Mélissa Carlier propose un documentaire anti-tabous sur les règles qui explore les multiples facettes du Flux Libre Instinctif.
En France, environ 15,5 millions de femmes de 15 à 50 ans sont concernées par les menstruations. Malheureusement, encore aujourd’hui, et ce, depuis des siècles, cet évènement qui concerne les femmes près de 450 fois dans leur vie, est vécu dans l’ignorance, le tabou, la souffrance… Mais depuis quelques années, un nouveau paradigme est en train d’éclore comme en témoignent des milliers de femmes partout dans le monde. “La Révolution Menstruelle” dévoile au grand jour cette nouvelle vision. Ce documentaire de la réalisatrice Mélissa Carlier permet de découvrir une nouvelle approche des menstruations, où les femmes sont en pleine capacité de ressentir et libérer leur sang directement aux toilettes, en se réappropriant leur corps.
Une capacité connue sous le nom de Flux Libre Instinctif et qui semble impacter de manière inattendue la vie de ces femmes. L’expression « flux libre instinctif » apparaît pour la première fois en 2012 à l’initiative de Léna Abi Chaker. Cette méthode est originaire des États-Unis. Elle connait un essor en France sur internet en 2015 via des blogs ou des chaînes YouTube.
Le but de ce projet ? Oser bousculer les croyances sur les menstruations et les capacités inexploitées du corps en découvrant les recherches et les témoignages de ces femmes pour qui ce phénomène a changé leur vie.
“À travers de documentaire, j’aimerais pour la première fois transmettre l’essence même de ce nouveau paradigme où les femmes ne vivent plus leurs menstruations comme un fardeau, mais comme un cadeau.” explique la réalisatrice Mélissa Carlier.
Et si finalement tout pouvait être autrement ? Il y a urgence à prendre conscience de ce phénomène : aujourd’hui encore, les menstruations font littéralement souffrir les femmes du monde entier.
Les chiffres sont éloquents :
– Une femme sur trois dit s’être déjà fait humilier à cause de ses règles (Étude IFOP 2021) ; – 57 % des femmes disent ne jamais avoir eu d’enseignement formel à ce sujet ; – 69 % des femmes se sont déjà retrouvé en situation de précarité menstruelle ; – 21 500 € : c’est le coût engendré par les menstruations dans la vie d’une femme.
En bref, le tabou des règles laisse les femmes dans l’ignorance, la précarité et les difficultés financières. Une situation qui n’est pourtant pas une fatalité, à condition de démocratiser les connaissances autour du flux libre instinctif, cet art de gérer ses menstruations sans serviettes ni tampons. Car oui, il est possible d’apprendre à libérer le flux menstruel directement aux toilettes ! Ainsi, depuis 2017, plus de 800 femmes en France ont été accompagnées pour reconquérir leur capacité naturelle de continence menstruelle. C’est avec succès que chacune d’entre elles a mis en place cette nouvelle vision.
L’éducation menstruelle : la première étape de tout changement
Parce que « le savoir c’est le pouvoir », il est absolument fondamental de transmettre la connaissance précise et juste du fonctionnement du corps de la femme, du cycle menstruel et des menstruations pour permettre à chacune d’agir en conscience dans ses choix. Mais surtout de comprendre, de se réapproprier son propre corps et ne plus le subir. À travers des témoignages de pratiquantes, de spécialistes et la propre histoire de la réalisatrice, ce documentaire invite la spectatrice à prendre conscience de sa propre manière dont elle perçoit ses menstruations pour finalement se libérer de conditionnements inhibants, et tendre vers une profonde libération.
“Loin d’être un nouveau dogme pour la femme, le flux libre instinctif n’est autre qu’une réconciliation avec notre corps de femme. Il est donc important que cette information soit accessible au maximum d’entre elles.“ Déjà demandé au sein des écoles pour l’éducation menstruelle de nos jeunes, ou encore dans des milieux où la précarité menstruelle fait ravage, ce sujet reste par ailleurs d’utilité publique.
Cette création originale est à découvrir sur la plateforme On.Suzane à partir du 6 juin. L’avant-première aura lieu le 23 mai à 20 h en présence de la réalisatrice et de l’équipe au MK2 nation Paris.
Lancée ce week-end, l’expo-spectacle 24H DE LA VIE D’UNE FEMME est installée pour 6 semaines aux Docks des Suds à Marseille. Cette performance artistique unique est l’occasion de sensibiliser le grand public à la problématique des droits des femmes, victimes des plus graves injustices à travers le monde.
UNE EXPÉRIENCE IMMERSIVE À LA DÉCOUVERTE DE FEMMES INSPIRANTES
Basée sur des histoires vraies, l’exposition-spectacle dresse les parcours de vie de 6 femmes originaires de 6 pays du monde : Kurdistan iranien, Guinée, Guatemala, Nigéria, Inde et France. Originalité du concept à la croisée du théâtre et du jeu de rôle : les visiteurs sont invités à se glisser dans la peau de l’une de ces six héroïnes afin de vivre 4 actes déterminants dans leur existence, en interaction avec des comédiens et équipés de casques audio. De l’enfance à la vie d’adulte, ces femmes ont dû faire face à des injustices liées à leur condition féminine : violences sexistes et sexuelles, discriminations, exploitation, mariages et grossesses précoces… Mais loin d’être victimes de leur destin, animées d’une résilience et d’une force de vie remarquables, elles se sont relevées puis mobilisées pour aider d’autres femmes et faire évoluer les systèmes en place.
SENSIBILISER « AUTREMENT » LE GRAND PUBLIC
Par sa dimension immersive et participative, cette exposition-spectacle contribue à éveiller les consciences, à donner envie de s’informer, voire de s’engager. Le projet s’inscrit également dans une démarche pédagogique à destination du jeune public (à partir de 10 ans), avec des séances dédiées en semaine pour les scolaires et le week-end pour les familles.
AOUDA, JUANITA, VANDANA, ABI, MARIE ET SHAYDA : 6 FEMMES RÉSILIENTES ET MILITANTES
o Aouda : née à Conakry en Guinée, Aouda est issue d’un mariage désapprouvé par les familles. A 9 ans, elle est emmenée par ses tantes paternelles au village et subit une excision. A 14 ans, Aouda créé le club des jeunes filles de Guinée pour dénoncer avec courage la pratique de l’excision, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.
o Juanita : issue d’une famille nombreuse et aimante appartenant au peuple Mam, communauté indigène des hauts plateaux de l’ouest du Guatemala, Juanita voit sa vie basculer à l’âge de 8 ans avec l’arrivée au pouvoir du dictateur Rios Montt, en 1982. La spoliation des terres et l’expropriation des peuples autochtones se déroulent alors impunément au profit de multinationales complices. Après des années de traque sans merci, à 15 ans, Juanita entre dans la guérilla.
o Vandana Shiva : troisième fille d’un couple indien, Vandana Shiva grandit au cœur des montagnes de l’Himalaya. Elle fait des études brillantes en sciences et obtient un doctorat au Canada. De retour en Inde, Vandana Shiva dénonce haut et fort les effets dévastateurs de l’extraction minière, des OGM et du brevetage du vivant orchestré par les multinationales, au détriment des populations locales.
o Abi : fille d’une mère nigériane qui n’enfante pas du fils attendu, Abi subit la violence d’un père qui se remarie et relègue son premier foyer au second plan. Constamment vilipendée par la deuxième épouse, Abi et sa sœur se retrouvent, à 16 ans, à la rue. Abi envisage alors de tenter le rêve de l’Europe ! Après 8 mois de traversée de l’enfer en Libye, Abi survit miraculeusement à l’épreuve de la Méditerranée.
o Marie : au cœur du Jura, Marie grandit dans la nature, avec pour passion la danse. Enfant unique, elle effectue des études brillantes et entre à l’école normale supérieure à Paris, en géologie. Mais sa rencontre avec un jeune homme fait basculer sa vie dans un enfer pavé de violences psychologiques qui iront crescendo. S’ensuivent 7 années d’humiliations et d’isolement vécues en silence dont elle parviendra à s’extraire in extremis.
o Shayda : fille d’un père imam à Sanandaj au Kurdistan iranien, Shayda affronte son père dès son plus jeune âge pour obtenir l’autorisation de dessiner et de peindre. Elle défie à 13 ans son autorité et fait une fugue à Téhéran. Rattrapée par ses oncles qui la traduisent devant un conseil familial, elle échappe de peu à la mort.
ADRESSE Dock des Suds 12 Rue Urbain V 13002 Marseille
OUVERTURE Du 06/04 au 20/05/2023. Fermé samedi et dimanche. Du mardi au vendredi à partir de 9h, départ de visite toutes les 15 minutes. Chaque séance peut accueillir 15 à 20 personnes. Choisissez la date et l’horaire de votre visite, et découvrez, sur place, quelle femme vous allez incarner.
TARIFS Tarif unique : à partir de 8 € (Tarif libre à partir de 8 € Scolaires 6 €).
Depuis plus d’une dizaine d’années maintenant, des solutions chirurgicales plus ou moins invasives sont proposées aux malades atteints d’obésité. Ces méthodes offrent une solution mécanique à une pathologie complexe qui mêle à la fois des soucis hormonaux, psychologiques, alimentaires et comportementaux. Loin des clichés du summer body, voyage au cœur des malades du surpoids.
Savez-vous comment perdre 20, 30, 40 ou 80 kilos en quelques semaines seulement ?
L’auteur en 2014
Le même auteur, en 2016
La méthode existe, elle est simple. Elle consiste à rendre inopérante une portion importante de votre intestin (environ 1,50 mètre pour un by-pass gastrique). Ou encore de réduire la taille de votre estomac à celle d’un pot de yaourt. Définitives et ultimes, ces méthodes sont efficaces. Sur le court terme, il n’y a pas de choix, le corps se trouve chamboulé, la malabsorption – dans le cas du by-pass – ou la sensation rapide de satiété – dans le cas de la sleeve gastrectomie – feront disparaître les kilos en trop comme neige au soleil.
Reconnaissance du statut de maladie
Le surpoids, l’embonpoint, les kilos en trop … Longtemps, notamment en France, être rond a été synonyme de bien-être et de confort matériel. Notre culture judéo-chrétienne autant que gastronomique nous a amenés à honorer la nourriture. “Termine ton assiette”, “Il vaut mieux faire envie que pitié”, “Un gros c’est gentil”. Toutes ces injonctions au poids ont fixé l’image d’Epinal du gros heureux, bien portant, fortuné et qui a réussi, depuis des centaines sinon des milliers d’années.
Il aura fallu attendre les années quatre-vingt-dix pour que le surpoids soit d’abord vu comme vecteur de maladies. Atteintes cardiaques, articulaires, perte d’autonomie. C’est d’abord par les conséquences que les pouvoirs publics ont abordé la question. Il s’agissait de réduire le poids pour qu’il ne pose plus de problèmes. Donc la santé physique uniquement.
L’évolution du regard médical sur le poids aura fait que d’une conséquence, l’obésité est devenue une cause à traiter. Sont apparus alors des régimes tous plus inutiles les uns que les autres. Dukan, hyper ceci ou hypo cela, protéiques, à faible indice glycémique, les marchands de bonne santé en tube auront tout essayé pour faire maigrir la population. Avec, le plus souvent, un vrai succès, à court terme. Les premiers kilos facilement perdus – aux alentours de la dizaine – il fallait s’attaquer au fond des choses.
Les malades stagnent sur la balance avec seulement ces quelques dizaines de milliers de grammes en moins sur la balance et des centaines d’euros en moins sur le compte en banque, abandonnent la méthode miracle. Le corps se venge et, là où dix kilos ont été perdus, il en reprend vingt, au cas où.
Le mode famine de notre organisme
C’est la découverte de ce mécanisme dit du mode “famine” qui aura été déclencheur des évolutions spectaculaires des chirurgies bariatriques. L’organisme humain sait s’adapter aux petites quantités d’aliment. Lorsque peu de nourriture lui est fournie, il apprend à stocker ce qui lui servira pour survivre. D’où la stabilisation rapide du poids après les premiers kilos perdus (l’âge d’or de la perte de poids dure environ 2 ans) et une reprise rapide et importante des kilos lors du retour à une alimentation conventionnelle.
Ce mode famine est un des résultats des disettes qui ont, autrefois, frappé l’espèce humaine. Les années “sans” (mauvaises récoltes, maladies dans les troupeaux…), les corps de nos ancêtres se satisfaisaient de ce qui leur était donné pour survivre.
La différence majeure avec la période actuelle est que nous sommes entrés dans une ère de disponibilité alimentaire quasi-permanente. Les fast-foods comme certains restaurants traditionnels sont de plus en plus souvent ouverts 24 / 24, nos réfrigérateurs sont pleins de victuailles et l’industrie alimentaire a su nous offrir des aliments toujours plus riches en goût, donc en nutriments pas toujours sans conséquences sur notre santé. La disponibilité de nourriture, le plus souvent de la junk food, est rendue presque instantanée avec des solutions de livraison à domicile de hamburgers, de pizzas et autres aliments riches en calories là où il fallait, avant, faire l’effort – aussi minime soit-il – de se déplacer au restaurant.
Le sucre, désigné ennemi numéro un, a détrôné le sel dans la composition de notre alimentation. Le gras est venu apporter moelleux et longueur en bouche. Les édulcorants donnent bonne conscience et maintiennent l’appétence pour la douceur ingurgitée.
Et le cycle s’entretient, se répète et engendre des prises de poids lentes mais insidieuses.
L’obésité, qu’on qualifie de morbide, de faible ou de simple, est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. Cet indice correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m. Inconvénient de l’IMC, sa valeur n’est significative que pour la personne concernée par la mesure. En effet, elle ne fait pas de distinction entre le poids du muscle, celui des os et celui de la masse grasse que comporte l’organisme du sujet.
L’OMS estime que, depuis 1975, le nombre de malades de l’obésité a été multiplié par trois. En trente ans, 650 millions de personnes – dix fois la population française approximativement – sont touchées par cet état. Parmi eux, 38 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en surpoids ou obèses.
Les conséquences de l’obésité sont connues. Maladies coronariennes, cardiaques, articulaires, dépression, cancers ne sont que quelques-uns des résultats les plus visibles des maladies qui touchent les gros.
La reconnaissance de l’obésité en tant que maladie remonte au début des années 2000. Jusqu’alors, elle n’était vue que comme une conséquence de la suralimentation et du manque d’activité physique. Jamais, avant cette période, personne ne se posait la question des causes de la maladie en elle-même.
Traiter la conséquence en ignorant la cause
Mauvaise éducation alimentaire, traumatismes du jeune âge, hérédité, pauvreté sont autant d’axes de travail que la santé a pris en main. Et ces dix dernières années, les solutions à base de chirurgie sont devenues les seules méthodes de prise en charge des malades. Omettant au passage, le plus souvent, les autres aspects. Il fallait répondre à la prise de poids avec une méthode qui apporte des résultats rapides.
En omettant les autres causes de la maladie, les acteurs de la santé préparaient les patients à une désillusion violente. Ne traiter ni l’aspect psychologique ni l’aspect social revient à dire aux malades qu’on leur propose une solution qui va les amener rapidement dans un nouveau corps. Avec de nouvelles habitudes, de nouveaux vêtements (que certains ne pourront pas se payer), de nouveaux médicaments à prendre à vie (dont la majorité n’est pas prise en charge par le système de santé), de nouveaux réflexes à acquérir… Tout cela après 24 ou 48 heures passées à l’hôpital.
Le sport et l’activité physique sont une solution “miracle” pour l’entourage médical comme proche
Et en quelques mois seulement.
La perte de poids est un traumatisme
La diminution rapide du poids affiché sur la balance est une récompense énorme pour le gros. “Enfin” pense-t-il. Enfin, effectivement, il rejoint la normalité. Il retourne dans la moyenne, parfois un peu trop bas d’ailleurs. Il peut, donc, se permettre de cesser tous les régimes qu’il a testés, les pilules miracles et autres astuces vestimentaires. Le gros ne l’est plus. L’humain qui se cachait dans ce corps trop lourd, trop encombrant, trop gras n’existe plus. Il faut, à 30, 40, 50 ou 70 ans découvrir un nouveau soi-même. Un nouveau style. Une nouvelle dimension corporelle. Le gros doit, en quelques mois, réaliser le travail de toute une vie.
Pendant que l’aspect change, la personnalité évolue. Le caractère du gros change aussi. Il n’a plus besoin d’être un “passe-partout”, il a aujourd’hui droit au chapitre et il doit apprendre à équilibrer ses interventions.
S’il est en couple, dans plus de la moitié des cas il divorcera car la cellule qui existait était fondée sur un état qui a disparu. Et l’autre, qui n’a pas perdu le poids, n’a pas suivi le rythme rapide des bouleversements que connaît le malade.
Le traumatisme de la perte de poids est une violence inouïe trop souvent oubliée dans les brochures qui proposent ces traitements chirurgicaux.
Redécouvrir son image
L’ex-gros aura tendance à devenir autocentré. Il se prend souvent en photo, demande l’avis des autres sur son apparence. Il s’essaye à de nouveaux styles vestimentaires, de nouveaux sports, de nouvelles pratiques de vie, qu’elles soient de couple ou extraconjugales.
Le rapport à la nouvelle image passe par une sur-exposition à soi-même, à la recherche d’une nouvelle identité
La découverte de l’image est un plaisir jusqu’au jour où l’ancien obèse découvre que ce corps, si longtemps haï, a été déformé par la chirurgie réalisée. La peau du ventre qui tombe, les cuisses qui n’ont plus de fermeté. Les paupières décharnées. Et le froid, la découverte du froid, dont la couche de graisse précédemment présente isolait.
Le poids perdu engendre une déformation de la peau
Ce sont les premiers désagréments qui apparaissent après quelques mois. La pression sociale existe toujours, car le monde n’a pas changé sauf dans le corps du gros. Le “Reprends en un petit peu, tu peux te le permettre” a remplacé le “Je comprends, tu fais attention à ton poids”. Ni l’une, ni l’autre de ces invectives ne sont gentilles ni compatissantes. Elles sont, l’une comme l’autre, les stigmates d’un système basé sur la consommation à outrance. Et l’ancien ennemi de la balance accepte ces injonctions à faire “comme tout le monde”. Manger comme tout le monde, reprendre une part de gâteau. Ajouter un peu de mayonnaise dans les frites. Boire un petit peu plus sucré qu’avant.
L’apprentissage d’une nouvelle alimentation est nécessaire
Le cerveau gagne toujours la bataille
Insidieusement, le cerveau a compris qu’il ne recevait plus autant de calories qu’il en avait reçues des années durant. Il active alors le mode famine auquel il ajoute une intelligence impressionnante d’analyse.
Chacun sait qu’il y a plus de calories, à volume égal, dans de la salade verte que dans des frites. Que pensez-vous que le cerveau favorise et demandera à la main d’appréhender ?
Il est particulièrement difficile d’expliquer, pour un gros, cette réaction. Car il ne la contrôle pas. Il ne s’agit pas d’une question de volonté – en déplaise aux nutritionnistes – ou de manque de sérieux. C’est le parcours de vie, les raisons qui ont amené l’enfant, l’adolescent qu’était l’adulte gros qui sont à traiter, pas son poids instantané.
La bataille entre le gros et son cerveau est longue et périlleuse. S’il n’est pas accompagné, s’il n’a pas les alliés nécessaires, psychiatres notamment, il est certain de perdre la partie.
Les traumatismes de l’enfance, le vécu, les messages véhiculés par la famille, par les médias, par l’école comme par les amis conditionnent, c’est aujourd’hui une certitude, l’adulte en devenir. La génération en cours est le fruit des enfants de la seconde guerre mondiale. Ces enfants ont connu le manque de nourriture et ont transporté avec eux – cela se comprend sans aucune difficulté – les valeurs que le conflit leur a imposées. C’est donc tout naturellement que nos parents nous ont enseigné cette vénération de la nourriture. Ajoutez des facteurs génétiques évidents (certains stockent plus que d’autres, c’est ainsi), une propension psychologique à créer ce que certains appelleront un coussin, une ceinture ou une muraille entre le gros et les autres. Vous aurez confectionné le gâteau de l’obésité.
Un Combat quotidien
Peu importent les injonctions des médecins, des nutritionnistes ou des chirurgiens après les opérations. Une fois que la machine à reprendre du poids a été enclenchée, rien ne peut en arrêter la marche, sinon comprendre ce dont le malade de l’obésité se protège.
Et accepter que ce combat, au cours de chaque repas, ne soit peut-être finalement qu’une maladie physique.
Ghislaine Gallenga est une chercheuse, professeure des Universités à Aix Marseille Université, Ethnologue, Anthropologue et travaille au sein d’une UMR (Unité Mixte de Recherche du CNRS) à l’IDEMEC (Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative).
Sa spécialisation en tant qu’anthropologue est celle du changement. En s’immergeant dans le poste de travail des sujets de son étude, Ghislaine Gallenga se met “à la place de ceux dont elle parle”. Ainsi, pour ce qui a trait à l’obésité, est-elle en train de préparer un BTS de Diététique, pour avoir le regard d’un nutritionniste sur la question.
Aussi étonnant que cela puisse sembler, aborder le regard sur le gros – l’obésité est l’appellation médicale du surpoids – sous l’angle du changement nécessite de prendre en compte le fait que la prise, comme la perte, de poids est un changement majeur du corps, pour celui qui le porte (“le gros”) comme pour celles et ceux (“la société”) qui l’entourent.
Cette approche, qu’on pourrait résumer par “être gros est un changement”, Ghislaine Gallenga la travaille en regardant, c’est son métier d’anthropologue qui le veut, le passé et le présent. Elle ne saurait prédire l’avenir, même si certaines réalités sont bel et bien visibles, notamment en ce qui concerne la paupérisation des classes les plus pauvres face à la nourriture.
Economiste de formation, Ghislaine Gallenga apporte sur l’analyse anthropologique dans la cité le regard de l’économiste, mettant en rapport l’entreprise, le sujet et l’environnement dans le commun, pour amener des propositions de politiques publiques qui visent à minimiser les impacts de l’obésité sur la santé.
Enfin, comme elle l’explique elle-même, Madame Gallenga travaille plus sur “le corps gros que sur l’obésité, qui est une définition médicale”.
Qu’est-ce que l’obésité ?
L’obésité est, selon Ghislaine Gallenga, une construction sociale et historique qui s’est installée au fur et à mesure du temps. Il aura fallu attendre 1997 pour que l’Organisation Mondiale de la Santé considère l’obésité comme une maladie et ce n’est qu’en 2000 que c’est devenu une épidémie.
Le catalyseur long a été le renversement récent des perceptions autour de l’obésité.
Au moyen-âge, le manque de nourriture encensait les corps gras et gros, signes de bienséance
Ghislaine Gallenga explique les épisodes de l’histoire du corps gros en se basant sur l’historien Georges Vigarello : “Au Moyen Âge, le corps gros est valorisé car il est synonyme de richesse et d’abondance. En effet, à cette époque, seules les personnes aisées avaient accès à de la nourriture convenable. Etre gros, alors, constituait le marqueur social d’une certaine réussite, d’un statut. A la renaissance, la société prend conscience que les gros ne peuvent faire certaines choses, essoufflement, manque de mobilité, morbidité plus importante commencent à entrer dans les esprits comme étant des conséquences de ces corps gros. Et, au XIXe siècle, les compagnies d’assurances mettent en place le principe de l’Indice de Masse Corporelle pour établir des statistiques de mortalité des personnes à couvrir.”
Pour autant, c’est en 1701 que l’obésité est définie dans le champ médical.
Maladie de civilisation
“On pourrait parler de maladie de civilisation” poursuit la chercheuse “due en effet à une alimentation trop grasse et sucrée. Mais c’est un raccourci insuffisant car l’obésité est plurifactorielle, elle renvoie systématiquement sur la mollesse, le laisser-aller, le non-contrôle. Sa présence rappelle la nécessité, l’injonction presque à la maîtrise du corps et de l’ensemble. Il faut être l’entrepreneur du soi, gouverner et diriger son corps. La société demande dynamisme et vitesse, elle est bâtie contre la sédentarité.”
Aujourd’hui, les employeurs sont sensibilisés à la grossophobie car beaucoup de travail a été mis en place pour contrer les discriminations. “Néanmoins” poursuit-elle “Certaines entreprises ont installé des salles de sport, on y transpose le dynamisme sportif sur le dynamisme professionnel. D’une manière générale, on pense que le gros est responsable de cet état.”
En elle-même, l’obésité n’a pas de coût. Ce sont les comorbidités (articulations, diabète, maladies cardiovasculaires …) qui représentent un coût pour la société. Par la faute de l’anormalité du gros, il coûte de l’argent à la société, il demeure montré du doigt en tant que victime et auteur de son état.
Pourquoi devient-on obèse ?
“On ne devient pas obèse” ajoute l’anthropologue “il faut un diagnostic d’obésité pour que la personne concernée accepte son état.” Avec une vision qu’il faut élargir au-delà de notre prisme d’Ouest-européens. Dans certaines régions (notamment au Maghreb), l’embonpoint est encore bien vu. Ou encore, en Mauritanie, le gavage des femmes, pour qu’elles prennent du poids, est encore pratiqué.
Le niveau social n’est pas un indicateur fiable de l’approche de l’obésité, c’est le niveau de vie qui tend à montrer que l’obésité est dominante dans les classes basses de la société.
Politiques publiques et lobbys
“Les individus sont aujourd’hui soumis à des doubles contraintes et des injonctions paradoxales, il faut à la fois consommer et être mince, donc dans la décroissance. Les politiques publiques (la “taxe soda” par exemple) se heurtent à l’opposition dure des lobbys dans une société néolibérale qui travaille, dès l’enfance, à formater et créer le goût et des appétences pour le sucré ou le gras.“
“Le regard sur l’obésité masculine est plus violent que le regard sur l’obésité féminine, même si elle est mieux tolérée, car on questionne la masculinité à travers la nourriture. Bien manger, c’est pour les hommes forts et costauds. “
Le porno connaît aussi sa tendance “feeders” qui veut que la femme ne soit qu’un corps récipiendaire d’une quantité énorme de nourriture.
Enfin, les “fat acceptance“ laissent penser que la prise de poids est une prise de pouvoir sur son propre corps et donc d’un succès.
L’obésité est peuplée d’idées contre-intuitives
Les Troubles du Comportement Alimentaires, le plus souvent à l’origine de l’obésité, sont aujourd’hui identifiés dans leur mécanisme, addiction, circuit de récompenses.
Dire qu’il faut “bouger, faire des régimes … C’est grossophobe et discriminatoire” pour la spécialiste.
“Bouge toi et tu perdras du poids”, ou comment culpabiliser un enfant dés sa prime enfance dans la gestion de sa nutrition. (Wikipedia/Wsiegmund)
Les chirurgies de l’obésité sont un “mieux que rien” mais, seules, elles ne suffisent pas. “Il est impératif qu’un suivi global soit mis en place avant, pendant et après la perte de poids. Sans quoi, passé la période de lune de miel d’environ deux années au cours de laquelle la perte de poids est presque automatique, les addictions vont revenir. Le plus souvent à la nourriture, car c’est la plus facile à obtenir, mais souvent aussi à d’autres activités qui vont de nouveau donner au cerveau sa dose de plaisir. C’est alors que le jeu, l’alcoolisme, l’orthorexie ou les drogues ont leur chance de s’imposer” ajoute Ghislaine Gallenga.
Un nombre important de bouleversements se produisent dans la vie des opérés, on connaît une augmentation des cas de divorces, tentatives de suicide, dépressions nerveuses. Les personnes qui subissent des opérations de l’obésité restent des “obèses minces” toute leur vie, explique-t-elle.
La nostalgie de l’âge d’or
“Longtemps encore après l’opération et la perte de poids, l’ex-obèse conservera certains réflexes comme le réglage du siège de voiture, la taille des vêtements … Et une fois qu’il aura terminé la période de lune de miel va s’installer la nostalgie de l’âge d’or. Le besoin de retrouver l’équilibre qui préexistait avant l’opération, quand l’obésité était présente.”
Si vous faisiez ne serait-ce qu’un effort pour perdre ce ventre !
Le voilà, le fameux marronnier du printemps. Mesdames, Mesdemoiselles et souvent Messieurs, vous êtes gros, bien trop gros.
Grosses et grosses, faites un effort. Mangez de la salade de chou arrosée de jus détox et, croix de bois, croix de fer, vous entrerez dans du 34.
Voilà l’été
L’injonction saisonnière à préparer l’été pour exhiber un beau corps sur la plage, doré à souhait, en pleine forme et en pleine santé entre en jeu.
Vous êtes, nous sommes, responsables en intégralité de notre corps. Si nous prenons du poids, c’est par notre faute. Si nous en perdons, c’est grâce aux régimes que magazines, publicités et autres nous recommandent.
De l’hyperconsommation alimentaire à l’hyperconsommation pour se désalimenter ne sortira jamais qu’une seule chose, une prise perpétuelle de poids, incontrôlée et de plus en plus incontrôlable.
J’aperçois le soleil
Devinez au bénéfice de qui ?
Ce dossier sur l’obésité vous montrera, par les exemples et les interventions de spécialistes ce qu’est cette maladie (car c’en est une) et quels sont les effets pervers de ces régimes aléatoires dans une société où l’efficacité, l’agilité, le self-control et l’arrogance ont pris le pas.
Et les dieux sont ravis
Prêts pour votre body somme mort ?
Bon été, avec Brillante Magazine, le premier qui ne vous conseillera jamais de maigrir !
Comme chaque année, la chasse au Summer body est ouverte … méfiance (Flickr/We Are Social)
Les solutions pour accompagner le traitement de l’obésité par voie chirurgicale sont de deux grandes familles. Les sleeves gastrectomies proposent de réduire volume et forme de l’estomac. Les Bypass gastriques, eux, opèrent en empêchant l’absorption par le corps de certains nutriments qui ont amené à la prise de poids.
Comme le rappellent les médecines anciennes, le corps est une machine formidable basée sur de nombreux équilibres. Ces équilibres sont nutritionnels, psychologiques, sociaux et endocriniens.
Cécile Betry est médecin spécialisée et chercheuse en nutrition. Elle alerte sur les dangers des régimes amaigrissants, qui sont à risque de perte de muscle et de développement de troubles du comportement alimentaire. Ses travaux de recherche portent actuellement sur la mesure de la masse musculaire grâce à des méthodes innovantes (intelligence artificielle et données massives en santé) afin d’optimiser le diagnostic de la dénutrition et de la sarcopénie. Elle a également publié des articles sur la chirurgie bariatrique et ses complications.
Elle mène des recherches dans les domaines annexes à l’obésité, la diabétologie, la nutrition et l’endocrinologie, en plus de sa pratique hospitalière et de son titre de Maître de conférences des universités.
Rares complications alimentaires
Dans son travail sur la dénutrition, Cécile Betry explique “il y a peu de complications à proprement parler alimentaires. La plupart des patients comprennent bien la nécessité de modifier son alimentation car la mécanique interne a évolué. Le geste opératoire en lui-même est maîtrisé aujourd’hui, et les cas de sténoses ou de fistules sont rares.”
