des histoires si possible éclairantes, inspirantes pour regarder le monde autrement, essayer de tracer quelque chose de vertueux. Pour les enfants, évidemment je suis comme beaucoup de gens très assombrie par le spectacle qui s’offre à eux maintenant donc je suis bien démunie pour vous dire ce que j’aimerai leur laisser comme valeur. On avance dans une incertitude complète, dans une violence inouïe, je les regarde avec beaucoup d’inquiétude.

Quelle type de femme êtes-vous au quotidien ? Quel regard portez-vous sur l’amitié, la famille ?

Je suis de nature plutôt discrète, j’aime bien faire mon métier, je suis normale. J’ai des amis fidèles depuis très longtemps, je suis plutôt une fille de troupe donc j’aime être avec les gens c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce métier, être en troupe, faire famille, je suis plutôt famille recomposée. Je suis discrète mais en même temps sociable , je ne suis pas du tout solitaire avec une vie articulée autour de mes enfants.

Vous avez tout joué que ce soit au cinéma, à la télévision comme au théâtre, vous avez récemment réalisé (un film et une série), quel exercice préférez-vous ?

Mon endroit d’équilibre c’est le théâtre depuis toujours même si j’ai fait beaucoup de cinéma et j’adore le cinéma je suis une grande spectatrice de cinéma, par exemple, j’adore les films, j’adore l’image mais mon endroit de plénitude et de complétude c’est le théâtre. J’aime tout au théâtre, j’aime aussi la vie que ça implique, j’ai toujours aimé – un peu moins avec les enfants – mais la troupe, les gares, les théâtres, les hôtels, c’est vraiment une vie qui m’épanouit complétement. Comme je vous disais j’aime les textes, j’aime monter sur scène et puis récemment le fait d’avoir réalisé ça m’a beaucoup beaucoup plu. Je tente de commencer à écrire mon deuxième film. Si je n’y arrive pas.. Il y a dans l’histoire du cinéma des femmes et des hommes qui ont fait un film et puis un seul, mais c’était tellement un bouleversement dans ma vie de faire ça, j’ai tellement aimé ça que j’attends désespérément d’avoir un espèce d’éclair pour aller vers ma deuxième histoire, j’aimerais tellement refaire ça.


Et écrire pour le théâtre ?

J’aime les mots des autres, l’écriture c’est très difficile pour moi, ce n’est pas mon truc. Ce que j’ai aimé c’est avoir une équipe, réaliser, diriger des acteurs, le plateau, les filmer, les regarder j’ai adoré le montage, le mixage ça a vraiment été une aventure démente pour moi.

Quels ont vos futurs projets ?

Le Festival d’Avignon Off en juillet pour “L’occupation”, c’est un texte que j’aime tellement que je peux jouer jusqu’à soixante dix ans car Annie Ernaux parle d’une période passée de sa vie. Il est inépuisable car il est riche et il n’a pas d’age – on nous bassine tellement avec ça. Elle c’est une sacrée femme, elle a plus de choses à raconter que moi sur les femmes (rires) il faut lui faire un numéro spécial.
J’ai joué dans le premier film d’une jeune femme que j’aime beaucoup qui s’appelle Julie Laura Garçon son film s’appelle “Petites” et il est en train d’être fini.

Vous dites que l’on “vous bassine avec l’âge”, c’est difficile pour une femme de vieillir au cinéma ?

Dans notre métier c’est encore plus difficile que dans la vraie vie j’imagine, vous entendez “t’as plus l’âge du rôle”, “après cinquante ans il n’y a plus de rôles” à plus de cinquante ans on se partage un nombre très restreint de rôles disponibles, non seulement les compétences sont réévaluées mais il y a un truc physique. Au théâtre les questions d’âge sont nettement moins présentes qu’au cinéma. Sur scène on peut tout jouer, c’est assez salvateur du point de vue théâtre.

Finalement, une femme brillante pour vous qu’est-ce que c’est ?

Une femme Brillante serait une femme libre ? Énormément de femmes m’inspirent, il y en a pleins qui me viennent au détour de leur parole, mais étant donné le contexte, je dirais Annie Ernaux.

Propos recueillis au Théâtre de la Colonne de Miramas, le 29 mars 2022. Un grand merci à Romane !

1 Annie Ernaux – L’occupation – Editions Gallimard / Folio

A Bastia, un festival de cinéma entièrement dédié aux femmes.

Actrices, cinéastes, auteures, productrices, femmes de l’ombre, les femmes à la caméra sont encore minoritaires dans le monde du cinéma.

Cette première édition du festival Cine Donne vise à favoriser la circulation des films de réalisatrices et ainsi contribuer à changer le regard de la société sur les femmes et participer à la déconstruction des stéréotypes liés au genre.

