L’annonce d’un cancer, particulièrement chez les femmes, est malheureuse. La vie qui suit n’est pas facile, avec de nombreux examens, traitements de chimiothérapie et moments difficiles. La situation devient encore plus pénible quand l’entourage, sans s’en rendre compte, décharge son stress et son inquiétude sur la personne malade.
C’est de tout cela que Caroline Le Flour parle dans son livre “La Chauve Sourit”, illustré avec brio par Gaëlle Le Louet. Le cancer est un compagnon d’infortune rendu encore plus inopportun qu’on ne fait que devenir, en occurrence, une cancéreuse en cessant d’être femme dès le diagnostic posé.
Caroline Le Flour
Pourtant, si au cours de l’enfance nous étions, femmes comme hommes, sensibilisés à l’existence de ces cancers, à la mortalité qui peut être réduite par les examens possibles et par la nature de ces maladies, malades comme proches pourraient prendre cette nouvelle avec plus de distance et de recul.
Ne vous attendez pas à rire à toutes les pages. Ne vous attendez pas non plus à pleurer, l’autrice est une warrior, elle est passée par le burn-out, le cancer la fécondation in vitro et la déclaration d’infertilité. Que lui manquait-il ?
Gaëlle Le Louet
La présence rassurante d’un ami, d’un amant ou d’une personne silencieuse et attentive qui ne juge pas et sait apporter les mots justes peut être bénéfique.
Et il est compliqué à trouver cet ami.
Pour certaines, il s’agira du conjoint, pour d’autres il s’agira des médecins là où certaines préféreront des groupes de parole. Au même titre qu’il n’y a pas un cancer, il n’y a pas un accompagnant. Il y en a autant que de malades.
Ce livre, pimpant et féminin – allez, osons le mot, girly – à souhait est à mettre entre toutes les mains, notamment masculines. En tant que mec, j’y ai appris des choses que ni l’école ni la société ni nous, journalistes, n’avions jamais abordé. Non, tous les corps ne sont pas prédisposés aux cancers. Non le cancer des ovaires n’est pas un cancer invisible et forcément mortel. Non, le cancer du sein ne signifie pas perte de féminité. Non, la perte des cheveux n’est pas un sujet tabou. Non, Non, Non.
Tuer les préjugés, voilà la première utilité de ce livre. Les tuer dans l’oeuf, pour redonner à celles et à ceux – car il ne s’adresse pas qu’aux femmes, au contraire – qui sont touchés l’espoir qu’on se peut de donner lorsque le couperet tombe.
Oui, ce livre est à la fois émouvant, remuant et motivant.
On n’en ressort pas indemne. Au même titre qu’on ne ressort sans doute pas indemne d’un cancer ni d’un parcours de vie tel que celui de Caroline Le Flour.
On ressort grandi de “La Chauve sourit”, grandi d’un sourire, grandi d’un regard différent sur l’autre et grandi de l’espoir qui, jamais, ne disparaît lorsqu’apparait “LA” maladie.
La Chauve Sourit, écrit par Caroline Le Flour, illustré par Gaëlle Le Louët aux Editions Trédaniel
Née à Paris il y a quelques dizaines d’années, Caroline Madjar est issue d’une famille de journalistes. Elle exerce aujourd’hui en tant que rédactrice en chef chez Cover Media, depuis Londres. Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, sera disponible en librairies le 24 février 2023.
Le métier de journaliste a pour particularité, notamment, d’obliger le rédacteur à la vérité, seule et unique. Le travestissement, la déformation ou encore la manipulation de cette vérité est une faute, grave, qui remettrait fondamentalement en cause l’éthique personnelle de l’auteur de ces changements. C’est aussi ce qui fait que le public, les lecteurs, accorde ou non sa confiance à un média ou à un autre.
C’est donc depuis la capitale Britannique qu’elle a accepté de nous parler. Non pas de son métier. Enfin si, mais d’une facette bien fréquente mais rarement assumée par les journalistes, la brûlante envie de pouvoir raconter une histoire façonnée de toutes pièces.
Le regard du hérisson, de Caroline Madjar
Habituée à parler des stars et de musique – des sujets bien plus profonds et en prise avec la société que le simple côté show-business qu’on imagine – Caroline est une multipassionnée, un peu touche à tout, comme les gosses des années quatre-vingt qui ont vu défiler sous leurs yeux tant d’évolutions et de révolutions qu’ils ont une soif de tout essayer. C’est ainsi que, parmi ses cordes, la journaliste explique “Parfois, je passe des disques, à l’ancienne, qui craquent et qui sautent.” Pour parler des mix qu’elle prend plaisir dans quelques pubs londoniens.
Parler des stars sans fard
Pour Caroline, “parler des stars, ce n’est pas que le côté jet-set bling-bling. J’aime informer, quel que soit le sujet et si, aujourd’hui, on parle plus facilement de l’endométriose par exemple, c’est parce que certaines vedettes telles que la chanteuse Lory s’est exprimée publiquement à ce sujet. Encore, Kim Kardashian ne fait pas qu’une émission de télé réalité, elle milite aussi pour une réforme de la justice carcérale aux États-Unis“.
Et parce qu’elle aime mots et lettres, la rédactrice en chef s’est lancée dans l’écriture de son premier roman. Il sort le 24 février et s’appelle “Le regard du Hérisson“. Le raccourci serait facile de se dire qu’en faisant marcher les relations, un journaliste un petit peu connu a toutes les portes ouvertes pour faire un roman et puis voilà. C’est l’inverse qu’a vécu Caroline Madjar qui explique “Un livre demeure un produit de consommation et l’éditeur a besoin de gagner de l’argent pour faire fonctionner son entreprise, au même titre que le libraire. Informer c’est un métier, écrire des livres, je ne le vois pas comme un métier. Je voulais créer mon univers et mon sujet. Les possibles sont infinis dans les romans, mais il y a une nécessité de sens, de codes et des impératifs éditoriaux différents de la presse“.
Pourquoi créer une dystopie quand on en a assez dans l’assiette ?
Le roman Le regard du Hérisson est un roman réaliste. A mille lieux de la tendance dystopique actuelle (à croire que l’actualité est si vide et creuse qu’il faut inventer les choses), le premier roman de mon amie – car je vous dois cette vérité – Caroline est réaliste dans sa forme. Il démarre sur un crime dans le quartier des Batignolles à Paris, se poursuit dans le Londres de Camden pour s’achever à l’île d’Yeu. “Les rues, les bars, les pubs et les paysages que je décris existent réellement” insiste l’autrice, “je n’ai rien eu à inventer. Les lecteurs pourront, s’ils en ont envie, aller retrouver les lieux dont je parle, car ils sont réels” explique celle à qui Anne Rice a donné envie d’aller découvrir la Louisiane.
Le Dublin Castle, pub Lodonien
Dans son livre, Caroline Madjar met des morceaux d’elle-même. La musique a une large place, la gastronomie aussi.
Un crime, whatelse ?
Pour faire simple, deux femmes ont été retrouvées tuées dans le quartier des Batignolles, affreusement mutilées par un tueur qui leur volait les yeux. C’est sur cette base que démarre le roman de Caroline. La commissaire enquête, les rideaux s’écartent comme pour mieux voir celui ou celle qui est le tueur ou, pire, qui sera la prochaine victime. Hélène, une libraire, déterminée à relancer le commerce de son père, refuse la peur et continue son œuvre quotidienne. Survient un troisième homicide et, alors, les plans de tous les protagonistes sont bouleversés. Absolument tous.
Il faut lire les 320 pages de ce roman pour comprendre toute l’histoire. Se laisser partir sur de fausses pistes. Se perdre et faire demi-tour dans des chemins de campagne, jusqu’à obtenir la vérité. Pas avant.