Cependant, comme l’explique l’enseignante, “les complications de la chirurgie bariatrique sont parfois découvertes sous un angle neurologique ou psychiatrique. Souvent éloignées de l’acte chirurgical en lui-même de durées qui peuvent se compter en années.” Ce qui rend leur détection et le lien de causalité bien plus compliqué à établir pour des médecins généralistes qui n’ont pas été formés, dans leurs cursus, aux problématiques de chirurgie bariatrique. Le taux de patience en “errance médicale”, est supérieur chez les personnes opérées que chez les personnes qui ne le sont pas.
Là où les choses se compliquent, c’est que “le suivi postopératoire n’était pas valorisé par la sécurité sociale jusqu’à maintenant, ce qui est en train de changer. Alors que le suivi préopératoire était imposé par la sécurité sociale. Le patient candidat à une chirurgie de l’obésité doit rencontrer de nombreux spécialistes avant que ne soit octroyé le feu vert de l’opération.” ajoute Cécile Betry.
Accès compliqué et démotivant ?
“L’accès à la chirurgie bariatrique est assez compliqué d’accès” commence la spécialiste. “En moyenne 3 à 6 mois avant la première consultation avec un médecin pour ce sujet en particulier, avec un parcours total qui s’étale sur environ 18 mois. Ce temps préopératoire est extrêmement profitable au patient pour commencer les rééquilibrages alimentaires avant le coup de bistouri.” continue-t-elle.
Comme partout sur le territoire, des inégalités existent. Il est aujourd’hui bien plus rapide et simple de se faire opérer à Lyon qu’à Paris, selon les associations de patients.
Chirurgie bariatrique et accompagnement psychologique
L’obésité est une maladie complexe, personne ne sait expliquer pourquoi certaines personnes deviennent obèses et d’autres pas, à alimentation similaire.
“On évoque souvent des traumas dans les histoires de vie” selon la spécialiste qui voit là “une réponse simple à une question complexe.”
C’est l’un des objectifs du parcours préopératoire que de comprendre pour quelle raison la personne a pris du poids. Déterminer les comportements obésogènes comme les mal-être.
Un avant et surtout un après
“La détection des addictions est l’un des aspects les plus complexes” selon la spécialiste. La nourriture peut être utilisée à visée réconfortante. “Et si on ne peut plus utiliser la nourriture dans ce cadre-là, report d’addiction avec augmentation du risque alcoolique, y compris à large distance de la chirurgie.” conclut-elle.
La psychiatrie de ville apporte un soutien et une écoute aux patients, que les soignants hospitaliers n’ont plus le temps d’offrir. “Souvent, la problématique de l’alimentation est peu abordée par les psychiatres. Les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) font peur à la fois au corpus psychiatrique et au corpus généralistes car ils présentent des implications borderline entre les deux domaines. On retrouve donc des patients qui n’obtiennent de réponse ni d’un côté, ni de l’autre, après leurs chirurgies.”
Le patient idéal de la chirurgie bariatrique ?
Selon la chercheuse, le corps n’est pas fait pour perdre du poids. Certaines personnes ont pris du poids à un moment de leur vie pour différentes raisons identifiables (repas d’affaires, traditions familiales …) et ont un poids stabilisé, sans trauma persistant ni identifié. Ces personnes sont les candidats parfaits à une chirurgie qui sera l’outil qu’il manquait à leur gestion du surpoids. “Mais ils ne sont pas la majorité des opérés” , ajoute-t-elle.
Quid de la déformation des corps ?
Dans de nombreux cas d’opérations, les patients conservent une insatisfaction de leur corps. On assiste à de nombreuses difficultés de perception de l’image corporelle par rapport aux attendus parfois non exprimés ou, pire, fantasmés. La réappropriation du corps est une chose, le manque ou l’absence d’imagination du corps à venir en est une autre. Et la médecine ne sait pas accompagner vers cette transformation, par nature incontrôlable a priori.
Mettons-nous au summer body !
“Par chance” commence le médecin, “le rééquilibrage alimentaire prend aujourd’hui un peu le pas sur les régimes miracles. On peut cependant perdre du poids très rapidement, c’est possible, c’est ce à quoi on assiste d’ailleurs lorsque des patients sont en réanimation ou hospitalisés pour une longue durée. Ce poids est toujours repris lorsqu’il est perdu sous la contrainte, car le cerveau a une mémoire du corps précédent et va envoyer des messages pour retrouver le corps précédent, celui de la fin d’automne !”
L’image et l’injonction à la minceur existent toujours, seule les méthodes évoluent (Flickr/orangemania)
Surtout “en perdant du poids rapidement, on perd muscle et graisse. Ce qui conditionne la survie de l’espèce, c’est la quantité de muscles. Le cerveau va envoyer des messages pour reprendre du muscle. Et on va reprendre du gras avant de reprendre du muscle.” conclut l’enseignante.
Valeur et signification de l’IMC
“Cet indice a été défini par les compagnies d’assurances pour estimer le risque des personnes couvertes. C’est une approximation en médecine. On a besoin d’être capable d’estimer la quantité de muscles d’un patient. L’obésité se définit donc sur une approximation. Attention, ce n’est pas un mauvais indice, il n’indique pas le risque d’obésité pour une personne donnée” explique l’endocrinologie qui ajoute “l’obésité peut être métaboliquement saine. Certaines personnes sont en “bonne santé” en ayant un IMC important.”
“Le vrai calcul doit se baser sur l’évaluation de la quantité de muscles, la quantité et la localisation de la masse grasse. Graisse viscérale dangereuse, tout comme la graisse aux cuisses et hanches.” explique la spécialiste. Mais, encore une fois, ceci n’est que généralité, chaque personne est différente, et quelque bourrelet ne signifie pas une obésité ni un IMC anormal.
La culture culinaire en question
On a pour coutume de dire qu’en France “on mange bien, bon et gras”. C’est, selon ce qu’explique la spécialiste relativement faux.
La tradition culinaire française n’est pas mauvaise en elle-même (Flickr/Paull Young)
“Le mode de vie à la française c’est le côté gourmet et ce n’est pas en faveur de l’obésité. C’est prendre du plaisir à manger. On est à l’écoute de faim, de satiété. Quand on n’a plus faim, on n’a plus faim, c’est ce que permet la structure de nos repas. Entrée légère, plat, fromage et ou dessert viennent apporter la quantité censément nécessaire d’aliments et de nutriments à notre corps pour être en bonne santé.
Le danger apparaît lorsque se met en place ce qu’on appelle la faim hédonique. On ne mange alors plus par faim mais par envie. Ce n’est plus l’estomac qui crie famine, mais le cerveau” ajoute la chercheuse qui insiste sur le fait qu’il existe une “controverse quant au fait que les produits gras transformés pourraient engendrer de l’obésité, amenant à une situation dans laquelle la nourriture ne comble pas, ne comble plus, la faim.”
Et après l’opération ?
Les lendemains ne sont pas tous sombres pour les personnes qui ont connu une chirurgie bariatrique. “Si un certain nombre d’études montrent des patients perdus de vue, on sait aujourd’hui qu’il y a moins de mortalité chez les opérés que chez les non opérés.” complète la spécialiste.
Une difficulté existe néanmoins, les messages de refus de chirurgie sont de plus en plus difficiles à entendre par les patients qui voudraient du “fast-régime” sur commande.
Quel avenir pour nos enfants dans ce monde de gros ?
Le Body Summer n’est ni une bonne idée, ni un objectif. Les différents spécialistes rencontrés, les échanges et les témoignages rappellent tous que l’équilibrage alimentaire est, à l’instar des mathématiques ou de l’histoire de France, une notion à appréhender dès l’enfance pour créer des adultes qui consommeront de l’alimentation en conscience et en connaissance de leurs besoins.
S’alimenter mieux s’apprend et, y compris dans des périodes de forte augmentation des prix comme nous la connaissons actuellement. Un kilo de haricots verts, en conserve comme frais, ne coûte pas plus cher qu’un repas au fast-food du coin. S’il ne s’agit surtout pas de priver de l’un au bénéfice de l’autre, il s’agit de répartir en conscience les occurrences de l’ensemble des apports alimentaires qui composent notre assiette.
Abandonnez, abandonnons cette idée du Body Summer et du corps parfait. Car il n’existe pas, car les corps sont tous différents et aucun n’est difforme. Car se maltraiter pendant 3 semaines est la garantie de mettre en place une machine mortifère et génératrice de prise de poids et qui, en bout de chaîne, ne servira qu’à enrichir les marchands de régimes.
Manger bien et manger sain, c’est aussi respecter le rythme biologique des saisons. Si les tomates, les courgettes et autres cucurbitacées poussent en été, c’est pour nous apporter l’eau dont nous pouvons avoir besoin à cette saison.
Les arbres à hamburgers poussent toute l’année, il est peut-être temps de se poser les bonnes questions …
Interprété par un trio de femmes et d’artistes uniques, « Laissons parler les hommes » est le premier titre du projet « F3MMES », créé à l’initiative du célèbre auteur-compositeur Jean-Paul Dréau.
F3MMES c’est l’union de trois femmes libres et affirmées qui ont décidé de pousser un cri du cœur pour toutes ces femmes silencieuses qui vivent sous la domination des lois patriarcales.
Leurs voix réunies sont devenues le cri et l’essentielle émotion d’une chanson, Laissons parler les hommes, sortie le 8 mars.
A travers une mélodie et un clip poignants, Katell Sandrine et Siam chantent à l’unisson avec puissance et émotions afin de rendre hommage à toutes les femmes dans le monde qui n’ont pas le droit de s’exprimer librement.
Sortie le 8 MARS : Une ode à toutes les femmes dans le monde
« d’Africa ou d’Asie, je suis comme elles… sauf qu’ici je fais ce que je veux, je fais ce que j’aime »
« LE SILENCE EST LE CRI DE LA PLUPART DES FEMMES ».
La génèse du projet
“Katell, Sandrine, Siam… Je les connais depuis longtemps, car ma passion pour les voix me les a fait découvrir lors d’auditions et de séances pour la création d’un spectacle.” raconte Jean-Paul Dréau, auteur-compositeur et producteur.
“Dès la première écoute, leur talent naturel, la sincérité de leur discours et leur attitude vocale m’ont bouleversé.
Leur bon sens, leur implication de chaque jour dans leur vie si normale, leur vécu, leur histoire, ont fini par définitivement me séduire et m’ont donné l’envie de leur écrire une chanson.
Le déclic se fit à la suite d’un reportage télé parlant de l’Afghanistan et sur le sort épouvantable des femmes dans ce pays.
C’est à cet instant que j’ai écrit « Laissons Parler Les Hommes » qui est juste un cri du cœur.
« Femmes »… Elles m’ont offert leur passion, leur voix, leur force pour aboutir ce projet.
Elles sont ce que le cœur du monde a de plus beau pour s’exprimer.
Elles sont toutes les femmes belles et magiques, uniques et indispensables. “
Jean-Paul Dréau a composé de nombreuses chansons à succès telles que « Tout doucement » chanté par Bibie, repris en 2002 dans la série “Les Sopranos” et en 2003 dans le film avec Gad ElMaleh “Chouchou”,
« Le coup d’soleil », « pour elle », « au clair de tes silences », etc… par Richard Cocciante,
« J’veux d’la tendresse », interprétée par Elton John (Nobody wins pour le monde).
Il a co-écrit les textes de l’album Bulles, Radio, Tam tam, Je t’aime, etc…pour Michel Polnareff.
KATELL
“Fille de parents franco-néerlandais, chante, interprète et danse depuis sa plus tendre enfance les chansons des années 80 à sa façon.
C’est à l’école, autour de ses 9 ans, qu’on lui demande d’apprendre le texte d’Amsterdam de Jacques Brel, et là, tout se déclenche… Elle sera artiste, c’est une évidence.
Katell mettra tout en œuvre pour y arriver, auditions, castings TV, chœurs de séances, puis un spectacle mêlant les répertoires de Piaf, Brel, Aznavour, ainsi que ses propres œuvres, ce qui aboutira à son premier EP.
Tout est passion chez elle, la photo, les voyages « découverte » au bout du monde, c’est un véritable globe-trotter, Katell est toujours ailleurs, mais toujours là. Elle se balade dans son histoire comme dans un rêve…
C’est au cours d’une audition qu’elle m’a envoûté. Son expérience, sa couleur musicale, son talent, sont un précieux cadeau. “
SANDRINE
“Née proche des vignes bordelaises, et ayant grandi dans la musique grâce à son Papa, musicien et magicien de scène, Sandrine est très vite, dès l’âge de quatre ans, passionnée par les chanteuses et les chanteurs. Elle sait déjà qu’elle fera partie du monde du spectacle.
Le chant pour elle n’est pas juste un plaisir, c’est une vraie passion qui ne la quittera jamais. Être sur scène est devenu son équilibre… Les comédies musicales n’ont aucun secret pour elle… Elle en est folle.
Elle va développer son art grâce à son père qui l’accompagne souvent au piano lors des spectacles et fêtes de villages alentour. S’ensuivront plusieurs spectacles la propulsant sur scène avec sa voix si envoûtante pour interpréter tout un répertoire, du jazz aux musiques du monde. Mais surtout Sandrine traverse toujours l’univers qu’elle aime en chansons, et cela n’a pas de prix…
Aujourd’hui le parcours de Sandrine est celui d’une artiste complète, assumée et unique. Sa voix, sa superbe sonorité vocale m’ont séduit dès la première écoute.”
SIAM
“Joli bouchon lyonnais, une licence de psychologie en poche, Siam est tour à tour, infirmière, puis choriste, car avant tout elle a une passion débordante pour le chant.
Choriste pour Phil Collins, Saya, Laurent Voulzy, Christophe Willem, etc… Elle enchaîne piano-bars, les orchestres de province, une vraie vie d’artiste quoi…
Un parcours étrange qui lui a appris le travail et l’humilité.
Aujourd’hui grâce à sa voix exceptionnelle, Siam a créé une section chant au sein d’une association, et donne des cours dans une école de musique, car transmettre c’est aussi sa devise…
Je l’ai rencontrée au cours d’une audition, et elle m’a fracassé. L’originalité de sa voix si particulière et si juste dans l’interprétation, son allure déterminée m’ont bouleversé.
Tout cela fait d’elle une magnifique artiste.”
Libres et affirmées, elles chantent pour toutes celles qui ne le sont pas.
En 2023, combiner vie de famille et carrière est encore source de charge mentale pour les femmes en entreprise. Une étude menée par Capterra en janvier 2023 auprès d’un panel de 1013 participants, dont 499 femmes et 517 hommes, montre que la charge mentale liée à la combinaison de la vie professionnelle et familiale est toujours un défi pour les femmes en entreprise.
Bien que des avancées aient été réalisées pour permettre aux femmes d’accéder à une égalité professionnelle, des obstacles subsistent, notamment la difficulté de concilier vie de famille et carrière professionnelle.
Sur l’ensemble des employées interrogées, 78% des femmes partagent l’opinion qu’il est encore difficile pour une femme active de conciler vie professionnelle et familiale. . De plus, 60% des employées mères de famille ont affirmé que s’occuper de leur famille générait une charge mentale pesante.
Alors que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de connaître des interruptions de carrière liées à la famille, la question de la conciliation entre vie professionnelle et familiale reste un enjeu majeur pour les entreprises souhaitant promouvoir l’égalité des sexes. Bien que des mesures juridiques aient été mises en place, il reste encore beaucoup à faire pour permettre aux femmes d’associer sphère privée et professionnelle sans ressentir de stress supplémentaire.
La conciliation des responsabilités professionnelles et familiales, un défi pour 60% des employées des mères de famille
La conciliation des responsabilités professionnelles et familiales est une difficulté bien présente dans le quotidien des femmes actives : 60% des employées qui sont également des mères de famille disent ressentir une charge mentale supplémentaire quant à la gestion de leur vie professionnelle et parentale. L’arrivée d’un enfant est un exemple majeur de changement pour
les femmes, nécessitant une réorganisation de leur emploi du temps professionnel, en particulier lorsqu’elles prennent un congé de maternité.
Bien que 63% des mères ayant annoncé leur grossesse sur leur lieu de travail actuel n’aient ressenti aucune inquiétude quant à leur carrière professionnelle, 38% d’entre elles ont tout de même été préoccupées par les conséquences potentielles de cette nouvelle sur leur travail: 11% affirment avoir été “assez’ voire même très préoccupées pour 27 % d’entre elles.
Outre le stress potentiel lié à la prise d’un congé de maternité et à la reprise du travail avec l’accumulation de tâches à gérer, la parentalité ajoute une responsabilité permanente supplémentaire dans la vie quotidienne des femmes. De fait, 50 % des mères de familles jugent comme “plutôt difficile” (42 %) voire “très difficile” ( 8 %) d’équilibrer responsabilité parentale et vie professionnelle, quand 40 % des hommes interrogés l’estime comme “plutôt difficile” (38 %) à “très difficile” (2 %).
Quel rôle pour les entreprises ?
Selon notre étude, les parents de sexe féminin semblent désavantagés par les nouveaux modes de travail. Bien que 78 % des employés travaillant en mode hybride ou à distance affirment qu’il est facile de séparer travail et vie privée, certains salariés considèrent que ce mode de travail affecte leur équilibre professionnel et personnel.
Les femmes semblent être plus touchées que les hommes, 31 % d’entre elles ayant des difficultés à séparer vie professionnelle et vie privée, contre seulement 15 % des hommes.
Les femmes travaillant selon ces modèles ressentent également plus de stress (42 %) que les hommes (14 %) en conciliant vie professionnelle et obligations parentales.
Bien qu’il ne soit pas de la responsabilité des entreprises d’interférer dans l’équilibre des responsabilités parentales de leurs employés, elles peuvent néanmoins aider les employés ayant des enfants à mieux concilier leurs obligations professionnelles et personnelles. Par exemple, elles peuvent revoir leurs politiques en matière d’objectifs à atteindre en adoptant une échelle mensuelle plutôt que quotidienne ou hebdomadaire afin de réduire le stress lié à une performance quotidienne optimale.
Une autre option envisageable est d’évaluer si le modèle de travail proposé (présentiel, à distance ou hybride) prend en compte les défis quotidiens rencontrés par ces employés.
Une autre action que peut mener une entreprise en faveur de cette catégorie de salarié(e)s est de proposer des aides adaptées. L’étude révèle toutefois que seuls 20 % des parents bénéficient d’aides de leur entreprise, et que 36 % jugent ces aides insuffisantes pour équilibrer leur vie professionnelle et leur vie privée.
En analysant la répartition par sexe des répondants déclarant ne pas avoir accès à une quelconque aide, on constate que les femmes sont majoritaires (60 %) par rapport aux hommes (36 %).
Face à la difficulté d’accès aux infrastructures publiques de garde d’enfants et aux impératifs scolaires, un soutien approprié de la part des entreprises est nécessaire pour permettre aux parents, et surtout aux femmes, d’équilibrer travail et vie familiale.
L’importance de privilégier la santé mentale au travail
Favoriser le bien-être physique et mental des employés devrait être une priorité pour les entreprises, mais la santé mentale reste souvent négligée. 84 % de l’ensemble des répondants ont déclaré être impactés par un épuisement léger à extrême.
Mais les employés sont-ils à l’aise pour faire valoir l’importance de leur santé mentale au travail ? Un sentiment positif est partagé à cet égard par une majorité d’entre eux se déclarant plutôt à l’aise (32 %), à l’aise ( 27 %), voire très à l’aise (15 %). À l’inverse, ils sont 25 % à déclarer le contraire, certains se décrivant comme assez mal à l’aise (20 %) voire très mal à l’aise (5 %) pour en faire de même. Si une comparaison est effectuée par sexe, on peut constater que les hommes sont souvent plus à l’aise que les femmes sur ce sujet.
Pour faire face aux difficultés rencontrées par les employées quant à leur santé mentale, qu’ils soient parents ou non, une solution est disponible : les encourager à prendre un temps de repos dès que ceci s’avère nécessaire. Cependant, seulement 38 % des répondants disent pouvoir en bénéficier. Encore une fois, les inégalités entre les sexes sont présentes puisque 41% des répondants qui ont pu avoir accès à ce bénéfice sont des hommes et 35 % des femmes.
Considérer le bien-être physique et mental de leurs employés au-delà de leurs performance, et ce, quelle que soit leur situation familiale ou leur sexe, est d’une importance cruaicle pour les entreprises. Lorsque ce facteur est favorisé, ipeut conduire à un engagement accru, quand à l’inverse, une absence de considération peut entraîner des conséquences négatives telles que l’absentéisme et la démotivation. Outre ces risques, négliger ce facteur peut même contribuer à accentuer des disparités présentes entre les deux sexes, notre étude indiquant le défi majeur que représente celui d’équilibrer vie professionnelle et personnelle, pour les femmes, et en particulier, celles qui font le choix d’une vie de famille.
Méthodologie
Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en janvier 2023 auprèsde 1013 employés, dont 499 femmes et 514 hommes.
Le panel a été sélectionné selon les critères suivants :
● Réside en France
● Âgé(e) de 18 à 65 ans
● S’étant défini(e) comme appartenant en tant que femme ou homme
● Employé(e)s à temps plein, à temps partiel ou en congé parental
● Travaillant dans une entreprise de 1 à plus de 10 000 employés
Avec Jas Kayser, batterie, compositions Jamie Leeming, guitare Joao Caetano, percussions et Daisy George, contrebasse
Jeudi 9 mars 20h Miramas
Théâtre La Colonne – Scènes et Cinés
Formée à Berklee (Boston), découverte de l’année Jazz FM en 2021, la jeune batteuse Jas Kayser, figure montante de la scène jazz britannique sera présente pour son unique date dans le sud de la France jeudi 9 mars à 20h au Théâtre La Colonne à Miramas dans le cadre de La Semaine des droits des Femmes.
Au-delà de sa vision artistique, Jas Kayser est une artiste prenant à cœur son rôle social, et intervient notamment aux côtés de « Women In Jazz » pour faire évoluer les représentations autour des femmes instrumentistes dans le jazz.
Déjà vue aux côtés de Shabaka Hutchings, Jorja Smith, Nubya Garcia, et même de Lenny Kravitz, la batteuse Jas Kayser est l’une des figures montantes de la scène britannique.
Exploratrice des rythmes et des styles, elle parvient sur son premier album « 5ive » à combiner une palette internationale de sonorités, distillée sous le filtre du jazz britannique actuel. Entre arrangements de jazz méditatifs et fusions afrobeat, elle entraine son public dans une musique tantôt lancinante, tantôt dansante.
Jas-Kayser – Crédit : I-AM-JOHANNES
En partenariat avec Scènes et cinés, Brillante Magazine vous offre deux fois deux places pour assister au concert de jeudi 9 mars 2023 à 20h au Théâtre de La colonne de Miramas.
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Tirage le 7 mars.
Née à Paris il y a quelques dizaines d’années, Caroline Madjar est issue d’une famille de journalistes. Elle exerce aujourd’hui en tant que rédactrice en chef chez Cover Media, depuis Londres. Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, sera disponible en librairies le 24 février 2023.
Le métier de journaliste a pour particularité, notamment, d’obliger le rédacteur à la vérité, seule et unique. Le travestissement, la déformation ou encore la manipulation de cette vérité est une faute, grave, qui remettrait fondamentalement en cause l’éthique personnelle de l’auteur de ces changements. C’est aussi ce qui fait que le public, les lecteurs, accorde ou non sa confiance à un média ou à un autre.
C’est donc depuis la capitale Britannique qu’elle a accepté de nous parler. Non pas de son métier. Enfin si, mais d’une facette bien fréquente mais rarement assumée par les journalistes, la brûlante envie de pouvoir raconter une histoire façonnée de toutes pièces.
Le regard du hérisson, de Caroline Madjar
Habituée à parler des stars et de musique – des sujets bien plus profonds et en prise avec la société que le simple côté show-business qu’on imagine – Caroline est une multipassionnée, un peu touche à tout, comme les gosses des années quatre-vingt qui ont vu défiler sous leurs yeux tant d’évolutions et de révolutions qu’ils ont une soif de tout essayer. C’est ainsi que, parmi ses cordes, la journaliste explique “Parfois, je passe des disques, à l’ancienne, qui craquent et qui sautent.” Pour parler des mix qu’elle prend plaisir dans quelques pubs londoniens.
Parler des stars sans fard
Pour Caroline, “parler des stars, ce n’est pas que le côté jet-set bling-bling. J’aime informer, quel que soit le sujet et si, aujourd’hui, on parle plus facilement de l’endométriose par exemple, c’est parce que certaines vedettes telles que la chanteuse Lory s’est exprimée publiquement à ce sujet. Encore, Kim Kardashian ne fait pas qu’une émission de télé réalité, elle milite aussi pour une réforme de la justice carcérale aux États-Unis“.
Et parce qu’elle aime mots et lettres, la rédactrice en chef s’est lancée dans l’écriture de son premier roman. Il sort le 24 février et s’appelle “Le regard du Hérisson“. Le raccourci serait facile de se dire qu’en faisant marcher les relations, un journaliste un petit peu connu a toutes les portes ouvertes pour faire un roman et puis voilà. C’est l’inverse qu’a vécu Caroline Madjar qui explique “Un livre demeure un produit de consommation et l’éditeur a besoin de gagner de l’argent pour faire fonctionner son entreprise, au même titre que le libraire. Informer c’est un métier, écrire des livres, je ne le vois pas comme un métier. Je voulais créer mon univers et mon sujet. Les possibles sont infinis dans les romans, mais il y a une nécessité de sens, de codes et des impératifs éditoriaux différents de la presse“.
Pourquoi créer une dystopie quand on en a assez dans l’assiette ?
Le roman Le regard du Hérisson est un roman réaliste. A mille lieux de la tendance dystopique actuelle (à croire que l’actualité est si vide et creuse qu’il faut inventer les choses), le premier roman de mon amie – car je vous dois cette vérité – Caroline est réaliste dans sa forme. Il démarre sur un crime dans le quartier des Batignolles à Paris, se poursuit dans le Londres de Camden pour s’achever à l’île d’Yeu. “Les rues, les bars, les pubs et les paysages que je décris existent réellement” insiste l’autrice, “je n’ai rien eu à inventer. Les lecteurs pourront, s’ils en ont envie, aller retrouver les lieux dont je parle, car ils sont réels” explique celle à qui Anne Rice a donné envie d’aller découvrir la Louisiane.
Le Dublin Castle, pub Lodonien
Dans son livre, Caroline Madjar met des morceaux d’elle-même. La musique a une large place, la gastronomie aussi.
Un crime, whatelse ?
Pour faire simple, deux femmes ont été retrouvées tuées dans le quartier des Batignolles, affreusement mutilées par un tueur qui leur volait les yeux. C’est sur cette base que démarre le roman de Caroline. La commissaire enquête, les rideaux s’écartent comme pour mieux voir celui ou celle qui est le tueur ou, pire, qui sera la prochaine victime. Hélène, une libraire, déterminée à relancer le commerce de son père, refuse la peur et continue son œuvre quotidienne. Survient un troisième homicide et, alors, les plans de tous les protagonistes sont bouleversés. Absolument tous.
Il faut lire les 320 pages de ce roman pour comprendre toute l’histoire. Se laisser partir sur de fausses pistes. Se perdre et faire demi-tour dans des chemins de campagne, jusqu’à obtenir la vérité. Pas avant.
Un livre à l’ère des réseaux sociaux ?
Caroline aurait pu, comme cela a déjà été fait, publier un blog en ligne avec ses textes, éventuellement payant. Ce faisant elle aurait sans doute brûlé une étape cruciale, la relation presque charnelle qu’il peut exister entre un lecteur et un livre.
C’est en militante que l’habituée des réseaux sociaux (son compte Instagram @caromadjar et son site https://carolinemadjar.com/ sont ses outils du quotidien) a choisi de passer par une maison d’édition, par des libraires et par du vrai papier pour sortir son ouvrage. Et aussi pour se prouver, comme si c’était nécessaire, qu’elle était capable de le faire. Capable de sortir un bouquin, se faire conseiller, apprendre, être corrigée, relue, critiquée jusqu’à l’épreuve finale, le “Bon à Tirer” ferme et définitif.
Elle a peur, Caroline. Mais c’est trop tard, aléa jacta est. Le sort est jeté, le livre est déjà arrivé dans les points de vente. Le regard du Hérisson, qu’il soit ou non un succès littéraire (il n’y a pas de raison qu’il ne le soit pas) est et restera le livre qu’elle a écrit.
“Aller à la rencontre des gens qui ont voulu venir à la rencontre de mon livre“
Pour la suite, Caroline aimerait “aller rencontrer celles et ceux qui sont venus rencontrer son livre. Ou même ceux qui se seraient amusés à sur les lieux que je cite, ce serait très drôle“. En tout cas, c’est bel et bien de l’humain, du concret, sans chatbot ni intelligence artificielle qu’espère l’autrice.
“Je voudrais que mon livre voyage. Il y a des lieux précis où se passe l’action. Tu lis un livre pour voyager, si ça te donne envie de découvrir un lieu, c’est bien.” Ajoute-t-elle, fière et timide à la fois. Fière qu’au moins une personne, au sein de la Maison “Auteurs du Monde” ait apprécié sa plume. Timide, car on ne se refait pas.
Lorsqu’on lui parle de la suite du regard du Hérisson, c’est avec l’éclat des passionnés dans l’œil que Caroline Madjar répond “Le tome 2 est prêt, peut-être.”
L’objectif, à court terme, de Caroline Madjar, simplissime “Aller à la rencontre de mes lecteurs. Ça me fait peur et c’est attractif. Tu écris pour être lu et aller à la rencontre des gens qui t’ont lu. C’est comme un rêve éveillé en somme !“
Souhaitons à Caroline Madjar que Le Regard du Hérisson soit – il le sera – un succès de librairie et qu’il donnera envie à ses nombreuses lectrices et lecteurs d’aller s’accouder au “3 pièces cuisine” de croiser Amy Winehouse et les Gallagher au “Dublin Castle” avant d’aller regarder rentrer les pêcheurs à Port Joinville.
De vrais lieux cités
Le Regard du Hérisson, aux éditions “Auteurs du Monde”, dans toutes les librairies dès le 24 février 2023. En Attendant, n’hésitez pas une seconde à suivre Caro sur Instagram (@caromadjar) et la découvrir un petit peu plus sur son site https://carolinemadjar.com/.
Caroline est avant tout une belle personne, possédant sa propre personnalité, ses goûts et ses opinions.
Elle possède un réel talent de journaliste et c’est seule, à force d’échecs et de succès qu’elle est devenue, aujourd’hui celle qu’elle est.
Ce livre, son premier livre, est comme elle, brillant, fougueux et explosif !
La Fondation L’Oréal, en partenariat avec la Commission nationale française pour l’UNESCO et l’Académie des sciences, ouvrent l’appel à candidature de l’édition 2023 du programme Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science.
Créé en 2007, ce programme a pour objet de révéler et récompenser de jeunes chercheuses talentueuses. Au total, 370 jeunes femmes ont bénéficié d’une dotation L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science.
Cette année encore, la Fondation L’Oréal remettra 35 dotations en France, dont 5 au minimum seront dédiées à des chercheuses effectuant leurs travaux de recherche dans les Outre-mer.
– d’un montant de 15 000 € chacune à des doctorantes,
– d’un montant de 20 000 € chacune à des post-doctorantes.
Quelques jours après le début de la polémique, les soutiens envoyés via les réseaux sociaux à Clarisse Cremer se multiplient. Charlie Dalin, Sam Davies, Marie Tabarly se sont exprimés sur cette affaire.