Il s’agira donc pour l’association pilote, Arte Mare, de programmer ses coups de cœur de Dolce Vendetta de Marie-Jeanne Tomasi à Fish Tank d’Andrea Arnold, de proposer des avant-premières, des courts et des longs métrages, des débats, des rencontres, des expositions rythmant une première édition qui se tiendra du 6 au 10 avril au centre culturel L’Alb’Oru, au cinéma le Régent et au cinéma le Studio.

Invitées : Julie GAYET actrice, réalisatrice, productrice, marraine de la Fondation des Femmes, membre du collectif 50/50 visant la parité au cinéma, Joana HADJITHOMAS artiste riche et multiforme utilisant photographie, arts plastiques, cinéma de fiction et documentaire, Monia CHOKRI qui signe un 2ème long métrage réjouissant qui renverse les codes de la féminité, Marie-Jeanne TOMASI qui poursuit son œuvre singulière, Camille DE CASABIANCA, cinéaste, actrice, écrivaine et scénariste

Rencontres : Table ronde du Collectif 5050×2020, 21 femmes qui font la Corse rencontre et dédicace de Jean-Pierre Castellani et Dominique Pietri, la fondation de femmes présentée par Julie Gayet.

Exposition collective : La Galerie Noir et Blanc de Bastia expose Marie-Jeanne Tomasi, Jeannine Battesti, Simone Agnello Tafani, Ariane Jurquet et ERKA.

La programmation est à découvrir sur cinedonne.corsica

Gagnez vos places pour le spectacle “L’occupation” avec Romane Boringher

L’OCCUPATION

Texte d’Annie Ernaux publié aux éditions Gallimard.

Mise en scène : PIERRE PRADINAS

avec ROMANE BOHRINGER et CHRISTOPHE « DISCO » MINCK

Musique originale : CHRISTOPHE « DISCO » MINCK

Ksamka Production DR.

Avec L’occupation, Annie Ernaux dresse l’éblouissant portrait d’une femme de quarante ans à travers un moment essentiel de sa vie amoureuse. Cette femme se sépare de l’homme qui partageait sa vie depuis cinq ans. C’est elle qui le quitte, avec sans doute l’espoir de le retrouver un jour… Mais il s’éprend d’une autre dont il cache l’identité. Tout connaître alors de sa rivale sans visage devient une obsession, et elle entre dans une passion jalouse qui occupe ses jours et envahit ses nuits…

Romane Bohringer nous entraîne avec le musicien Christophe «Disco» Minck dans la folle passion d’une femme amoureuse.

En partenariat avec Scènes et cinés, Brillante Magazine vous offre deux places pour assister à la représentation de mardi 29 mars 2022 à 20h30 au Théâtre de La colonne de Miramas.

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Tirage le 25 mars. 

Caroline Stevan – L’histoire du droit de vote des femmes, un combat féministe

Féminisme et droit d’expression des femmes sont intimement liés. Il ne peut exister le second sans le premier. C’est à cet état des lieux que nous invite la journaliste Caroline Stefan avec le livre “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” paru aux éditions Helvetiq.

En 2022, les femmes disposent, au même titre que leurs alter ego, du droit de vote. Mais ce droit n’a pas toujours été un acquis, à l’instar de l’ensemble des possibilités offertes aujourd’hui sans distinction de sexe. Féminisme, politique et droit à l’expression se mêlent dans cet ouvrage passionnant. Les illustrations qu’il contient à la manière de “Tomtom et Nana” (Message aux plus jeunes : “pas le GPS, la bande dessinée“) rendent “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” accessible aux citoyen.ne.s autant qu’à celles et ceux qui le deviendront demain.

Illustration de la vie d'une famille et de l'injuste répartition des tâches ménagères
Les tâches ménagères réparties le sont-elles réellement en tant que charges ?

Le Livre de Caroline Stevan, “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” aux éditions Helvetiq se lit à la fois comme un ouvrage d’histoire, de politique, de fiction et de projection. L’ensemble des grandes figures féminines de la politique et de l’accès des femmes à la gestion de l’Etat est rappelé de manière ludique mais précise. Ceci sans parti pris ni militantisme, tel que l’histoire le dit, tels que les faits se sont déroulés.

Qui êtes-vous Caroline Stevan ?

Je suis une journaliste Franco Suisse. J’ai passé l’essentiel de ma carrière à travailler pour le journal “le temps” puis j’ai rejoint la RTS (Radio publique Suisse) il y a 2 ans.

Xaroline Stevan, autrice et journaliste
Caroline Stevan, autrice et journaliste – DR

Depuis le premier confinement, je travaille pour le point J, dans lequel on pose une question chaque jour en relation avec l’actualité. Par exemple “pourquoi autant de prêtres pédocriminels ? –  Peut-on tout guérir avec l’hypnose ? “.  Chaque épisode dure 10-12 minutes en format podcast. Beaucoup d’invité(e)s pour alimenter ce point J. En fin de podcast, une deuxième voix intervient, un témoignage ou un point de vue dissonant.