Un livre à l’ère des réseaux sociaux ?
Caroline aurait pu, comme cela a déjà été fait, publier un blog en ligne avec ses textes, éventuellement payant. Ce faisant elle aurait sans doute brûlé une étape cruciale, la relation presque charnelle qu’il peut exister entre un lecteur et un livre.
C’est en militante que l’habituée des réseaux sociaux (son compte Instagram @caromadjar et son site https://carolinemadjar.com/ sont ses outils du quotidien) a choisi de passer par une maison d’édition, par des libraires et par du vrai papier pour sortir son ouvrage. Et aussi pour se prouver, comme si c’était nécessaire, qu’elle était capable de le faire. Capable de sortir un bouquin, se faire conseiller, apprendre, être corrigée, relue, critiquée jusqu’à l’épreuve finale, le “Bon à Tirer” ferme et définitif.
Elle a peur, Caroline. Mais c’est trop tard, aléa jacta est. Le sort est jeté, le livre est déjà arrivé dans les points de vente. Le regard du Hérisson, qu’il soit ou non un succès littéraire (il n’y a pas de raison qu’il ne le soit pas) est et restera le livre qu’elle a écrit.
“Aller à la rencontre des gens qui ont voulu venir à la rencontre de mon livre“
Pour la suite, Caroline aimerait “aller rencontrer celles et ceux qui sont venus rencontrer son livre. Ou même ceux qui se seraient amusés à sur les lieux que je cite, ce serait très drôle“. En tout cas, c’est bel et bien de l’humain, du concret, sans chatbot ni intelligence artificielle qu’espère l’autrice.
“Je voudrais que mon livre voyage. Il y a des lieux précis où se passe l’action. Tu lis un livre pour voyager, si ça te donne envie de découvrir un lieu, c’est bien.” Ajoute-t-elle, fière et timide à la fois. Fière qu’au moins une personne, au sein de la Maison “Auteurs du Monde” ait apprécié sa plume. Timide, car on ne se refait pas.
Lorsqu’on lui parle de la suite du regard du Hérisson, c’est avec l’éclat des passionnés dans l’œil que Caroline Madjar répond “Le tome 2 est prêt, peut-être.”
L’objectif, à court terme, de Caroline Madjar, simplissime “Aller à la rencontre de mes lecteurs. Ça me fait peur et c’est attractif. Tu écris pour être lu et aller à la rencontre des gens qui t’ont lu. C’est comme un rêve éveillé en somme !“
Souhaitons à Caroline Madjar que Le Regard du Hérisson soit – il le sera – un succès de librairie et qu’il donnera envie à ses nombreuses lectrices et lecteurs d’aller s’accouder au “3 pièces cuisine” de croiser Amy Winehouse et les Gallagher au “Dublin Castle” avant d’aller regarder rentrer les pêcheurs à Port Joinville.
De vrais lieux cités
Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, dans toutes les librairies dès le 24 février 2023. En Attendant, n’hésitez pas une seconde à suivre Caro sur Instagram (@caromadjar) et la découvrir un petit peu plus sur son site https://carolinemadjar.com/.
Caroline est avant tout une belle personne, possédant sa propre personnalité, ses goûts et ses opinions.
Elle possède un réel talent de journaliste et c’est seule, à force d’échecs et de succès qu’elle est devenue, aujourd’hui celle qu’elle est.
Ce livre, son premier livre, est comme elle, brillant, fougueux et explosif !
Le milieu de la course au large a beau se féminiser de plus en plus, les livres qui traitent du sujet des courses au large font toujours la part belle aux hommes. Ainsi, ce sont plus de 60 % des livres édités sur le sujet, qui sont écrits par des hommes. Rencontre avec une autrice que rien ne prédestinait à présenter sa vision des courses au large.
Charlotte Mery – Tout droits réservés
Savez-vous qui mieux qu’un spécialiste peut parler d’un sujet ? Celle ou celui qui le pratique par passion, au-delà des difficultés, des traditions ou des héritages familiaux qui vous prédestinent dès l’enfance.
Lorsque l’amour s’en mêle
Charlotte Mery est de ceux-là. Née en Mayenne – bien loin de la mer donc – elle est tombée amoureuse d’un beau britannique, ami de l’un de ses cousins, qui avait pour particularité de suivre des études d’architecture navale. Autant dire qu’à l’âge des premiers émois sentimentaux, le raccourci est rapidement fait. Elle a aujourd’hui deux enfants – une fille de 10 mois et un garçon de 2 ans et demi.
C’est à 14 ans que Charlotte découvre le métier d’Architecte Naval, loin de la mer de laquelle elle est déjà éprise. Elle se lance alors dans la navigation nautique pour mettre en place la stratégie qui lui permettra de dessiner des bateaux.
Un parcours de compétitions et de hasards
Inscrite aux championnats de France UNSS de son lycée, elle parcourt les bourses aux équipiers pour trouver des bateaux à bord desquels naviguer de par le globe. Décidément liée au hasard et aux coïncidences, c’est au cours d’une soirée en boîte de nuit qu’elle rencontre la championne de France de 470, Cassandre Blandin, qui, parce qu’elle est grande, lui demande si “des fois, elle n’aurait pas envie de faire du bateau ?”.
Commence alors pour la future autrice une course acharnée à l’apprentissage : “Je naviguais trois jours par semaine et il y avait beaucoup de compétitions, quasiment chaque week-end” explique Charlotte.
Charlotte Mery seule sur le pont de son bateau
Impatiente, c’est elle-même qui le dit, Charlotte achève tant bien que mal ses études puis se lance, en 2017, dans le circuit de la course au large, avec la classique mini-transat. Au fond d’elle, elle sait bien, comme elle l’explique qu’elle “ ne veux pas en faire un métier car le haut niveau apporte beaucoup trop de contraintes sur la vie personnelle.”
Les défis avant le reste
Charlotte recherche de l’aventure et du feeling. En toute chose, elle ne se donne jamais à moitié, y compris en écriture. Son précédent livre, “Le Vendée Globe de Mam” qui explique aux enfants et à ceux qui le sont restés ce qu’est la course au large, elle l’édite elle-même car elle sent qu’elle a des choses à dire mais pas encore de nom pour en attirer un grand de l’édition.
Le Vendée Globe de Mam, premier livre de Charlotte Mery
C’est avec romantisme et humanité que Charlotte se lance, avec le concours des éditions Glénat, dans la rédaction de son second livre “Une histoire des courses au large”. Ainsi qu’elle le dit “Ce livre n’est pas un livre de l’Histoire de la course au large. Il faudrait être bien prétentieux pour parler de l’intégralité des courses existantes tant elles sont nombreuses. Et, surtout, je n’ai pas pratiqué toutes les courses, donc j’ai choisi l’aspect romantique et humain des courses que je connais”.
Et ce romantisme déborde dans la manière que Charlotte Mery a d’écrire. Si la technique et la compétition ne sont jamais très loin, l’humain, les sensations et les désirs des individus sont bien présents à chaque page. C’est ce qui différencie Charlotte de ses confrères auteurs et autrices, elle n’a pas de long CV maritime qui aurait pu déformer son rêve.
Il y a encore de l’humain dans la course au large
En 2022, selon Charlotte : “Il y a toujours autant d’humain et d’humanité dans la course au large, seulement le caractère même de cette humanité a changé. Les skippers sont des compétiteurs, tout est compté, tout est calculé et au service de la performance. Les bateaux sont de plus en plus difficiles à faire marcher.”