La navigatrice de 33 ans s’est exprimé ce jeudi 2 février. « J’ai appris vendredi dernier que Banque Populaire avait finalement décidé de me remplacer. Par leur décision, et malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024 ». La faute à une évolution du règlement qui demande des points à tous les skippers, en se basant sur les milles parcourus à chaque course. Or, elle a donné naissance à une petite fille en 2022.
” Le “Clarisse Gate” n’est que la partie émergée de l’iceberg, il est évident que les femmes ne sont clairement pas au même niveau que les hommes dans ce milieu.” Marie Tabarly, navigatrice
Le président de la Fédération française de voile (FFV) Jean-Luc Denéchau a déploré ce mardi 7 février par une déclaration à l’AFP l’éviction de Clarisse Crémer par Banque Populaire après sa maternité et espère que la navigatrice puisse prendre le départ du prochain Vendée Globe. “Je comprends la colère et la déception de Clarisse Crémer. J’ai donc immédiatement pris contact avec les différentes parties pour trouver une solution à l’image des valeurs que nous défendons toutes et tous et faire en sorte de retrouver Clarisse sur la ligne de départ du Vendée Globe 2024, a t’il expliqué. La fédération est engagée depuis plusieurs années dans un programme de féminisation de notre sport et, dans ce cadre, elle est particulièrement attachée à ce que ses sportives de haut niveau puissent concilier maternité et carrière sportive.“
Clarisse Cremer X Banque populaire – DR.
La navigatrice, installée à Locmiquélic (56), a reçu un énorme soutien, dont celui de la Ministre des sports.
Trois jours après l’annonce de la décision de la Banque populaire d’évincer la skipper du prochain Vendée Globe après sa maternité et un changement de réglementation, le sponsor pourrait revenir sur sa décision. Comme indiqué chez nos confrères du Parisien, RMC Sport confirmait ce week-end que les responsables de la Banque Populaire avaient entamé une réflexion pour revenir sur leur décision et proposer à la navigatrice de prolonger son bail sous les couleurs bleu et blanc.
La journée nationale contre le sexisme s’inscrit depuis plus de 5 ans dans le paysage français. Tout au long de l’année, de nombreuses actions sont menées par les différentes associations féministes et les réseaux professionnels en appui des pouvoirs publics permettant des avancées bien réelles et des prises de conscience de l’aspect systémique du sexisme, même si les écarts persistent et les progrès sont encore trop lents.
Pour cette 6e édition, l’association Ensemble contre le Sexisme bouscule les codes et propose de faire le procès du sexisme en présence d‘Isabelle ROME, ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Procureur.e.s, avocat.e.s, juges seront représenté.e.s par des membres d’Ensemble contre le Sexisme et de grand.e.s témoins.
C’est une façon originale d’aborder les différents thèmes puisque le sexisme se retrouve sur le banc des accusés.
« Notre association travaille en profondeur afin des dégager des thématiques d’une portée sociétale, historique et sociologique. Le fait que nous fédérions de nombreuses associations et collectifs engagés dans des domaines divers nous permet de travailler sur des sujets concrets et de faire des propositions innovantes pour éradiquer le sexisme et libérer les femmes de ce fléau car il reste encore beaucoup à faire » explique Catherine Ladousse, co- présidente d’Ensemble contre le Sexisme.
Les trois grands thèmes 2023 :
Le sexisme tue…
Cette thématique fait écho à la campagne de communication offerte par l’agence Nude à l’association avec pour thème : « Le sexisme tue … ». Le sexisme « tue » les femmes, au sens figuré. Il piétine leur créativité, leurs ambitions, leur liberté et leur désir.
…le talent et la créativité
En matière de création artistique et économique, le sexisme a éliminé, tout au long des âges, les femmes talentueuses, que ce soit dans le domaine du spectacle vivant, de la littérature ou d’autres expressions artistiques, les femmes sont les oubliées de l’Histoire.
Plus encore, dans le secteur du cinéma, les jeunes femmes sont souvent instrumentalisées pour leur corps, alors que les plus de 50 ans rentrent dans un tunnel qui les invisibilise.
Par ailleurs, la création de valeurs par les femmes rencontre de multiples obstacles, dans l’accès aux financements notamment. Les start-up dirigées par des femmes ont 3 fois plus de mal à se faire financer que celles des hommes.
…le désir
Les hommes et les femmes devraient comprendre que le sexisme est un vrai tue-l’amour, un tue-le-désir, qui empêche l’épanouissement des femmes dans leur sexualité.
Pourquoi les hommes ne se mobilisent-ils pas sur le sexisme ?
Si quelques hommes s’impliquent, ils sont encore trop peu nombreux à se mobiliser. Il ne s’agit pas ici de décrire les manifestations du sexisme perpétrées le plus souvent par les hommes mais de voir leurs réactions contemporaines aux actions menées en faveur de l’égalité : sont-ils des alliés ou des fossoyeurs de la lutte contre le sexisme ? Comment les mobiliser aujourd’hui pour lutter ensemble contre les manifestations du sexisme sous toutes ses formes ?
Le sexisme dans les institutions
L’État est loin d’être exemplaire. Les femmes sont souvent invisibles dans la gouvernance et le pouvoir est souvent confisqué par les hommes. Au-delà du sexisme interindividuel, il existe un sexisme institutionnel, souvent invisible et qui présente comme neutres des règles ou pratiques en réalité fondées sur un ethos masculin. De la formation à la prévention, des programmes de lutte contre le sexisme se développent mais pour quels résultats ?
Dans les entreprises privées et publiques comme en politique, il s’agira d’analyser l’impact du sexisme sur le partage du pouvoir et les moyens de l’éliminer.
« La force d’Ensemble contre le Sexisme c’est de jouer collectif pour rendre visible et dénoncer chaque manifestation du sexisme : en entreprise, dans l’orientation, dans la culture, dans la vie quotidienne. Les violences sexistes et sexuelles ne faiblissent pas en France malgré l’urgence et les solutions proposées par les associations féministes et la situation de crise de tous les secteurs, privés comme publics, ne facilitent pas la prise en charge des victimes. Cette année encore, nous combattrons de nombreuses inégalités entre les femmes et les hommes et le verdict sera sans concession… » conclut Yseline Fourtic- Dutarde (co-présidente d’Ensemble contre le Sexisme)
Informations pratiques
Le procès se tiendra en physique ou à distance :
Mercredi 25 janvier 2023 de 14h à 18h
Ministère de la Santé – 20, avenue de Ségur 75007 Paris
Marin Alsop, la chef d’orchestre interprétée par Cate Blanchett dans son dernier film «Tár», a critiqué le projet, affirmant qu’il l’offensait «en tant que femme… en tant que chef d’orchestre… en tant que lesbienne».
Selon nos confrères de Vanity Fair, Cate Blanchett serait déjà pressentie pour un Oscar pour sa performance en tant que Lydia Tár, une chef d’orchestre lesbienne accusée d’être abusive envers les jeunes femmes.
Un certain nombre de téléspectateurs, dont l’écrivain du New York Times Zachary Woolfe, ont repéré des parallèles entre Alsop et Tár, comme le fait qu’elles sont toutes les deux des les protégées de Leonard Bernstein, qu’elles sont toutes les deux lesbiennes, qu’elles sont mariés à des musiciens d’orchestre (avec qui ils ont des enfants) et toutes deux étaient, jusqu’à récemment, les seules femmes à diriger un grand orchestre (Alsop à Baltimore, Tár à l’Orchestre philharmonique de Berlin.)
Dans le premier acte du film, dans une scène dans laquelle Tár est interviewée par l’écrivain new-yorkais Adam Gopnik, elle vérifie même le nom d’Alsop en disant : « En ce qui concerne la question des préjugés sexistes, je n’ai rien à redire. Ni, d’ailleurs, Nathalie Stutzmann, Laurence Equilbey, Marin Alsop ou JoAnn Falletta. Il y avait tellement de femmes incroyables qui sont venues avant nous, des femmes qui ont fait le vrai lifting.
Une différence majeure entre les deux chefs d’orchestre, cependant, est que dans le film de fiction, Tár est accusé d’inconduite sexuelle, un rebondissement qu’Alsop a maintenant qualifié d ‘«offensant».
Marin Alsop – Crédit : Mastrangelo Reino /A2img
“J’ai lu pour la première fois à ce sujet fin août et j’ai été choqué que ce soit la première fois que j’en entende parler“, a déclaré Marin Alsop à propos du film dans une interview au journal britannique Sunday Times. «Tant d’aspects superficiels de ‘Tár’ semblaient correspondre à ma propre vie personnelle. Mais une fois que je l’ai vu, je n’étais plus concernée, j’ai été offensée : j’ai été offensée en tant que femme, j’ai été offensée en tant que chef d’orchestre, j’ai été offensée en tant que lesbienne.“
«Il y a tellement d’hommes – des hommes réels et documentés – sur lesquels ce film aurait pu être basé, mais au lieu de cela, il met une femme dans le rôle mais lui donne tous les attributs de ces hommes. Cela se sent anti-femme. Supposer que les femmes se comporteront de la même manière que les hommes ou deviendront hystériques, folles, folles, c’est perpétuer quelque chose que nous avons déjà vu au cinéma tant de fois auparavant.” continue t’elle.
La créatrice de mode et icône de style britannique Vivienne Westwood est décédée à l’âge de 81 ans. Elle est décédée paisiblement, entourée de sa famille, à son domicile de Londres jeudi, selon un communiqué officiel de sa marque.
Pour les médias, elle était “la grande prêtresse du punk” et la “reine de l’extrême”. Pour le monde de la mode, elle était un personnage chéri qui a dynamisé et repoussé les limites de l’industrie jusqu’à sa mort. Après avoir tournoyé sans culotte pour les photographes après avoir reçu son Ordre de l’Empire britannique de la reine en 1992. En avril 1989, elle a fait la couverture du magazine Tatler, vêtue d’un costume Aquascutum qui, selon elle, était destiné à Margaret Thatcher.
Au fur et à mesure que sa stature grandissait, elle semblait transcender la mode. La jeune femme qui avait méprisé l’establishment britannique en est finalement devenue l’une de ses vedettes, même si elle a gardé ses cheveux teints dans cette teinte orange vif caractéristique.
La longue carrière de Westwood était pleine de contradictions : rebelle de toute une vie mais honorée à plusieurs reprises par la reine Elizabeth II. Elle s’est habillée comme une adolescente même dans la soixantaine et est devenue une fervente partisane de la lutte contre le changement climatique, avertissant de la catastrophe planétaire.
“La mode peut être si ennuyeuse“, a-t-elle déclaré à l’Associated Press après avoir dévoilé l’une de ses nouvelles collections lors d’un défilé en 2010. “J’essaie de trouver autre chose à faire.“
Westwood laisse dans le deuil son deuxième mari, le designer d’origine autrichienne Andreas Kronthaler qui possède une ligne de mode sous sa marque, et deux fils.
Le milieu de la course au large a beau se féminiser de plus en plus, les livres qui traitent du sujet des courses au large font toujours la part belle aux hommes. Ainsi, ce sont plus de 60 % des livres édités sur le sujet, qui sont écrits par des hommes. Rencontre avec une autrice que rien ne prédestinait à présenter sa vision des courses au large.
Charlotte Mery – Tout droits réservés
Savez-vous qui mieux qu’un spécialiste peut parler d’un sujet ? Celle ou celui qui le pratique par passion, au-delà des difficultés, des traditions ou des héritages familiaux qui vous prédestinent dès l’enfance.
Lorsque l’amour s’en mêle
Charlotte Mery est de ceux-là. Née en Mayenne – bien loin de la mer donc – elle est tombée amoureuse d’un beau britannique, ami de l’un de ses cousins, qui avait pour particularité de suivre des études d’architecture navale. Autant dire qu’à l’âge des premiers émois sentimentaux, le raccourci est rapidement fait. Elle a aujourd’hui deux enfants – une fille de 10 mois et un garçon de 2 ans et demi.
C’est à 14 ans que Charlotte découvre le métier d’Architecte Naval, loin de la mer de laquelle elle est déjà éprise. Elle se lance alors dans la navigation nautique pour mettre en place la stratégie qui lui permettra de dessiner des bateaux.
Un parcours de compétitions et de hasards
Inscrite aux championnats de France UNSS de son lycée, elle parcourt les bourses aux équipiers pour trouver des bateaux à bord desquels naviguer de par le globe. Décidément liée au hasard et aux coïncidences, c’est au cours d’une soirée en boîte de nuit qu’elle rencontre la championne de France de 470, Cassandre Blandin, qui, parce qu’elle est grande, lui demande si “des fois, elle n’aurait pas envie de faire du bateau ?”.
Commence alors pour la future autrice une course acharnée à l’apprentissage : “Je naviguais trois jours par semaine et il y avait beaucoup de compétitions, quasiment chaque week-end” explique Charlotte.
Charlotte Mery seule sur le pont de son bateau
Impatiente, c’est elle-même qui le dit, Charlotte achève tant bien que mal ses études puis se lance, en 2017, dans le circuit de la course au large, avec la classique mini-transat. Au fond d’elle, elle sait bien, comme elle l’explique qu’elle “ ne veux pas en faire un métier car le haut niveau apporte beaucoup trop de contraintes sur la vie personnelle.”
Les défis avant le reste
Charlotte recherche de l’aventure et du feeling. En toute chose, elle ne se donne jamais à moitié, y compris en écriture. Son précédent livre, “Le Vendée Globe de Mam” qui explique aux enfants et à ceux qui le sont restés ce qu’est la course au large, elle l’édite elle-même car elle sent qu’elle a des choses à dire mais pas encore de nom pour en attirer un grand de l’édition.
Le Vendée Globe de Mam, premier livre de Charlotte Mery
C’est avec romantisme et humanité que Charlotte se lance, avec le concours des éditions Glénat, dans la rédaction de son second livre “Une histoire des courses au large”. Ainsi qu’elle le dit “Ce livre n’est pas un livre de l’Histoire de la course au large. Il faudrait être bien prétentieux pour parler de l’intégralité des courses existantes tant elles sont nombreuses. Et, surtout, je n’ai pas pratiqué toutes les courses, donc j’ai choisi l’aspect romantique et humain des courses que je connais”.
Et ce romantisme déborde dans la manière que Charlotte Mery a d’écrire. Si la technique et la compétition ne sont jamais très loin, l’humain, les sensations et les désirs des individus sont bien présents à chaque page. C’est ce qui différencie Charlotte de ses confrères auteurs et autrices, elle n’a pas de long CV maritime qui aurait pu déformer son rêve.
Il y a encore de l’humain dans la course au large
En 2022, selon Charlotte : “Il y a toujours autant d’humain et d’humanité dans la course au large, seulement le caractère même de cette humanité a changé. Les skippers sont des compétiteurs, tout est compté, tout est calculé et au service de la performance. Les bateaux sont de plus en plus difficiles à faire marcher.”
Ici s’arrête la comparaison car, parmi ses modèles, Charlotte évoque Tracy Edwards, qui ouvrit la “voix” et la “voie” aux femmes dans le monde des skippers dans les années quatre-vingt-dix.
Tracy Edwards a ouvert la voie de la grande course au large aux femmes (Crédit : Royal & Sunalliance)
Selon Charlotte : “Il y a, aujourd’hui de plus en plus de femmes qui naviguent, c’est presque devenu normal. L’imaginaire collectif (les sponsors, le public…) par contre, n’est pas encore totalement prêt à voir une femme skipper.” Charlotte d’expliquer alors qu’un de ses partenaires s’est étonné devant elle, sans aucune discrétion ni délicatesse qu’une femme puisse faire de la voile, alors même qu’il connaissait l’objet de leur rencontre.
Dans le circuit en lui-même, Charlotte ne rencontre pas de misogynie particulière. “Du moins, pas plus qu’ailleurs”, pondère-t-elle. Entre marins, pas de remarque ni de critiques sexuées.
Ce sont les proches qui, dans son cas, ont eu du mal à se dire qu’une femme était capable. Il faut dire que, venant d’une famille de garçons, Charlotte a dû jouer des coudes pour s’imposer !
Se faire confiance et s’écouter avant tout
Pour Charlotte, la principale qualité dont une femme doit faire preuve, quel que soit son métier : “est de se faire confiance. Elle doit s’écouter et ne pas écouter les autres. Surtout, ne pas porter attention aux commentaires sur les réseaux sociaux. Chacun sait ce qui est bon pour lui ou pour elle. Et personne n’est mieux placé que lui-même pour connaître son propre écosystème.”
Pour l’exemple, Charlotte compare une course au large avec son expérience de la maternité : “Avant l’accouchement, tout le monde nous dit comment faire. On nous explique comment on doit se comporter avec le bébé, comment le tenir et l’éduquer. Devenue Maman; on sent presque instinctivement comment s’y prendre, comment bien faire. Il ne s’agit pas de dire qu’on n’a pas besoin des autres. On a, dans tous les domaines, besoin de soi et de son expérience en premier lieu.”
De l’impossibilité d’être à la fois maman et navigatrice
Dans sa conception à la fois de la maternité et de la navigation, Charlotte ne se projette pas comme menant les deux métiers de front. Elle nous explique donc : “Je navigue dans les livres. Je ne vogue plus, ça ne me manque pas du tout. J’ai énormément skippé pendant une dizaine d’années. J’ai préféré arrêter car je n’envisageais pas d’être maman et navigatrice en même temps, j’admire celles qui y parviennent. Je m’amuserais aujourd’hui plus sur un petit bateau que sur un bateau avec gros équipage.”.
Mais le parfum de l’Iode n’est jamais loin de la plume de Charlotte “On prévoit de partir en famille quand les enfants auront une dizaine d’années pour faire un tour de l’atlantique. En attendant, j’ai d’autres livres en vue, autour de la jeunesse notamment. Et je planche sur un roman qui parlera de la mer, de la course au large et de la place quel a femme y trouve. Ou pas.”
C’est bel et bien l’Humanisme et le Romantisme qui pilotent la vie de Charlotte Mery. Si sa maternité a mis entre parenthèses sa vie maritime, c’est avec des parenthèses douces et confortables et, surtout, choisies et acceptées en toute conscience. Charlotte Mery n’est pas dans le modèle du choix stéréotypé, souvent rencontré par les nouvelles mères, entre leurs carrières et leurs enfants.
Dans un monde positiviste et optimiste à l’extrême, le non semble être devenu une arme de destruction massive. C’est pourtant, en tant qu’enfant, l’une de nos premières réponses à toutes les demandes. Stéphanie Lautecaze propose de retrouver l’usage de ce “Non” trop souvent oublié et pourtant si simple à prononcer !
Stéphanie Lautecaze – Droits réservés
Oui, j’avoue. Et vous aussi d’ailleurs, nous avons le “oui” facile.
Stéphanie lautecaze a 47 ans et habite dans le sud-ouest de la France. Ancienne directrice des ressources humaines de grandes entreprises françaises, dont Veolia, elle a été amenée à fermer trois sites importants, notamment en France.
Dire non, tout simplement
Cette maman d’une petite fille de 5 ans est revenue en France du Liban en 2019. Elle est titulaire d’une licence en psychologie et adepte de la gestalt-thérapie, qu’elle résume par “une approche globale de la personne, de son environnement, son mode de vie, sa position et sa posture.”
La fonction RH est une fonction à Burnout !
De manière pas si surprenante que cela, notre discussion démarre sur un constat que dresse Stéphanie Lautecaze “Les métiers RH, et notamment la direction des ressources humaines, est un métier particulièrement propice au burn-out. Le Directeur des Ressources Humaines, souvent coincé entre des demandes financières d’un côté et humaines de l’autre ne sait pas ou ne sait plus dire non aux uns ni aux autres et prend sur lui les fruits de décisions qui ne sont pas les siennes”.
Selon l’ex-DRH, en France, il y a “6 millions de burn-out chaque année, dont 2.5 Millions de burn-out sévères (qui induiront des difficultés à reprendre le travail un jour). C’est un coût de 80 milliards d’euros dans la santé mentale et pour l’économie du pays” continue-t-elle.
La question qui vient à l’esprit est de tenter de comprendre le cheminement qui a amené Stéphanie Lautecaze à passer de l’autre côté du miroir, passant de la ressource humaine à la relation humaine ?
Elle nous explique “Pour parvenir à accompagner des personnes, il faut avoir vécu. Vécu l’entreprise, vécu la pression, vécu les sensations et vécu le mal-être qui peuvent exister dans les grandes entreprises.” “Je voulais depuis longtemps” poursuit-elle “à la fois accompagner des humains et aller vers l’entreprise.” Sortie d’école de commerce, elle cherche sa voie dans ce dilemme et arrive à la conclusion que la fonction RH est la plus proche de la psychologie pour elle. C’est donc ainsi qu’elle approchera pour la première fois le monde de l’entreprise.
Rapidement peu à l’aise dans ce qu’on lui demandait à l’époque, elle crée plusieurs plateformes (psy, sophrologie, coaching) qui, toutes, tendent à rappeler que l’humain est apte à l’acceptation comme au refus. C’est d’ailleurs un des credo de la plateforme “Je dis Non !”
“Le message le plus compliqué” selon Stéphanie Lautecaze “est à passer aux entreprises. Autoriser les salariés à dire Non, c’est autoriser la remise en cause de la hiérarchie quasi patriarcale en place. Cela passe par une remise en question des échelles de valeur et de compétences dans l’organisation”.
Pourquoi ne dit-on pas non ?
Nous avons peur de décevoir et de nous opposer à la demande de l’autre. “Très souvent, cette crainte est liée à notre histoire et à des croyances que nous avons construites tout au long de notre vie. En entreprise par exemple, si l’un dit non, un autre dira oui et sera mieux vu” explique la coach. C’est d’autant plus présent chez les femmes qu’on a déformées à dire oui très tôt: “Oui pour faire la bise au monsieur”, “oui pour mettre cette jolie robe rose”. Un lavage de cerveau qui démarre dès l’enfance en somme !
L’élan vers le non, vers ce refus, nécessite à la fois soutien et mouvement d’ensemble. “L’exemple inspirant en ce moment de ce qui se masse en Iran en est la preuve flagrante. Les femmes sont nombreuses et sont soutenues par des hommes. C’est à ces deux conditions que le refus peut se mettre en place et, potentiellement, gagner la bataille.”
Le soutien est le premier pilier du “dire non” ajoute la spécialiste qui continue “Il est important de disposer d’une béquille sur laquelle appuyer ce refus en étant certain qu’elle ne cédera pas.”
La déconnexion d’avec soi-même
Selon Stéphanie lautecaze “Il existe une catégorie de personnes qui ne sentent pas qu’elles veulent dire non. Déconnexion d’avec les sensations et les choix, il faut ralentir énormément le rythme et la fréquence des demandes avec ces personnes pour qu’elles aient le temps de sentir ce “non et de le dire” sans culpabilité..
L’absence trop répétée de “non”, et donc l’impact physiologique de cette acceptation presque pathologique sont aujourd’hui connus et reconnus, sur certains cancers notamment. Les malades, inconsciemment, acceptent la maladie comme étant un état contre lequel elles ne peuvent absolument rien, y compris se battre, quand bien même le combat serait perdu d’avance.
Le non et le rapport aux autres, égoïste ?
En opposant un refus, on court le risque d’être taxé d’égoïsme. “Que je préfère appeler égotisme. Etre centré sur soi, sur ce qu’on veut, ce qu’on ne veut pas, ce qui nous fait du mal … “ explique Stéphanie Lautecaze. Cela permet de rappeler que ce “non” n’est pas un mal vis-à-vis de l’autre, mais un bien vis-à-vis de soi.
Il est possible de refuser sans agressivité
Dans ses formations, la spécialiste s’est rendu compte de la nécessité de beaucoup de mises en scène pour aider à aller vers le non. “Il est important de comprendre que colère et violence sont des émotions différentes, qui expriment des choses diamétralement opposées. L’une est la rupture pure et simple de la communication, alors que l’autre est, au contraire, une ouverture de cette communication.”
Le non qui dit oui”, mythe ou réalité ?
“C’est ce que j’appelle l’autoroute.” explique la thérapeute. “Quand on prend l’autoroute, on dit oui par réflexe. Ne voulant pas décevoir l’autre, on ne nous a jamais appris à dire non. C’est une réponse réflexe, pas pensée.” Il est, selon l’expérience de Stéphanie lautecaze, “important aussi d’apprendre à dire non à son thérapeute, à refuser certaines demandes de celui-ci qui peut, volontairement “pousser le curseur très loin. J’ai vu par exemple de thérapeutes demander volontairement des sommes colossales pour un suivi, pour montrer au patient qu’ils auraient dû dire non à ce moment précis, car leur conscience était claire, la somme est trop élevée.”
Comment un homme peut-il différencier le “oui autoroute” du “oui pensé” ?
“La femme qui veut exprimer ce nom doit, rapidement, affirmer au moins physiquement le refus qu’elle oppose à telle ou telle situation ou proposition. Par exemple, en reculant sa chaise de la table, en s’éloignant de ce partenaire, elle marque une distance plus propice à l’expression d’un nom.” “J’ajouterais” explique Stéphanie “qu’en cas d’abus sexuel, la société voit les hommes comme des violeurs par défaut. Il faut plus de justesse et de finesse et que chacun apprenne à prendre le temps, prendre son temps et ne pas céder aux dérapages que la société moderne nous offre.(tinder, meetic …).“
Les outiks modernes, instantanés, sont propices à des oui qui veulent dire non
Les responsabilités, ainsi, sont vues croisées, la femme reprend confiance en elle et en sa capacité, son droit, de refuser quelque chose. Il n’y a pas plus de “méchants hommes” que de “femmes faciles”, simplement un biais cognitif de communication qui a amené les uns à ne plus savoir décoder le non, les autres à ne plus savoir l’exprimer.
La plateforme “Dire non ça s’apprend” ?
“Elle est financée par les entreprises qui y inscrivent leurs salariés.” explique sa fondatrice.
L’Inscription individuelle sur le site jedisnon.fr permet de payer des sessions en ligne avec des thérapeutes.
Nous avons fait le choix de ne travailler qu’avec des thérapeutes qui ont appris à dire non et qui expliquent à leurs futurs patients comment ils ont appris à le faire.
Ensuite, les rendez-vous se font via une interface en ligne, puis les paiements à la séance, au thérapeute directement.
Il n’y a pas de nécessité, pour les personnes en demande d’aide, de s’inscrire pour chercher, trouver ni choisir un thérapeute, ni pour recevoir le lien et pour le paiement à celui-ci. Les tarifs sont ceux fixés par le spécialiste, sans intervention du site..
Et Stéphanie lautecaze de conclure: “Le choix est le maître mot du site et du fonctionnement. Apprendre à faire autrement, selon les contextes, les lieux et les situations pour s’adapter aux messages passés aux personnes en demande.”
Stéphanie Frappart est devenue la première femme à arbitrer un match de la Coupe du monde masculine après avoir été sélectionnée pour prendre en charge l’affrontement crucial de jeudi entre l’Allemagne et le Costa Rica.
La joueuse de 38 ans, a dirigé une équipe entièrement féminine sur le terrain pour le match du Groupe E au stade Al Bayt, avec la Brésilienne Neuza Back et la Mexicaine Karen Diaz Medina choisies comme assistantes.
Stéphanie Frappart est déjà entrée dans l’histoire du tournoi, pusiqu’elle est devenue la première femme officielle d’un match de Coupe du monde masculin alors qu’elle était quatrième officielle pour le match nul et vierge entre le Mexique et la Pologne mardi dernier.
La Fifa a nommé trois femmes arbitres sur sa liste de 36 pour la compétition, avec Salima Mukansanga du Rwanda et Yoshimi Yamashita du Japon également au Qatar.
Il y a également trois femmes parmi les 69 arbitres assistantes : Back, Diaz Medina et Kathryn Nesbitt des États-Unis.
Faire de sa vie un rêve et de son rêve une réalité. Ce mantra aux relents de diabolo menthe, certaines et certains ne font que le répéter.
Certains n’en font qu’une partie de leur CV.
Et d’autres construisent leur vie autour de ce but. C’est le cas d’Elinor Zucchet, qui nous parle de la façon dont elle a concilié rêves de voyage et réalité matérielle de la vie.
Et si vous laissiez tout tomber pour aller vivre votre rêve ? Faire le tour du monde en auto-stop, aller élever des chèvres dans les Andes ou vivre dans une tribu Masaï, nous sommes nombreux à caresser ces envies d’ailleurs et d’autre chose. Force est de constater que, souvent, le quotidien nous rattrape et les factures à payer, les contingences de chaque jour tout comme les obligations – plus ou moins contraintes – de la vie moderne nous font accepter ces sacrifices.
Aventure, vie et galères en vue
Sauf à avoir construit sa vie autour de ces objectifs de liberté et de vie alternative, comme l’a fait Elinor Zucchet, qui partage avec nous son parcours d’aventure, parcours de vie et, parfois, de galère.
Elle a 39 ans aujourd’hui, pas d’enfant et un couple construit avec un autre nomade des temps modernes, c’est depuis Sitges (Espagne) qu’elle nous parle. Elinor a suivi un parcours relativement atypique dès le début de sa scolarité d’adolescente. “Cette passion est née de mon premier voyage à l’étranger en solo.” Explique la voyageuse. “C’était un voyage scolaire à Londres – grand classique – et pendant que les autres passaient leur temps à jouer ou à faire les ados, je ne pouvais m’arrêter de regarder les paysages, les panneaux routiers différents et les habitudes si surprenantes que je découvrais.”
Soutien Familial primordial
L’environnement familial d’Elinor lui permet d’envisager des voyages avec un peu plus d’aisance que les familles moyennes, une chance pour elle qui n’en demande pas plus “J’avais la volonté d’aller aux USA. Le financement du voyage a été découpé en cadeaux de Noël et d’Anniversaire. Je mettais de l’argent de côté pour y parvenir. C’était un investissement familial pas uniquement matériel, j’ai eu avant tout le privilège de naître dans une famille qui a compris l’importance des voyages et des langues dans le développement d’une personnalité.”
En Alaska
Selon la globe-trotteuse, “Le système scolaire français n’étant pas très flexible, j’aurais aimé faire quelque chose au niveau des sciences et de la biologie, donc un domaine scientifique. En parallèle, je voulais étudier les langues, donc un domaine littéraire. C’est malheureusement impossible en France. Je me suis lancée dans du littéraire là où je pense que j’aurais aussi pu m’éclater encore plus dans la biologie animale.” regrette-t-elle.
Sortie du lycée, Elinor part pour 6 mois aux USA où elle rêve de retourner après un stage de surf à 15 ans. “Mes parents ne pouvaient pas payer les frais d’une université aux USA, nous avons trouvé une alternative dans un lycée au sein d’une famille d’accueil. J’ai donc à la fois travaillé et étudié durant ce semestre aux Etats-Unis.”
Revenue des USA, avec un projet plus mûr, Elle se lance, malgré la mauvaise presse d’un certain tourisme de masse qu’elle considère mal géré, dans une formation “Master en European Tourism Management” au sein de l’IUP de Chambéry. Ces études l’amènent à faire des stages en République dominicaine, six mois en suède et six autres mois en Espagne.
Trouver ou créer des opportunités
Etudes terminées, Elinor part s’installer à Barcelone à la recherche d’un boulot, où vivait son amoureux d’alors. Elle trouve aisément un premier travail en tant que réceptionniste dans un hôtel. Elle quitte cet emploi et travaille durant 8 ans pour une agence française de séjour linguistique à l’étranger, gravissant les échelons doucement mais sûrement au sein de la structure.
