
D’après un rapport publié en février dernier par l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, les droits fondamentaux des femmes qui ont joué un rôle majeur dans la conduite de manifestations pro-démocratiques en 2020 en Thaïlande ont fréquemment été bafoués dans le but d’entacher leur crédibilité et de les décourager.
« Garder la tête haute : c’est la devise des défenseures* des droits humains en première ligne des manifestations pro-démocratie en Thaïlande ». C’est ainsi que pourrait se traduire le titre du rapport Standing tall – Women human rights defenders at the forefront of Thailand’s pro-democracy protests . 22 femmes ont été interviewée, toutes engagées dans la protection et la promotion pacifiques des droits humains et des libertés fondamentaux dans le cadre des manifestations qui ont démarré en juillet 2020 réclamant une réforme de la monarchie à travers le pays. Ces militantes ont été les cibles systématiques d’acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux pour avoir participé à ces rassemblements .
Attaques et violences répétées
Recours à des lois et décrets répressifs contraires aux normes internationales , harcèlement, intimidation et surveillance de la part des autorités qui se rendaient notamment à leur domicile ou dans leur établissement universitaire afin de les intimider ou recueillir des informations sur leurs activités: la liste des attaques et tentatives de déstabilisation est longue. Elles doivent aussi faire face à d’autres types de violences liées à leur sexe : elles ont notamment rapporté avoir été la cible d’agressions par les acteurs gouvernementaux, principalement des violences et harcèlements oraux qui leur étaient destinés uniquement en raison de leur sexe et/ou de l’expression de leur genre. Elles ont en outre subi une pression de la part de leur propre entourage en raison de leur militantisme. Cette situation a touché les étudiantes de façon disproportionnée, car elles sont nombreuses à dépendre de leur famille.
Démocratie et féminisme
Les féministes ont connu des difficultés au sein même du mouvement pro-démocratie. Une frange de manifestants jugent que leurs combats sont moins urgents que la lutte démocratique et qu’ils peuvent attendre. « Ça serait complètement hypocrite de prétendre se battre pour la démocratie tout en ne voyant rien de mal dans l’inégalité des sexes » condamne Verita Sriratana, professeure agrégée au Département d’anglais de la Faculté des arts de l’une des plus grandes universités de Bangkok, l’Université Chulalongkorn, et engagée sur les questions féministes en Thaïlande.
Le rapport formule de nombreuses recommandations tant à l’égard du gouvernement thaïlandais que de la communauté internationale pour assurer la protection des femmes défenseures des droits humains et le respect de leurs droits fondamentaux conformément aux normes internationales.
*le parti qui a été pris ici est de féminiser à dessein le mot “défenseur”, même si la féminisation du terme n’est pas reconnue par l’Académie française.