Ici s’arrête la comparaison car, parmi ses modèles, Charlotte évoque Tracy Edwards, qui ouvrit la “voix” et la “voie” aux femmes dans le monde des skippers dans les années quatre-vingt-dix.
Tracy Edwards a ouvert la voie de la grande course au large aux femmes (Crédit : Royal & Sunalliance)
Selon Charlotte : “Il y a, aujourd’hui de plus en plus de femmes qui naviguent, c’est presque devenu normal. L’imaginaire collectif (les sponsors, le public…) par contre, n’est pas encore totalement prêt à voir une femme skipper.” Charlotte d’expliquer alors qu’un de ses partenaires s’est étonné devant elle, sans aucune discrétion ni délicatesse qu’une femme puisse faire de la voile, alors même qu’il connaissait l’objet de leur rencontre.
Dans le circuit en lui-même, Charlotte ne rencontre pas de misogynie particulière. “Du moins, pas plus qu’ailleurs”, pondère-t-elle. Entre marins, pas de remarque ni de critiques sexuées.
Ce sont les proches qui, dans son cas, ont eu du mal à se dire qu’une femme était capable. Il faut dire que, venant d’une famille de garçons, Charlotte a dû jouer des coudes pour s’imposer !
Se faire confiance et s’écouter avant tout
Pour Charlotte, la principale qualité dont une femme doit faire preuve, quel que soit son métier : “est de se faire confiance. Elle doit s’écouter et ne pas écouter les autres. Surtout, ne pas porter attention aux commentaires sur les réseaux sociaux. Chacun sait ce qui est bon pour lui ou pour elle. Et personne n’est mieux placé que lui-même pour connaître son propre écosystème.”
Pour l’exemple, Charlotte compare une course au large avec son expérience de la maternité : “Avant l’accouchement, tout le monde nous dit comment faire. On nous explique comment on doit se comporter avec le bébé, comment le tenir et l’éduquer. Devenue Maman; on sent presque instinctivement comment s’y prendre, comment bien faire. Il ne s’agit pas de dire qu’on n’a pas besoin des autres. On a, dans tous les domaines, besoin de soi et de son expérience en premier lieu.”
De l’impossibilité d’être à la fois maman et navigatrice
Dans sa conception à la fois de la maternité et de la navigation, Charlotte ne se projette pas comme menant les deux métiers de front. Elle nous explique donc : “Je navigue dans les livres. Je ne vogue plus, ça ne me manque pas du tout. J’ai énormément skippé pendant une dizaine d’années. J’ai préféré arrêter car je n’envisageais pas d’être maman et navigatrice en même temps, j’admire celles qui y parviennent. Je m’amuserais aujourd’hui plus sur un petit bateau que sur un bateau avec gros équipage.”.
Mais le parfum de l’Iode n’est jamais loin de la plume de Charlotte “On prévoit de partir en famille quand les enfants auront une dizaine d’années pour faire un tour de l’atlantique. En attendant, j’ai d’autres livres en vue, autour de la jeunesse notamment. Et je planche sur un roman qui parlera de la mer, de la course au large et de la place quel a femme y trouve. Ou pas.”
C’est bel et bien l’Humanisme et le Romantisme qui pilotent la vie de Charlotte Mery. Si sa maternité a mis entre parenthèses sa vie maritime, c’est avec des parenthèses douces et confortables et, surtout, choisies et acceptées en toute conscience. Charlotte Mery n’est pas dans le modèle du choix stéréotypé, souvent rencontré par les nouvelles mères, entre leurs carrières et leurs enfants.
Annie Ernaux, 82 ans, remporta le jeudi 6 octobre le Nobel de littérature. Elle est la 17e femme à remporter ce prix mais surtout la première femme Française.
Figure de proue du féminisme contemporain, dans l’air du temps depuis quelques années, Annie Ernaux séduit ou divise l’élite intellectuelle, mais ne laisse pas indifférent. Suite à l’annonce de sa récompense, les libraires ont eu affaire à une nouvelle vague : tous les titres de la romancière se sont arrachés. Par conséquent sa maison d’édition a décidé de réimprimer son œuvre pour faire face à la demande croissante. C’est un chiffre impressionnant, près d’un million de livres, qui vont être réédités par la maison d’édition Gallimard.
Parallèlement à ses romans, Annie Ernaux tient un journal d’avant-écriture ; une sorte de livre de fouilles, rédigé année après année, qui offre une incursion rare de « l’autre côté » de l’œuvre. Plongé au cœur même de l’acte d’écrire, le lecteur devient témoin du long dialogue de l’autrice avec elle-même : la pensée taillée au couteau, des idées en vrac, des infinitifs en mouvement ; des associations de mots, de morceaux de temps, et de confidences.
Pour la réédition de L’atelier noir, Annie Ernaux a souhaité augmenter l’ouvrage de pages inédites de son journal de Mémoire de fille.
« Nous sommes convaincus qu’elle va élargir son audience et on peut espérer atteindre les 5 millions d’exemplaires d’autant qu’un prix Nobel de littérature s’étend sur une période assez longue, précise le responsable des ventes de Gallimard, dans les colonnes du Parisien. Il poursuit : « Ce prix va donner à l’autrice une visibilité accrue à l’étranger même si son œuvre est déjà appréciée en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. »
En Une des journaux Européen, le lendemain de sa victoire, Annie Ernaux a été accueillie aux Etats-Unis à l’invitation du centre culturel français de New York. Traduite depuis trente ans aux États-Unis, l’auteure de “L’évènement” a été ovationnée par une assemblée constituée majoritairement de femmes.
Zarifa Ghafari est afghane. Elle avait trois ans quand les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école, six lorsque les frappes aériennes américaines ont débuté. Autrice et femme politique, Zarifa a obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.
À vingt-six ans, elle est devenue la première maire de la province de Wardak, l’une des plus conservatrices d’Afghanistan. Les extrémistes ont barré l’accès à son bureau, ont tenté de la tuer trois fois. Malgré cela, Zarifa a tenu bon. Elle a lutté contre la corruption, œuvré pour la paix et tenté d’éduquer les femmes. Mais à l’arrivée des talibans à Kaboul en 2021, et après l’assassinat de son père, elle a dû fuir en Europe. Elle continue pourtant d’aider celles qui vivent sous le règne des talibans. Les récompenses internationales ont salué son engagement. Elle a ainsi obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.
Aujourd’hui réfugiée en Allemagne, l’opposante déterminée aux talibans, vit désormais en exil. Le 14 septembre, elle publie son autobiographie aux éditions JC Lattès, suivi d’un documentaire “Dans ses mains” dont la sortie est prévue en novembre sur Netflix.
Son témoignage offre un éclairage sans précédent sur les deux dernières décennies en Afghanistan, à travers le regard d’une citoyenne, femme et maire. Il incarne la résistance des Afghanes face à l’obscurantisme.
“Dans ses mains” aura sa première mondiale au Festival international du film de Toronto 2022 le 9 septembre.
Le documentaire raconte l’histoire de Zarifa Ghafari, qui est devenue à 26 ans l’une des premières femmes maires d’Afghanistan et la plus jeune à occuper ce poste.
Tourné pendant deux années turbulentes, le film documente sa bataille personnelle pour la survie alors que son pays se défait au milieu du retrait rapide des forces occidentales et du retour au pouvoir des talibans. Face à cette nouvelle réalité, Zarifa doit prendre la décision la plus difficile de sa vie.