Le hasard ne faisant rien sans raison, Elinor se blesse gravement dans un accident. Plusieurs mois d’immobilisation, des idées et de l’imaginaire plein la tête. Elle retourne dans un bureau, mais s’y sent trop à l’étroit. A cette époque précovid, le télétravail n’a pas la reconnaissance qu’on lui a donnée aujourd’hui. C’est donc frustrée et en manque de voyages que celle qui pose rarement son sac à dos cherche un moyen de concilier mobilité et revenus financiers.
Elle s’accorde un mois de vacances en Scandinavie, pour faire le point et, surtout, remettre en route sa machine à voyager. “Disposant de pas mal de cordes à mon arc, je me suis penchée sur la traduction et la rédaction web” explique Elinor, consciente que le marché du travail en Espagne lui permettrait, dans tous les cas, de rebondir en cas d’échec.
Une agence suisse de séjours linguistiques contacte Elinor pour travailler avec eux à de la rédaction/ traduction d’articles. Elle permet à cette agence d’apporter un morceau de culture française à son offre.
Établie en tant que Freelance, en 2 ou 3 mois Elinor parvient à vivre correctement de son activité professionnelle, en multipliant les contrats et les petits travaux. C’est après 3 ou 4 années de tout-venant qu’elle a décidé de lever le pied et de devenir un peu plus regardante sur les travaux qu’elle réalise.
Sous les aurores boréales, Elinor et son conjoint à Lofofen
“Aujourd’hui, avec mon conjoint nous sommes devenus des digital nomades qui ont un chez eux. Nous aimons avoir un nid douillet comme les Européens.” ajoute la rédactrice. “Si nous adorons partir, nous aimons autant revenir aussi.”
C’est sans doute sur ce point que la notion de digital nomadisme (la capacité de travailler depuis n’importe quel point du globe) se différencie de l’Amérique du Nord. Jusqu’au COVID, aux Etats Unis, près de 20 % de la population déménage chaque année, contre à peine 10 % des foyers français.
Le Nord ou rien !
La suite est logique. Elinor multiplie les voyages et se focalise sur les régions arctiques. Tombée amoureuse pour la Laponie Suédoise, Elinor change du tout au tout, de son mode de vie à ses destinations de vacances, tout sera teinté d’aurores boréales et de nuit polaire dans sa vie.
“On me traitait de folle lorsque j’allais dans ces régions. Alors qu’il y a une magie et une poésie dans les zones arctiques. On est dans l’apogée du sauvage en Europe. Notre continent est aujourd’hui très développé et peuplé et rares sont les occasions de se retrouver face à soi-même. Et, contrairement aux idées reçues, lorsqu’on est bien équipé, les températures négatives ne sont pas du tout un problème !” termine la voyageuse.
Son étoile du berger, ce sont les aurores boréales et la nuit polaire. “Ces phénomènes inconnus sous nos latitudes trop basses créent des couleurs toujours changeantes. S’il ne fait jamais vraiment ni nuit, ni jour, le ciel se pare en permanence de nouvelles teintes émouvantes. Quant aux aurores, ce sont des manifestations de la magie de l’univers. Des particules, venues du soleil, créent cette danse magique dans la voûte céleste.”
La magie des aurores Boréales comme ici à Finnmark
“La culture scandinave me convient“, ajoute-t-elle. “C’est une fusion permanente avec la nature et, à l’opposé de l’image qu’on en a, si elle est très cosy en hiver, les gens vivent énormément dehors et une vraie vie sociale et de plein air existe dans ces pays froids.“
Avoir plusieurs cordes à son arc
Aujourd’hui, Elinor mixe les métiers ; Rédactrice, elle propose des services de traduction, de tourisme ou encore de photographie des zones visitées. C’est la multiplicité des compétences qui donne à cette femme la sécurité de toujours rebondir. Comme elle l’explique “si un pays entre en crise, il faut savoir partir et ouvrir une autre destination pour toujours être dans le haut de la vague, sans donner l’impression qu’on fuit ce pays mais en offrant une autre de ses compétences, ailleurs” conseille-t-elle aux futurs nomades.
Le COVID a été une vraie leçon pour les entreprises
Selon la travailleuse nomade “Je comprends que les entreprises aient des craintes quand elles n’ont jamais testé le télétravail ni le nomadisme. Mais lorsque de bonnes relations sont en place entre entreprise et salarié, travailler depuis n’importe où n’a aucune importance. Les entreprises devraient établir des objectifs avec les salariés plutôt que de marquer à la culotte chacun, avec la tradition industrielle de la pointeuse à l’entrée de l’usine.”
Pour Elinor, “le moment est idéal pour se lancer dans l’emploi nomade. Les esprits ont été bouleversés par la crise sanitaire et les entreprises ont enfin compris l’impact qu’avaient les déplacements sur la qualité du travail de leurs salariés. Lorsqu’on n’a plus à se soucier de trouver une nourrice, passer des heures de transport en commun ou dans les embouteillages, on est mieux dans son travail et plus efficace.” A condition d’être rigoureux et de savoir ériger les barrières entre vie professionnelle et vie personnelle, évidemment.
Etre une femme ailleurs dans le monde ?
“En tant que femme, je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré beaucoup d’obstacles. J’ai toujours voulu des environnements de travail internationaux. Cela ouvre l’esprit des personnes qu’on rencontre.” explique Elinor. Amenée à travailler tant avec des supérieurs hiérarchiques hommes que femme, la rédactrice a conscience que les personnes qu’elle côtoie sont comme elle, ouvertes d’esprit et en avance de quelques années sur la pensée dominante, ce qui facilite les échanges.
Etre une femme Européenne implique de ne jamais oublier nos privilèges
“Une chose est certaine, dans la majorité des cas, on rencontre des gens bien partout. Il faut juste avoir un peu de bon sens et être prudente où que l’on se trouve. Mais il n’y a pas de mieux ou de moins bien, du moins dans les régions que j’ai pu fréquenter” insiste Elinor.
Responsabilité des écoles
Selon la voyageuse, en France et en Europe du Sud “L’école ne crée pas des esprits assez autonomes pour proposer aux futurs adultes de se faire leurs carrières. Le système scolaire ne laisse pas assez de place pour le think out of the box.” commence-t-elle.
Si on sait aujourd’hui que le système nordique fonctionne, les pays du sud de l’Europe continuent d’appliquer les mêmes recettes. “J’étais très créative en France lorsque j’étais enfant, mais le système scolaire m’a coupé les ailes dans cette créativité. Il suffit de comprendre comment avoir de bonnes notes et d’appliquer la méthode, pas de montrer ce dont on est capables. Dans les pays du nord, la place est laissée à la créativité. Les notes, par exemple, ne sont jamais définitives et une place est laissée à la négociation et la discussion avec les enseignants lorsqu’un élève n’est pas satisfait de la notation obtenue.”
La place des femmes dans le tourisme
Elinor n’a constaté aucune différence de traitement entre hommes et femmes dans les pays du nord où, selon elle “le monde du travail est plus juste et inclusif”. Il n’est que deux pays dans lesquels elle a pu remarquer une choquante différence, Dubaï et certaines îles d’Indonésie. “Par exemple, mon ex-conjoint ne parlait pas anglais à Dubaï et, partout, on m’a ignoré en regardant l’homme, attendant qu’il prenne l’initiative et qu’il pose les questions. A l’hôtel par exemple, nos passeports ont été retenus à la réception. J’ai appelé un grand nombre de fois sans effet là où il a suffi à mon partenaire un seul appel pour que les passeports nous soient restitués.” De là à parler de l’impact religieux, Elinor refuse de passer le pas “On est plus ici dans une question complexe d’éducation, de politique et d’individualités que face à une question religieuse” contraste-t-elle.
Etre une femme en 2022
“Dans nos sociétés occidentales” commence la jeune femme “on n’a pas trop à se plaindre malgré tout. J’ai souvent tendance à me dire qu’il y a nettement pire ailleurs. Ayant voyagé avec notamment des gens venant d’Iran, je me rends compte de la chance que j’ai. Il faut continuer de lutter pour nos libertés mais on a fait des progrès incroyables en peu de temps. On a beaucoup de bonnes choses dans nos pays, il ne faut pas oublier ça. Les réflexes doivent venir autant des hommes que des femmes.” répond Elinor.
Par exemple, la fameuse question des enfants est souvent posée, sans avoir en tête que certains couples ne peuvent tout simplement pas avoir d’enfants. “La blessure peut être douloureuse pour ces personnes” ajoute Elinor.
Après trois décennies d’absence, le Tour de France féminin a fait son grand retour lors de l’édition 2022 et un nouveau nom – fini l’appellation Tour de France féminin – pour suivre un tracé inverse aux hommes et terminer sa course dans les Vosges, au sommet de la Planche des Belles Filles, dimanche 31 juillet.
Le jeudi 27 octobre, Marion Rousse, la directrice de la Grande Boucle féminine, a dévoilé le parcours du Tour de France 2023. Après le nord-est, et comme leurs homologues masculins : place au sud-ouest !
« Toujours plus haut », affirme la directrice de l’épreuve, qui a pu détailler le programme des huit étapes, totalisant une distance de 956 kilomètres et confrontant surtout les championnes à de nouvelles difficultés. Le principe du passage de témoin avec le Tour a été conservé, mais les coureuses se retrouveront cette fois-ci à Clermont-Ferrand pour entamer dans une première séquence la découverte du Massif Central. En fin de semaine c’est la chaîne pyrénéenne qui fera le tri entre les grimpeuses les plus efficaces : la ligne d’arrivée au col du Tourmalet sera l’objectif de toutes les prétendantes au Maillot Jaune. Il faudra encore le défendre le lendemain sur le chrono final de Pau.
Présentation du parcours 2023 : Annemiek van Vleuten, vainqueur du TDFF 2022 et Marion Rousse, Directrice de la course
En rassemblant le peloton à Clermont-Ferrand, l’accent est une fois de plus mis sur le lien entre la course féminine et l’histoire du Tour. Elles ne monteront pas au Puy de Dôme cette fois-ci, mais goûteront dès les premiers jours aux aspérités de la géologie auvergnate : de façon délicate dans la première étape qui ne verra peut-être pas le peloton totalement éparpillé ; puis de manière plus marquée sur la route de Mauriac où elles devront encaisser un dénivelé positif de 2 500 mètres avant de batailler pour le bouquet du jour.
Les sprinteuses auront probablement la parole à Montignac, où se trouve la grotte de Lascaux, mais devraient laisser leur chance sur la plus longue étape de la semaine (177 km), les côtes aveyronnaises se chargeant de sélectionner pour l’arrivée à Rodez les plus résistantes d’une échappée ou les puncheuses les plus tranchantes. L’air des Pyrénées commencera à se faire sentir sur les étapes d’Albi et de Blagnac, mais c’est le week-end venu que les candidates au Maillot Jaune se départageront pour la première fois en haute montagne.
La légende est à nouveau au rendez-vous au col du Tourmalet, où les cyclistes du Tour ont goûté pour la première fois à l’altitude en 1910, à 2115 mètres. La ligne d’arrivée de la septième étape a été tracée cinq mètres plus bas, dans un décor où seules les meilleures grimpeuses du monde peuvent envisager la victoire. Celle qui y parviendra comptera probablement parmi les protagonistes encore en lice sur le contre-la-montre final, empruntant autour de Pau, mais en partie en sens inverse, le parcours sur lequel Julian Alaphilippe avait défendu son Maillot Jaune en 2019.
Créée en 2006, l’association l’Hippocampe s’est donné pour mission d’accompagner l’inclusion des personnes en situation de handicap. Inclusion professionnelle comme sociale, ce sont les outils artistiques et culturels qui sont utilisés.
Mireille Malot est présidente de l’association. Rapporteuse sous le gouvernement de Lionel Jospin d’un document sur l’aide humaine à l’intégration scolaire des élèves handicapés qui aboutira, notamment, à la création de 1 000 postes d’Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS).
Mireille Malot, présidente de l’association Hippocampe
En parallèle, Mireille Malot œuvre au quotidien à ce que les enseignants soient de mieux en mieux formés à l’accueil des élèves en situation de polyhandicaps.
Le festival Regards Croisés, organisé par l’association, se tient chaque année dans la ville qui a vu partir des marins, dont certains en situation de handicap, traverser l’atlantique à bord de gigantesques bateaux, là où certaines entreprises partenaires de ces mêmes bateaux demandent des subventions pour aménager un escalier ou une salle de pause et les rendre accessible aux personnes en situation de handicap.
D’autres priorités sans doute ou politique marketing ?
Une femme discrète et efficace
Quoi qu’il en soit, nous avons voulu faire la connaissance de cette discrète présidente, détentrice de la Légion d’honneur (2021) et de l’ordre national du mérite (2004).
Elle-même maman d’une enfant polyhandicapée (Louise, aujourd’hui âgée de 40 ans), atteinte du syndrome de Rett, elle ne connaît que trop bien dans son quotidien de mère, de militante associative et de femme les difficultés qui parsèment le chemin vers la scolarisation, puis l’emploi des personnes différentes.
“La création des AVS a permis d’accompagner, à l’époque, des enfants en rupture sociale. Rescolarisés, ces enfants ont passé le bac, obtenu des qualifications et des titres universitaires” explique la présidente “Puis, lorsqu’il s’est agi de passer du monde scolaire au monde professionnel, ils expliquaient toutes et tous voir les portes se fermer dans les entreprises”. Bref, une génération d’handicapés diplômés venait de voir le jour, sans espoir d’accéder à l’emploi à court terme.
Le handicap n’empêche pas le talent
C’est alors qu’est née l’idée d’un événement qui allait exposer au monde de l’entreprise les compétences et les savoir-faire de ces personnes au sein des structures de toutes tailles qui leur avaient donné leur chance. “C’est, aussi, de mettre un coup de projecteur pour diretelle ou telle entreprise a osé, pourquoi pas la vôtre !” ajoute la présidente.
Depuis 14 ans que se déroule le festival Regards Croisés à Saint Malo, au sein du Palais du Grand Large, les choses se déroulent presque toujours de la même façon. Présentation des courts métrages aux scolaires et collégiens le jeudi, dîner de gala le jeudi soir au cours duquel les entreprises achètent leur table et invitent clients, fournisseurs ou salariés pour exposer leurs réussites comme leurs potentiels avec ces travailleurs autrement capables.
Un job dating en cours de festival
L’originalité de ce festival réside dans le fait qu’entre les petits fours le jeudi après-midi, les entreprises qui connaissent actuellement des difficultés de recrutement sont présentes pour rencontrer ces travailleurs en recherche d’emploi. Dans tous les domaines, depuis le luxe jusqu’aux hautes technologies. Pour éviter le “social washing”, les recruteurs ne sont pas informés du type de handicap qui touche les candidats. Chacun a donc sa chance même si, évidemment, certains emplois demeurent inaccessibles à certains types de handicaps.
La journée du vendredi est celle du festival à proprement parler. Les courts métrages (6 minutes au maximum) doivent soit être mis en scène soit être réalisés par une personne handicapée. Pour le reste, le format est libre, pour autant qu’il s’agisse de raconter leur vie au travail. “La finalité” explique Madame Malot “est de montrer leurs capacités à travailler”.
Dominique Farrugia président du jury 2022
L’édition 2022, première post-crise sanitaire, sera présidée par Dominique Farrugia, humoriste bien connu mais aussi travailleur lui aussi autrement capable, touché qu’il est par la sclérose en plaques depuis de nombreuses années.
Dominique Farrugia, président de l’édition 2022
Il sera à la tête du jury Adultes. Un second jury, composé de jeunes, vient croiser son regard. C’est là que réside l’ADN de ce festival pas comme les autres, confronter des regards différents sur une question qui nous concerne toutes et tous.
L’entrée au festival est gratuite. Pas de tapis rouge ni de montée des marches mais de l’acceptation, de la tolérance et de la différence. Les animations sont nombreuses pour les personnes présentes, depuis des représentations artistiques jusqu’à des activités ludiques (poterie …).
Le vendredi est la journée des projections et des délibérations. Et l’occasion de moments de grandes émotions pour les participantes et les participants.
La remise des récompenses est toujours un moment d’intense émotions
Implication locale forte
La présidente de l’association insiste sur le fait que le festival s’ancre localement dans la vie de ces personnes autrement capables. Ainsi, une partie de l’argent que rapporte la vente des tables du dîner de gala ira au bénéfice de la région de Saint Malo, “chapi chat’po” et “Mer lib”.
Chapi Chat’po propose de valoriser l’inclusion de jeunes en situation de handicap mental et cognitif. Elle propose à ces jeunes de participer à un food truck qui propose, le temps d’une soirée ou d’un moment familial, de nourrir les convives. Tous les plats et tout le service sont menés par ces travailleurs différents.
Chapi Chat’pot propose à des personnes handicapées de participer à une aventure de Food Truck, en Bretagne
De son côté, est une association Dinardaise qui propose aux personnes handicapées un accès à la mer et à ses vertus au moyen d’un bateau adapté, L’Intouchable. L’association propose une expérience qui a pour but de mettre en exergue les vertus thérapeutiques et pédagogiques que le monde marin peut apporter à toute personne en situation de handicap.
Mer Lib permet à toutes les personnes handicapées de découvrir les plaisirs de la mer, en Côte d’Emeraude.
Une autre route
Cette quatorzième édition du festival Regards Croisés est une opportunité supplémentaire de montrer qu’une autre approche du handicap demeure possible. Des champions tels que le skipper Damien Seguin (qui sera parti traverser l’atlantique quelques jours plus tôt), le nageur Philippe Croizon ou l’acteur Alexandre Jollien sont la preuve que si le handicap n’est qu’une caractéristique de la personne, il ne constitue en aucun cas la personne.
Regards Croisés en résumé
Le festival se tiendra pour sa quatorzième édition les 17 et 18 novembre 2022. La journée du 19 novembre est réservée aux ESAT qui ont pris part à l’organisation et la tenue de cet évènement. Encore une preuve que, lorsqu’on fait l’effort, les valides peuvent laisser leur place à celles et ceux qui ont besoin d’un peu plus d’attention.
Le Festival se déroule au palais du Grand Large, à Saint-Malo en Ille-et Vilaine.
Annie Ernaux, 82 ans, remporta le jeudi 6 octobre le Nobel de littérature. Elle est la 17e femme à remporter ce prix mais surtout la première femme Française.
Figure de proue du féminisme contemporain, dans l’air du temps depuis quelques années, Annie Ernaux séduit ou divise l’élite intellectuelle, mais ne laisse pas indifférent. Suite à l’annonce de sa récompense, les libraires ont eu affaire à une nouvelle vague : tous les titres de la romancière se sont arrachés. Par conséquent sa maison d’édition a décidé de réimprimer son œuvre pour faire face à la demande croissante. C’est un chiffre impressionnant, près d’un million de livres, qui vont être réédités par la maison d’édition Gallimard.
Parallèlement à ses romans, Annie Ernaux tient un journal d’avant-écriture ; une sorte de livre de fouilles, rédigé année après année, qui offre une incursion rare de « l’autre côté » de l’œuvre. Plongé au cœur même de l’acte d’écrire, le lecteur devient témoin du long dialogue de l’autrice avec elle-même : la pensée taillée au couteau, des idées en vrac, des infinitifs en mouvement ; des associations de mots, de morceaux de temps, et de confidences.
Pour la réédition de L’atelier noir, Annie Ernaux a souhaité augmenter l’ouvrage de pages inédites de son journal de Mémoire de fille.
« Nous sommes convaincus qu’elle va élargir son audience et on peut espérer atteindre les 5 millions d’exemplaires d’autant qu’un prix Nobel de littérature s’étend sur une période assez longue, précise le responsable des ventes de Gallimard, dans les colonnes du Parisien. Il poursuit : « Ce prix va donner à l’autrice une visibilité accrue à l’étranger même si son œuvre est déjà appréciée en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. »
En Une des journaux Européen, le lendemain de sa victoire, Annie Ernaux a été accueillie aux Etats-Unis à l’invitation du centre culturel français de New York. Traduite depuis trente ans aux États-Unis, l’auteure de “L’évènement” a été ovationnée par une assemblée constituée majoritairement de femmes.
Dimanche 25 septembre 2022, le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est arrivé en tête des élections législatives qui ont eu lieu en Italie.
Âgée de 45 ans, la femme politique conservatrice qui se présente comme « femme, mère et chrétienne » met au cœur de son programme électoral Risollevare l’Italia (Redresser l’Italie), le soutien à la natalité et à la famille.
Qu’est-ce que la famille pour cette extrême droite postmoderne qui réaffirme la valeur de la triade traditionnelle Dieu, Patrie et Famille?
Avec un mélange de valeurs religieuses et laïques, le modèle familial reproposé est celui considéré comme «naturel», fondé sur le mariage hétérosexuel et la division rigide des rôles masculins et féminins, dans lequel les femmes garantissent l’«économie du don», un travail de soin non rémunéré et non reconnu dans une société organisée selon les principes de la hiérarchie des classes et des sexes, de l’individualisme compétitif et du profit individuel.
Le droit à l’avortement menacé en Italie ?
Plus encore qu’une opposition à l’avortement, Giorgia Meloni incarne cette droite dure et nationaliste qui veut renforcer la natalité et qui craint le déclin de la population face à une arrivée d’immigrés. Il faut que les femmes fassent des enfants et il en va de la survie du pays, clame en résumé Fratelli d’Italia : « La population italienne est en déclin. Je ne dis pas que les étrangers ne devraient pas avoir d’enfants mais nous devons créer les conditions pour que les Italiens se reproduisent », déclarait récemment Carlo Ciccioli, un des leaders du parti. Toutefois, la candidate d’extrême droite et favorite des sondages a déclaré qu’elle souhaitait protéger la maternité et trouver des solutions pour permettre aux femmes de ne pas avorter. Giorgia Meloni veut limiter le recours à l’IVG. “Nous ne toucherons pas à la loi sur l’avortement, nous voulons juste que (les femmes) sachent qu’il y a d’autres options”, a t’elle déclaré.
La France sera “attentive” au “respect” des droits humains et du droit à l’avortement en Italie, a affirmé lundi matin Élisabeth Borne. La Première ministre réagissait après la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni dimanche lors des élections législatives italiennes.
Au delà de la question de l’avortement, la communauté LGBT craint elle aussi de voir ses droits limités, au nom des valeurs familiales chrétiennes défendues par Giorgia Meloni.
Lors de rassemblements politiques, Giorgia Meloni a farouchement dénoncé ce qu’elle appelle “l’idéologie du genre” et “le lobby LGBT”.
L’éducation des enfants par des personnes du même sexe n’est pas normale, a suggéré un membre important du parti d’extrême droite qui devrait remporter les élections italiennes dimanche, jetant un nouveau coup de projecteur sur son programme socialement conservateur.
Les remarques de Federico Mollicone, porte-parole de la culture pour les Frères d’Italie (FdI) de Giorgia Meloni, ont déclenché l’indignation des opposants politiques et des médias sociaux alors que Meloni semble sur le point de devenir la première femme Premier ministre d’Italie.
Giorgia Meloni n’est certainement pas une icône féministe: il y avait une certaine ironie dans sa remarque, adressée à ses adversaires de la gauche réformiste, sur le fait que, si pour la première fois l’Italie avait une femme à la tête du gouvernement, il y aurait là une rupture du «plafond de verre».
Selon Paolo Berizzi, journaliste au quotidien italien La Repubblica, la région des Marches a servi de laboratoire pour les politiques de l’extrême droite. “Ils ont expérimenté à l’échelle locale un modèle qu’ils se préparent à reproduire au niveau national“, analyse le journaliste, spécialiste de l’extrême droite en Italie.
“Cela implique de revenir sur certains droits, d’introduire des politiques adaptées aux familles traditionnelles et de faire campagne contre l’avortement. C’est une voie qui est anti-progressiste, qui s’oppose à la modernité et au principe de l’égalité des droits pour tous, dans laquelle les hommes et les femmes se voient attribuer des rôles spécifiques“.
Zarifa Ghafari est afghane. Elle avait trois ans quand les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école, six lorsque les frappes aériennes américaines ont débuté. Autrice et femme politique, Zarifa a obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.
À vingt-six ans, elle est devenue la première maire de la province de Wardak, l’une des plus conservatrices d’Afghanistan. Les extrémistes ont barré l’accès à son bureau, ont tenté de la tuer trois fois. Malgré cela, Zarifa a tenu bon. Elle a lutté contre la corruption, œuvré pour la paix et tenté d’éduquer les femmes. Mais à l’arrivée des talibans à Kaboul en 2021, et après l’assassinat de son père, elle a dû fuir en Europe. Elle continue pourtant d’aider celles qui vivent sous le règne des talibans. Les récompenses internationales ont salué son engagement. Elle a ainsi obtenu le Prix international de la femme de courage 2020, le Prix Nord-Sud 2021 du Conseil de l’Europe, ainsi que le Prix international des droits de la femme 2022 du Sommet de Genève.
Aujourd’hui réfugiée en Allemagne, l’opposante déterminée aux talibans, vit désormais en exil. Le 14 septembre, elle publie son autobiographie aux éditions JC Lattès, suivi d’un documentaire “Dans ses mains” dont la sortie est prévue en novembre sur Netflix.
Son témoignage offre un éclairage sans précédent sur les deux dernières décennies en Afghanistan, à travers le regard d’une citoyenne, femme et maire. Il incarne la résistance des Afghanes face à l’obscurantisme.
“Dans ses mains” aura sa première mondiale au Festival international du film de Toronto 2022 le 9 septembre.
Le documentaire raconte l’histoire de Zarifa Ghafari, qui est devenue à 26 ans l’une des premières femmes maires d’Afghanistan et la plus jeune à occuper ce poste.
Tourné pendant deux années turbulentes, le film documente sa bataille personnelle pour la survie alors que son pays se défait au milieu du retrait rapide des forces occidentales et du retour au pouvoir des talibans. Face à cette nouvelle réalité, Zarifa doit prendre la décision la plus difficile de sa vie.
« “Dans ses mains” est un travail extraordinaire de narration personnelle qui nous offre un aperçu rare et une réelle compréhension de ce à quoi les femmes afghanes ont été confrontées ces dernières années », ont déclaré Hillary Rodham Clinton et Chelsea Clinton, qui ont produit le film via HiddenLight. « Lorsque nous avons entendu parler de ce projet pour la première fois, nous avons dû nous impliquer. Nous croyons que les filles et les femmes – et les hommes et les garçons – partout dans le monde seront inspirés par le travail acharné, l’intelligence et la pure détermination de Zarifa Ghafari. »
Depuis 2015, chaque année en septembre, les Journées du Matrimoine, en écho aux Journées du Patrimoine, permettent de mettre en lumière des créatrices du passé à travers de nombreuses performances artistiques d’artistes femmes contemporaines qui se réapproprient des œuvres mal connues de leurs aînées.
Le Mouvement HF a été créé en 2009 à l’initiative de femmes et d’hommes travaillant dans des métiers artistiques ou culturels. Née en novembre 2009 à l’initiative de femmes et d’hommes travaillant dans le domaine du spectacle, de la radio et du cinéma, HF Île-de-France se rapproche de HF Rhône-Alpes, créée en 2008, et appelle à l’émergence d’autres antennes partout en France.HF Île-de-France compte aujourd’hui plus de 400 adhérent·e·s, personnes physiques et morales, professionnel·le·s, acteurs·rices de la sphère culturelle, publics, théâtres et organismes partenaires
Son but est le repérage des inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture, la mobilisation contre les discriminations observées et l’évolution vers la parité. Ainsi, depuis plus de 10 ans, le mouvement mène un travail de fond pour sensibiliser tous types de publics (professionnel.les, responsables institutionnel.les, élu.es, grand public, etc.) sur les disparités existantes entre hommes et femmes dans les arts et la culture.
Le mouvement entend ainsi partager les leviers d’actions pour parvenir sans plus attendre à l’égalité réelle. Il réunit aujourd’hui 8 collectifs en France dont la plupart organisent des Journées du Matrimoine.
Cet événement culturel est accessible à tous.tes. Associer «matrimoine» et «patrimoine» permet de valoriser un héritage culturel commun. Les Journées du Matrimoine éveillent les consciences et concourent à favoriser l’égalité entre femmes et hommes dans les arts et la culture et plus largement dans notre société.
Une 8e édition particulièrement riche
Au fil des années, les Journées du Matrimoine prennent de l’ampleur. Organisées par HF Ile de France, elles débuteront dès le 10 septembre, au Théâtre 14 avec une conférence de Titiou Lecoq sur «Les grandes oubliées». Cette année, la Mairie de Paris, celles des 13e et 14e arrondissements, de Bobigny et l’Ile Saint-Denis y participent activement en proposant des événements. 26événements gratuits(entrée libre sur réservation obligatoire)s oit plus de 50 rendez-vous culturels à Paris, Bobigny, Colombes, l’Ile Saint Denis.
Les Journées du Matrimoine 2022 mettront en lumière une cinquantaine de créatrices : autrices, poétesses, compositrices, peintresses, sculptrices, intellectuelles parmi lesquelles: Chistine Desroches-Noblecourt, Gisèle Halimi, Emmanuelle Riva, Maria Szymanowska, Janine Solane, Marceline Desbordes-Valmore… Depuis 2015, près de 400créatrices du passé ont été présentées et répertoriées sur le site : matrimoine.fr.
Quelques chiffres
Les femmes sont plus diplômées
-61% d’étudiantes dans les écoles d’art
mais moins présentes sur le marché professionnel
-40% des actives en moyenne dans les professions culturelles
-17% d’autrices-compositrices sociétaires à la SACEM en 2019
moins programmées
-20% en moyenne des œuvres programmées sont créées par des femmes
-14% de femmes programmées dans les festivals de Musiques actuelles
-moins de 20% des opéras programmés sont mis en scène par les femmes (2020-2021)
moins récompensées :
-0 réalisatrice primée aux Césars depuis 2010
-1 film réalisé par une femme récompensé par la Palme d’or au Festival de Cannes depuis 2010
-0 femme primée pour le meilleur album aux Victoires de la Musique 2021
*Source : Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication -Mars 2022
Depuis qu’elle est enfant, Georgia Nolan n’a qu’une seule ambition : devenir pompier comme son père. Hélas, à New York en 1932, les femmes n’ont pas le droit d’exercer cette profession. Ceci est le pitch du film Disney Vaillante sorti en 2022. 90 ans plus tard, sur un autre continent, des femmes hésitent encore parfois, trop souvent à devenir sapeur-pompier.
Elles ne sont aujourd’hui que 16% à exercer cette activité, soit 1 sapeur-pompier sur 6. Elles constituent donc une ressource précieuse à valoriser, notamment pour le volontariat.
Les femmes sont autorisées à exercer l’activité de sapeur-pompier en France depuis une quarantaine d’années : le décret du 25 octobre 1976 annonce ainsi que « les corps des sapeurs-pompiers communaux peuvent être composés de personnels tant masculins que féminins ». Le taux de féminisation des centres d’incendie et de secours a progressé au cours de ces décennies, mais les femmes ne représentent toujours que 16% des effectifs de sapeurs-pompiers civils1.