Le 14 juin 2019 a eu lieu la grève des femmes. J’ai eu la sensation que cette journée ferait date dans les luttes féministes.

Caroline Stevan

Le 14 juin 2019, en suisse, a eu lieu la grève des femmes. Des centaines de milliers de femmes dans les rues Suisse, une marée violette a envahi les avenues. J’y étais en famille avec mes 2 filles et leur papa, j’ai eu la sensation que cette journée ferait date dans les luttes féministes. Je voulais que les enfants puissent prendre conscience du fait qu’il y a eu du chemin pour que les femmes puissent voter, parler et s’exprimer.

Mes deux filles, âgées de 8 et 12 ans, ne sont pas encore en âge de voter. Ce qui n’empêche aucunement d’avoir une conscience !

Sortir du regard très européen sur notre droit de voter

L’idée directrice de ce livre était de sortir du regard européen sur le droit de voter – de s’exprimer – dont disposent les femmes. D’autant que 2021 marquait le cinquantenaire du droit de vote des femmes en Suisse.

Le livre s’ouvre sur le portrait de 10 militantes du droit de vote des femmes, toutes de différentes cultures.

Où en est en 2022 le droit de vote des femmes ?

Partout dans le monde où les hommes votent, les femmes votent. Deux exceptions notables : le Bruneï et le Vatican. Au Vatican les choses évoluent, une femme a été nommée à la conférence des évêques et a le droit au chapitre.

Quant à l’égalité d’accès au vote, les femmes et les hommes ne sont pas empêchés de voter partout ailleurs. Par contre, c’est un aspect important qui ne signifie pas nécessairement une égalité en politique. Il y a bien moins de femmes que d’hommes aux postes de pouvoir. Et celles qui le sont ne sont jamais rattachées à des ministères régaliens. Au-delà de ces chiffres, il faut voir la manière dont les femmes sont considérées (uniquement le prénom de la femme et le nom de l’homme). A l’époque, on a bien plus décrit les vêtements de Ségolène Royal que ceux de Nicolas Sarkozy, par exemple.

Quelles ont été les difficultés majeures à obtenir le droit à voter ?

Les luttes sont convergentes et ne couvraient jamais qu’un seul sujet. Les femmes qui se sont battues pour pouvoir voter réclamaient souvent d’autres choses, lutte contre l’esclavage, pour l’indépendance… Beaucoup des opposants avaient finalement peur que les femmes qui iraient voter délaissent leur statut de femme et les tâches qui leur incombent historiquement (cuisine, foyer, ménage, enfants…). Ce sont des sujets sous-jacents à cette quête du droit de vote.

A l’époque des grands combats, les femmes demandaient à avoir accès à la sphère publique. Elles voulaient avoir une place publique dans la société. Aujourd’hui, même si la place faite aux femmes n’est pas parfaite, il n’y a plus de remise en cause des possibilités notamment politiques données aux femmes. Par contre, et c’est là un frein important à la féminisation de la fonction politique, les femmes ont toujours la politique en plus du reste. La famille (gestion du foyer, des enfants…) est vue comme un frein pour les femmes qui veulent entrer en politique.

La première ministre Néo-Zélandaise a été enceinte pendant son mandat.

Certains – autant d’hommes que de femmes – ont questionné la compatibilité d’une vie de famille avec sa fonction. Elle s’est insurgée qu’on ne pose pas cette question aux hommes.

Quel est le prochain combat des femmes ?

L’obtention d’une pure égalité de traitement entre les Hommes & Femmes

Quel est l’impact de certaines prises de position radicales de féministes sur le message féministe en lui-même ?

Certains comportements ou certaines manières de porter la lutte peuvent crisper. Et partout où il y a crispation, il y a tension et rupture du dialogue. Prenons l’exemple de l’écriture inclusive, qui me semble pourtant quelque chose d’anodin. On doit faire avec les hommes, pas contre. Pour qu’une question féministe avance, elle doit embarquer les hommes avec les femmes. Être féministe ce n’est pas être contre les hommes.

Etre féministe ce n’est pas être contre les hommes.

Caroline Stevan

En écrivant ce livre, je me suis aperçu que la gentillesse, la bienveillance ou la modération ne fonctionnent pas toujours. Les suffragettes, au Royaume Uni, ont compris très tôt que cela ne marchait pas et qu’il fallait aller vers plus de radicalité. Leurs méthodes, provocantes et parfois violentes, ont été efficaces. Il peut falloir passer par du plus dur. Il faut se poser la question de ce qui est ou n’est pas radical selon l’air du temps. La radicalité doit toujours se mesurer à l’aune d’une situation immédiate.