« “Dans ses mains” est un travail extraordinaire de narration personnelle qui nous offre un aperçu rare et une réelle compréhension de ce à quoi les femmes afghanes ont été confrontées ces dernières années », ont déclaré Hillary Rodham Clinton et Chelsea Clinton, qui ont produit le film via HiddenLight. « Lorsque nous avons entendu parler de ce projet pour la première fois, nous avons dû nous impliquer. Nous croyons que les filles et les femmes – et les hommes et les garçons – partout dans le monde seront inspirés par le travail acharné, l’intelligence et la pure détermination de Zarifa Ghafari. »
Au théâtre, en tournée actuellement dans toute la France avec la pièce “L’occupation” sur un texte de l’écrivaine Annie Ernaux1, Romane Bohringer qui commença sa carrière à l’âge où les autres filles jouent encore aux billes, a gentillement accepté de nous rencontrer nous accordant son entière disponibilité et se prêtant au jeu des questions entre deux représentations. Une longue interview investie et habitée, à l’image de sa générosité.
Ce qui frappe quand on rencontre Romane Bohringer c’est sa sensibilité et sa simplicité. A mille lieu des strass et des peoples, à des années lumières de l’image d’artiste torturée qu’elle véhiculait parfois, Romane est une femme bien ancrée dans sa génération, une femme à la carrière exemplaire qui n’a plus rien à prouver et qui se fiche des apparences. Attentive à l’autre et aimant véritablement la gente humaine, cette enfant de la balle, est très proche de ses collaborateurs (techniciens, régisseurs, assistant mise en scène etc…) qui constituent pour elle une véritable “famille”. Ce jour là, Romane et son équipe, avaient organisé un barbecue improvisé sur le parking du théâtre en toute décontraction dans une ambiance de franche camaraderie.. Du jamais vu dans le milieu parfois guindé du spectacle dit “culturel”. Les personnes ayant eu la chance de travailler avec elle évoquent quelqu’un d'”exigeant artistiquement”, “une véritable bosseuse” qui ne se contente pas de la médiocrité là où d’autres comédiennes misent tout sur leur notoriété. Romane Bohringer s’intéresse véritablement aux gens. Nous qui avions peur de la brusquer, finalement c’est elle qui nous a capturé.
Vous êtes actuellement en tournée au théâtre avec le spectacle “L’occupation” sur un texte d’Annie Ernaux, qui traite de la jalousie dans le couple, pouvez-vous nous le résumer pour nos lecteur.ice.s qui ne l’auraient pas encore vu / lu ?
C’est le récit d’une femme qui plonge à un moment de sa vie dans un sentiment de jalousie obsessionnel et assez destructeur. Elle est tout à coup envahi par un sentiment qu’elle ne connaissait pas qui est celui de l’obsession amoureuse de la dépossession de soi-même. “L’occupation” c’est donc une femme qui a quitté un homme et quelques mois après elle apprend que cet homme s’est remis avec une femme ; et à partir de ce moment là alors qu’elle l’avait quitté, alors qu’elle en était détachée, que ça venait de sa propre décision, l’existence d’une autre femme dans la vie de cet homme va la plonger dans une perte de contrôle et Annie Ernaux explore ce moment avec toute la beauté de sa langue.
Est-ce qu’elle vous ressemble cette femme qui a la quarantaine et est à un tournant de vie, comme on l’imagine ?
Pas seulement à moi. Les immenses auteurs – et je pense qu’Annie Ernaux est une immense autrice – ce n’est pas seulement à moi, elle a une capacité à capter, à décrire, en passant par elle car la chose incroyable sur Annie Ernaux c’est que de tout temps elle écrit sur elle, sur sa vie sociale, de femme, c’est le génie, elle touche à l’humain de manière tellement forte qu’elle parle de toutes. Elle comprend l’humanité, femmes, hommes, c’est ça qui est époustouflant dans son écriture. Après je peux dire plus spécifiquement que quand j’ai lu le texte oui il touchait en moi des choses. L’histoire d’une grande obsession suivi d’une grande délivrance pour qui est passé par là on s’y reconnaît. Il y a des moments où je me sentais assez proche de ce qui était dit dans le texte.
Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet
Vous souvenez-vous de tous les personnages que vous avez incarnés ?Est-ce qu’il y en a qui vous ont accompagnés, suivis pendant longtemps ?
Il y en a des plus marquants que d’autres dans une vie. Beaucoup plus au théâtre qu’au cinéma. Au cinéma il y a des personnages très forts mais ce sont des films, des objets individuels et singuliers. Au théâtre il y a le texte et les textes peuvent vous accompagner vraiment toute une vie et c’est très différent. Il y a des films que j’ai fait qui m’ont marqué pour leur qualité cinématographique pour l’expérience que cela a été mais je ne peux pas dire que des personnages ont continué de m’habiter alors que je peux dire que des textes de théâtre m’ont accompagnés très longtemps. Avoir la chance d’être comédienne au théâtre et d’interpréter des textes c’est comme se remplir sa propre bibliothèque intime et comme on les apprend et “performe” sur scène il y a cette dimension physique aux textes. Et puis la littérature c’est quelque chose qui dépasse l’image, c’est sûr que quand on joue Shakespeare à 20 ans, Brecht à 25, Tenessee Williams ce sont des auteurs qui vous quittent jamais on se souvient toujours, quand je tombe amoureuse je pense toujours à Roméo et Juliette, c’est des auteurs qui ont eu des mots tels.. C’est le texte qui vous accompagne. Une fois qu’on est riche de ça, notre plus grande mission c’est de les transmettre de la manière j’espère la plus populaire possible pour montrer à quel point la littérature est proche et concrète et source de progression sociale, humaine à quel point à l’encontre de l’idée qu’on peut s’en faire c’est quelque chose qui s’adresse à tous.
Quand j’éprouve un texte c’est mon vœu le plus cher que je réussisse à transmettre ce qu’il me procure comme force dans ma vie donc au delà des rôles ce sont les textes qui m’ont accompagnés longtemps et aidée.
Vous avez incarnées beaucoup de femmes dans votre carrière, certaines qui portent des choses lourdes, êtes-vous une femme engagée dans la vie ?
Je ne pourrais pas dire ça, au contraire même.. Je regrette de ne pas l’être mieux ou plus. Je suis extrêmement sensible au monde qui m’entoure, je suis extrêmement poreuse, j’ai les yeux grands ouverts mais je pourrais pas dire ça parce que j’aurai l’impression de mentir par rapport aux gens qui en font le sel de leur vie. moi je me ballade avec un cœur sensible, je suis engagée a essayer de ne pas être une trop mauvaise personne. La seule manière est à travers mes choix, participer à des objets pas trop honteux qui disent quelque chose si possible du monde qui est le nôtre, ne pas céder à la médiocrité, j’ai du mal à dire engagée par rapport à ceux qui le sont vraiment. A partir du moment où l’on est connu il y a une forme de timidité à se mettre en avant. Je voudrais faire beaucoup mais c’est un peu compliqué, ne pas se laisser submerger, ne pas savoir par où commencer ni comment faire.
Vous dites “avoir les yeux ouverts sur le monde”, vous avez donc entendu parler du mouvement “Me too” et plus spécifiquement le “Me too” lié au domaine du théâtre, quel regard portez-vous sur ce phénomène ?
Alors là vraiment vous me lancez sur un sujet très difficile pour moi. je trouve évidemment la nécessité absolue que les voix sortent, explosent cela regroupe tout. Cela devrait être.. autour des silences des injustices, la voix des femmes, des enfants, des invisibles, tous les gens qui se battent tous les jours pour faire entendre à quel point la justice n’entend pas les violences faites aux femmes, aux enfants, dans les hiérarchies. Je sens que tout le mouvement, enfin le cri que l’on sent pousser de partout est évidemment incontestable et je suis encore une fois admirative des gens qui vont au devant, qui prennent les coups en première ligne, qui démontent, qui détruisent les systèmes en place. J’ai l’impression qu’il y a un mouvement qui est lancé et que l’on ne pourra plus revenir en arrière, mais parfois on dit ça et.. J’ai l’impression, mais peut-être qu’elle est fausse quand on voit dans les autres pays, mais j’ai l’impression que mes enfants ne sont déjà pas les enfants que l’on était nous et les mots qu’ils entendent, les choses dont on leur parle, ils connaissent des choses que l’on ne connaissait pas. Leurs consciences, je l’espère, du fait de toutes ces voix, seront plus affutées que les nôtres.