Les raisons sont diverses : métier considéré « d’homme », profession à risques, contraintes des responsabilités familiales pesant majoritairement sur les femmes, méconnaissance des conditions d’engagement… Malgré l’augmentation de la proportion de femmes dans les rangs des sapeurs-pompiers, des efforts restent à faire pour que la mixité progresse.
Aujourd’hui, en France, 1 sapeur-pompier sur 6 est une femme.
Plus de 38.800 femmes sont sapeurs-pompiers en France,
Le nombre de femmes chez les sapeurs-pompiers a augmenté de 5% entre 2016 et 2017,
Elles représentent 16% des effectifs civils,
Elles représentent 4% des sapeurs-pompiers militaires,
50% des effectifs du service de santé et de secours médical (SSSM) sont féminins,
Dans les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), 55 % des personnels administratifs et techniques spécialisés (PATS) sont des femmes.
Grades
Bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses à rejoindre les rangs des sapeurs-pompiers, les femmes sont encore peu représentées parmi les officiers, notamment par rapport aux autres corps en uniformes : en 2016, elles constituaient 24% des effectifs de la police nationale et 17,5% de ceux de la gendarmerie nationale.
Chez les sapeurs-pompiers professionnels (hors SSSM), les femmes représentent :
34% des sapeurs,
6% des caporaux,
3% des sous-officiers,
4% des officiers.
Chez les sapeurs-pompiers volontaires (hors SSSM), les femmes représentent :
25% des sapeurs,
15% des caporaux,
8% des sous-officiers,
7% des officiers.
Depuis 2017, plusieurs mesures sont mises en place pour modifier de manière appropriée les locaux, les équipements et l’habillement : poursuivre l’installation de vestiaires et sanitaires séparés, adapter des tenues aux tailles et à la morphologie des femmes, mise en œuvre de matériels plus légers et plus ergonomiques de sorte que la force physique ne soit plus un facteur limitant sont tout autant de dispositions qui favorisent l’accueil et l’engagement des femmes chez les sapeurs-pompiers.
Avec le dessin animé Vaillante sorti en 2022, les pompiers débarquent enfin sur grand écran… Et pas n’importe quels pompiers puisqu’il s’agit de Georgia, une héroïne déterminée qui transmet à travers l’humour, un plaidoyer assez efficace pour l’égalité des sexes.
Le personnage a été inspiré par Rochelle Jones, la première femme devenue pompière, en 1982, à New York, ouvrant ainsi la voie à toutes celles auxquelles le film rend hommage, dans son générique de fin.
Sapeur-pompier, pourquoi pas vous ?
Vous avez le sens de l’engagement au service des autres, de l’altruisme et de la solidarité ? Et si, vous aussi, vous rejoigniez les rangs des sapeurs-pompiers ? Pour s’engager en qualité de sapeur-pompier volontaire, il suffit d’adresser sa candidature directement au Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de votre département en joignant :
une lettre de motivation
un CV
la copie des titres, diplômes ou attestations de formation.
1Sources : édition 2018 des statistiques des services d’incendie et de secours, portant sur l’année 2017, par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
Ruelle sombre, piste de danse, couloir d’immeuble, festival…. Les endroits où les femmes comme les minorités de genre sont de potentielles proies sont nombreux. La solution idéale serait assurément que les agresseurs cessent leurs méfaits – et que les pouvoirs publics aient les moyens de les faire cesser. En attendant, ce sont des produits numériques tels que The Sorority qui proposent des solutions en cas de mise en danger de la vie d’autrui.
Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de l’application
A 35 ans, Priscillia Routier-Trillard est mariée et a cessé de travailler pour un grand groupe industriel. Cette maman de deux garçons, qui a elle aussi subi le harcèlement de rue, a porté plainte.
Aprés deux burn out, Priscillia a eu l’idée de créer l’application dont nous parlons aujourd’hui lorsqu’enfin, un médecin lui a simplement répondu “Je te crois”. Ces 3 mots ont fait germer dans l’esprit de “The sorority” qu’il fallait inverser la tendance. Une personne victime de violences doit être crue, par les autorités notamment.
Croire les victimes
Croire la femme pour ces agressions et ce qu’elle ressent. Croire la femme dans les attitudes qu’elle dénonce. Croire les personnes transgenres lorsqu’elles se déclarent victimes de violences. Croire, toutes les minorités lorsqu’elles se sentent mises en danger.
Tel était le credo de la créatrice de The Sorority. Prendre le pas inverse de la trop connue “charge de la preuve”. Partir du principe que, la bienveillance était un étant naturel par défaut parmi la plupart des espèces, il allait en être de même pour les humains.
Cette bienveillance, rendue complexe par les manières dont nous vivons au XXIème siècle (grands immeubles, banlieues, campagnes, Priscillia a voulu la manifester au travers de ce téléphone que nous avons tous en poche. C’est donc par une application, “The Sorority” (disponible sur tous les stores) qu’elle a commencé en mars 2019 à mettre sur pied le développement de l’application.
Savoir que l’on n’est pas seule
“Tous les inscrit(e), validés et certifiés, de l’application se géolocalisent volontairement sur une carte dès lors qu’ils lancent l’application. Dès lors, toute la communauté est informée de la présence, sans aucune limite géographique, d’une personne bienveillante” poursuit-elle.
Cette personne bienveillante peut être tant votre voisine de strapontin qu’un centre d’hébergement pour les femmes battues. L’idée est de montrer aux victimes, femmes ou minorités de genre, que où qu’elles soient sur le territoire, elles peuvent être aidées.
Au total, ce sont près de 37 000 utilisateurs aux profils certifiés qui proposent près de 3 000 lieux sûrs ou 5 776 moments d’écoute, que ce soit par téléphone ou en physique au moment de cet échange avec Priscillia.
Bien sûr, les numéros vitaux (police, Samu, SOS Violences intra familiales…) sont disponibles dans l’application.
Comment ne pas créer un nid pour prédateurs ?
La première question qui vient à l’esprit est très masculine. Une telle application peut aisément être détournée et devenir le “Tinder” de l’agression. Pour pallier cela, l’enregistrement d’un membre et sa validation (quel que soit son statut, accompagnant, accueillant, écoutant…) est conditionnée à plusieurs conditions, parmi lesquelles :
Etre une femme ou être membre d’une minorité de genre
Poster un selfie en temps réel dans l’application
Présenter une pièce d’identité
Indiquer des coordonnées vérifiables (adresse, téléphone…)
L’application propose une cartographie des personnes situées à proximité
Le profil certifié, seuls l’adresse e-mail, le nom, prénom et la photo de la personne demeurent conservés.
Labellisés ONU Femme France, l’application ne propose que les fonctions essentielles :
Visualiser le nombre de personnes présentes autour de soi à un instant donné et donc aptes à réagir.
Déclencher une alerte lorsqu’un utilisateur est victime ou témoin d’une agression, pour contrer l’effet de sidération. Sorte de balise de détresse, en somme.
Afficher sur l’écran de son téléphone un appel au secours qu’on pourra montrer à des personnes alentour.
Déclencher une sirène
Emettre un appel aux autorités
Recherche de structures d’aide ou de soutien
Ces fonctions sont toutes accessibles sur l’écran principal de l’appli, permettant une utilisation facile et rapide.
“En général, lors du déclenchement d’une alerte” explique Priscillia, “les victimes reçoivent en moins d’une minute plusieurs appels et plusieurs messages d’autres possesseurs de l’application. L’alerte sonore est particulièrement efficace dans une foule, car elle crée un effet de surprise de l’agresseur qui aura, alors, le réflexe de prendre la fuite.”
Pourquoi ne pas juste crier à l’aide ?!!!!!!!!
On pourrait penser que le simple fait de crier “à l’aide” suffit à attirer l’attention. “En fait, les choses sont doublement compliquées, du côté de la victime comme du côté des témoins. L’effet de sidération peut et va souvent totalement paralyser la victime qui se sentira alors dépersonnifiée, comme sortie de son propre corps. Elle est, au moment de l’agression, incapable de bouger, de crier ou de se défendre” explique la fondatrice. “Les témoins, quant à eux, subissent l’effet témoin. Chacun pense que son voisin est plus apte, plus fort ou plus compétent pour agir. En fin de compte, personne n’agit”.
L’écran pour donner l’alerte
The Sorority répond à ces deux questions, la victime peut garder la main dans sa poche pour déclencher une alerte, les témoins sont plusieurs à avoir signé le pacte “moral” de venir en aide. “Souvent, le fait qu’une personne tierce s’approche de la scène violente interrompt celle-ci, sans besoin de donner des poings. Il suffit de proposer un verre à la victime pour que l’agresseur cesse son acte.” termine Priscillia.
Que se passe-t-il lorsqu’une alerte est déclenchée ?
Lorsqu’une alerte est déclenchée, elle est répercutée sur les téléphones portables des personnes les plus proches physiquement du lieu de l’agression. En même temps que l’alerte est donnée, la photo, le prénom ainsi que la localisation précise de la victime sont transmis.
Lorsqu’un possesseur reçoit une alarme, il sait comment agir
Les personnes qui reçoivent l’alerte peuvent contacter par appel téléphonique (via l’application) ou par chat la victime qui a déclenché cette alerte.
C’est d’ailleurs ce qu’explique Eloïse, une utilisatrice belge. Elle a été abordée par un inconnu qui, se montrant insistant, a montré à la jeune femme que cet homme était malveillant. Son témoignage, met en exergue la rapidité de réaction d’une autre “sœur” d’application, pour casser la spirale potentiellement mortifère qui s’amorcerait.*
En dehors des cas extrêmes d’agression, l’application permet de localiser les personnes les plus proches de soi. Cette conscience de la présence d’aides potentielles est un soutien moral aux utilisatrices qui sont ainsi plus sûres que quelque chose se passera en cas de souci, pour le moins qu’une réaction aura lieu de la part d’un tiers de confiance.
Il en va de même pour tous les types d’agression. Piqûre, impression d’avoir bu une boisson au GHB ou malaise de tout type, le déclenchement d’une alerte permet aux victimes de crier “Au Secours”, y compris lorsqu’elles n’en sont plus physiquement capables.
Quel modèle économique pour cette application ?
Lorsqu’on lui parle du modèle économique de son association, la fondatrice éclate de rire. “Nous sommes une association de type loi 1901 et notre fierté est de savoir que l’application est utilisée en France, Belgique, Suisse, Luxembourg, Algérie, Maroc, Tunisie. Nous essayons d’avoir l’oreille des autorités de police et de justice pour que les interlocuteurs spécialement formés aux violences sexistes et sexuelles soient disponibles dans l’application directement, sans passer par un standard ou un autre agent.” “Mais les démarches sont bien complexes !” ajoute la fondatrice.
La Directrice Générale ajoute “Le principal est que le chemin entre la victime et son secours soit aussi court que possible.”
Des évolutions à venir
L’application n’est pas encore terminée, des évolutions arrivent, parmi lesquelles on retrouvera :
L’intégration des associations en ping fixe
L’ouverture aux associations qui pourront se déclarer elles-mêmes en guise de lieux sûrs
Ouverture de l’application aux personnes de moins de 15 ans (limite légale fixée par les stores)
Intégration des autorités en ping fixe
Intervenants sociaux pour la mise en place d’accompagnement sur le long terme
Lorsque disparaîtra cette application
Il serait illusoire de penser qu’à court terme une telle application disparaisse. Le besoin qu’elle couvre est millénaire et seule l’éducation à la Tolérance et à la Citoyenneté pourra la rendre inutile.
Il faudra sans doute quelques années pour qu’évoluent les mentalités et que les risques d’agression périclitent. En attendant, The Sorority est une initiative intéressante et à suivre.
Qui est sa fondatice ?
Âgée de 35 ans, Priscillia a suivi une préparation HEC. Elle a ensuite intégré l’école de commerce de Strasbourg.
Partie une année aux USA pour un échange, elle s’est découvert une passion pour la gestion de projets.
Elle a vécu deux burn-out dans sa carrière, le premier en 2013 et le second en 2019.
Le spectacle Véronique Gallo “Femme De Vie “est au programme du Festival Off d’Avignon 2022. Après le succès de “Vie de mère” et plus de 300 dates de tournée, Véronique Gallo est de retour avec un nouveau spectacle.
L’humoriste belge a encore frappé fort dans un Théâtre quasi comble et comblé, mercredi à Avignon, avec son dernier spectacle “Femme de vie”.
Nous y avons assisté avec délectation. Dans son dernier spectacle, l’humoriste Véronique Gallo s’interroge sur sa vie depuis que ses enfants ont grandi. Un spectacle qui lui permet de raconter ses doutes, ses peurs et de livrer ses angoisses pour camper sa personnalité de femme forte et fragile, mais loin du sucre d’orge.
La tornade blonde, à l’aise dans ses Stan smith, navigue, danse sur scène et présente un show bien rodé, ciselé au millimètre. Elle est perfectionniste dans le travail et ça se voit. Celle qui commença sa carrière professionnelles comme professeur de lettres, a tout plaqué à 42 ans pour se faire connaître grâce à ses capsules vidéo « Vie de Mère », un carton sur you tube dans lesquelles elle racontait ses déboires de mère de famille nombreuse à sa psy face caméra.
Dans “Femme de vie”, cette “energic mum” nous fait tout d’abord rire, puis réfléchir.
Vous avez dit féministe ? Tout en légèreté mais avec un discours affirmé, Véronique Gallo tente de sensibiliser son public sur les injonctions faites aux femmes, la charge mentale, la répartition des tâches ménagères et autant le dire, les hommes en prennent pour leur grade !
Un hommage aux femmes de sa vie puisqu’il y est souvent question d’arbre et de racines mais également à la vie d’une femme avec ses doutes et ses remises en question.
Le one woman show d’une femme accomplie qui ne triche pas, tout en générosité et amour pour son public.
Théâtre Episcène Du 7 au 30 juillet 2022 | 16h00 Relâche le lundi
“Une avant-garde féministe des années 1970” tel est le nom de l’exposition de photographies et performances des années 1970 de la collection Verbund, Vienne.
Les Rencontres d’Arles présentent pour la première fois en France l’exposition Une avant-garde féministe des années 1970, qui réunit plus de deux cents œuvres de soixante-et-onze femmes artistes de la collection Verbund à Vienne, constituée pendant dix-huit ans sur les années 1970, d’un point de vue européen.
À travers cinq thématiques, l’exposition présente les travaux des premières artistes qui proposèrent une nouvelle « image de la femme », dénonçant le sexisme, les inégalités sociales et les structures du pouvoir patriarcal.
L’exposition s’articule ainsi autour de cinq thèmes :
1. La rébellion contre l’attribution du rôle exclusif de « mère, femme au foyer et épouse ». Birgit Jürgenssen accroche une cuisinière sur son corps et enfourne une miche de pain dans le four. Une allusion à l’expression « avoir une brioche au four», qui signifie être enceinte.
2. Le sentiment d’être « enfermé » et de vouloir sortir de ce rôle unidimensionnel. Sonia Andrade entoure étroitement son visage d’un fil. Annegret Soltau et Renate Eisenegger enveloppent également leur visage à tel point qu’elles ne peuvent plus ni voir ni parler. Mais tandis que Soltau coupe le fil avec des ciseaux et suggère la possibilité de libération du patriarcat, Eisenegger reste immobile. Il est intéressant de noter que l’artiste brésilienne et les deux artistes allemandes ont toutes deux créé des oeuvres similaires sans se connaître.
3. Rébellion contre le « dictat de la beauté » et « l’instrumentalisation du corps de la femme ». Katalin Ladik et Ana Mendieta appuient toutes deux leur visage contre une vitre, déformant ainsi leur nez et leurs lèvres, afin de subvertir l’idée qu’une femme devait être gentille et bien habillée. Aucune des deux ne connaissait les oeuvres de l’autre. La plupart du temps, les artistes utilisent leur propre corps pour créer leurs oeuvres. En représentant le corps féminin, les femmes conquièrent un terrain qui, pendant des siècles, était réservé aux hommes, aux hommes artistes.
4. L’exploration de la « sexualité féminine ». Penny Slinger place son corps dans un gâteau de mariage, écarte ses jambes et colle un oeil sur sa vulve et nomme son collage I See You. Elle dit ainsi adieu au statut la femme-objet et montre clairement que les femmes revendiquent activement leur sexualité et veulent être désormais perçues en tant que sujets. Il est surprenant de constater qu’Annegret Soltau avait également placé un oeil sur sa vulve.
5. « Jeux de rôles et identité ». La philosophe française Simone de Beauvoir affirmait déjà : « On ne naît pas femme, on le devient ». Ce sont les conditions sociales qui engendrent la construction de la féminité. De nombreuses artistes ont étudié par biais de jeux de rôles ce que cela signifiait d’être une femme dans les années 1970. À l’aide de maquillage, de perruques et de mimiques, les artistes se sont déguisées et ont ainsi démasqué les stéréotypes et les clichés. Par exemple, les artistes américaines Martha Wilson, Suzy Lake, Lynn Hersman Leeson ou Cindy Sherman. Il est passionnant de voir que, à la même époque, l’artiste italienne Marcella Campagnano a également créé des mises en scène très similaires. Dans les années 1970, les femmes artistes de couleur étaient la cible de discriminations multiples telles que le racisme, les discriminations de classe et de genre. Leurs oeuvres évoquent clairement l’intersectionnalité, avant même que Kimberlé Crenshaw n’invente ce terme en 1989. C’est le cas de l’activiste et chorégraphe péruvienne d’origine africaine Victoria Santa Cruz, qui témoigne de son expérience personnelle de discrimination dans sa performance vidéo Victoria. Black and Woman (1978). Howardena Pindell et Emma Amos procèdent de manière similaire. Dans sa performance photographique Mlle Bourgeoise Noire, Lorraine O’Grady pointe du doigt le comportement de sa communauté noire, qui ne devrait pas se conformer aux directives des curateurs et curatrices blancs, mais produire son art de manière indépendante.
Lorraine O’Grady. Untitled (Mlle Bourgeoise Noire), 1980-1983. Courtesy Lorraine O’Grady / Alexander Gray Associates / Artists Right Society (ARS) / Bildrecht / Verbund Collection, Vienna. Ana Mendieta. Sans titre (Verre sur empreintes corporelles), 1972. Avec l’aimable autorisation de The Estate of Ana Mendieta Collection, LLC / Galerie Lelong / Collection Verbund, Vienne.Francesca Woodman. Visage, Providence, Rhode Island, 1975-1976. Avec l’aimable autorisation de The Woodman Family Foundation / Artists Right Society (ARS) / Bildrecht / Verbund Collection, Vienne.VALIE EXPORT. Die Geburtenmadonna (La vierge de l’accouchement), 1976. Avec l’aimable autorisation de VALIE EXPORT / Galerie Thaddaeus Ropac / Bildrecht / Verbund Collection, Vienne.Birgit Jürgenssen. Ohne Titel (Selbst mit Fellchen) (Sans titre (Moi avec de la fourrure)), 1974. Avec l’aimable autorisation de Birgit Jürgenssen / Galerie Hubert Winter / Bildrecht / Collection Verbund, Vienne.
S’il est ici question d’« une » avant-garde, c’est pour faire référence à la diversité des mouvements féministes, pensés selon une approche intersectionnelle, tenant compte des différents types de discriminations dont de nombreuses artistes ont été et sont encore la cible, en raison de leur race, de leur classe ou de leur genre.
Mécanique générale, Parc des Ateliers : 35, Avenue Victor Hugo.
Du 4 juillet - 25 septembre 2022
C’est historique ! Le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet est arrivée en tête du premier tour de l’élection pour la présidence de l’Assemblée nationale, avec 238 voix. Elle devient la première femme à accéder au perchoir.
La députée des Yvelines succède à Richard Ferrand et marque l’Histoire de la politique française en féminisant la présidence de l’institution.
Éphémère ministre des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet a quitté ces fonctions pour être candidate de la majorité à la présidence de l’Assemblée nationale.
L’avocate de 51 ans et mère de cinq enfants, vient d’être élue présidente de l’Assemblée nationale. Elle est la première femme à accéder à cette fonction prestigieuse, devenant ainsi le quatrième personnage de l’État. “Enfin ! Pour la première fois de son histoire, l’Assemblée nationale sera présidée par une femme”, venait de la féliciter M. Véran sur Twitter, avant l’annonce officielle du résultat.
Députée depuis seulement cinq ans, Yaël Braun-Pivet a commencé sa carrière d’avocate en droit pénal au barreau de Paris, avant de rejoindre celui des Hauts-de-Seine. Elle avait mis sa vocation entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L’Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants.
Militante associative, elle lance le réseau “accès à la justice” et assure des permanences juridiques gratuites en 2014. Elle rejoint par la suite Les Restos du cœur par “souhait d’être utile” et dirige bénévolement l’antenne de Chanteloup-les-Vignes en 2015, avant de superviser la création du centre d’accueil de Sartrouville, dans lequel elle dirige une centaine de bénévoles. Elle quitte la vie associative lorsqu’elle se lance en politique en 2017, après avoir adhéré à “En Marche” fin 2016.
L’engagement politique de Yaël Braun-Pivet a débuté du côté du Parti socialiste, au début des années 2000. Novice, on pointe son “amateurisme”. Son poste est exposé et suscite des critiques, certains pensent même qu’elle l’a obtenu pour que la parité soit respectée. “J’ai déjà connu ces procès en incompétence pendant la campagne. Mais je me sens légitime à ma place”, répond-t-elle à L’Obs.
La “reine Africaine des Mathématiques” a de nouveau été couronnée.
Déjà «championne du monde de mathématiques» en 2021, la lycéenne de 16 ans vient de remporter un nouveau concours, cette fois à l’échelle nationale, renforçant encore son image d’icône de l’excellence continentale.
Après ses performances de l’an dernier aux Global Open Mathematics Tournament, en Angleterre, le centre national de mathématiques du Nigéria (NMC) a couronné la nigériane Faith Odunsi, en tant que «Reine des mathématiques» pour sa performance exceptionnelle au concours national des Olympiades.
Faith Odunsi – Crédit photo : Afrique femme
C’est un trophée de plus qui vient s’ajouter à tous ceux qui ornent déjà le mur de la chambre de la jeune fille. Le 24 janvier 2022, Faith Odunsi a remporté sans difficultés l’édition 2022 du concours national des Olympiades. Il s’agit d’un concours organisé par le Centre national de mathématiques du Nigéria, qui réunit les meilleurs élèves du pays et les soumet à des tests de rapidité.
Cela fait plusieurs années déjà que la lycéenne dispute des compétitions de mathématiques sur le plan national, panafricain ou international. Mais c’est le titre mondial décerné en 2021 au Royaume-Uni qui a provoqué le plus d’enthousiasme dans les médias du continent.
Faith Odunsi bénéficie d’une notoriété au sein de la communauté internationale des mathématiciens. C’est en mars 2021 qu’elle a réalisé sa plus belle performance en remportant le Global Open Mathematics Tournament, organisé au Royaume-Uni. Un concours qui réunissait des jeunes venus du monde entier.
10 choses que vous devez savoir sur cette génie des mathématiques :
1. Faith Odunsi a résolu 19 questions de mathématiques en 60 secondes, devenant ainsi la meilleure candidate du concours de mathématiques 2021.
2. Elle a participé au Global Open Mathematics Tournament, une compétition internationale avec des participants d’Europe, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Australie où elle a obtenu les meilleures notes, battant toutes les autres nations.
3. En 2018, Odunsi a reçu un Record Holder Award pour le plus grand nombre de questions répondues sur Cowbellpedia Secondary Schools Mathematics TV Quiz Show, un quiz télévisé national nigérian sur les mathématiques où elle a répondu à 19 questions mathématiques en 60 secondes.
4. La première et la deuxième étapes du concours étaient des tests informatisés et Faith a obtenu 66 points chacune dans les deux étapes. Les quarts et les demi-finales se sont déroulés sur Microsoft Teams où le premier à donner les bonnes réponses a obtenu 10 points.
5. Faith est une étudiante de 16 ans d’Ijebu dans l’État d’Ogun qui fréquente les Ambassadors Schools, Ota, où elle a été nommée ambassadrice.
6. Faith a remporté la compétition avec 40 points tandis que le premier finaliste avait n’avait que 10 points.
7. Faith a également participé à plusieurs autres compétitions, y compris l’Olympiade nationale qu’elle fait depuis qu’elle était en JSS2 et a été nommée reine des mathématiques de JSS3 à SS2.
8. Elle a également participé à l’Olympiade mathématique d’Afrique du Sud où elle a reçu des médailles.
9. Odunsi a également participé au Kangourou Sans Frontières, au Concours américain de mathématiques et à l’Olympiade panafricaine de mathématiques où elle a également reçu une médaille d’argent.
10. Son exploit au Concours mondial ouvert de mathématiques a suscité des éloges de tout le continent et a incité le gouverneur de l’État d’Ogun, Dapo Abiodun, à rendre hommage à l’élève de 15 ans de l’école Ambassadors, Ota. Elle a été honorée aux côtés d’autres compatriotes; Olasukanmi Opeifa, Oluyemisi Oladejo et Olalekan Adeeko, qui ont remporté des lauriers académiques dans différents domaines.
Actuellement lycéenne à l’école Ambassadors de l’État d’Ota Ogun, elle n’a pas laissé la compétition affecter ses activités académiques.
Au-delà des concours, elle ne cache pas son intérêt pour les Nouvelles Technologies et elle prévoit d’étudier un jour le génie informatique à l’université.
Quand la réalité dépasse la fiction. Être quitté par sa femme n’est jamais acceptable pour certains hommes.
On se croirait dans un film. Ces événements-là, ne se passent que dans des séries policières, pensons-nous. Pourtant, certaines femmes les vivent dès lors qu’elles décident de se séparer, parfois même d’un commun accord, de leur conjoint violent, manipulateur voire incesteur. Car, au pays des droits de l’homme, dans une culture où le père, l’aîné, le présentateur télé vedette a tout pouvoir sur la mère, le cadet, la jeune journaliste, être séparé de « sa » femme n’est pas acceptable, pour certains, même en 2022. Il n’est qu’à consulter les chiffres pour s’en convaincre. À l’heure où nous écrivons, ce 22 mai, ce sont 54 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint. À la fin de l’année, si nous comptons bien, elles seront près de 135, si rien ne change.
Mais place à ce que beaucoup imaginent être de la fiction.
Propos recueillis par Élodie Torrente
Ça se passe près de chez vous : l’histoire de Claire
« J’avais pour projet de la tuer, de l’enfermer dans le coffre et de déposer le camion à la casse, direction le compacteur. »
Claire1, 45 ans, mère de deux enfants nous raconte. Il y a plusieurs années de cela, alors qu’elle avait décidé avec son compagnon et père de ses jeunes enfants, Justine* 4 ans et Lucas* 2 ans, une séparation avec garde à la mère et droit de visite d’un week-end sur deux au père, Claire, après avoir été empoissonnée durant leur dernière année de vie commune, subit plusieurs agressions. Mais c’est dans la période de son déménagement, bientôt libre, qu’elle va être victime d’une tentative de meurtre. Engagée sur un rond-point, ce jour-là, elle est bloquée par une camionnette conduite par un inconnu qui en descend et la menace avec un démonte-pneu. Elle esquive les coups et parce qu’une automobiliste arrivée sur les lieux s’arrête et prend sa défense, l’inconnu range son arme et déguerpit. Grâce aux caméras qui surveillent l’endroit et au casier judiciaire déjà fourni, l’homme est identifié par la victime dans les fichiers de la Police Nationale. Malgré cette identification, les forces de l’ordre ne le retrouveront que des mois plus tard. Peut-être parce que le futur ex-conjoint de Claire, à la suite de l’agression et du dépôt de plainte, a surpris sa compagne disant lors d’une conversation téléphonique qu’elle avait reconnu l’agresseur sur les photos présentées par les policiers ? En tout cas, le lendemain de cet échange, le coupable avait quitté la ville et même la région. Il sera retrouvé pour d’autres faits bien plus tard et à des centaines de kilomètres du domicile de Claire. Il dira dans sa déposition : « J’avais pour projet de la tuer, de l’enfermer dans le coffre et de déposer le camion à la casse, direction le compacteur. » Autant dire que si son funeste dessein avait été mené à son terme, Claire n’aurait jamais été retrouvée. L’homme qui ne dévoilera pas son mobile sera condamné par la justice à 400 € de dommages et intérêts (sur les 4 000 € demandés), à quatre mois de prison ferme assortis de cinq ans de sursis. Quand on vous dit que la vie d’une femme ne vaut pas grande chose.
Une séparation difficile mais pas impossible
Claire en réchappe et parvient à se séparer malgré le comportement douteux de son ex-compagnon qui, du temps de leur vie commune avait demandé à une conseillère conjugale d’écrire une lettre destinée à interner celle qu’il disait vouloir garder auprès de lui. Au passage, monsieur vole ses économies à Claire, écrit des faux, ne respecte pas les modalités de garde des enfants. Malgré ces actes délictueux, la justice par le biais du juge aux affaires familiales oblige le maintien d’une garde à 50 % du temps pour chaque parent. Claire obtempère. Après tout, elle ne veut plus vivre avec lui mais il est le père. Il n’a jamais été question pour elle de l’empêcher de voir leurs enfants. Pour cette cadre supérieure, si le couple marital ne peut plus exister, le couple parental est légitime et primordial pour assurer le bon développement des enfants.
Un père violent, des alliés de poids
Mais un jour, tandis qu’il vient chercher Justine à l’école, la petite fille refuse de le suivre. Il l’insulte, la tire par les bras, les cheveux, l’enfant hurle, supplie devant tous et toutes, qui n’interviennent pas en dehors d’une conductrice qui tente de le calmer. Le père s’en prend alors à Claire en la frappant sur le haut du corps. Certaines mères de famille présentes à cette heure de sortie des classes tentent de faire entendre raison à ce père violent. La directrice de l’école qui assiste à la scène reste de marbre, comme si cette violence devant les enfants ne la concernait pas. La mère réussit à partir avec Justine et Lucas, traumatisés. Elle portera plainte. Pour prouver ses dires, Claire demandera les vidéos puisqu’une caméra, dirigée vers le parking, est installée sur le fronton de l’établissement. L’école, en la personne de sa responsable, refusera prétextant qu’elle était en panne le jour de l’altercation. Or, quand la plaignante demande à la mairie s’il est vrai que la caméra en question était hors-service, l’administration rétorquera que son matériel de vidéosurveillance est en bon état de fonctionnement dans toute la ville. La plainte de Claire sera classée sans suite.