Enfin, il ne faut pas mettre toutes les féministes dans le même panier, il peut y avoir des crispations différentes. Il y a autant de féminisme qu’il y a de féministes.

En cette année présidentielle, croyez-vous en la possibilité d’une Présidente de la République en France ?

J’espère qu’on est prêts. La société a évolué et il y a toujours des femmes candidates. On va vers ce chemin-là.

En Suisse, nous avons trois conseillères fédérales qui sont présidentes à tour de rôle. Donc, dans la confédération, nous allons avoir une femme présidente.

Et, pour un pays conservateur comme le mien, c’est un très bon signe !

Pour la France, la question n’est pas “va-t-on y arriver ? ” mais “quand va-t-on y arriver ?”.

Pour autant, d’Edith Brunschvicg à Nadia Jai, les femmes sont à des postes de responsabilité. Qu’est ce qui bloque cette avancée ?

On va cantonner les femmes à des postes “moins valorisants” (secrétaire d’État, conseiller, ministère rattaché…). Même ministres, elles vont être systématiquement positionnées sur des fonctions perçues comme plus féminines.

Il existe aussi un phénomène de cooptation, on promeut ses semblables, les hommes soutiennent les hommes.

Il faut aussi changer le regard des électeurs et des électrices sur ce que sont certaines fonctions ministérielles. Il n’est pas plus féminin d’être à la culture ou à la santé qu’être à l’économie ou la défense !

Il faut aussi changer le regard des électeurs sur ce que sont certaines fonctions ministérielles. Il n’est pas plus féminin d’être à la culture ou à la santé qu’être à l’économie ou la défense !

Caroline Stevan

Les choses se jouent sur le terrain pour le concret et dans les esprits pour la représentation.

Quel accueil a reçu votre livre ?

Un excellent accueil ! Je suis ravie, j’ai eu quelques séances de dédicaces qui ont fini trop tôt. Le public était très varié (femmes plus âgées en suisse, jeunes filles très militantes, des papas, des familles…).

Au début du livre, j’imagine une scène dans laquelle un enseignant définit la règle de vie. Les garçons ont tous les droits dans l’école, les filles n’ont aucun droit. Une sorte de métaphore d’une société dans laquelle les femmes ne pouvaient pas voter.

Une enseignante qui a lu mon livre a rejoué la scène dans son établissement. Pendant une semaine elle a favorisé les filles (filles assises avant les gars, encouragements, bonbons en cas de bons résultats…)

La semaine suivante, elle a inversé les rôles.

Après ces 2 semaines d’expérience, les enfants ont bien compris la métaphore. Lorsqu’ils étaient dans le groupe défavorisé, c’était difficile et ils s’en sont plaints. C’est lorsqu’ils seront, les unes comme les autres, devenu(e)s citoyens qu’il faudrait analyser leurs comportements.

L’éducation (scolaire, familiale, culturelle, environnementale…) est une clef majeure dans l’évolution des choses.

Quels espoirs pour le féminisme ?

Je termine le livre en souhaitant qu’il disparaisse. Il joue sur deux terrains. De grosses luttes et des chantiers concrets (égalité salariale par exemple) sont en cours.

Puis une couche très insidieuse, de l’ordre de la culture et des stéréotypes, a fait son apparition qui recrée les stéréotypes. Par exemple, les Lego “Friends” (que le packaging destine plus aux filles qu’aux garçons) sont plus faciles à assembler que ceux des garçons et mettent en scène de jolies maisons avec des spas.

Dans les années soixante-dix / quatre-vingt, sur les publicités Lego, les filles et les garçons assemblaient une fusée et le slogan disait : “Les enfants construisent l’avenir !“.

On est ici sur des choses qui peuvent sembler des détails, sur des photos dans les catalogues de jouets de Noël par exemple mais en réalité, on recrée du sexisme dans de nombreux domaines.

Je veux un féminisme de fond, un éveil des consciences. Il faut dresser un constat de tous ces “détails” mis bout à bout. Travailler sur ces “détails” beaucoup plus pernicieux. C’est un travail bien plus long et moins visible.

Je veux un féminisme de fond, éveil des consciences.

Caroline Stevan

Et, à chaque “entorse”, il faut dénoncer aux institutions. Les hot-lines, numéros verts, saisines… Existent et doivent être, par la force des choses, déplacées vers ces nouveaux terrains de féminisme.

En Suisse, les “bureaux de l’égalité” tiennent une veille et sont à l’écoute des alertes de la population.

En France, la saisine du défenseur des droits est le seul moyen d’alerte, il n’est pas proactif. Il faut utiliser les moyens mis à la disposition par les États pour promouvoir une véritable égalité.

Auteur    Caroline Stevan
Illustration    Elina Braslina
Editeur    Helvetiq
Date de parution    03/09/2021