Sur le “Me too théâtre” en particulier, je suis un très mauvais exemple parce que je n’ai eu que des expériences magnifiques avec des hommes metteurs en scènes et des partenaires masculins merveilleux et d’une grande délicatesse, donc je regarde avec admiration celles qui arrivent à dire ce qu’il leur est arrivé. Moi j’ai vécu dans un monde tout à fait respectueux, entourée de gars supers et pourtant j’ai commencé très jeune avec beaucoup d’hommes et de femmes. Je regarde ça avec soulagement pour ceux qui arrivent à défaire un système dont ils ont été victimes mais mon histoire personnelle me rend plus témoin qu’actrice. J’ai vécu dans un monde de théâtre tout à fait magnifique.
Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet
Vous parliez de vos enfants, quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à la future génération ?
La seule trace que je pourrais laisser c’est par le choix des films qui restent, des histoires si possible éclairantes, inspirantes pour regarder le monde autrement, essayer de tracer quelque chose de vertueux. Pour les enfants, évidemment je suis comme beaucoup de gens très assombrie par le spectacle qui s’offre à eux maintenant donc je suis bien démunie pour vous dire ce que j’aimerai leur laisser comme valeur. On avance dans une incertitude complète, dans une violence inouïe, je les regarde avec beaucoup d’inquiétude.
Quelle type de femme êtes-vous au quotidien ? Quel regard portez-vous sur l’amitié, la famille ?
Je suis de nature plutôt discrète, j’aime bien faire mon métier, je suis normale. J’ai des amis fidèles depuis très longtemps, je suis plutôt une fille de troupe donc j’aime être avec les gens c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce métier, être en troupe, faire famille, je suis plutôt famille recomposée. Je suis discrète mais en même temps sociable , je ne suis pas du tout solitaire avec une vie articulée autour de mes enfants.
Vous avez tout joué que ce soit au cinéma, à la télévision comme au théâtre, vous avez récemment réalisé (un film et une série), quel exercice préférez-vous ?
Mon endroit d’équilibre c’est le théâtre depuis toujours même si j’ai fait beaucoup de cinéma et j’adore le cinéma je suis une grande spectatrice de cinéma, par exemple, j’adore les films, j’adore l’image mais mon endroit de plénitude et de complétude c’est le théâtre. J’aime tout au théâtre, j’aime aussi la vie que ça implique, j’ai toujours aimé – un peu moins avec les enfants – mais la troupe, les gares, les théâtres, les hôtels, c’est vraiment une vie qui m’épanouit complétement. Comme je vous disais j’aime les textes, j’aime monter sur scène et puis récemment le fait d’avoir réalisé ça m’a beaucoup beaucoup plu. Je tente de commencer à écrire mon deuxième film. Si je n’y arrive pas.. Il y a dans l’histoire du cinéma des femmes et des hommes qui ont fait un film et puis un seul, mais c’était tellement un bouleversement dans ma vie de faire ça, j’ai tellement aimé ça que j’attends désespérément d’avoir un espèce d’éclair pour aller vers ma deuxième histoire, j’aimerais tellement refaire ça.
Et écrire pour le théâtre ?
J’aime les mots des autres, l’écriture c’est très difficile pour moi, ce n’est pas mon truc. Ce que j’ai aimé c’est avoir une équipe, réaliser, diriger des acteurs, le plateau, les filmer, les regarder j’ai adoré le montage, le mixage ça a vraiment été une aventure démente pour moi.
Quels ont vos futurs projets ?
Le Festival d’Avignon Off en juillet pour “L’occupation”, c’est un texte que j’aime tellement que je peux jouer jusqu’à soixante dix ans car Annie Ernaux parle d’une période passée de sa vie. Il est inépuisable car il est riche et il n’a pas d’age – on nous bassine tellement avec ça. Elle c’est une sacrée femme, elle a plus de choses à raconter que moi sur les femmes (rires) il faut lui faire un numéro spécial. J’ai joué dans le premier film d’une jeune femme que j’aime beaucoup qui s’appelle Julie Laura Garçon son film s’appelle “Petites” et il est en train d’être fini.
Vous dites que l’on “vous bassine avec l’âge”, c’est difficile pour une femme de vieillir au cinéma ?
Dans notre métier c’est encore plus difficile que dans la vraie vie j’imagine, vous entendez “t’as plus l’âge du rôle”, “après cinquante ans il n’y a plus de rôles” à plus de cinquante ans on se partage un nombre très restreint de rôles disponibles, non seulement les compétences sont réévaluées mais il y a un truc physique. Au théâtre les questions d’âge sont nettement moins présentes qu’au cinéma. Sur scène on peut tout jouer, c’est assez salvateur du point de vue théâtre.
Finalement, une femme brillante pour vous qu’est-ce que c’est ?
Une femme Brillante serait une femme libre ? Énormément de femmes m’inspirent, il y en a pleins qui me viennent au détour de leur parole, mais étant donné le contexte, je dirais Annie Ernaux.
Propos recueillis au Théâtre de la Colonne de Miramas, le 29 mars 2022. Un grand merci à Romane !
Féminisme et droit d’expression des femmes sont intimement liés. Il ne peut exister le second sans le premier. C’est à cet état des lieux que nous invite la journaliste Caroline Stefan avec le livre “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” paru aux éditions Helvetiq.
En 2022, les femmes disposent, au même titre que leurs alter ego, du droit de vote. Mais ce droit n’a pas toujours été un acquis, à l’instar de l’ensemble des possibilités offertes aujourd’hui sans distinction de sexe. Féminisme, politique et droit à l’expression se mêlent dans cet ouvrage passionnant. Les illustrations qu’il contient à la manière de “Tomtom et Nana” (Message aux plus jeunes : “pas le GPS, la bande dessinée“) rendent “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” accessible aux citoyen.ne.s autant qu’à celles et ceux qui le deviendront demain.
Les tâches ménagères réparties le sont-elles réellement en tant que charges ?
Le Livre de Caroline Stevan, “Citoyennes ! Il était une fois le droit de vote” aux éditions Helvetiq se lit à la fois comme un ouvrage d’histoire, de politique, de fiction et de projection. L’ensemble des grandes figures féminines de la politique et de l’accès des femmes à la gestion de l’Etat est rappelé de manière ludique mais précise. Ceci sans parti pris ni militantisme, tel que l’histoire le dit, tels que les faits se sont déroulés.
Qui êtes-vousCaroline Stevan ?
Je suis une journaliste Franco Suisse. J’ai passé l’essentiel de ma carrière à travailler pour le journal “le temps” puis j’ai rejoint la RTS (Radio publique Suisse) il y a 2 ans.
Caroline Stevan, autrice et journaliste – DR
Depuis le premier confinement, je travaille pour le point J, dans lequel on pose une question chaque jour en relation avec l’actualité. Par exemple “pourquoi autant de prêtres pédocriminels ? – Peut-on tout guérir avec l’hypnose ? “. Chaque épisode dure 10-12 minutes en format podcast. Beaucoup d’invité(e)s pour alimenter ce point J. En fin de podcast, une deuxième voix intervient, un témoignage ou un point de vue dissonant.