Sabotages, usage de faux et défaut de pension alimentaire : isoler sa proie
Les sabotages de la voiture de Claire, de sa boîte à lettres avec vol de courrier, la violence envers les enfants, une fois la garde complète des Lucas et Justine en poche, imposent à la mère de famille de s’éloigner de son ex-conjoint à des centaines de kilomètres. Elle inscrit donc ses enfants dans l’école située dans sa nouvelle ville mais c’est sans compter sur l’ancienne directrice qui vraisemblablement a pris fait et cause pour le père et appelle son homologue pour que cette inscription soit refusée. Claire prouve par décision de justice qu’elle a bien la garde de ses enfants. Le nouvel établissement accepte Justine et Lucas. De son côté, le père paye la pension quand il en a le temps mais, même si elle ne travaille qu’à mi-temps, Claire est heureuse de voir ses enfants s’épanouir dans leur nouvelle vie. Elle ne l’attaque pas pour défaut de paiement de pension alimentaire. Les enfants sont en sécurité, se dit-elle, c’est le principal. Pourtant…
« Moi, j’aime pas quand on m’embrasse les fesses et après la bouche. »
Au retour des vacances de Noël 2 019 passées chez leur père, l’institutrice convoque la mère. Elle s’interroge. Le comportement des enfants est très différent depuis la rentrée. Inquiète, Claire les amène en consultation chez un psychologue, comme elle l’avait fait par le passé pour Justine, alors âgée de quatre ans et insomniaque. Là, le petit Lucas dessine des fesses et
déclare : « Moi, j’aime pas quand on m’embrasse les fesses et après la bouche. » À la fin de cette séance, il refuse de donner son dessin, fait une crise et part en courant. Quand Claire l’interroge plus tard, il confie : « Chez papa, je regarde des films d’horreur, il fait froid chez lui, il m’oblige à dormir tout nu. » Claire s’inquiète de ces déclarations mais sait qu’en vivant chez elle à plein temps, son fils est protégé.
« C’est là que le piège s’est refermé sur moi. Là, j’ai été fichée dès l’appel. ».
Des semaines plus tard, alors qu’ils sont chez leur père pour les vacances, les enfants appellent Claire. Au téléphone, après que la mère lui a demandé si ça va, Lucas répond : « Ben papa m’a mis le zizi sur le visage. » Sur cette déclaration, elle entend son ex-conjoint derrière l’enfant crier « Tais-toi, tais-toi ! » puis le silence d’un appel raccroché brutalement. La mère rappelle, très inquiète. Elle demande des précisions à Lucas qui redit : « Papa me met ses fesses sur le visage. » Le père arrache alors le téléphone, insulte la mère. Claire en parle à son entourage qui lui conseille de contacter le 119. Elle nous dira à ce moment de son récit : « C’est là que le piège s’est refermé sur moi. Là, j’ai été fichée dès l’appel. ». En revanche, malgré son signalement, personne ne la recontacte.
« Lui aussi, on lui a fait ! Il est obligé de le faire à ses enfants car s’il le fait aux autres enfants, les autres parents vont le tuer. »
Trois mois plus tard, tandis qu’elle est avec son fils sur une aire de jeu, Lucas touche le zizi du copain avec qui il jouait. Claire lui ordonne d’arrêter mais il recommence. Lorsqu’elle se lève pour lui dire que ça ne se fait pas, que c’est interdit, l’enfant rétorque, en colère : « Ah bon, alors pourquoi papa il le fait ? » avant de se blottir dans les bras de sa mère et de tout lui raconter. Elle pleure, tremble en pensant à mon fils de cinq ans tout seul aux mains de ce prédateur, nous confiera-t-elle le souffle coupé par l’émotion toujours aussi vive des années après. Plus tard, ahurie par les déclarations de son fils, elle va trouver sa fille, la jeune Justine qui n’ose pas parler et prend la défense de son père. « Lui aussi, on lui a fait ! Il est obligé de le faire à ses enfants car s’il le fait aux autres enfants, les autres parents vont le tuer. » Claire comprend alors que ses deux enfants sont victimes d’inceste, que le père parvient à leur faire peur, à les culpabiliser et les oblige ainsi à se taire. Claire est perdue. Elle ne sait pas à qui confier ces horreurs car malgré ses appels au 119, personne ne l’a rappelée.
Une plainte mais pas deux
Elle téléphone au commissariat dont un des agents lui demande de venir en urgence. Elle s’y rend accompagnée de son fils. Une audition Mélanie2 est décidée. Mais les moyens donnés à la police étant ce qu’ils sont, Lucas sera entendu par des hommes, des policiers en civil, aucun jouet ne lui sera prêté et l’interrogatoire sera très rude pour l’enfant. Quant à Justine, le lendemain, pourtant prête à tout dire, elle n’aura pas l’occasion de parler. Les policiers refusent la présence de Claire à ses côtés pendant l’audition. La petite, apeurée par les menaces de son père, ne veut pas déposer sans sa mère. Claire voit, de la part des forces de
l’ordre, un moyen d’éviter un second dépôt de plainte. Dès la fin de la déposition de Lucas, les policiers conseillent fortement à Claire de ne pas présenter les enfants au père pour les prochaines vacances.
« Ne vous culpabilisez pas, ce n’est pas vous la coupable, c’est lui. »
Les enfants et leur mère sont reçus ensuite, pendant une heure chacun, par un psychologue judiciaire. Dans ce cabinet, Claire se remémore les problèmes de sommeil de Justine, son envie de mourir quand elle avait quatre ans qui l’ont amenée à consulter un psychologue et comprend que les agressions sexuelles ont dû commencer à cette époque où elle vivait encore avec son ex-conjoint qui au même moment la droguait à son insu. Elle s’écroule, culpabilise de n’avoir rien vu et rien fait en dehors du fait d’amener sa fille en consultation dans un CMPP. La psychologue la réconforte : « Ne vous culpabilisez pas, ce n’est pas vous la coupable, c’est lui. Vos enfants vous parlent. C’est rarement le cas. Allez voir un psy, faites tout ce que vous pouvez et coupez tout lien avec ce malade. » Claire décide de suivre ses conseils. Le soir de cet entretien, Justine qui depuis longtemps et à sa demande, dormait avec un slip et une combinaison, s’endort dans son lit chez sa mère torse nu.
En attendant une expertise légale
Même si le 119 ne rappelle jamais Claire malgré plusieurs signalements, lors de son premier appel l’enfance en danger lui indique de demander une expertise chez un médecin légiste. Or, pour qu’un médecin assermenté puisse expertiser une victime, il faut une autorisation de la police et une plainte. Justine n’ayant pas été entendue, l’expertise ne peut avoir lieu. Claire attend donc que l’enquête par suite de la plainte de Lucas mette en examen le père incestueur pour qu’une expertise soit diligentée.
Une ordonnance de conciliation et une mesure d’AEMO
Pendant ce temps, une conciliation est ordonnée entre les deux parents. Le juge aux affaires familiales reconvoque Monsieur et Madame afin de statuer sur les modalités de garde. Claire s’offusque et demande au magistrat pourquoi une telle décision alors que le père est coupable ? La seule réponse qui lui sera faite résidera dans une mesure d’AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert) ordonnée par le juge des enfants à cause de la plainte. Dès lors, au motif qu’il y a un conflit parental, Claire a un droit de visite médiatisée d’une fois par mois tandis que le père se voit octroyer le même droit mais tous les quinze jours. Les enfants sont violés ? Peu importe ! Le principal, c’est de protéger le lien familial, quitte à détruire les enfants à vie.
Le policier dira à la fillette « Faut te défendre, Justine. »
Dès la première séance en milieu ouvert, le gentil papa « pelote » sa fille dans la cour des services sociaux devant tout le monde. Personne n’intervient. Quand Justine le confie le soir à sa mère, l’avocat de Claire conseille de porter plainte. Ce qu’elle fait. Au commissariat, Justine accepte de parler seule. Pour toute réponse à son traumatisme, le policier dira à la fillette « Faut te défendre, Justine. » Comme si une fillette de sept ans pouvait se défendre contre un adulte, son père, cette autorité qu’elle a appris à respecter et qu’elle aime comme tout enfant. À la suite de cette audition, la petite fille libérée s’épanouit chez sa mère. Timide et introvertie depuis toujours, elle intègre même le spectacle de l’école.
« Ne vous inquiétez pas, vous avez la garde, rien ne peut leur arriver. »
Une expertise psychiatrique a enfin lieu. Les enfants racontent, dénoncent pendant vingt minutes chacun. Quand Claire demande ensuite pourquoi le monstre n’est pas en prison, les policiers se veulent rassurants : « Ne vous inquiétez pas, vous avez la garde, rien ne peut leur arriver. » Pourtant, ils ne veulent pas enregistrer les autres preuves. Et le pire arrive.
Quand la mère est jugée aliénante, le père incestueur obtient tout pouvoir
Les mois défilent, l’audience auprès du juge des enfants s’annonce. Le père, absent, est représenté par son avocat. Claire est là, bien décidée à protéger Lucas et Justine de la lourde menace qui pèse sur eux. Mal représentée par un avocat venu en dilettante qui s’est préalablement entendu avec la partie adverse et le juge des enfants, ce conseil, le sien, ne lui octroie que cinq minutes pour lire les conclusions. À son grand désarroi, elle n’en aura pas le temps. La juge des enfants inhabituellement assistée du juge aux affaires familiales invoque l’aliénation parentale dans laquelle Claire se trouverait. Les magistrates la désignent comme une mère histrionique, ce que confirment la partie adverse et les conclusions des expertises diligentées par le juge des affaires familiales. Claire argumente, sort les expertises psychiatriques, les plaintes, les confirmations des enfants. Elle demande un report afin de pouvoir lire les conclusions. Aucune pièce du dossier, aucune demande n’y fait. Les juges en sont convaincus. C’est une mère aliénante, le conflit parental est important, il faut protéger les enfants de cette femme. Claire comprend qu’un piège inimaginable est en train de se refermer sur elle et sur ses enfants.
Des enfants en danger
Le soir même, Claire raconte que « les enfants sentent et ne veulent plus aller à l’école ». Et pour cause. Dans les jours qui suivent, elle est convoquée au commissariat. Le grand-père paternel des enfants a porté plainte contre elle pour diffamation. Coincée à l’hôtel de police pendant deux jours, elle sera ainsi empêchée d’être à l’école en début d’après-midi de ce jeudi-là où, même si le jugement qui donnera la garde au père n’a pas encore été prononcé, il le sera en fin d’après-midi, son ex-conjoint soutenu par les services sociaux et les gendarmes traîne sa fille par terre et récupère son fils. Prévenue par l’appel téléphonique d’une maman, Claire arrive en urgence. Justine supplie sa mère de la protéger. Les forces de l’ordre la somment de ne pas intervenir sinon ils l’arrêtent. Claire essaye de faire bonne figure pour ne pas stresser ses enfants encore plus et notamment Justine qui hurle encore et toujours qu’elle ne veut pas y aller. Entourée par les services de l’État censés les protéger, contrainte et forcée, elle laisse partir Lucas et Justine avec le père, ce pédocriminel qui, grâce aux dysfonctionnements et à l’aveuglement de la Justice, pourra « jouir » dans ses enfants en toute impunité.
Deux ans plus tard
Malgré l’enquête de la police qui démontre que le père est coupable, le juge aux affaires familiales refuse d’entendre et laisse les enfants au père. Depuis plus de deux ans, il a la garde complète. Claire est en attente d’une nouvelle date d’audience avec le juge aux affaires familiales. Depuis le printemps 2021, elle n’a droit qu’à une visite médiatisée par mois d’une durée de deux heures. Punie pour avoir été soutenue par un collectif de maman sur Internet, sans en être à l’origine, elle fait 1 200 kilomètres aller-retour pour voir ses enfants deux
petites heures par mois. L’enquête de viol a été classée sans suite. Elle est condamnée à ne pas porter plainte de nouveau malgré l’inceste à répétition sur ses enfants car à la dernière audience, le juge aux affaires familiales a été très clair : «J’espère que vous stoppez la plainte sinon vous ne reverrez jamais plus vos enfants. »
Et les enfants maintenant ?
Lors des premières visites médiatisées, Lucas et Justine, âgés maintenant et respectivement de 9 et 11 ans, étaient très fermés, absents, comme s’ils étaient ailleurs. Claire les décrit comme s’il n’y avait plus aucune étincelle de vie dans leurs yeux, ressemblant à des robots. Progressivement, au fur et à mesure des visites, ils se sont ouverts à leur mère, ont été plus dans le contact. Justine semble recouvrir une certaine humanité, de la complicité et vouloir se confier de nouveau à Claire. Depuis l’âge de huit ans, elle est consciente que sa mère est punie pour avoir voulu les protéger tandis que Lucas, plus petit, sous emprise du père et de l’ex-belle famille, pense que sa mère a fait quelque chose de mal. L’inceste et la violence du père sont des sujets tabous entre la mère et les enfants. À chaque entretien, Lucas et Justine demandent toutes les cinq minutes combien de temps il leur reste encore ensemble à cette séance, ils sont collés à elle et quand elle repart, contrainte et forcée, elle sent une tristesse horrible les envahir tous les trois.
D’une ordonnance de protection à la perte de la garde : le cas de Marie et de ses trois enfants
Propos recueillis par Élodie Torrente Coarasa
Marie est une maman de trois garçons âgés respectivement de 3, 7 et 10 ans au moment des faits. Cette mère de famille qui a souhaité se séparer de son conjoint qu’elle estime « manipulateur » à la suite de violences psychologique et sexuelle, nous raconte le même genre d’histoire, tentatives d’empoisonnement et de meurtre en moins.
Une information préoccupante et une ordonnance de protection
Tout commence quand Gabin*, l’aîné de Marie, confie à son institutrice qu’il est victime d’inceste de la part de son père. À la suite de cette déclaration en milieu scolaire, une information préoccupante est lancée. Deux semaines plus tard, le juge des enfants est saisi. Il n’en faut pas plus au père pour qu’il prenne ses affaires et quitte, sans l’annoncer, le domicile conjugal. Marie se retrouve seule avec ses trois fils. Aussitôt alerté, le juge aux affaires familiales prononce une ordonnance de protection. Le père redevient gentil, se calme, la mère qui a peur de lui et de ses couteaux dont il fait la collection, arrange les choses, lui laisse récupérer ses affaires et voir les enfants.
Mais une mesure d’AEMO malgré tout
Comme le juge aux affaires familiales, alerté par le juge des enfants, estime ces derniers sont en danger au contact du père et que la mère doit être aidée, une mesure d’AEMO (Assistance Educative en Milieu Ouvert) est fixée. Une expertise psychologique est réalisée chez les deux parents. La conclusion des experts montre que les enfants sont en danger chez le père et chez la mère, que ces derniers devraient gérer le conflit parental dans l’intérêt des enfants, ce en quoi la mesure AEMO devrait les aider. À ce stade de la procédure, l’ordonnance de protection censée protéger Marie et ses enfants de cet ex-conjoint violent et incesteur semble être déjà tombée dans les oubliettes.
Un père qui se victimise
Lors d’une rencontre avec une psychologue intervenant dans le cadre d’une AEMO, Marie confie que son ex-conjoint boit beaucoup d’alcool, qu’elle en a peur notamment parce qu’il est addict aux couteaux. Le père déclare de son côté qu’il est une victime de sa conjointe, qu’elle est perverse, violente et manipulatrice, qu’elle frappe les enfants. Les enfants sont entendus. Ils déclarent : « Tout va bien chez papa et y a juste une fois où il nous a frappés et c’est à cause de maman parce qu’elle ne faisait pas assez à manger, pas bien les courses. » Si l’expert relève chez la mère un stress post-traumatique et une discordance émotionnelle, le père pleure beaucoup pendant la séance ce qui lui vaudra d’être considéré dans le rapport comme la victime alors qu’il a surtout dit qu’il était la victime sans en apporter la preuve. Cette expertise sera systématiquement reprise tout au long de la procédure.
Un éducateur malveillant envers la mère protectrice
L’AEMO induit également la présence d’un éducateur qui vient chez Marie toutes les semaines ; le professionnel la menace de rapport contre elle dès qu’elle parle des violences qu’elle a subies. Un jour, il la convoque dans son bureau afin de lui ordonner une médiation en lui signifiant bien que si elle refuse, son rapport sera en sa défaveur. Malgré la menace, elle refuse la médiation car elle sait d’avance que ça n’aboutira à rien avec ce conjoint manipulateur et violent. Après tout, elle bénéficie d’une ordonnance de protection.
La garde complète accordée au père incesteur
Tandis qu’elle a la visite régulière des services de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance), le père qui vit à l’autre bout de la France ne sera convoqué par une éducatrice que deux fois en un an. Une année, cette année-là, c’est le laps de temps qu’il faudra pour être convoqué par le juge des enfants. Pour cette rencontre, l’éducateur en charge de la mère rédige un rapport mitigé où il évoque le conflit parental duquel elle ne serait pas sortie. Le père de son côté réclame la garde. L’avocate de Marie rappelle l’ordonnance de protection. Pourtant, le juge statue. La garde complète est octroyée au père avec un droit de visite d’un week-end sur deux à la mère qui vit à plusieurs centaines de kilomètres de là. Marie fait appel de la décision. Malgré les violences, les alertes de l’école, les juges confirment le conflit parental et au prétexte de ne pas redéplacer les enfants, ordonnent une médiation.
Des coups et blessures constatés sur le plus jeune des enfants
Puis, lors d’un week-end, Marie constate que Paul *, le plus jeune, âgé de 5 ans et demi, est très violent avec elle. Au début, elle en parle aux éducateurs mais comme ils invoquent encore et toujours le conflit parental, elle finit par se taire. À la fin de cette année-là, le même enfant arrive chez sa mère pour le week-end couvert d’hématomes de la tête aux pieds. Paul dénonce son père, ses frères aînés qui le frappent. Le lendemain, Marie contacte SOS Médecin. Un généraliste se déplace. Il faut amener l’enfant à l’hôpital. Paul est vu par trois médecins qui prennent des photos. L’enfant dit, en montrant les différents hématomes : « Là, c’est papa, là c’est Jean*, là c’est Gabin, mes deux grands frères. » Des radios sont prises. Paul reste toute la journée du samedi à l’hôpital. Le dimanche, Marie hésite à ramener l’enfant chez le père. Par peur de ne plus le protéger au moins un week-end sur deux, elle prend la route et le dépose chez le père malgré l’envie de lui éviter d’autres supplices. Personne ne veut la croire depuis le début, il n’y a aucune raison pour que ça change, pense-t-elle.
« Si vous ramenez votre fils au père c’est contre vous que l’on fait une information préoccupante… »
Un mois plus tard, pendant le week-end chez sa mère, quand Marie dit à Paul qu’il rentre le lendemain chez son père, le petit garçon fait une crise de nerfs puis, une fois calmé, lui confie : « Mais maman, papa me touche aussi les fesses et le zizi. » Aussitôt, elle ramène l’enfant à l’hôpital. Des photos sont faites, un rapport psychiatrique est réalisé. Les médecins décident de garder Paul pour la nuit. Quand le lendemain Marie annonce qu’elle doit ramener l’enfant au père, les soignants la menacent : « Si vous ramenez votre fils au père c’est contre vous que l’on fait une information préoccupante pour non-assistance à personneen danger. » Elle garde son fils, soulagée pour lui, bien que stressée par les conséquences. Qui ne tardent pas à venir.
Une plainte pour non-représentation d’enfant : le procureur ordonne à la mère de confier l’enfant au père incestueur.
Le lundi, le père porte plainte pour non-représentation d’enfant. Le mardi, elle reçoit une lettre recommandée du juge dans laquelle est mentionnée la perte de tous ses droits de visite et d’hébergement. Elle va au commissariat avec Paul pour déposer une plainte. L’enfant est entendu dans le cadre d’une audience Mélanie. Le mercredi, l’éducateur lui téléphone en lui ordonnant de ramener l’enfant au père, l’accuse d’avoir mis ces histoires dans la tête de son enfant, qu’elle l’a manipulé, qu’il y a conflit parental. Marie nous confiera à ce propos : « Pourtant je les ai appelés pour qu’il vienne à l’hôpital les deux fois et jamais ils ne se sont déplacés. » Le dimanche suivant de cette semaine très mouvementée, un policier appelle Marie. Elle doit confier l’enfant au père sur ordre du procureur de la République. C’est lors de ce week-end que les deux autres enfants de la fratrie avouent avoir frappé souvent leur frère tout en protégeant le père et en suppliant Marie : « S’il te plaît maman, ne nous ramène pas. » Détruite et angoissée pour eux, elle les dépose chez son ex-conjoint sinon, elle le sait, ils ont tous été très clairs, elle ira en prison.
Comme pour Claire, les services sociaux et la justice sourds aux violences sexuelles et accrochés au conflit parental.
L’hôpital fera trois informations préoccupantes. Les forces de l’ordre ont enregistré les plaintes. Malgré cela, les services sociaux et la justice resteront sourds et accrochés au conflit parental. De fait, pour avoir voulu protéger son fils, Marie passera six mois sans revoir ses fils, qui, pendant trois mois de confinement ont été enfermés avec le père violent et incesteur. En juin, elle aura enfin le droit de les rencontrer en milieu médiatisé, au parloir, comme elle appellera ce lieu froid et surveillé.
« Oui, mais Madame, même si c’est vrai qu’il a dit ça, c’est vous qui avez mis ça dans la tête de vos enfants. ».
Quand elle est de nouveau entendue par le juge des enfants et qu’elle évoque l’inceste, le magistrat lui répond : « Oui, mais Madame, même si c’est vrai qu’il a dit ça, c’est vous qui avez mis ça dans la tête de vos enfants. ». Elle comprend alors qu’il vaut mieux se taire. En milieu médiatisé où elle se rend deux fois, les éducatrices font un rapport en faveur de Marie attestant qu’elle n’est pas dans le conflit parental. Malgré cela, le même juge recommande de placer les enfants pendant les deux mois d’été, loin des parents afin de les éloigner du conflit parental. Il assortit sa recommandation d’une interdiction de tout contact. La voilà « désenfantée ». Fin août, tandis qu’elle espère les retrouver, l’Aide Sociale à l’Enfance téléphone à Marie. Le juge a ordonné un placement d’un an avec droit de visite pour la mère et le père en milieu médiatisé une fois par mois. Marie est punie, toujours au prétexte du conflit parental. La fratrie est séparée. Il faudra attendre un an pour qu’un nouveau juge des enfants en charge de son dossier lève le placement. Dès lors et parce qu’elle ne dénonce plus rien, elle retrouve depuis ses droits petit à petit.
Et les enfants après ça ?
Comme on s’en doute, ils ne vont pas bien. À quinze ans, Gabin l’aîné est en échec scolaire mais d’après l’éducateur c’est parce que l’adolescent n’aime pas l’école et d’ailleurs ce n’est pas grave. Il est violent avec ses deux frères mais respecte sa mère. Jean, le cadet âgé de douze ans est énurétique, très violent à l’école, provoque et insulte les élèves comme ses professeurs malgré de bons résultats scolaires. Dans les escaliers du collège, il dessine des phallus et mime des fellations dès qu’il mange une saucisse. Avec sa mère, il est très protecteur. Quant à Paul, le plus jeune, il ne quitte pas sa mère d’une semelle, hurle toujours quand il faut rentrer chez le père mais d’après les éducatrices c’est parce qu’il est capricieux ; Marie devrait d’ailleurs faire attention à ces caprices. N’empêche, à maintenant huit ans, en pleine période d’élection, Paul a confié l’autre jour à sa mère : « Dans dix ans, je voterai dans ta région. » Preuve qu’à sa majorité, enfin libre, il ne se voit pas vivre à côté de son père.
Une mère condamnée à se taire pour voir ses enfants.
D’ailleurs, les trois garçons ont demandé à résider chez leur mère. Le juge des enfants a refusé une nouvelle fois. Quant au juge aux affaires familiales, malgré la longue lettre écrite par Gabin quand il avait treize ans, la réponse a été négative toujours pour la même raison : c’est la mère qui lui a mis ça dans la tête. Et Marie ? Condamnée à se taire, elle attend que ses fils grandissent, consciente que leur enfance est brisée. Elle n’a pas le choix si elle veut conserver l’autorisation de leur offrir du répit, ne serait-ce qu’un week-end sur deux. Comme beaucoup de mères séparées qui veulent protéger leurs enfants de conjoints violents ou incesteurs, elle est pieds et poings liés par un mythe relayé par la justice, certains experts et les services sociaux : le pseudo-syndrome d’aliénation parentale.
1 Afin de respecter l’anonymat et la sécurité des personnes qui ont accepté de témoigner, nous avons modifié leur prénom et ceux de leurs enfants.
2 Du prénom de la première fillette qui en a bénéficié, cette procédure adaptée aux enfants est menée par des officiers habillés en civil. Elle se tient dans une salle équipée de caméras et de micros pour éviter de devoir entendre une nouvelle fois l’enfant par la suite et, de fait, l’obliger à revivre le traumatisme. Décorée comme une chambre d’enfant, on y trouve des poupées, des puzzles anatomiques afin que les plus jeunes puissent montrer et nommer les parties du corps qu’ils connaissent et ce qu’ils ont subi. Un pédopsychiatre se tient dans une salle de contrôle près de la salle d’audition afin de surveiller et d’interpréter le comportement de l’enfant.
Elles sont des centaines ces mères en lutte dont la seule ambition est de protéger leurs enfants de pères incestueurs. Elles hurlent, dénoncent, portent plainte mais prises au piège du pseudo-syndrome d’aliénation parentale dont la justice les accuse, elles perdent la garde au profit du père violent et incestueur.
Qu’elles s’appellent Sandrine, Latifa, Joëlle, Claire ou Marie1, toutes racontent un parcours impossible pour protéger leurs enfants d’un ex-conjoint animé d’une haine d’avoir été quitté au point de se venger sur les corps de ceux qu’ils ont vu naître, quand ils n’ont pas eu des relations incestueuses avant, provoquant ainsi la séparation.
Ils sont nombreux ces enfants qui, après la rupture, profitent d’être en sécurité chez leur mère pour dévoiler l’inceste et demander à ne plus aller chez leur père. Ils sont des centaines à être obligés de s’y rendre malgré les signalements de l’école, le dépôt de plainte dans le cadre d’une procédure Mélanie2, les preuves médicales et psychologiques de violences sexuelles qu’ils subissent le week-end ou pendant les vacances chez papa. Et ils sont tout autant à se retrouver ensuite à plein temps chez celui qui les viole ou les agresse sexuellement parce que la justice et les services sociaux refusent de prendre en compte leur parole, estimant qu’ils sont sous l’emprise d’une mère aliénante.
Un rapport circonstancié de la CIVISE pour arrêter le massacre
La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIVISE) mandatée par une lettre de mission signée par Adrien Taquet le 23 janvier 2021 et coprésidée par le juge Édouard Durand et Nathalie Mathieu, a fait de ce phénomène préjudiciable pour les enfants et donc la société dans sa totalité, l’objet de son premier avis, le 27 octobre 2021.
Dans À propos des mères en lutte, la CIVISE atteste que des centaines de femmes les ont contactés pour porter à leur connaissance des plaintes déposées à la suite de révélations par leur(s) enfant(s) de violences sexuelles de la part du père et qui, malgré les preuves, ont vu ces accusations se retourner contre elles et ceux qu’elles veulent protéger.
Des pères manipulateurs qui utilisent le système pour incester leurs enfants en toute impunité
Afin de comprendre ce phénomène qui consiste à faire taire les mères et leurs enfants, nous avons rencontré deux femmes, Claire et Marie, respectivement maman de deux et trois enfants incestés par leur père, toujours manipulateur, parfois violent.
De leur parcours au moment de la séparation à la perte de la garde de leurs enfants, nous avons recueilli leurs témoignages. Leur parole a mis en évidence une stratégie identique de la part de l’agresseur, un père souvent reconnu dans le milieu où il évolue et qui, en accusant la mère d’être dans le conflit parental et d’aliéner ses enfants contre lui, connaît les moyens de faire taire celle qui l’a quitté et ses enfants, ceux qui lui doivent respect et obéissance.
La stratégie de l’agresseur
Car si chaque histoire est particulière, la stratégie de l’agresseur est toujours la même, comme le souligne la CIVISE : isoler sa proie (Je ne savais pas à qui en parler, raconte Claire), créer un climat de peur (la pression subie par Claire, la présence des couteaux dans le domicile de Marie), passer à l’acte (récupérer les enfants de force en utilisant la violence, comme le vit la maman de Lucas et Justine), inverser la culpabilité (Il est obligé de le faire à ses enfants car s’il le fait aux autres enfants, les autres parents vont le tuer », confie la petite Justine à propos de son père), imposer le silence (Depuis que je me tais, j’obtiens de nouveau des droits, nous relate Marie), rechercher des alliés (les grands-parents, la directrice d’école pour l’ex-conjoint de Claire, les éducateurs, la psychologue pour celui de Marie) et assurer son impunité (en accusant la mère de conflit parental pour s’attribuer les bonnes grâces des juges).
Dans un tel contexte, au sein d’un pays où la culture du viol n’est plus à démontrer, si une mère ou un enfant dénonce un viol ou une agression sexuelle incestueuse, la victime est renvoyée dans son silence par les institutions en arguant que face aux dénégations de l’agresseur, c’est parole contre parole. Quand, en plus, le syndrome d’aliénation parentale (SAP) s’invite dans les têtes des magistrats, il devient impossible de protéger ses enfants.
Au nom du pseudo-syndrome d’aliénation parentale
Inventé aux États-Unis en 1985 par le docteur Richard Gardner, l’aliénation parentale accrédite l’idée selon laquelle dans la plupart des séparations conflictuelles, le parent qui vit avec l’enfant, bien souvent la mère, « monte » l’enfant contre le père, afin que l’enfant refuse de le voir. Cette théorie n’a, à ce jour, jamais été reconnu par la communauté scientifique et a fait l’objet, en 2019, dans le rapport du GREVIO3 du Conseil de l’Europe, d’une alerte auprès des autorités françaises sur l’impact néfaste pour la protection de l’enfance de la diffusion de ce concept dans les pratiques des professionnels. Si en Espagne des mesures ont été prises en juin 2021 pour
empêcher l’utilisation de ce « SAP » par des professionnels, en France il est encore et toujours en vigueur dans les décisions de la plupart des professionnels, qu’ils soient magistrats, experts psychiatriques ou professionnels de l’enfance malgré la résolution du 6 octobre 2021 du Parlement européen faisant part de sa préoccupation sur le recours fréquent à ce pseudo-syndrome qui empêche de prendre en compte le témoignage des enfants et les risques de violences auxquels ils sont exposés.
Une note d’information du ministère de la Justice ignorée par les magistrats
Pourtant, dès juillet 2018, grâce à l’action de Mme Laurence Rossignol alors ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, une note d’information a été mise en ligne par le ministère de la Justice afin d’« informer les magistrats du caractère controversé et non reconnu du syndrome d’aliénation parentale, les inciter à regarder avec prudence ce moyen lorsqu’il est soulevé en défense et leur rappeler que d’autres outils sont à leur disposition en matière civile. » Il faut croire que la plupart sont restés sur la théorie infondée du SAP enseignée pendant des années à l’École Nationale de la Magistrature car, pour Claire, Marie et tant d’autres cette fausse théorie a mis en danger leurs enfants en invisibilisant et laissant faire les violences sexuelles dont ils sont encore victimes, en condamnant le parent protecteur et ce, bien après cette alerte du ministère de la Justice.
Une fausse théorie relayée par des experts masculinistes
De SOS Papa à certains experts en vogue : utiliser l’image du père aimant pour manipuler l’opinion contre les mères dites aliénantes
Des professionnels de renom tels que le docteur Bensussan, un psychiatre sexologue, expert depuis 1996 auprès de la cour d’appel de Versailles dont le texte remarqué, publié en 1999, Inceste, le piège du soupçon, lui permettra de développer ses thèses sur les fausses allégations d’abus sexuels des enfants, sévissent encore dans les prétoires, non sans rallier d’autres spécialistes. Le Dr Benssussan, d’ailleurs invité dès 1999 par SOS papa, une association masculiniste qu’il défend et dont les coups d’éclats sont largement relayés par la presse, devient une caution d’envergure au point de voir des juges rejoindre le mouvement. Pourtant, l’auteur réalisateur Patric Jean, dans son enquête choc au nom évocateur, La loi des pères, publiée en 20204 et pour laquelle il a infiltré les groupes masculinistes, démontre qu’« Une rapide enquête aurait pu montrer que l’homme [membre de SOS Papa qui a escaladé une grue en 2013 à Nantes] avait perdu le droit de garde, le droit de visite, ainsi que son autorité parentale, ce qui est très rare et implique des faits gravissimes. L’opinion aurait découvert qu’il avait en effet enlevé, avec violence, son propre fils pendant deux mois et demi. Et qu’il serait pour ces faits condamné à quatre mois de prison ferme. » Il faut souligner que cela fait de belles images pour défendre la mythologie sur la famille, ces pères qui réclament, au prix de leur vie, la garde de leur enfant. Quitte à condamner la mère protectrice sous prétexte d’une aliénation et
d’un conflit provoqué par les violences et l’inceste et, ce faisant, laisser se perpétuer des viols et des violences sur des enfants.
Des idées reçues infirmées par les statistiques
Pourtant, les études scientifiques démontrent (et notamment celle de 2005 réalisée par Trocmé et Balla) que sur 7 672 dossiers de maltraitance sur enfants, la mère n’est l’auteur des dénonciations que dans 7 % des cas et qu’elle ne commet une dénonciation intentionnellement fausse que dans 2 % des cas. De fait, la CIVISE estime après avoir croisé les enquêtes Contexte de la sexualité en France et Cadre de vie et sécurité que chaque année 160 000 enfants subissent des violences sexuelles et que 22 000 d’entre eux sont victimes de leur père. D’après l’enquête VIRAGE de l’INED, les victimes ayant été violées dans leur enfance désignent leur père dans 14 % des cas pour les filles et 10 % pour les garçons. Enfin, si le service statistique de la Justice ne dispose pas de données permettant d’isoler le nombre de poursuites relatives à des incestes paternels, nous savons qu’en 2020 seuls 1 697 personnes ont été poursuivies pour viols incestueux ou agressions sexuelles sur mineur quel que soit le lien de parenté avec la victime et qu’en 2018, seules 760 personnes ont été condamnées pour l’une ou l’autre de ces infractions. Ça en fait des pères qui échappent aux poursuites et à la condamnation.
La vérité ne sort plus de la bouche des enfants depuis l’affaire d’Outreau
C’est ainsi qu’on parvient à un nombre aussi effrayant d’enfants incestés par leur père chaque année. Que des mères luttent et hurlent sans être entendues. Que dans 80 % des cas, ce sont ces mêmes mères, comme en témoignent Claire et Marie, qui sont condamnées pour non – représentation d’enfant (d’après une étude de 2019 du ministère de la Justice) alors que beaucoup d’entre elles et de leurs enfants dénoncent, preuves à l’appui, des actes interdits par la loi. En conséquence, des enfants grandissent dans la haine de la Justice, de la société au nom de la protection de l’enfance qui ne fait rien pour les protéger. Pire qui les envoient subir des viols, des agressions sexuelles et des violences chez leur père pour préserver un lien parental à conserver coûte que coûte. N’en doutons pas, ceci nous coûte.
Des propositions concrètes pour protéger les mères et les enfants d’un père incesteur
Les recommandations de la CIVISE
Malgré ces amers constats, nous conservons un espoir grâce aux travaux de la CIVISE qui, pour en finir avec le déni de la réalité des violences sexuelles faites aux enfants et la présomption de culpabilité des mères recommande :
D’assurer la sécurité de l’enfant dès les premières révélations de viol, d’agressions sexuelles incestueuses en suspendant de plein droit l’autorité parentale, les droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi pour ces actes,
D’assurer la sécurité du parent protecteur en suspendant les poursuites pénales pour non-représentation d’enfants contre un parent lorsqu’une enquête pour pratiques incestueuses est en cours contre l’autre parent,
D’assurer enfin la sécurité durable de l’enfant et du parent protecteur en prévoyant dans la loi le retrait systématique de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour des violences sexuelles contre son enfant.
Un espoir mitigé
Si Emmanuel Macron a déclaré le 23 janvier 2021 : « Vous n’êtes plus seul.e.s, on vous croit. » et a donné les moyens à la CIVISE de mener ses enquêtes, force est de constater que les avis de la Commission n’ont pas encore été concrétisés par des mesures notables. De fait, l’espoir de voir ces recommandations aboutir reste mitigé dans le contexte actuel où l’Ordre des médecins n’est pas favorable à une obligation de signalement, où tant de ministres sont mis en cause pour viol, agressions sexuelles, violences conjugales ou parce qu’ils ont tenu des propos sexistes. Surtout quand en plus, lors du procès d’Outreau, l’avocat qui a défendu la thèse selon laquelle on ne pouvait décidément pas prendre en compte la parole de l’enfant a été récemment reconduit comme ministre de la Justice.
Pourtant, une société qui ne protège pas ses enfants est une société vouée à s’éteindre. Nos dirigeants, nos magistrats et tous ceux qui refusent de voir cette réalité feraient bien de s’engager au côté des mères protectrices et de défendre l’avenir que sont nos enfants notamment aux côtés du collectif Enfantiste (dont la première manifestation se tiendra ce vendredi 10 juin à Paris) plutôt qu’un lien paternel qui se révèle dans certains cas dévastateur et assurément nocif pour tous. Ne l’oublions pas. L’injustice crée les injustes. Et les violences sociales qui vont avec.
1 Afin de protéger l’anonymat des personnes qui ont accepté de témoigner, tous les prénoms ont été modifiés.
2 Du prénom de la première fillette qui en a bénéficié, cette procédure adaptée aux enfants est menée par des officiers habillés en civil. Elle se tient dans une salle équipée de caméras et de micros pour éviter de devoir entendre une nouvelle fois l’enfant par la suite et, de fait, l’obliger à revivre le traumatisme. Décorée comme une chambre d’enfant, on y trouve des poupées, des puzzles anatomiques afin que les plus jeunes puissent montrer et nommer les parties du corps qu’ils connaissent et ce qu’ils ont subi. Un pédopsychiatre se tient dans une salle de contrôle près de la salle d’audition afin de surveiller et d’interpréter le comportement de l’enfant.
3 Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
Anne-Sophie Nyssen est élue rectrice de l’Université de Liège le 12 mai 2022, fonction qu’elle exercera officiellement à partir du 1er octobre 2022, succédant au Pr Pierre Wolper. Elle sera alors la 63e personnalité académique à occuper cette fonction depuis la création de l’Université de Liège en 1817, première rectrice de l’histoire de l’ULiège et première rectrice d’une université publique en Belgique francophone.
Anne-Sophie Nyssen (57 ans) est professeure de psychologie du travail à la faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation de l’Université de Liège (ULiège) et, depuis 2018, Vice-rectrice à l’Enseignement et au Bien-être. Elle a été précédemment Vice-doyenne de sa faculté.
En tant que Vice-rectrice, Anne-Sophie Nyssen a développé la campagne #RESPECT qui vise à lutter contre les différentes formes de discrimination vécues au sein de l’Université : lutte contre le harcèlement, pour la communication non-violente et le respect des différences.
Elle s’est engagée dans la lutte contre la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles dans le cadre de la Chaire Mukwege à l’ULiège.
Durant la période du Covid, elle est notamment à l’origine de la distribution des paniers bio-solidaires à destination des étudiant.es. Dans le contexte de la pandémie, qui a bousculé brutalement les méthodes d’enseignement tant pour les enseignant·es que les étudiant·es, elle a lancé un processus de réflexion sur une vision moderne de la place du numérique dans l’enseignement universitaire et plaide, en ce sens, pour une sobriété raisonnée des outils numériques.
Parallèlement, elle a participé activement en interuniversitaire aux réformes du décret Paysage et de la Formation initiale des enseignants.
Ses domaines de recherche portent sur le rôle des facteurs humains et organisationnels dans les milieux de travail (industrie, aviation, hôpitaux,…) : l’erreur humaine, l’accidentologie, la souffrance au travail, l’ergonomie cognitive, la prise de décision et le développement de l’expertise, la conception, l’évaluation des nouvelles technologies, l’analyse des systèmes complexes et la fiabilité des systèmes.
Anne-Sophie Nyssen est également détentrice du certificat d’hypnose ericksonienne obtenu à l‘Institut Erickson de Liège. Elle est à l’origine, dans le cursus universitaire, d’un cours sur la sensibilisation au processus hypnotique et à la communication thérapeutique.
La future rectrice prendra ses fonctions le 1er octobre 2022 pour un mandat de 4 ans.
Le gouvernement de gauche espagnol a présenté un projet de loi créant un “congé menstruel” pour les femmes souffrant de règles douloureuses, une première en Europe.
Le gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Pedro Sánchez (parti socialiste) a présenté ce 17 mai un projet de loi en ce sens en conseil des ministres avec la volonté de lever un « tabou ».
“Nous allons être le premier pays d’Europe à instaurer un arrêt maladie temporaire financé intégralement par l’État pour des règles douloureuses et invalidantes”, s’est félicité la ministre de l’Egalité, Irene Montero, à l’issue du Conseil des ministres.
Irene Montero Photographer: Gabriel Bouys/AFP/Getty Images
“Les règles ne seront plus taboues (..) C’en est fini d’aller au travail avec des douleurs” ou en “se gavant de comprimés” et “de cacher notre douleur”, a ajouté la ministre, l’une des chefs de file du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez au sein du gouvernement de coalition.
“Nous avançons en matière de féminisme. Les femmes doivent pouvoir décider librement de leurs vies”, a salué Pedro Sánchez sur Twitter en référence à un projet de loi qui renforce par ailleurs le droit à l’avortement dans le pays.
En France, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, quelques entreprises accordent un tel “congé menstruel” à leurs salariées mais il n’est pas inscrit dans la loi.
En Espagne, la mesure a toutefois suscité des réticences au sein même de l’exécutif, parmi les ministres socialistes, mais aussi au sein des syndicats.
“Il faut faire attention avec ce type de décision”, avait mis en garde vendredi la secrétaire générale adjointe de l’UGT, l’un des deux principaux syndicats espagnols, Cristina Antoñanzas, en se disant inquiète vis-à-vis d’un possible frein à l’embauche des femmes de la part d’employeurs voulant éviter ces absences.
Une analyse réfutée par Commissions ouvrières (CCOO), l’autre grand syndicat espagnol, qui a salué une “avancée législative” majeure, de nature à “rendre visible et reconnaître un problème de santé jusqu’à présent ignoré”.
Le texte du gouvernement prévoit aussi un renforcement de l’éducation sexuelle dans les écoles ainsi que la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d’hygiène menstruelle dans les lycées.
La ministre de l’Égalité était aussi favorable à une réduction de la TVA sur les produits d’hygiène menstruelle, de 10% à 4%, mais cette mesure n’a pas été retenue.
L’Espagne est un pays considéré comme l’un des pionniers en Europe en matière de féminisme depuis l’adoption en 2004 d’une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sánchez compte plus de femmes (14) que d’hommes (9 en incluant le Premier ministre).
Karine Jean-Pierre, née le 13 août 1977 à Fort-de-France, est “tout ce que Trump déteste” comme elle s’amusait à le dire il y a quelques mois. Femme, mère, noire et ouvertement homosexuelle, le président américain, Joe Biden, a annoncé, jeudi 5 mai, avoir choisi Karine Jean-Pierre pour remplacer Jen Psaki au porte-parolat de la Maison Blanche.
C’est la première fois que ce poste très exposé est attribué à une femme noire.
Et pas n’importe quelle femme ! La nouvelle porte-parole aujourd’hui âgée de 44 ans, est francophone. Et pour cause : elle est née à Fort-de-France, en Martinique, de parents haïtiens qui avaient fui la dictature de Duvalier. Toute petite, elle vit ensuite quelque temps à Paris, avant que ses parents ne s’installent à New-York dans le quartier du Queens. Son père devient alors chauffeur de taxi (il y a beaucoup de Haïtiens chauffeurs de taxi à New-York) et sa mère aide-soignante.
Press Secretary Jen Psaki introduces incoming Press Secretary Karine Jean-Pierre as the first Black and out LGBTQ person to hold the position in the Briefing Room at the White House in Washington, DC on Thursday, May 5, 2022.
S’ensuit un parcours fulgurant et une sucess story dont sont friands les américains. Diplômée de la prestigieuse université Columbia avant de s’engager dans le monde associatif et politique, la nouvelle porte-parole de la Maison Blanche milite pour faire tomber les préjugés en matière de santé mentale dont elle a souffert : une dépression et tentative de suicide dont elle sortira renforcée.
En 2008, Karine Jean-Pierre n’a alors que 30 ans et elle s’engage dans la primaire démocrate aux côtés de l’un des candidats, John Edwards. Barack Obama remporte la primaire. Karine Jean-Pierre rejoint son équipe de campagne. La fille d’immigrés haïtiens sera également de la campagne 2012, celle de la réélection d’Obama. Elle devient ensuite chargée de cours à l’université Columbia, là où elle avait étudié, puis s’engage dans des associations de défense des droits.
Karine Jean-Pierre et son épouse la journaliste politique Suzanne Malveaux
Le vendredi 13 mai, elle s’installera derrière l’iconique pupitre de la « Briefing Room » de la Maison-Blanche où elle aura à répondre aux questions des médias américains et internationaux.
Sa sucess story, elle l’a dédié aux jeunes femmes et hommes à travers un message rapporté par l’AFP : « Si vous travaillez très dur pour un objectif, cela arrivera. Oui, vous subirez aussi des coups durs, vous traverserez des moments difficiles et cela ne sera pas toujours facile mais la récompense sera incroyable, surtout si vous restez fidèles à ce que vous êtes. »
Cette nomination intervient alors que les États-Unis se trouvent actuellement secoués par une vague conservatrice qui entend remettre en cause le droit à l’avortement des femmes. Tout un symbole !
La femme à qui l’on doit le cocktail Molotov et médecin française co-découvreuse du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21, est décédée samedi 30 avril à l’âge de 96 ans.
Son nom a longtemps été oublié, a l’instar d’un grand nombre de femmes dans l’Histoire et contrairement à ceux de ses homologues masculins, les Prs Jérôme Lejeune et Raymond Turpin.
Marthe Gautier DR.
C’est seulement à partir des années 2010 que le rôle de la Française Marthe Gautier dans la découverte du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21 a été pleinement reconnu.
Marthe Gautier écrira : « Je suis blessée et soupçonne des manipulations, j’ai le sentiment d’être la « découvreuse oubliée » ». Convaincue d’avoir été trahie, Marthe Gautier décide d’abandonner la trisomie 21 pour retourner vers les soins de l’enfant atteint de cardiopathie.
Elle sera la fondatrice et la directrice du département d’anatomopathologie des maladies hépatiques de l’enfant à la demande de Daniel Alagille, directeur de l’unité de recherche INSERM 56 « Hépatologie infantile », à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (1966). Elle sera ensuite maître de recherche (1967), puis directrice de recherche à l’INSERM, et membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’INSERM “Métabolismes inorganiques, physiologie et pathologie hépatiques et digestives”.
Marthe Gautier a été élevée directement au grade d’officière dans l’ordre de la Légion d’honneur et a été décorée le 16 septembre 2014 par Claudine Hermann, professeure honoraire de physique à l’École polytechnique et membre fondatrice de l’association Femmes & Sciences.. Après avoir refusé deux fois cette distinction, elle l’accepte finalement, selon ses termes, « par indignation à l’égard de l’impudence de la Fondation Lejeune ».
En 2014, Marthe Gautier recevait la légion d’honneur (grade d’officière) des mains de Claudine Hermann (fondatrice de l’association Femmes & Sciences). Crédit Femmes & Sciences.
Si son histoire a été médiatisée ces dernières années, elle n’est pourtant pas unique. Cette méconnaissance des femmes de sciences est principalement liée à ce que l’on appelle aujourd’hui «l’effet Matilda ». Qu’est-ce que c’est ? L’effet Matilda part d’un constat : les femmes à l’origine de recherches et découvertes scientifiques majeures sont longtemps restées dans l’ombre, au profit des hommes. Supprimées de l’Histoire, oubliées, reniées ou dénigrées, ces femmes n’ont eu ni l’honneur de se voir décerner un prix, ni celui de figurer sur les manuels scolaires.
On parle d’effet Matilda lorsque des hommes s’approprient le travail intellectuel effectué par des femmes pour s’en attribuer les mérites.
Réduites à des remerciements en bas de pages ou tout simplement supprimées du projet, nombreuses sont les femmes scientifiques à avoir étémises aux oubliettes. Leurs contributions sont minimisées, niées ou reniées.
Au-delà de l’omission par intérêt, on remarque également qu’en cas de découvertes simultanées ou communes, le nom retenu par la presse et le public était uniquement celui de l’homme.
Presque chaque famille en possède une version, mais au fond, que sait-on vraiment du Monopoly? Et de son inventrice, Elizabeth Magie ?
«Lizzie» Magie, née en 1866, est une femme indépendante et sténographe, également poétesse et inventeurice. Elle a déjà déposé un brevet en 1893 facilitant l’usage de la machine à écrire quand, inspirée par l’économiste Henry George ( la pauvreté découle de la possession par certains des terres), elle enregistre en 1904 le Landlord’s Game («le jeu du propriétaire»). Les participants pourront mesurer la «nature antisociale du monopole». Le jeu circule pas mal au cours des années 1920 et retient l’attention de Darrow qui l’accommode à sa sauce.
Pendant de nombreuses décennies, le jeu a été attribué à Charles Darrow, mais cette croyance répandue a été remise en question dans les années 1970. Des recherches au cours d’un procès à l’époque ont révélé qu’une Elizabeth J. Magie semble avoir créé le jeu au moins 20 ans avant le brevet de Charles.
Qui est Charles Darrow ? A-t-il inventé le Monopoly ?
Charles Brace Darrow est l’homme qui, pendant de nombreuses années, a été officiellement reconnu comme l’inventeur du Monopoly. Le succès ultérieur du jeu l’a amené à devenir le tout premier concepteur de jeux millionnaire de l’histoire et cimenterait son nom dans l’histoire – mais il n’aurait peut-être pas été entièrement honnête dans ses premières affirmations.
Avant le développement de Monopoly, il était vendeur de chauffage domestique à Germantown à Philadelphie juste avant la Grande Dépression. Darrow finira par perdre son emploi dans la société de vente lors du krach boursier de 1929 et travaillera plus tard divers petits boulots pour joindre les deux bouts.
Il est intéressant de noter qu’Elizabeth Magie a effectivement approché les frères Parker en 1910 avec son jeu original publié par Economic Game Company. Mais malheureusement pour Magie, ils ont ensuite refusé.
Elle les approchera plus tard en 1924 avec une version améliorée qui comprenait de nouveaux mécanismes de jeu, comme des loyers plus élevés lorsque les trois chemins de fer et les services publics étaient détenus, etc. Une fois de plus, les Parker Brothers ont refusé, qualifiant le jeu de “trop politique” pour leur entreprise.
En fait, les premières versions du jeu étaient dessinées à la main à l’aide de stylos techniques, les planches elles-mêmes étant fabriquées à partir de morceaux ronds de toile cirée au lieu d’un carton carré rigide. Après avoir eu un certain succès, Darrow a contacté des imprimeries locales pour produire des ensembles de jeux plus standardisés et d’aspect professionnel.
George Parker l’a cependant encouragée à retirer son brevet de jeu de 1924.
Lorsque Darrow les a finalement approchés avec sa version, le jeu avait subi quelques changements cosmétiques, notamment le symbole désormais emblématique de la locomotive, Free Parking, l’emblématique Red Go Arrow, les actions de cartes colorées, les cartes Chance et les jeux de cartes Community Chest, etc.
Darrow approchera les Parker Brothers en mai 1934 mais, comme Magie avant eux, verra sa candidature rejetée. Cette fois, pour différentes raisons, ils pensaient que le jeu était “trop compliqué, trop technique et prenait trop de temps à jouer”.
Au cours de la période de Noël 1935, la version de Darrow a rencontré un certain succès financier à Philadelphie. La nouvelle parvint aux Parker Brothers qui décidèrent de recontacter Darrow pour organiser une nouvelle rencontre et achetèrent le jeu en 1935.
Plus tard la même année, les frères ont appris que Darrow n’était pas le seul inventeur du jeu et ont racheté tous les autres brevets existants, y compris celui de Magie de 1924 pour un montant forfaitaire de 500 $ . Ils ont également acquis tous les autres droits d’auteur et autres variantes commerciales du jeu pour garantir sa propriété incontestée de sa propriété intellectuelle.
Dès qu’ils ont eu la pleine propriété, les frères Parker ont commencé des efforts de marketing à grande échelle dès qu’ils ont pu. Ils ont produit et publié une version standard et Deluxe du jeu de Darrow et ont ensuite publié six autres versions avec les plus chères comprenant une planche en bois et des pièces de joueur en laiton.
Qui est Elizabeth J. Magie ?
Elizabeth (Lizzie) J. Phillips était une ingénieure américaine, une conceptrice de jeux et une géorgiste (une philosophie économique du XIXe siècle). Elle est née à Macomb, dans l’Illinois, en 1866 et a ensuite inventé une première version de l’un des jeux de société les plus populaires de l’histoire, bien que sans reconnaissance pendant de nombreuses décennies.
Elle a été présentée à Henry George (qui a fondé le mouvement Georgist) à travers son livre “Progress and Poverty” à la fin des années 1850. Cela dominera sa pensée philosophique pour le reste de sa vie et influencera grandement le jeu qui deviendra un jour Monopoly.
Dans les années 1880, elle travailla comme sténographe mais écrivit aussi des nouvelles et de la poésie, s’essaya au théâtre et à la comédie. Elle a également défendu le droit de vote des femmes au début du XXe siècle.
En 1906, elle travaillait comme journaliste et s’est mariée en 1910 à l’âge de 44 ans.
Malgré tout cela, son plus grand travail a été la création du jeu “The Landlord’s Game” et a déposé son premier brevet en 1903. L’idée du jeu était de démontrer les effets néfastes économiques du monopole foncier et les avantages potentiels de la taxe sur la valeur foncière. (système fiscal unique ou géorgisme).
Elle a ensuite déménagé à Chicago en 1906, a formé une société de jeux, The Economic Game Co, avec d’autres georgistes et a autopublié son jeu. En 1912, son jeu a été adapté par la Scottish Newbie Game Co sous le nom de Bre’r Fox et Bre’r Rabbit et d’autres adaptations ont commencé à apparaître aux États-Unis.
Une version mise à jour a ensuite été également brevetée par Magie en 1924 après l’expiration de son original en 1921. En 1936, elle a vivement critiqué les Parker Brothers dans un journal de Washington, ce qui a incité la société à publier deux autres de ses jeux ” Bargain Day ” et ” Les Hommes du Roi ” en 1937.
Aujourd’hui très peu d’exemples de son “The Landlord’s Game” existent mais “Bargain Day” et “King’s Men” sont moins rares.
Magie mourra plus tard à Staunton, en Virginie, en 1948, à l’âge de 82 ans. Elle fut enterrée avec son mari à Albert Wallace Phillips à Arlington, en Virginie.
Une femme à la tête du Musée de l’Homme c’est fait ! Succédant ainsi à André Delpuech, qui officiait à ce poste depuis 2017, Aurélie Clemente-Ruiz a été nommée directrice du Musée de l’Homme, le 1er avril 2022, à l’issue d’un processus de recrutement qui a sélectionné son projet pour l’établissement.
C’est une petite révolution dans le monde de l’Art, Aurélie Clémente-Ruiz qui occupait depuis janvier 2021 le poste de directrice des expositions, devient la première femme directrice de cette institution : «Il était temps, non ?» a t’elle confié à nos confrères du Parisien.
Le nouveau Musée de l’Homme inauguré en 2015 et situé en face de la Tour Eiffel, a pour objectif la compréhension de l’évolution de l’Homme et des sociétés, en croisant les approches biologiques, sociales et culturelles. Il aborde aussi bien l’étude des périodes les plus anciennes que la période contemporaine qui questionne le devenir de l’Homme.
Musée de restitution des connaissances et de débats publics, le nouveau Musée de l’Homme comporte de vastes espaces publics réservés à ces fonctions. Expositions, balcon des sciences, auditorium, centre de ressources, salles d’enseignements, ateliers pédagogiques sont autant de lieux dans lesquels les visiteurs sont invités à vivre en direct l’actualité des Sciences de l’Homme. Par ailleurs, le Musée de l’Homme héberge des équipes de chercheurs internationalement reconnues qui travaillent sur l’évolution de l’Homme et les interactions entre les sociétés et leurs environnements.
Aux commandes du Musée de l’Homme, Aurélie Clémente-Ruiz. aura pour mission d’accroître sa visibilité et sa fréquentation en l’ouvrant à de nouveaux publics, grâce à une diversité de projets (expositions mais aussi rencontres, ateliers, visites spécifiques, soirées thématisées…) Elle souhaite en faire un lieu de convivialité, de connaissance et découverte pour tous. Convaincue que l’étude du passé de l’humanité permet de mieux appréhender son futur, Aurélie Clemente-Ruiz entend également renforcer le positionnement du Musée de l’Homme, un des rares lieux culturels traitant à la fois de préhistoire et de sociétés, en les ancrant dans le monde contemporain.
La nouvelle directrice souhaite conserver l’esprit citoyen du Musée de l’Homme qui, depuis sa réouverture en 2015, s’empare de thématiques suscitant l’engagement (à l’image de l’exposition Nous et les autres, des préjugés au racisme, en 2017), avec la plus grande rigueur scientifique. Par ailleurs responsable du pôle Musées, elle sera chargée de renforcer les liens entre le Musée de l’Homme et les autres sites du Muséum national d’Histoire naturelle.
Le 22 mars 2022, lorsque Sandrine Rousseau, figure du parti EELV, a confié à l’occasion d’une interview vouloir créer un délit de « non-partage des tâches domestiques », elle avait été la risée des réseaux sociaux et avait subi moqueries et insultes en cascades.
Elle avait précisé à l’époque que « le privé c’est le politique » et que l’égalité entre les femmes et les hommes devait être absolue.
Faire reconnaître dans un couple un non-partage des tâches domestiques comme on reconnaît les violences au sein des couples ?
Or d’après une étude révélées ce mercredi par Le Parisien, une femme sur deux (et 44% des hommes) adhère à une telle mesure. En effet, cette étude Ifop pour Consolab inspirée par la question soulevée par Sandrine Rousseau – réalisée du 28 au 31 mars précisément – révèle que les Françaises sont nombreuses à ne pas trouver absurde cette idée de sanctionner leur conjoint qui ne participe pas à leur hauteur aux tâches du foyer.
L’enquête constate, avant tout, que 57% des femmes en couple avec un homme estiment “en faire plus que leur conjoint” à la maison, tandis que seulement 16% des interrogés masculins pensent, à l’inverse, être plus investi que leur compagne.
Les femmes sont même 31% à considérer en faire “beaucoup plus que leur conjoint”. Un pourcentage à la baisse, car elles étaient 45% à estimer cela en 2015, il y a sept ans.
Face à cette inégale répartition de la charge mentale quotidienne – ménage, courses, soins aux enfants -, 50% des Françaises, soit une femme sur deux, soutiennent la proposition de Sandrine Rousseau et se disent favorables à la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques.
Une idée qui plaît donc en théorie, mais qui reste mitigée face à la pratique. En effet, seulement 14% des Françaises se sont dites vraiment prêtes à porter plainte contre leur conjoint.
Au théâtre, en tournée actuellement dans toute la France avec la pièce “L’occupation” sur un texte de l’écrivaine Annie Ernaux1, Romane Bohringer qui commença sa carrière à l’âge où les autres filles jouent encore aux billes, a gentillement accepté de nous rencontrer nous accordant son entière disponibilité et se prêtant au jeu des questions entre deux représentations. Une longue interview investie et habitée, à l’image de sa générosité.
Ce qui frappe quand on rencontre Romane Bohringer c’est sa sensibilité et sa simplicité. A mille lieu des strass et des peoples, à des années lumières de l’image d’artiste torturée qu’elle véhiculait parfois, Romane est une femme bien ancrée dans sa génération, une femme à la carrière exemplaire qui n’a plus rien à prouver et qui se fiche des apparences. Attentive à l’autre et aimant véritablement la gente humaine, cette enfant de la balle, est très proche de ses collaborateurs (techniciens, régisseurs, assistant mise en scène etc…) qui constituent pour elle une véritable “famille”. Ce jour là, Romane et son équipe, avaient organisé un barbecue improvisé sur le parking du théâtre en toute décontraction dans une ambiance de franche camaraderie.. Du jamais vu dans le milieu parfois guindé du spectacle dit “culturel”. Les personnes ayant eu la chance de travailler avec elle évoquent quelqu’un d'”exigeant artistiquement”, “une véritable bosseuse” qui ne se contente pas de la médiocrité là où d’autres comédiennes misent tout sur leur notoriété. Romane Bohringer s’intéresse véritablement aux gens. Nous qui avions peur de la brusquer, finalement c’est elle qui nous a capturé.
Vous êtes actuellement en tournée au théâtre avec le spectacle “L’occupation” sur un texte d’Annie Ernaux, qui traite de la jalousie dans le couple, pouvez-vous nous le résumer pour nos lecteur.ice.s qui ne l’auraient pas encore vu / lu ?
C’est le récit d’une femme qui plonge à un moment de sa vie dans un sentiment de jalousie obsessionnel et assez destructeur. Elle est tout à coup envahi par un sentiment qu’elle ne connaissait pas qui est celui de l’obsession amoureuse de la dépossession de soi-même. “L’occupation” c’est donc une femme qui a quitté un homme et quelques mois après elle apprend que cet homme s’est remis avec une femme ; et à partir de ce moment là alors qu’elle l’avait quitté, alors qu’elle en était détachée, que ça venait de sa propre décision, l’existence d’une autre femme dans la vie de cet homme va la plonger dans une perte de contrôle et Annie Ernaux explore ce moment avec toute la beauté de sa langue.
Est-ce qu’elle vous ressemble cette femme qui a la quarantaine et est à un tournant de vie, comme on l’imagine ?
Pas seulement à moi. Les immenses auteurs – et je pense qu’Annie Ernaux est une immense autrice – ce n’est pas seulement à moi, elle a une capacité à capter, à décrire, en passant par elle car la chose incroyable sur Annie Ernaux c’est que de tout temps elle écrit sur elle, sur sa vie sociale, de femme, c’est le génie, elle touche à l’humain de manière tellement forte qu’elle parle de toutes. Elle comprend l’humanité, femmes, hommes, c’est ça qui est époustouflant dans son écriture. Après je peux dire plus spécifiquement que quand j’ai lu le texte oui il touchait en moi des choses. L’histoire d’une grande obsession suivi d’une grande délivrance pour qui est passé par là on s’y reconnaît. Il y a des moments où je me sentais assez proche de ce qui était dit dans le texte.
Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet
Vous souvenez-vous de tous les personnages que vous avez incarnés ?Est-ce qu’il y en a qui vous ont accompagnés, suivis pendant longtemps ?