Le 14 juin 2019 a eu lieu la grève des femmes. J’ai eu la sensation que cette journée ferait date dans les luttes féministes.
Caroline Stevan
Le 14 juin 2019, en suisse, a eu lieu la grève des femmes. Des centaines de milliers de femmes dans les rues Suisse, une marée violette a envahi les avenues. J’y étais en famille avec mes 2 filles et leur papa, j’ai eu la sensation que cette journée ferait date dans les luttes féministes. Je voulais que les enfants puissent prendre conscience du fait qu’il y a eu du chemin pour que les femmes puissent voter, parler et s’exprimer.
Mes deux filles, âgées de 8 et 12 ans, ne sont pas encore en âge de voter. Ce qui n’empêche aucunement d’avoir une conscience !
Sortir du regard très européen sur notre droit de voter
L’idée directrice de ce livre était de sortir du regard européen sur le droit de voter – de s’exprimer – dont disposent les femmes. D’autant que 2021 marquait le cinquantenaire du droit de vote des femmes en Suisse.
Le livre s’ouvre sur le portrait de 10 militantes du droit de vote des femmes, toutes de différentes cultures.
Où en est en 2022 le droit de vote des femmes ?
Partout dans le monde où les hommes votent, les femmes votent. Deux exceptions notables : le Bruneï et le Vatican. Au Vatican les choses évoluent, une femme a été nommée à la conférence des évêques et a le droit au chapitre.
Quant à l’égalité d’accès au vote, les femmes et les hommes ne sont pas empêchés de voter partout ailleurs. Par contre, c’est un aspect important qui ne signifie pas nécessairement une égalité en politique. Il y a bien moins de femmes que d’hommes aux postes de pouvoir. Et celles qui le sont ne sont jamais rattachées à des ministères régaliens. Au-delà de ces chiffres, il faut voir la manière dont les femmes sont considérées (uniquement le prénom de la femme et le nom de l’homme). A l’époque, on a bien plus décrit les vêtements de Ségolène Royal que ceux de Nicolas Sarkozy, par exemple.
Quelles ont été les difficultés majeures à obtenir le droit à voter ?
Les luttes sont convergentes et ne couvraient jamais qu’un seul sujet. Les femmes qui se sont battues pour pouvoir voter réclamaient souvent d’autres choses, lutte contre l’esclavage, pour l’indépendance… Beaucoup des opposants avaient finalement peur que les femmes qui iraient voter délaissent leur statut de femme et les tâches qui leur incombent historiquement (cuisine, foyer, ménage, enfants…). Ce sont des sujets sous-jacents à cette quête du droit de vote.
A l’époque des grands combats, les femmes demandaient à avoir accès à la sphère publique. Elles voulaient avoir une place publique dans la société. Aujourd’hui, même si la place faite aux femmes n’est pas parfaite, il n’y a plus de remise en cause des possibilités notamment politiques données aux femmes. Par contre, et c’est là un frein important à la féminisation de la fonction politique, les femmes ont toujours la politique en plus du reste. La famille (gestion du foyer, des enfants…) est vue comme un frein pour les femmes qui veulent entrer en politique.
La première ministre Néo-Zélandaise a été enceinte pendant son mandat.
Certains – autant d’hommes que de femmes – ont questionné la compatibilité d’une vie de famille avec sa fonction. Elle s’est insurgée qu’on ne pose pas cette question aux hommes.
Quel est le prochain combat des femmes ?
L’obtention d’une pure égalité de traitement entre les Hommes & Femmes
Quel est l’impact de certaines prises de position radicales de féministes sur le message féministe en lui-même ?
Certains comportements ou certaines manières de porter la lutte peuvent crisper. Et partout où il y a crispation, il y a tension et rupture du dialogue. Prenons l’exemple de l’écriture inclusive, qui me semble pourtant quelque chose d’anodin. On doit faire avec les hommes, pas contre. Pour qu’une question féministe avance, elle doit embarquer les hommes avec les femmes. Être féministe ce n’est pas être contre les hommes.
Etre féministe ce n’est pas être contre les hommes.
Caroline Stevan
En écrivant ce livre, je me suis aperçu que la gentillesse, la bienveillance ou la modération ne fonctionnent pas toujours. Les suffragettes, au Royaume Uni, ont compris très tôt que cela ne marchait pas et qu’il fallait aller vers plus de radicalité. Leurs méthodes, provocantes et parfois violentes, ont été efficaces. Il peut falloir passer par du plus dur. Il faut se poser la question de ce qui est ou n’est pas radical selon l’air du temps. La radicalité doit toujours se mesurer à l’aune d’une situation immédiate.
Enfin, il ne faut pas mettre toutes les féministes dans le même panier, il peut y avoir des crispations différentes. Il y a autant de féminisme qu’il y a de féministes.
En cette année présidentielle, croyez-vous en la possibilité d’une Présidente de la République en France ?
J’espère qu’on est prêts. La société a évolué et il y a toujours des femmes candidates. On va vers ce chemin-là.
En Suisse, nous avons trois conseillères fédérales qui sont présidentes à tour de rôle. Donc, dans la confédération, nous allons avoir une femme présidente.
Et, pour un pays conservateur comme le mien, c’est un très bon signe !
Pour la France, la question n’est pas “va-t-on y arriver ? ” mais “quand va-t-on y arriver ?”.
Pour autant, d’Edith Brunschvicg à Nadia Jai, les femmes sont à des postes de responsabilité. Qu’est ce qui bloque cette avancée ?
On va cantonner les femmes à des postes “moins valorisants” (secrétaire d’État, conseiller, ministère rattaché…). Même ministres, elles vont être systématiquement positionnées sur des fonctions perçues comme plus féminines.
Il existe aussi un phénomène de cooptation, on promeut ses semblables, les hommes soutiennent les hommes.
Il faut aussi changer le regard des électeurs et des électrices sur ce que sont certaines fonctions ministérielles. Il n’est pas plus féminin d’être à la culture ou à la santé qu’être à l’économie ou la défense !
Il faut aussi changer le regard des électeurs sur ce que sont certaines fonctions ministérielles. Il n’est pas plus féminin d’être à la culture ou à la santé qu’être à l’économie ou la défense !
Caroline Stevan
Les choses se jouent sur le terrain pour le concret et dans les esprits pour la représentation.
Quel accueil a reçu votre livre ?
Un excellent accueil ! Je suis ravie, j’ai eu quelques séances de dédicaces qui ont fini trop tôt. Le public était très varié (femmes plus âgées en suisse, jeunes filles très militantes, des papas, des familles…).
Au début du livre, j’imagine une scène dans laquelle un enseignant définit la règle de vie. Les garçons ont tous les droits dans l’école, les filles n’ont aucun droit. Une sorte de métaphore d’une société dans laquelle les femmes ne pouvaient pas voter.
Une enseignante qui a lu mon livre a rejoué la scène dans son établissement. Pendant une semaine elle a favorisé les filles (filles assises avant les gars, encouragements, bonbons en cas de bons résultats…)
La semaine suivante, elle a inversé les rôles.
Après ces 2 semaines d’expérience, les enfants ont bien compris la métaphore. Lorsqu’ils étaient dans le groupe défavorisé, c’était difficile et ils s’en sont plaints. C’est lorsqu’ils seront, les unes comme les autres, devenu(e)s citoyens qu’il faudrait analyser leurs comportements.
L’éducation (scolaire, familiale, culturelle, environnementale…) est une clef majeure dans l’évolution des choses.
Quels espoirs pour le féminisme ?
Je termine le livre en souhaitant qu’il disparaisse. Il joue sur deux terrains. De grosses luttes et des chantiers concrets (égalité salariale par exemple) sont en cours.