Il y en a des plus marquants que d’autres dans une vie. Beaucoup plus au théâtre qu’au cinéma. Au cinéma il y a des personnages très forts mais ce sont des films, des objets individuels et singuliers. Au théâtre il y a le texte et les textes peuvent vous accompagner vraiment toute une vie et c’est très différent. Il y a des films que j’ai fait qui m’ont marqué pour leur qualité cinématographique pour l’expérience que cela a été mais je ne peux pas dire que des personnages ont continué de m’habiter alors que je peux dire que des textes de théâtre m’ont accompagnés très longtemps. Avoir la chance d’être comédienne au théâtre et d’interpréter des textes c’est comme se remplir sa propre bibliothèque intime et comme on les apprend et “performe” sur scène il y a cette dimension physique aux textes. Et puis la littérature c’est quelque chose qui dépasse l’image, c’est sûr que quand on joue Shakespeare à 20 ans, Brecht à 25, Tenessee Williams ce sont des auteurs qui vous quittent jamais on se souvient toujours, quand je tombe amoureuse je pense toujours à Roméo et Juliette, c’est des auteurs qui ont eu des mots tels.. C’est le texte qui vous accompagne. Une fois qu’on est riche de ça, notre plus grande mission c’est de les transmettre de la manière j’espère la plus populaire possible pour montrer à quel point la littérature est proche et concrète et source de progression sociale, humaine à quel point à l’encontre de l’idée qu’on peut s’en faire c’est quelque chose qui s’adresse à tous.
Quand j’éprouve un texte c’est mon vœu le plus cher que je réussisse à transmettre ce qu’il me procure comme force dans ma vie donc au delà des rôles ce sont les textes qui m’ont accompagnés longtemps et aidée.
Vous avez incarnées beaucoup de femmes dans votre carrière, certaines qui portent des choses lourdes, êtes-vous une femme engagée dans la vie ?
Je ne pourrais pas dire ça, au contraire même.. Je regrette de ne pas l’être mieux ou plus. Je suis extrêmement sensible au monde qui m’entoure, je suis extrêmement poreuse, j’ai les yeux grands ouverts mais je pourrais pas dire ça parce que j’aurai l’impression de mentir par rapport aux gens qui en font le sel de leur vie. moi je me ballade avec un cœur sensible, je suis engagée a essayer de ne pas être une trop mauvaise personne. La seule manière est à travers mes choix, participer à des objets pas trop honteux qui disent quelque chose si possible du monde qui est le nôtre, ne pas céder à la médiocrité, j’ai du mal à dire engagée par rapport à ceux qui le sont vraiment. A partir du moment où l’on est connu il y a une forme de timidité à se mettre en avant. Je voudrais faire beaucoup mais c’est un peu compliqué, ne pas se laisser submerger, ne pas savoir par où commencer ni comment faire.
Vous dites “avoir les yeux ouverts sur le monde”, vous avez donc entendu parler du mouvement “Me too” et plus spécifiquement le “Me too” lié au domaine du théâtre, quel regard portez-vous sur ce phénomène ?
Alors là vraiment vous me lancez sur un sujet très difficile pour moi. je trouve évidemment la nécessité absolue que les voix sortent, explosent cela regroupe tout. Cela devrait être.. autour des silences des injustices, la voix des femmes, des enfants, des invisibles, tous les gens qui se battent tous les jours pour faire entendre à quel point la justice n’entend pas les violences faites aux femmes, aux enfants, dans les hiérarchies. Je sens que tout le mouvement, enfin le cri que l’on sent pousser de partout est évidemment incontestable et je suis encore une fois admirative des gens qui vont au devant, qui prennent les coups en première ligne, qui démontent, qui détruisent les systèmes en place. J’ai l’impression qu’il y a un mouvement qui est lancé et que l’on ne pourra plus revenir en arrière, mais parfois on dit ça et.. J’ai l’impression, mais peut-être qu’elle est fausse quand on voit dans les autres pays, mais j’ai l’impression que mes enfants ne sont déjà pas les enfants que l’on était nous et les mots qu’ils entendent, les choses dont on leur parle, ils connaissent des choses que l’on ne connaissait pas. Leurs consciences, je l’espère, du fait de toutes ces voix, seront plus affutées que les nôtres.
Sur le “Me too théâtre” en particulier, je suis un très mauvais exemple parce que je n’ai eu que des expériences magnifiques avec des hommes metteurs en scènes et des partenaires masculins merveilleux et d’une grande délicatesse, donc je regarde avec admiration celles qui arrivent à dire ce qu’il leur est arrivé. Moi j’ai vécu dans un monde tout à fait respectueux, entourée de gars supers et pourtant j’ai commencé très jeune avec beaucoup d’hommes et de femmes. Je regarde ça avec soulagement pour ceux qui arrivent à défaire un système dont ils ont été victimes mais mon histoire personnelle me rend plus témoin qu’actrice. J’ai vécu dans un monde de théâtre tout à fait magnifique.
Romane Boringher – Crédits Romy Zucchet
Vous parliez de vos enfants, quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à la future génération ?
La seule trace que je pourrais laisser c’est par le choix des films qui restent, des histoires si possible éclairantes, inspirantes pour regarder le monde autrement, essayer de tracer quelque chose de vertueux. Pour les enfants, évidemment je suis comme beaucoup de gens très assombrie par le spectacle qui s’offre à eux maintenant donc je suis bien démunie pour vous dire ce que j’aimerai leur laisser comme valeur. On avance dans une incertitude complète, dans une violence inouïe, je les regarde avec beaucoup d’inquiétude.
Quelle type de femme êtes-vous au quotidien ? Quel regard portez-vous sur l’amitié, la famille ?
Je suis de nature plutôt discrète, j’aime bien faire mon métier, je suis normale. J’ai des amis fidèles depuis très longtemps, je suis plutôt une fille de troupe donc j’aime être avec les gens c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce métier, être en troupe, faire famille, je suis plutôt famille recomposée. Je suis discrète mais en même temps sociable , je ne suis pas du tout solitaire avec une vie articulée autour de mes enfants.
Vous avez tout joué que ce soit au cinéma, à la télévision comme au théâtre, vous avez récemment réalisé (un film et une série), quel exercice préférez-vous ?
Mon endroit d’équilibre c’est le théâtre depuis toujours même si j’ai fait beaucoup de cinéma et j’adore le cinéma je suis une grande spectatrice de cinéma, par exemple, j’adore les films, j’adore l’image mais mon endroit de plénitude et de complétude c’est le théâtre. J’aime tout au théâtre, j’aime aussi la vie que ça implique, j’ai toujours aimé – un peu moins avec les enfants – mais la troupe, les gares, les théâtres, les hôtels, c’est vraiment une vie qui m’épanouit complétement. Comme je vous disais j’aime les textes, j’aime monter sur scène et puis récemment le fait d’avoir réalisé ça m’a beaucoup beaucoup plu. Je tente de commencer à écrire mon deuxième film. Si je n’y arrive pas.. Il y a dans l’histoire du cinéma des femmes et des hommes qui ont fait un film et puis un seul, mais c’était tellement un bouleversement dans ma vie de faire ça, j’ai tellement aimé ça que j’attends désespérément d’avoir un espèce d’éclair pour aller vers ma deuxième histoire, j’aimerais tellement refaire ça.
Et écrire pour le théâtre ?
J’aime les mots des autres, l’écriture c’est très difficile pour moi, ce n’est pas mon truc. Ce que j’ai aimé c’est avoir une équipe, réaliser, diriger des acteurs, le plateau, les filmer, les regarder j’ai adoré le montage, le mixage ça a vraiment été une aventure démente pour moi.
Quels ont vos futurs projets ?
Le Festival d’Avignon Off en juillet pour “L’occupation”, c’est un texte que j’aime tellement que je peux jouer jusqu’à soixante dix ans car Annie Ernaux parle d’une période passée de sa vie. Il est inépuisable car il est riche et il n’a pas d’age – on nous bassine tellement avec ça. Elle c’est une sacrée femme, elle a plus de choses à raconter que moi sur les femmes (rires) il faut lui faire un numéro spécial. J’ai joué dans le premier film d’une jeune femme que j’aime beaucoup qui s’appelle Julie Laura Garçon son film s’appelle “Petites” et il est en train d’être fini.
Vous dites que l’on “vous bassine avec l’âge”, c’est difficile pour une femme de vieillir au cinéma ?
Dans notre métier c’est encore plus difficile que dans la vraie vie j’imagine, vous entendez “t’as plus l’âge du rôle”, “après cinquante ans il n’y a plus de rôles” à plus de cinquante ans on se partage un nombre très restreint de rôles disponibles, non seulement les compétences sont réévaluées mais il y a un truc physique. Au théâtre les questions d’âge sont nettement moins présentes qu’au cinéma. Sur scène on peut tout jouer, c’est assez salvateur du point de vue théâtre.
Finalement, une femme brillante pour vous qu’est-ce que c’est ?
Une femme Brillante serait une femme libre ? Énormément de femmes m’inspirent, il y en a pleins qui me viennent au détour de leur parole, mais étant donné le contexte, je dirais Annie Ernaux.
Propos recueillis au Théâtre de la Colonne de Miramas, le 29 mars 2022. Un grand merci à Romane !
Actrices, cinéastes, auteures, productrices, femmes de l’ombre, les femmes à la caméra sont encore minoritaires dans le monde du cinéma.
Cette première édition du festival Cine Donne vise à favoriser la circulation des films de réalisatrices et ainsi contribuer à changer le regard de la société sur les femmes et participer à la déconstruction des stéréotypes liés au genre.
Il s’agira donc pour l’association pilote, Arte Mare, de programmer ses coups de cœur de Dolce Vendetta de Marie-Jeanne Tomasi à Fish Tank d’Andrea Arnold, de proposer des avant-premières, des courts et des longs métrages, des débats, des rencontres, des expositions rythmant une première édition qui se tiendra du 6 au 10 avril au centre culturel L’Alb’Oru, au cinéma le Régent et au cinéma le Studio.
Invitées : Julie GAYET actrice, réalisatrice, productrice, marraine de la Fondation des Femmes, membre du collectif 50/50 visant la parité au cinéma, Joana HADJITHOMAS artiste riche et multiforme utilisant photographie, arts plastiques, cinéma de fiction et documentaire, Monia CHOKRI qui signe un 2ème long métrage réjouissant qui renverse les codes de la féminité, Marie-Jeanne TOMASI qui poursuit son œuvre singulière, Camille DE CASABIANCA, cinéaste, actrice, écrivaine et scénariste
Rencontres : Table ronde du Collectif 5050×2020, 21 femmes qui font la Corse rencontre et dédicace de Jean-Pierre Castellani et Dominique Pietri, la fondation de femmes présentée par Julie Gayet.
Exposition collective : La Galerie Noir et Blanc de Bastia expose Marie-Jeanne Tomasi, Jeannine Battesti, Simone Agnello Tafani, Ariane Jurquet et ERKA.
Texte d’Annie Ernaux publié aux éditions Gallimard.
Mise en scène : PIERRE PRADINAS
avec ROMANE BOHRINGER et CHRISTOPHE « DISCO » MINCK
Musique originale : CHRISTOPHE « DISCO » MINCK
Ksamka Production DR.
Avec L’occupation, Annie Ernaux dresse l’éblouissant portrait d’une femme de quarante ans à travers un moment essentiel de sa vie amoureuse. Cette femme se sépare de l’homme qui partageait sa vie depuis cinq ans. C’est elle qui le quitte, avec sans doute l’espoir de le retrouver un jour… Mais il s’éprend d’une autre dont il cache l’identité. Tout connaître alors de sa rivale sans visage devient une obsession, et elle entre dans une passion jalouse qui occupe ses jours et envahit ses nuits…
Romane Bohringer nous entraîne avec le musicien Christophe «Disco» Minck dans la folle passion d’une femme amoureuse.
En partenariat avec Scènes et cinés, Brillante Magazine vous offre deux places pour assister à la représentation de mardi 29 mars 2022 à 20h30 au Théâtre de La colonne de Miramas.
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Tirage le 25 mars.
Dans une pré-campagne souvent marquée par une concurrence entre hommes et femmes au sein de chaque camp et une féminisation du scrutin, existe-t-il toujours un vote dit “féminin” ? C’est l’objet de l’enquête de l’institut de sondage IPSOS, commandée par LCI, menée auprès d’un échantillon de 1 441 femmes inscrites sur les listes électorales, du 25 février au 4 mars 2022. Éléments de réponse…
Est-ce qu’une candidate femme va davantage attirer le vote féminin qu’un homme ? L’étude révèle que Valérie Pécresse est la candidate la plus citée quand il est question du candidat le plus crédible dans la lutte contre le sexisme (29%) devant Marine Le Pen (27%) puis Emmanuel Macron (22%).
A ce titre, les femmes expriment majoritairement le souhait qu’une femme remporte l’élection présidentielle (71%).
Pour autant seul un peu plus d’une Française sur trois pense qu’une femme remportera l’élection à l’issue du second tour (32%). Un pronostic en concordance avec les dernières intentions de vote dans lesquelles aucune femme n’est donnée victorieuse face à Emmanuel Macron dans les différentes hypothèses de second tour. Sur ce point, le vote des femmes rejoint celui des hommes, à noter que face au Président sortant, Valérie Pécresse en particulier ne bénéficie pas d’une forme de « prime » à la féminité puisque les femmes sont moins nombreuses à avoir l’intention de voter pour elle que les hommes (37% contre 43%).
De plus, les intentions de vote diffèrent légèrement entre les femmes interrogées et les hommes notamment en ce qui concerne les poursuivants d’Emmanuel Macron. Quand 13% des hommes voteraient pour Jean-Luc Mélenchon, 10% des femmes en disent autant. De même pour Marine Le Pen, plus plébiscitée par les femmes (18%) que par les hommes (15%) alors que la candidature d’Eric Zemmour rencontre toujours une certaine résistance des femmes (11% ont l’intention de vote pour lui contre 13% des hommes). Cela traduit la persistance d’un radical right gender gap identifié depuis le début de cette élection présidentielle.
A noter toutefois, que les femmes se considèrent, à ce jour, comme étant moins certaines de leur choix (68%) que les hommes (77%), ce qui en fait donc un électorat plus volatile pouvant influencer des évolutions de tendances futures.
Un renouvellement générationnel
En ce qui concerne les préoccupations des femmes pour l’élection, la santé est le sujet le plus déterminant dans leur vote (83%), c’est davantage que pour l’ensemble des Français (74%). La question du pouvoir d’achat (74%) et de la lutte contre le terrorisme (74%) viennent ensuite dans des dimensions comparables à celle de l’ensemble de la population française. En revanche, la défense du droit des femmes et la lutte contre le sexisme n’apparaissent pas comme prioritaires chez les femmes (54%) mais donnent à voir des clivages politiques et générationnels.
En effet, les sympathisantes du Parti Socialiste et d’Europe Ecologique Les Verts sont plus nombreuses à citer cet enjeu comme « déterminant » (66%) que celles des partis de droite (43% pour les partisanes de la majorité présidentielle et Les Républicains, 50% pour celles de Reconquête). De plus, les femmes les plus jeunes s’avèrent nettement plus préoccuper par cette question : 71% des 18-24 ans la jugent déterminante contre 53% des 35 ans et plus.
En 2022, l’Elysée accueillera-t-il (enfin) une femme ?
Le 4 février dernier s’est tenue la Journée Mondiale contre le Cancer. A cette occasion, une étude a été réalisée par Viavoice pour l’Institut Curie. Celle-ci interroge les Français et scrute les problématiques sociétales des cancers chez la femme. Elle révèle notamment des disparités en terme de charge mentale, d’organisation familiale, de vie intime et de retour à l’emploi, dans un contexte où près de 60% des Français se sentent concernés par le risque d’être atteint d’un cancer.
« Les chiffres nous le rappellent : chaque année, le nombre de cancers chez la femme augmente, sous l’effet du tabagisme ou par défaut de prévention. Précarité, retour à l’emploi, charge mentale, organisation du foyer… pendant et après les traitements, la survenue d’un cancer chez une femme est une rupture renforcée et l’impact social de la maladie est plus lourd pour elles. L’Institut Curie, au quotidien, prend soin de ces femmes à travers des parcours adaptés, des dispositifs d’accompagnement complets, la formation de nos soignants. Mais, pour soutenir les femmes face au cancer et dans chacun des aspects de leur vie, c’est collectivement qu’il nous faut agir, à tous les niveaux de la société », déclare le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie, 1er centre français de lutte contre le cancer.
Une femme sur deux estime qu’il existe des inégalités par rapport aux hommes en matière de charge mentale et d’organisation familiale face aux cancers.
Charge mentale, organisation familiale, maintien de la vie professionnelle, retour à l’emploi, précarité : lorsqu’on interroge les Français sur leur perception des inégalités face au cancer, ce sont les éléments les plus cités et très nettement en défaveur des femmes. Ainsi, parmi 43% des Français qui pensent qu’il existe des inégalités entre hommes et femmes en matière de charge mentale et d’organisation familiale, 37% d’entre eux pensent que ces inégalités sont en défaveur des femmes contre 6% seulement en défaveur des hommes. Le cancer vient aggraver les inégalités femmes-hommes à tous les niveaux de la société.
Plus de la moitié des Françaises pense que les femmes atteintes de cancer ne peuvent pas retrouver la même vie professionnelle qu’avant la maladie, un facteur aggravant les situations de précarité des femmes. Si une personne sur cinq n’a pas repris le travail un an après les traitements, les femmes ont eu plus d’arrêts de travail et plus d’aménagements du temps de travail que les hommes (source INCa : étude VICAN 5). De plus, 8% des Français estiment que la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle fait partie des principales difficultés pour le retour à l’emploi des femmes alors que cet aspect n’est pas mentionné pour les hommes. Si les enjeux de maintien dans l’emploi chez les cadres supérieurs sont importants, les conséquences financières de la maladie sont parfois dramatiques chez des femmes qui vivent seules, avec des revenus moins conséquents, plus isolées. Ce sont d’ailleurs 45 % des personnes interrogées qui estiment que les inégalités entre Français sur les cancers sont d’abord liées aux revenus (salaires, aides sociales…).
Cette problématique de maintien et de retour à l’emploi est bien réelle. Dans ce domaine, l’Institut Curie, notamment à travers son Unité transversale d’éducation thérapeutique, est fortement mobilisé ; à l’instar du projet qui vient de démarrer avec l’association WeCare@Work. Ce nouveau projet porte sur les représentations du travail pour les professionnels de santé, la facilité d’arrêter le travail et inclut un volet d’éducation thérapeutique visant un changement de culture et d’autonomie du patient ainsi qu’une relation soignants-soignés plus à l’écoute.
Evelyne Renault-Tessier, directrice de l’unité transversale d’éducation thérapeutique de l’Institut Curie (UTEP), précise : « En lien avec des associations de patients, des patients partenaires, avec le soutien du service interentreprise de santé au travail, notre équipe a mis en place un atelier sur ce sujet du retour au travail dont le besoin s’avérait important pour les patientes. Avec l’arrêt de l’activité professionnelle, se joue la perte d’une identité sociale. Comment évoquer le sujet auprès de son employeur ? Comment en parler à son équipe ? Par ailleurs et grâce à l’amélioration des soins de support, de l’organisation des soins, notamment avec l’hospitalisation à domicile, plus que le retour à l’emploi, c’est la question du maintien dans l’emploi qui se pose de plus en plus souvent. En effet, l’arrêt de travail, pas toujours justifié sur le plan médical, est une question difficile que nous travaillons dans le cadre de nos travaux sur l’amélioration du parcours de soin. Il faut changer cette vision du statut de malade qui est en opposition avec le statut professionnel et à l’inverse, ne pas pointer du doigt le fait qu’une femme peut ne pas être tout le temps une « super working woman » ».
Oser briser les tabous
Aujourd’hui, en France, une femme sur deux considère que les femmes ne peuvent pas retrouver la même vie intime qu’avant d’être malade.«La sexualité n’est ni un luxe ni un tabou et la santé sexuelle des femmes est au cœur du processus thérapeutique. Il est crucial de pouvoir évoquer et légitimer ces questionnements autour de la sexualité et de l’intimité. C’est pourquoi aujourd’hui, à l’Institut Curie, nous sommes investis non seulement dans la sensibilisation et la formation des soignants mais aussi dans la mise en place d’un parcours de soins « santé sexuelle » pour les patientes qui sont confrontés aux conséquences intimes et sexuelles du cancer et de ses traitements», explique le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre, cheffe du service psycho-oncologie et social de l’Institut Curie. Elle rappelle également que «Les choses évoluent et se structurent en France. En septembre 2021, l’Inca a labellisé un référentiel sexualité et cancer qui a donné lieu dans notre Institut à la création d’un groupe de travail oncosexologie ».
Douleur, altération de l’image du corps, peur de la récidive, sentiment d’être isolée dans la société… comment aider les femmes à vivre pendant et après leur cancer ? A travers son département pluridisciplinaire dédié aux soins de support, l’Institut Curie propose un accompagnement global à ses patientes. Soignants, psychiatres, psychologues explorent chez leurs patientes leur état psychologique, fatigue, image du corps, estime de soi, insertion professionnelle, soutien social et autres préoccupations vitales. La nutrition et l’activité physique adaptée sont deux autres aspects incontournables de cette prise en charge. De plus, depuis plus de deux ans, des ateliers d’éducation thérapeutique se sont structurés avec des proches et des aidants, avec des associations et autres réseaux, des partenaires…pour aborder entre autre vie de couple, organisation familiale, retour au travail avec les patientes.
Cancers chez la femme : données générales et chiffres clefs en France
Source : Panorama des cancers en France (édition 2021) de l’INCa
- Les cancers en France : 2e cause de décès chez la femme, 1ère cause chez l’homme
- 382 000 nouveaux cas de cancers dont 46% chez les femmes (soit 177 400 cas) en 2018
- Les cancers les plus fréquents chez la femme : sein (33%); colorectal (11%), poumon (8,5%)
- L’incidence du cancer du poumon progresse fortement chez les femmes (+ 5% par an) et transforme considérablement l’épidémiologie du cancer.
- En 2018, le nombre de nouveaux cas d’hémopathies malignes (cancers du sang) en France métropolitaine est estimé à près de 45 000 (25 000 chez l’homme et 20 000 chez la femme).
- Grâce aux diagnostics de plus en plus précoces, aux progrès thérapeutiques considérables avec notamment l’arrivée de nouvelles molécules et une meilleure prise en charge à tous les niveaux, on observe une diminution globale de la mortalité : de -2% par an chez les hommes et -0,7% chez les femmes.
- 3 dépistages disponibles chez la femme : sein, col et côlon
Alexia Fabre, conservatrice en chef de longue date du Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne (MAC / VAL), à Vitry-sur-Seine, France, a été nommée directrice de l’École des Beaux-Arts de Paris. Alexia Fabre devient la première femme à diriger la prestigieuse école d’art au cours de ses près de 400 ans d’histoire.
Diplômée de l’École du Louvre et de l’Institut national du patrimoine, Alexia Fabre a dirigé le Musée départemental des Hautes-Alpes à Gap de 1993 à 1998. Elle a quitté son poste pour rejoindre le MAC/VAL, inauguré en 2005, dont elle a assumé le rôle de conservateur en chef.
Elle a également contribué à rehausser le profil national du musée grâce à un programme de conservation axé sur l’Art contemporain. On se souvient par exemple, des expositions de la vidéaste et photographe Tania Mouraud, de la performeuse Esther Ferrer et de l’artiste multidisciplinaire Nil Yalter.
Avec Frank Lamy, responsable des expositions temporaires au MAC/VAL, Alexia Fabre a relooké la collection pour inclure plus d’œuvres d’artistes et privilégier en général une ligne hétérogène.
De 2007 à 2012 Alexia Fabre a enseigné à l’École du Louvre. En 2009 et 2011, elle et Lamy sont co-directrices artistiques de la Nuit Blanche à Paris mais également commissaire d’expositions privées du peintre et metteur en scène français Ange Leccia et du sculpteur Christian Boltanski.
En 2015, Alexia Fabre est nommée commissaire de Manif D’art 8 – Biennale de Québec.
Nomination | Roselyne Bachelot ministre de la Culture nomme Alexia Fabre à la direction de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle succède à Jean de Loisy et prendra ses fonctions prochainement. @MinistereCCpic.twitter.com/xo4nQuNy3B
L’École des Beaux-Arts est l’une des institutions artistiques les plus légendaires de France. Parmi ses anciens élèves les plus célèbres figurent Jean-Antoine Watteau, Henri Matisse et Neïl Beloufa.
En tant que Directrice de cette véritable institution, Alexia Fabre devra faire face aux critiques qui ont frappé l’institution en termes de diversité et d’équité. Une période de grands changements dans les directions des musées parisiens et un pas vers la parité puisque une autre femme, Claire Bernardi, vient de prendre la direction du musée de l’Orangerie.
Alexia Fabre succèdera à Jean de Loisy, dont le mandat est arrivé à échéance le 2 janvier dernier.
Nadia Nadim, footballeuse danoise avec 98 apparitions internationales à son actif, est devenue médecin après 5 ans d’études tout en continuant de briller au football. Nadia Nadim, qui a fui l’Afghanistan lorsqu’elle était enfant, a joué un rôle crucial au sein du Paris Saint-Germain en remportant le titre de Division 1 pour la première fois de son histoire, marquant 18 buts en 27 matchs.
“Merci à tous ceux qui m’ont soutenu depuis le premier jour et à tous les nouveaux amis que je me suis fait en cours de route. Je n’aurais pas pu le faire sans vous, et je serai toujours reconnaissante de votre soutien », a-t-elle tweeté le 14 janvier.
Thanks to everyone who has been supporting me from day 1, and all new friends I made along the road. I could not have done it without you, and I will forever be grateful for your support ❤️
For the haters, I did it again. Kicked a** and there’s nothing you can do about it! pic.twitter.com/zqdy3kay0b
Née à Herat en Afghanistan, elle y a vécu jusqu’à ce que son père, un général de l’Armée nationale afghane (ANA), soit exécuté par les talibans en 2000. Après cela, sa famille fui au Danemark via le Pakistan, où elle débute son parcours footballistique en jouant pour B52 Aalborg et L’équipe de Viborg. “Nous avions prévu de nous enfuir à Londres, où nous avions quelques parents, et avec de faux passeports, nous sommes venus en Italie via le Pakistan“, raconte Nadia sur son site Internet. “A partir de là, toute ma famille et moi sommes allés dans un camion, pensant que nous allions vers Londres. “Après quelques jours, nous avons tous quitté le camion, nous attendant à voir Big Ben. Nous ne l’avons pas vu. Tout ce que nous avons vu, ce sont des arbres. Nous avons demandé à un passant et avons découvert que le bus nous avait déposés au Danemark.” Après avoir joué au Danemark pendant environ 7 ans, Nadia Nadim déménage à Manchester City en janvier 2018 et fait ses débuts avec Manchester City le 7 janvier 2018 lors d’une victoire 5-2 contre Reading. Un an plus tard, elle s’installe en France et rejoint l’équipe du Paris Saint Germain en 2019.
Jugée comme l’une des femmes les plus puissantes par Forbes, Nadia Nadim réalise un travail remarquable d’ambassadrice pour les Nations Unies et utilise ses atouts afin de contribuer à l’amélioration de la société.
Récemment, Nadia Nadim s’est associée au PSG et à KLABU, une organisation qui aide à construire des clubs sportifs pour les enfants dans les camps de réfugiés.
Plus qu’une athlète exceptionnelle, Nadia aimerait qu’on se souvienne d’elle comme d’une gentille guerrière qui a donné l’exemple à tous ceux qui viendront après elle.
Raquel Hab, a 34 ans et vis et travaille à Paris dans une galerie d’art contemporain en tant que responsable administrative et juridique.
Passionnée d’art, de lecture, de voyages, de musique, de lego à ses heures perdues et tout récemment d’écriture, elle a eu la chance de voir son premier roman publié aux nouvelles éditions Hachette BMR dédiées à la romance. Ces trois tomes reflètent tout ce qu’elle aime dans la vie et mets la femme à l’honneur avec un personnage qui a du caractère. Elle a souhaité nous raconter sa fabuleuse histoire …
Crédit photo : Vincent Bousserez – DR.
« Mais tu avais déjà écrit avant ? » Je n’ai pas fait d’études littéraires, ni écrit quoi que ce soit auparavant, si ce n’est pour accompagner un cadeau. Nous sommes au début de l’année 2019, je viens de perdre ma grand-mère, tout va mal dans ma vie, mon travail, ma vie sentimentale. Je vois les autres avancer, se marier, avoir des bébés, j’ai l’impression de stagner. Je déprime silencieusement dans mon coin. Puis je décide de me ressaisir, j’ai toujours voulu faire un voyage culturel et artistique, c’est l’occasion ou jamais. Je cherche sur google et je tombe sur un site qui propose la Pologne, 4 jours c’est parfait et je ne connais pas ce pays en plus. Direction Varsovie. Le voyage est prévu pour mai. Mais en avril, il se passe quelque chose d’étrange, j’ai comme des flash, des personnages, une histoire, je vois des scènes défiler devant moi toute la journée. Je pars en Pologne en espérant que cela va s’atténuer ou disparaître mais c’est pire, je suis comme possédée, ça ne veut plus s’arrêter. Le voyage est au-delà de mes espérances, j’ai libéré les chakras comme on dit, une nouvelle énergie positive est née, j’ai visité, rencontré, échangé, je me suis éclatée autour d’une passion commune, l’ art, la culture, la préservation du patrimoine. Après mon retour, les images ne cessent pas, ça s’amplifie. Je n’arrive pas à m’en défaire, je dois évacuer mais comment ? 1 mois et demi après les premiers flashs, je décide d’écrire. Et là, je ne peux plus m’arrêter, comme si j’avais été frappée par la foudre de l’écriture. Mon roman s’intitule 31 jours, c’est une histoire d’amour avec des personnages haut en couleurs, sur fond érotique, artistique, juridique. L’action se déroule à San Francisco sans que je ne sache pourquoi. Je décide de partir directement là-bas pendant les vacances. Une fois arrivée, le livre prend vie dans la ville. Je vois mes personnages marcher à mes côtés, se rencontrer, tomber amoureux. Je l’achève au bout de trois mois. Vient le temps de la relecture et l’écriture, puis ça devient pire. J’ai des images du 2 e , du 3 e et du prequel. Je comprends que c’est une trilogie. Un an après l’avoir commencé je décide de l’envoyer à des Maison d’éditions sans grande conviction. Sachant que personne ne l’a jamais lu, Je souhaite tout de même avoir un refus. J’essuie des refus jusqu’à le mail qui a changé ma vie. Hachette me contacte et me demande si mon manuscrit est disponible. Mon cœur fait un bond en avant. Je réponds positivement. On me recontacte deux semaines après. On veut le publier avec le label romance d’Hachette qui s’appelle BMR. Une éditrice me contacte, elle a adoré. Mais surtout, elle veut publier toute la trilogie. 31 jours sort le 2 juillet 2021 en numérique puis en papier…, le 2e sort le 2 aout, le 3e le 20 octobre (troisième tome que j’écris en 20 jours). Les commentaires dessus sont incroyables, on me dit que ma plume est ensorcelante, que je suis une magicienne des mots, mon histoire est captivante, elle casse les codes de la romance. Les hommes adorent, je me fie aux commentaires sur les plateformes, c’est une aventure folle qui commence.
Et pour répondre à la première question…Non, je n’avais jamais rien écrit auparavant.