Puis une couche très insidieuse, de l’ordre de la culture et des stéréotypes, a fait son apparition qui recrée les stéréotypes. Par exemple, les Lego “Friends” (que le packaging destine plus aux filles qu’aux garçons) sont plus faciles à assembler que ceux des garçons et mettent en scène de jolies maisons avec des spas.
Dans les années soixante-dix / quatre-vingt, sur les publicités Lego, les filles et les garçons assemblaient une fusée et le slogan disait : “Les enfants construisent l’avenir !“.
On est ici sur des choses qui peuvent sembler des détails, sur des photos dans les catalogues de jouets de Noël par exemple mais en réalité, on recrée du sexisme dans de nombreux domaines.
Je veux un féminisme de fond, un éveil des consciences. Il faut dresser un constat de tous ces “détails” mis bout à bout. Travailler sur ces “détails” beaucoup plus pernicieux. C’est un travail bien plus long et moins visible.
Je veux un féminisme de fond, éveil des consciences.
Caroline Stevan
Et, à chaque “entorse”, il faut dénoncer aux institutions. Les hot-lines, numéros verts, saisines… Existent et doivent être, par la force des choses, déplacées vers ces nouveaux terrains de féminisme.
En Suisse, les “bureaux de l’égalité” tiennent une veille et sont à l’écoute des alertes de la population.
En France, la saisine du défenseur des droits est le seul moyen d’alerte, il n’est pas proactif. Il faut utiliser les moyens mis à la disposition par les États pour promouvoir une véritable égalité.
Auteur Caroline Stevan
Illustration Elina Braslina
Editeur Helvetiq
Date de parution 03/09/2021
Alors que le projet de fusion entre les groupes Hachette et Editis fait grincer des dents dans le domaine de l’édition et monopolise tous les acteurs de ce milieu, eu égard aux probables ambitions politiques de Vincent Bolloré, Virginie Despentes, qui soutient le collectif #StopBolloré jette un pavé dans la mare.
Alors que l’écrivaine et cinéaste de 52 ans, éditée par Grasset (Hachette Livre) s’exprimait sur ce projet de fusion le 27 janvier dans les colonnes de Libération : “il est très facile de faire disparaître des auteurs : si Bolloré place un type d’extrême droite à la tête des maisons d’édition qu’il rachète, tout ce qu’on a écrit précédemment appartient à Vincent Bolloré. Et une partie du catalogue peut être effacée par pure idéologie : les essais féministes ou antiracistes, la philo…” celle-ci vient d’annoncer lancer sa propre maison d’édition.
D’après “Livres Hebdo”, la maison baptisée La Légende éditions sera lancée à l’automne en collaboration avec la photographe et vidéaste Axelle Le Dauphin et publiera des ouvrages visant à « déconstruire les stéréotypes de genre » et « lutter contre le sexisme ». Cette nouvelle maison d’édition qui se veut engagée et militante publiera neuf titres par an sur les enjeux sociétaux de la culture queer et féministe.
Raquel Hab, a 34 ans et vis et travaille à Paris dans une galerie d’art contemporain en tant que responsable administrative et juridique.
Passionnée d’art, de lecture, de voyages, de musique, de lego à ses heures perdues et tout récemment d’écriture, elle a eu la chance de voir son premier roman publié aux nouvelles éditions Hachette BMR dédiées à la romance. Ces trois tomes reflètent tout ce qu’elle aime dans la vie et mets la femme à l’honneur avec un personnage qui a du caractère. Elle a souhaité nous raconter sa fabuleuse histoire …
Crédit photo : Vincent Bousserez – DR.
« Mais tu avais déjà écrit avant ? » Je n’ai pas fait d’études littéraires, ni écrit quoi que ce soit auparavant, si ce n’est pour accompagner un cadeau. Nous sommes au début de l’année 2019, je viens de perdre ma grand-mère, tout va mal dans ma vie, mon travail, ma vie sentimentale. Je vois les autres avancer, se marier, avoir des bébés, j’ai l’impression de stagner. Je déprime silencieusement dans mon coin. Puis je décide de me ressaisir, j’ai toujours voulu faire un voyage culturel et artistique, c’est l’occasion ou jamais. Je cherche sur google et je tombe sur un site qui propose la Pologne, 4 jours c’est parfait et je ne connais pas ce pays en plus. Direction Varsovie. Le voyage est prévu pour mai. Mais en avril, il se passe quelque chose d’étrange, j’ai comme des flash, des personnages, une histoire, je vois des scènes défiler devant moi toute la journée. Je pars en Pologne en espérant que cela va s’atténuer ou disparaître mais c’est pire, je suis comme possédée, ça ne veut plus s’arrêter. Le voyage est au-delà de mes espérances, j’ai libéré les chakras comme on dit, une nouvelle énergie positive est née, j’ai visité, rencontré, échangé, je me suis éclatée autour d’une passion commune, l’ art, la culture, la préservation du patrimoine. Après mon retour, les images ne cessent pas, ça s’amplifie. Je n’arrive pas à m’en défaire, je dois évacuer mais comment ? 1 mois et demi après les premiers flashs, je décide d’écrire. Et là, je ne peux plus m’arrêter, comme si j’avais été frappée par la foudre de l’écriture. Mon roman s’intitule 31 jours, c’est une histoire d’amour avec des personnages haut en couleurs, sur fond érotique, artistique, juridique. L’action se déroule à San Francisco sans que je ne sache pourquoi. Je décide de partir directement là-bas pendant les vacances. Une fois arrivée, le livre prend vie dans la ville. Je vois mes personnages marcher à mes côtés, se rencontrer, tomber amoureux. Je l’achève au bout de trois mois. Vient le temps de la relecture et l’écriture, puis ça devient pire. J’ai des images du 2 e , du 3 e et du prequel. Je comprends que c’est une trilogie. Un an après l’avoir commencé je décide de l’envoyer à des Maison d’éditions sans grande conviction. Sachant que personne ne l’a jamais lu, Je souhaite tout de même avoir un refus. J’essuie des refus jusqu’à le mail qui a changé ma vie. Hachette me contacte et me demande si mon manuscrit est disponible. Mon cœur fait un bond en avant. Je réponds positivement. On me recontacte deux semaines après. On veut le publier avec le label romance d’Hachette qui s’appelle BMR. Une éditrice me contacte, elle a adoré. Mais surtout, elle veut publier toute la trilogie. 31 jours sort le 2 juillet 2021 en numérique puis en papier…, le 2e sort le 2 aout, le 3e le 20 octobre (troisième tome que j’écris en 20 jours). Les commentaires dessus sont incroyables, on me dit que ma plume est ensorcelante, que je suis une magicienne des mots, mon histoire est captivante, elle casse les codes de la romance. Les hommes adorent, je me fie aux commentaires sur les plateformes, c’est une aventure folle qui commence.
Et pour répondre à la première question…Non, je n’avais jamais rien écrit auparavant.
Depuis 11 ans, le Grand Prix du Roman aufeminin révèle de nouveaux talents de la littérature tels qu’Olivier Norek, Virginie Grimaldi et Camille Anseaume. Pour la quatrième année, les éditions Michel Lafon se sont associées au prix en accompagnant le lauréat de ce concours vers la publication de son premier roman.
C’est la vocation première du Grand Prix du Roman d’aufeminin, qui depuis 11 ans, permet de découvrir et mettre en lumière les belles plumes de demain ! Ce Prix a été par le passé, l’occasion de révéler de véritables talents littéraires puisque parmi les auteurs découverts par le jury du Prix aufeminin, on compte Olivier Norek, auteur de romans policier à succès, troisième lauréat du concours en 2011 avant d’être édité et publié et l’on ne peut que se souvenir également de Virginie Grimaldi, deuxième lauréate du concours en 2014, aujourd’hui la romancière la plus lue de France en 2019 et 2020 (Palmarès Le Figaro GFK) et auteure traduite dans plus de vingt langues dans le monde.
Cette année, le concours changeait de formule puisque les candidats devaient présenter non pas un livre complet mais le synopsis et un chapitre au choix de leur projet littéraire. Plus de 350 manuscrits sont ainsi arrivés dans les bureaux d’aufeminin.
Raphaëlle Giordano, marraine du Grand Prix aufeminin 2021 et Élisa Sagnelonge, lauréate 2021
Les écrivains en herbe ont tous été inspirés par le thème de cette édition : l’audace. Et ils n’en ont pas manqué pour soumettre leurs récits (synopsis et un chapitre de leur roman) à un jury de professionnels, composé de personnalités du monde littéraire, des médias et de la culture, présidé par Raphaëlle Giordano, l’auteure du best-seller « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » et marraine de cette édition 2021. Le jury a défendu avec passion ses choix pour désigner, parmi les seize finalistes, quatre lauréates :
1ère lauréate : Élisa Sagnelonge : « Le livre de Jade » Publication du roman aux éditions Michel Lafon et Pocket au printemps 2022
« Je suis tellement heureuse d’avoir remporté le Grand Prix du Roman aufeminin qui va me permettre de publier mon premier livre. La rédaction n’est pas encore terminée mais je vais pouvoir bénéficier de tout le soutien, de l’expérience et des conseils de Raphaëlle Giordano qui m’accompagne désormais dans cette aventure jusqu’à la publication de mon premier roman », a déclaré Elisa Sagnelonge à l’annonce des résultats.
Le Prix des Internautes : Claire Vergier : « EGOTRIP »
Ce Grand Prix du roman aufeminin se veut accessible à tous.tes, même celles.ceux qui écrivent en secret, à l’abri des regards de leurs proches. Les seules conditions pour participer sont qu’il suffit de n’avoir jamais été édité, sauf en auto-édition, de n’avoir jamais gagné un prix aufeminin. En attendant l’édition 2022, aiguisez vos meilleures plumes !
Loin du cliché tenace du surfeur blond à la peau tannée par le soleil et les embruns, les femmes, font le surf et font du surf. Ce sport, si masculin, attire de plus en plus de mamans, d’exploratrices, de globe-trotteuses ou encore d’activistes qui font changer le regard du grand public et c’est tant mieux !
L’hommage que Carolina Amell rend à ces femmes est beau et émouvant.
Carolina Amell est graphiste freelance créative. Elle est tombée amoureuse du monde de l’édition et plus particulièrement des livres illustrés et de l’aspect créatif que requiert leur création. Sa sensibilité de graphiste est criante de beauté dans le livre qu’elle nous présente ici, hommage en forme d’ode aux femmes qui pratiquent le surf.
Elles sont photographes, réalisatrices, globe-trotteuses, entrepreneuses ou “mamans professionnelles” et entretiennent toutes une passion en commun, aller glisser sur l’océan. Entrer dans la vague qui donnera ce shoot d’adrénaline tant attendu, cette sensation de risque. Mesuré, certes, mais risque quand même.
Surfeuses et femmes
Qu’on ne s’y trompe pas, ces femmes engagent autant d’énergie à la pratique de leur sport que le font les hommes. Pas de protection supplémentaire, de soins ou d’artifices de sécurité, les femmes que Carolina présente prennent en réalité bien plus de risques que leurs homologues masculins. Elles mènent leurs vies de femmes, leurs vies de revendicatrices, pour certaines, et leurs vies sportives de haut – très haut – niveau.
Leur philosophie, leurs motivations, elles les expliquent en complément de splendides images, beautés réelles et charnues. Charnues comme les vagues, charnues comme la houle, charnues comme de vraies femmes, loin des clichés anorexiques d’ordinaire portés pour vendre quelque vêtement sans âme.
De grands noms au service d’une cause noble
Si ces femmes parlent et témoignent de leur passion, c’est pour délivrer un double message au sein de cet ouvrage. De front, elles soutiennent la voix de l’océan, militent pour la préservation et le respect de cet écosystème si vulnérable qui anime leurs feux sacrés. En tant que femmes, elles forcent le respect dû à toutes celles et à tous ceux qui ont osé. Osé aller dans la vague, oser saisir cette chance dont Séréna Lutton dit “Dans la vie, la seule chance qu’on a est celle qu’on se donne”.
En définitive, ce ne sont pas 36 portraits de 36 femmes ou de 36 surfeuses, que nous propose ce beau livre, touchant et captivant de Carolina Amell. Au delà du genre et des clmichés, ce sont 36 portraits d’êtres humains qui entretiennent en commun une passion.
Brillante Magazine ne pouvait pas faire l’impasse. Pour commémorer les 35 ans de la mort de Simone de Beauvoir, nous vous proposons de redécouvrir la vie et l’œuvre du « castor » qui nous inspira toutes.
Héritage, d’une mère, d’une grand-mère… On a toutes quelque chose de Simone ! Elisabeth Badinter revient dans une conférence donnée en 2001 à la BnF sur la vie et la personnalité complexe de celle qui l’a tant influencée. On évalue souvent les écrits de Simone de Beauvoir à l’aune de sa vie privée, et inversement : les deux sont indissociables, et l’autrice revendiquait elle-même avoir fait de sa vie une œuvre, et de son œuvre un fondement pour la libération des femmes. Car ses livres seuls n’auraient pas eu un tel pouvoir de mobilisation : c’est, selon Elisabeth Badinter, le livre illustré par la vie de son autrice, telle qu’elle nous l’a donnée à voir, et sa fameuse “exigence de vérité”, qui ont porté le premier coup mortel à l’idéologie patriarcale.
La rencontre d’une vie La rencontre entre la jeune Simone de Beauvoir et celui qui deviendra le compagnon d’une vie, Jean-Paul Sartre, a lieu en 1928 dans la chambre de Sartre, alors que les jeunes gens se réunissaient entre étudiants pour préparer l’oral de l’agrégation de philosophie : “Les petits camarades m’attendaient le lundi matin à la Cité universitaire ; ils comptaient sur moi pour travailler Leibniz.” (Mémoires d’une jeune fille rangée) Elle écrira après coup dans son journal : “C’est alors que tout a commencé.” La relation unique qu’ils entretiennent jusqu’à la mort de Sartre est faite de passions littéraires et philosophiques, de liberté totale dans le choix de leurs engagements comme de leurs amours “contingentes”, ainsi que de la promesse de vérité et de transparence qui les lient l’un à l’autre.
Le Deuxième sexe, un livre qui fait scandale à sa publication Considéré aujourd’hui comme une œuvre fondatrice, l’essai Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir a déchaîné les passions lors de sa publication chez Gallimard en 1949. Attaqué de toutes parts dans la presse, à gauche comme à droite, il ne trouve que quelques voix pour le défendre, comme celle de Colette Audry dans Combat ou de Maurice Nadeau dans Le Mercure de France.
“En fait les femmes elles sont plus fortes que les hommes parce qu’elles s’occupent de plus de choses que les hommes comme la cuisine ou s’occuper des enfants.Vu qu’en fait les femmes elles peuvent faire les mêmes métiers que les hommes comme “répareur” des voitures et tous les métiers de la terre car les hommes sont pareils que les femmes“. Sixtine 6 ans Continuons la transmission. A nos filles, nos sœurs, nos petites filles qui deviendront à leur tour comme nous toutes .. des Simone !